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Par Tolbiac204 le 22 Janvier 2014 à 06:47
J’ai eu la chance d’assister ce soir à une conférence passionnante donnée par Hélène Carrère d’Encausse : mon amie Marie-France que j’ai connue par la chorale, avait reçu de sa banque, la Banque Populaire Rives de Paris (ce n'est pas le Crédit Lyonnais ni la Banque Postale qui feraient ça...), des invitations pour aller écouter cette historienne de la Russie qui est également la première femme Secrétaire perpétuel de l’Académie Française… dans un lieu prestigieux, le Collège des Bernardins, magnifique édifice médiéval récemment restauré et ouvert au public depuis fin 2008.
Visite en 3D du Collège des Bernardins en 1380 par Dassault Systems...
Mais revenons à notre propos.
Hélène Carrère d'Encausse est née Hélène Zourabichvili le 6 juillet 1929 à Paris. Elle compte parmi ses ancêtres de grands serviteurs de l'Empire russe dont elle suit les traces et des résistants à ce même Empire : un président de l'Académie des sciences sous Catherine II ainsi que trois régicides... Cette hérédité la prédispose à l'étude de l'histoire de la Russie d'un point de vue politique.
Pendant 300 ans (de 1613 à 1917), les Romanov ont gouverné la Russie mais ce long règne a été entaché par le sang : c’est ce que cette grande dame nous a narré avec beaucoup d’enthousiasme, plein de détails croustillants, et un extraordinaire don de la pédagogie.
"Cette famille a été marquée par une série de tragédies - le sang a coulé tout le temps - et en même temps elle a eu un bilan absolument extraordinaire : quand les Romanov sont arrivés au pouvoir, la Russie était encore une toute petite principauté... Ils en ont fait un immense empire qui reste encore le territoire le plus étendu du monde."
Des quinze souverains qui ont gouverné la Russie, trois ont été des femmes et trois sont exceptionnels.
► Pierre le Grand d’abord, qui a profondément désiré transformer son pays pour lui apporter la modernité de l'Europe qu'il avait visitée incognito (petite anecdote : il a été reçu par tous les monarques d'Europe sauf par Louis XIV...) Ce n'est que Louis XV qui le recevra à Versailles. C'est lui qui a déplacé la capitale de Moscou à Saint-Pétersbourg, faisant de cette ville une porte ouverte sur la Baltique. Tout ceci par la force...
► Le suivant, c’est Catherine II : celle-ci était allemande. Pour monter sur le trône, elle s’est débarrassée de son mari - d’une certaine façon elle a usurpé son trône - Elle n’avait pas une goutte de sang russe et pas une goutte de sang Romanov et elle a pourtant été la plus russe de tous les souverains Romanov. Contrairement à son mari qui ne parlait pas la langue de son peuple, Catherine II le parlait admirablement et elle l'écrivait de même, ce qui la rendait populaire. Renonçant au protestantisme, elle a adopté la religion orthodoxe pour le Pays. C’est elle qui a créé par sa curiosité intellectuelle - c’était une disciple des philosophes français - l’Intelligentsia russe et les débuts d’une Société Civile.
► Le troisième, c’est Alexandre II car jusqu’en 1861 la Russie est un pays où existe le servage - pratiquement 80% de la population est serve - Alexandre II a aboli le servage et c’était un acte de courage extraordinaire parce que la société n’y était pas prête. Cette émancipation de 20 millions de paysans s'est faite sans effusion de sang. De plus Alexandre II a créé un système judiciaire qui était le plus moderne de toute l’Europe dans un pays qui était attardé. Il a été assassiné par des révolutionnaires au nom de l’espoir révolutionnaire. Une anecdote à ce sujet (les russes sont très superstitieux). Ayant consulté une voyante, celle-ci lui prédit qu'il mourrait lors d'un septième attentat : il partit donc un dimanche passer ses troupes en revue comme à son habitude, certain qu'il n'était pas en danger puisqu'il n'y avait eu jusqu'alors que 5 attentats contre lui... Un attentat le manqua : tandis qu'il se portait au secours des blessés, un 7ème attentat le faucha...
Interview d'Hélène Carrère d'Encausse sur RTL à propos de la sortie de son livre - Les Romanov, une dynastie sous le règne du sang.
A l'issue de la conférence, nous avons été conviés à un cocktail fort goûteux présenté avec beaucoup d'élégance.
La cerise sur le gâteau : on nous a offert à tous le livre d'Hélène Carrère d'Encausse !
Il parait qu'il se lit comme un roman policier...
Une soirée bien agréable en compagnie d'une excellente amie.
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Par Tolbiac204 le 8 Juillet 2013 à 09:10
Le Musée Jacquemart-André est situé sur le Boulevard Haussman au N°158. Il s'y tient actuellement une exposition de l'un de mes peintres favoris, Eugène Boudin, un compatriote normand : c'est bien sûr le seul point commun que j'aie avec lui !
Quand Edouard André épouse en 1881 Nelie Jacquemart, c'est plus qu'un couple qui se forme : c'est un couple de collectionneurs qui voit le jour. Ils se consacrent en effet entièrement à partir de ce moment à leur passion commune qui est de rassembler des oeuvres d'art. Et c'est dans ce magnifique hôtel particulier acheté en 1875 par Edouard André (héritier d'une famille de banquiers protestants) qu'ils choisiront de les exposer.
L'aristocratie et même la grande bourgeoisie de l'époque (nous sommes sous Napoléon III), profitant des grands travaux de rénovation de Paris du Baron Haussman, n'a en effet de cesse de se faire construire des demeures toutes plus belles les unes que les autres. Edouard André confie le projet à l'architecte Henri Parent qui met un point d'honneur à réaliser un bâtiment aussi admirable que l'Opéra pour lequel son confrère, Charles Garnier, a été sélectionné.
On accède à l'Hôtel par une rampe du plus bel arrondi. C'est là l'originalité de cette demeure : l'entrée ne se fait pas par la façade côté boulevard mais de façon plus spectaculaire par la cour.
Le Jardin d'Hiver fut inspiré d'une mode anglaise qui s'était répandue dans la haute société parisienne. Sous la haute verrière, très à la mode à l'époque, avaient été installés palmiers, yuccas et fougères.
Avant d'être introduits dans le Grand Salon, les invités du couple passaient par une sorte d'antichambre, le Salon des peintures. C'est ici qu'étaient rassemblées (et que sont toujours présentées) des oeuvres de Chardin, Canaletto, Boucher ou encore Nattier.
Ici, au dessus d'une élégante console en marbre, un portrait de Mathilde de Canisy, Marquise d'Antin par Nattier (1738). Vous savez, celui du fameux "bleu"...
Beaucoup de grâce dans cette "fillette aux tourterelles" de Luigi Pampaloni, un sculpteur florentin du XIXème siècle.
Lorsque les invités avaient admiré les peintures, ils passaient alors au Grand Salon, pièce de réception par excellence. C'est une immense pièce tout en arrondi entièrement recouverte de boiseries dorées et qui accueille toujours une galerie de sculptures.
On accède au premier étage de l'Hôtel par l'Escalier d'Honneur du Jardin d'Hiver. Celui-ci, à double révolution, est d'une très grande élégance avec une rampe en fer forgé ornementée de jolies dorures.
Tout en haut de l'escalier, une fresque d'une très grande fraîcheur représente "La réception du Roi Henri III par le Doge Contarini". Les époux André, séduits par cette fresque du grand Tiepolo qu'ils avaient vue dans une villa vénitienne - la Villa Contarini - la font transporter à Paris afin de l'y installer dans leur Hôtel particulier en 1893... Remarquez l'effet de profondeur produit par les pieds du nain qui semblent sortir de la toile (en bas à droite).
A cet étage, deux salles consacrées à l'art italien que le couple affectionnait.
J'ai été particulièrement touchée par cette "Vierge à l'enfant" d'Alessio Baldoviletti, peintre florentin du XVème siècle.
Une autre merveille : ce plafond attribué à Girolamo da Santacruce (première moitié du XVème siècle) composé de panneaux circulaires et rectangulaires peints en camaïeu de grisaille sur fond bleu. L'encadrement "moderne" a été commandé par Nelie Jacquemart. Les sujets sont inspirés de l'astrologie, de la mythologie et des figures de l'Antiquité.
Le reste de l'étage est consacré à l'exposition Boudin.
Eugène Boudin est né en 1824 à Honfleur et mort à Deauville en 1898. Son père était marin sur les bateaux faisant la liaison Le Havre-Hamboug et sa mère y était femme de chambre. A 10 ans, il travaille comme mousse sur un bateau à vapeur assurant la liaison Le Havre-Honfleur puis son père l'établit comme commis chez un imprimeur. L'année suivante, il devient assistant dans une boutique de papeterie-encadrement et en 1844, à 20 ans, il fonde sa propre boutique où il expose les oeuvres des artistes de passage. C'est ainsi qu'il entre en contact avec différents artistes peintres. En 1846, à 22 ans, il abandonne définitivement le commerce pour s'adonner à la peinture.
Grand peintre de marines, il est considéré comme le précurseur de l'impresionnisme.
Honfleur, les premières années
Eugène Boudin commence tout naturellement par peindre sa région natale, la Normandie. C'est ainsi qu'il exécute en 1858 un tableau intitulé "Fête dans le port d'Honfleur". On voit dans ce tableau sa connaissance des bateaux et son adresse à peindre les ciels : il va d'ailleurs être surnommé par Corot "le roi des ciels". Cependant, les contours sont imprécis, les reflets, les personnages, ne sont presque que de simples tâches de couleurs, preuves de la modernité de sa touche.
Le tableau présenté provient de la National Gallery of Art à Washington.
C'est au cours de l'été 1858 justement qu'il convertit à la peinture le jeune Claude Monet lors de son séjour à la ferme Saint-Siméon, auberge populaire et bon marché qu'il aimait à fréquenter : la spécialité de la maison était le maquereau à l'oseille et on y trouvait à l'époque le gîte et le couvert pour 40 francs par mois...
Ici une aquarelle de Boudin peinte en 1867 représente quelques uns de ses amis dont Claude Monet (on suppose que c'est celui qui lève son verre).
Deauville et Trouville, les plages mondaines
En 1860, la ligne de chemin de fer Paris-Trouville est inaugurée et la haute société parisienne envahit les bords de mer normands. Boudin peint "Plage aux environs de Trouville" en 1864. Les personnages du tableau, s'adonnant à la conversation mondaine, sont souvent représentés de dos. Les costumes sont minutieusement détaillés offrant comme une chronique de la mode du Second Empire. La mer n'est pas peinte mais juste évoquée par les cabines de plage, les ombrelles, les chaises et même les chiens de compagnie. Ici encore le ciel revet une grande importance puisqu'il occupe plus de la moitié du tableau (prêt de la National Gallery of Art de Washington).
Pour aboutir à ces compositions peuplées de nombreuses figures dans lesquelles un ciel immense domine de vastes étendues de sable, Eugène Boudin réalise d’innombrables études sur le motif comme cette aquarelle intitulée "Lecture sur la plage" (collection particulière).
Boudin assiste aussi au développement de Deauville, station balnéaire lancée par le demi-frère de Napoléon III, le Duc de Morny.
"Concert au Casino de Deauville" est l’un des exemples les plus aboutis de la scène de plage mondaine vue pas Boudin : la vie et le mouvement sont omniprésents. Seules les variations de la lumière sur ces figures mouvantes l’intéressent.
Le tableau exécuté en 1865 provient de la National Gallery of Art de Washington et a été choisi comme affiche pour cette exposition.
Entre ciel et mer, les "beautés météorologiques"
Eugène Boudin, qui travaille essentiellement d’après nature, multiplie les études de ciel, dont il décrit les variations au fil des heures et des saisons. Il utilise pour cela le pastel qui permet de saisir des instants fugitifs. Les séries de pastels qu’il réalise séduiront très tôt Charles Baudelaire qui les découvre dans l’atelier honfleurais du peintre.
"Rivage" (vers 1888-1892) - Prêt de la Galerie de la Présidence à Paris
Enfin un tableau qui est resté en France !
Le Roi des ciels
À la fin des années 1860, Eugène Boudin délaisse les scènes de plage et, à la demande de l’un de ses marchands, il se tourne vers la peinture de marines que pratique déjà son ami Jongkind. Pendant une dizaine d’années, Eugène Boudin est un des seuls artistes français présent sur le marché de la peinture de marines et il remporte beaucoup de succès auprès des amateurs. Parmi ses acheteurs, on compte des grands noms de la scène, comme Feydeau ou Tourgeniev, mais aussi des auteurs, comme Dumas-fils. Les grands collectionneurs des impressionnistes, comme Hoschedé et Viau, acquièrent eux aussi des toiles de Boudin.
Je trouve ce "Coup de vent sur Frascati" (Frascati n'étant pas ici la banlieue romaine bien connue mais un quartier du Havre où se situait un grand hôtel du même nom) bien représentatif de ce don de Boudin.
Pas désagréable non plus cette "Marée montante à Deauville" (1894)
Une vision poétique du quotidien : Berck, Trouville
Après avoir représenté les élégantes des plages normandes, Boudin s’attache aux figures de la vie quotidienne des bords de mer. De toutes les plages du nord de la France, Berck est sûrement l'une de celles qu'il préfère. Il en peint les différents aspects, la plage, les dunes et surtout les pêcheurs.
"Pêcheuses sur la plage de Berck" (1881) - National Gallery o Art de Washington. La plage est immense ici mais c'est à ce groupe de femmes que Boudin a choisi de s'attacher. Quelques traits suffisent à évoquer les silhouettes et à recréer l’atmosphère de l’attente, du repos, entre deux travaux de pêche : une oeuvre d'une grande intimité.
Il n’est pas une année où Eugène Boudin n’aura passé une partie de l’été en Normandie. Son lieu de prédilection est Trouville qui lui offre de nombreux sujets à représenter : pêcheurs, laveuses, marchés…
Ce tableau, ainsi que celui qui se trouve à ses côtés, montre des laveuses, mais dans des styles et un fini très différents. Dans le premier, il a laissé libre cours à son évolution stylistique tandis que dans le deuxième il compense l’apparente désinvolture de sa touche par une composition plus structurée, en partie grâce à des éléments architecturés comme le pont, parce que ses clients lui réclament des œuvres finies.
"Laveuses" (vers 1885-1895) Musée d'Art Moderne du Havre
Quelle modernité dans ce tableau !
"Le pont de Deauville" (1883) - Museum of Fine Arts de Boston
"Je dois tout à Boudin" (Claude Monet) - Les variations
Dès le début des années 1870, Eugène Boudin commence à peindre des variations autour d’un même motif. Ainsi les plages normandes à marée basse et à marée haute. Son goût pour l’étude de la lumière amène aussi Eugène Boudin à mettre très tôt en œuvre le principe de la "série". C'est d'ailleurs en s'en inspirant que Claude Monet, une dizaine d'années après Boudin, peindra la série des cathédrales de Rouen devenue si célèbre. Il déclarera d'ailleurs , bien après la mort de son prédécesseur : "Je considère Eugène Boudin comme mon maître".
"La Cathédrale d'Abbeville de jour" (vers 1880)
"La Cathédrale d'Abbeville de nuit" (vers 1880)
Un tableau de Boudin représentant l'église d'Honfleur a même été attribué à Monet par erreur : les deux tableaux sont pour la première fois présentés côte à côte dans l'exposition. Et pourtant l'un est bien signé Eugène Boudin et l'autre Claude Monet ! Il s'agit de deux représentations de l'église Sainte-Catherine à Honfleur.
A gauche, le tableau de Boudin signé Monet, à droite le Boudin original...
Ce fameux tableau signé Claude Monet a été retrouvé par le fils du peintre après son décès dans sa maison de Giverny. Michel Monet en a alors fait don au Musée Eugène Boudin d'Honfleur mais pensant que son père en était l'auteur, il a apposé sur le tableau la signature des ateliers Claude Monet...
La lumière du sud et les derniers voyages
Très affecté par la mort de sa femme en 1889, Boudin traverse une période moralement difficile. En 1892, il doit se rendre dans le Midi pour des raisons de santé. Il se laisse séduire par "la clarté des ciels" sur la Côte d’Azur. Le climat est assez agréable pour lui permettre de finir ses œuvres en pleine nature, ce qu'il affectionne par dessus tout (il déteste peindre dans son atelier). D'abord déconcerté par la clarté de la lumière, il en est ensuite enthousiasmé : il peint dans des tons d’un extrême raffinement des paysages où la mer et le ciel semblent se mêler en une seule immensité comme cette vue d'Antibes.
"Antibes - Les fortifications - effet de jour" (1893) - Paris Musée d'Orsay
Mais il n'ignore pas que ses années sont comptées et en 1895 il part pour Venise sur les traces de Guardi dont il admire tant "la légèreté" et "l'habileté prodigieuse" . Il y surprend "des gris incomparables de finesse et de légèreté" et développe ces tonalités qui donnent une vibration particulière à ses dernières œuvres.
"Venise - Le quai des esclavons le soir, la Douane et la Salute" (1895) - Musée national des Beaux Arts du Québec
En 1896, Eugène Boudin écrit : "Le voyage à Venise aura été mon chant du cygne". Toutefois, en 1897, bien que déjà très affaibli, il entreprend un périple sur les lieux qu’il a aimés, Honfleur et la Bretagne. Il y esquisse plusieurs tableaux, telle cette vue de "La pointe du Raz" (Musée d’Art moderne André Malraux, Le Havre) dont la composition inhabituelle est un hommage à la série de peintures exécutées par Monet à Belle-Île, en 1886.
"Belle-île effet de pluie" de Claude Monet
L'exposition dure jusqu'au 20 juillet...
et pour le prix d'entrée, vous avez accès à tout le Musée.
Un vrai régal !
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Par Tolbiac204 le 20 Juin 2013 à 09:55
Jeudi dernier, j'avais rendez-vous au Jardin des Tuileries avec mon amie Claire pour la visite du Musée de L'Orangerie pour lequel elle avait des invitations.
Une fois la visite du Musée terminée (ce qui nous a pris une bonne heure et demie : on y voit les fameux "Nympheas de Monet" dont je ne suis pas forcément fanatique et une belle collection de peintres impressionnistes),
nous avons poursuivi notre découverte par la visite de l'exposition temporaire qui s'y tient jusqu'au 22 juillet et qui s'intitule :
Les Macchiaioli 1850 - 1874, des impressionnistes italiens ?
A la fin de la première moitié du 20ème siècle, un groupe d'artistes pour la plupart originaires de Toscane se réunit au Caffé Michelangiolo Via Larga à Florence pour y échanger sur la philosophie, la politique et aussi l'art. On y retrouvait en l'occurence les jeunes artistes en révolte avec l'art académique de l'Acadméie du dessin de Florence. Leur manière de peindre avec des larges taches de couleurs pures les firent dénommer les Macchiaioli (les "tachistes" de l'italien "machhia" qui signifie "tache, esquisse," en français). Si ce surnom leur a été donné par la Presse avec une conotation péjorative, les artistes l'ont adopté en tant que tel car ils ne se prenaient pas toujours au sérieux...
Les Macchiaioli accordent une importance prépondérante au paysage et à la pratique en plein air, bien qu'ils aient aussi exécuté des œuvres représentant des scènes de la vie bourgeoise ou de l'histoire contemporaine de l'Italie. Mais le vrai sujet de leur peinture - quelle que soit le sujet abordé -
c'est la lumière.
Le temps des Macchiaioli est très court : le groupe nait en 1855 et se disperse autour de 1870. Leur peinture a été perçue comme une peinture expérimentale, inaboutie, à l'état de recherche, ce qui explique leur peu de succès (leur peinture s'est peu vendue de leur vivant). Comme ils peignaient en plein air, ils exécutaient des tableaux très petits, aux formats allongés, qui rentraient dans leurs boites de couleurs.
J'ai beaucoup aimé cette exposition qui m'a fait découvrir des peintres que j'ignorais totalement. L'exposition est scindée en plusieurs thèmes que chacun des Macchiaioli a traités comme :
Une nouvelle peinture - La conquête du plein air - La réalité des campagnes - L'engagement politique - La peinture de l'intimité
Giovanni Fattori signe ici la " Rotonde de Palmieri "
Quelle modernité dans le dessin et dans le format de la toile !
Du même peintre "Charriot rouge à Castiglioncello" est à classer dans la catégorie "Réalité des campagnes".
Le "Soldat démonté" qui fait allusion à la guerre austro-prussienne : un cheval noir parti dans une course sauvage, traînant son cavalier désarçonné - et probablement mort - sur un chemin de terre avec un ciel gris pour toute perspective.
"Madame Martelli à Castiglioncello" fait partie des toiles intimistes.
J'ai aussi beaucoup apprécié les toiles de Telemaco Signorini telles que :
La lune de miel : encore un sujet intimiste
Du même peintre "Scène de halage dans le parc des Cascine à Florence"
Il se dégage de "La salle des agités de San Bonifacio à Florence" une réalité très cruelle - il s'agit d'un témoignage en forme de dénonciation sociale. La peinture académique n'est plus : c'est le début de la peinture moderne en Italie.
Jolie aussi la toile de Silvestro Lega intitulée "La pergola"
Du même peintre " Le chant "
Ce " Portrait d'Alaide Bianti au jardin" de Cristiano Banti, n'est-il pas superbe ?
A la fin de l'exposition un tableau d'un impressionniste français, Paul Guigou, m'a particulièrement séduite. Il semble qu'il ait été influencé par les Macchiaioli.
"La lavandière" (1860)
La seule façon de reconnaître l'activité de cette jeune femme vue de dos est le "carosse" (boîte en bois garnie d'un coussin pour se progéger de l'humidité) sur lequel elle est agenouillée et pourtant, grâce à cette indication, on l'imagine très bien frottant le linge...
Pour terminer l'exposition, le Commissariat à l'exposition a choisi de présenter un extrait du film de Luciano Visconti "Senso" pour les décors duquel le célèbre cinéaste s'est inspiré des Macchiaioli.
Si je vous ai donné le goût d'aller voir l'exposition, il faut y aller avant le 22 juillet !
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Par Tolbiac204 le 15 Juin 2013 à 09:28
Le Château de Vascoeuil (prononcer Vaccueil) n'est qu'à une vingtaine de kilomètres de Sotteville : il possède un beau parc planté d'essences rares et enrichi de sculptures de divers artistes contemporains. Il s'y tient en outre régulièrement des expositions temporaires. Pourquoi ne pas aller y passer l'après-midi ? C'est ce que nous avons proposé aux hommes, Evelyne et moi, en ce samedi de juin ensoleillé.
Vascoeuil a été inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques après 25 années d'une restauration très fidèle et il reçoit chaque année de 25 à 30 000 visiteurs.
Dès l'entrée, une première sculpture attire le regard.
C'est une oeuvre du céramiste français Jacky Coville. Un petit air de Niki de Saint Phalle, non ?
Le Château est un bon exemple des “maisons nobles” édifiées en Normandie après la guerre de Cent ans. Il garde une structure typique des dernières années du XV°s. Les ouvertures des façades ont été réalisées au XVII°s pour que la lumière pénètre plus largement.
La Victoire de la Liberté d'un certain Salvador... Ce Dali, quel original tout de même !
Un superbe pigeonnier fait face au château.
C'est là que Fanny Ferré, une sculptrice sur terre qui expose en ce moment au château, a choisi de mettre en scène un groupe familial fort réaliste.
A l'intérieur du pigeonnier, d'autres oeuvres de cette artiste qui dépeint si bien le monde des gens du voyage.
La suite de l'exposition se trouve dans le château, un bon moyen de le visiter. Dès l'entrée, on est tout de suite saisi par la force du groupe de personnages que l'artiste a installé près de la cheminée monumentale. Vous remarquerez que ceux-ci sont à taille humaine...
A l'étage, un autre groupe a pris place dans la grande salle de la demeure, entouré de plus petites oeuvres.
L'enfant à la gourde en fait partie : l'eau va sortir, c'est sûr !
Une plus petite sculpture : la femme aux deux singes
L'homme à la brouette : je crois bien que le chien va se mettre à aboyer...
Les lavandières
Fanny Ferré est née en 1963. Sensible à l'art, sa famille vivait à cette époque dans la région d'Evreux. Son père pratiquant la poterie, elle fût assez naturellement confrontée à la terre.
"Dès l'âge de neuf ans, j'ai commencé à fabriquer des cortèges de personnages", explique-t-elle. "Je m'inventais un monde. Quelques années plus tard, j'ai tourné le dos à l'école pour ne plus faire que ça. A quinze ans, j'ai consacré toute une année au modelage. Par la suite, j'ai pu être admise sur dossier à l'Ecole des Beaux-Arts d'Angers où je suis restée trois ans avant de m'inscrire à lEcole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, dans l'atelier-terre de Jeanclos où mes travaux ont pris de plus en plus de place, créant quelques problèmes de cohabitation."
Nous sommese tous les quatre tombés sous le charme de cette artiste.
Une des salles du château présentant l'oeuvre de Louise Gattet "Au pays des merveilles" qui est également exposée au château ce printemps.
En montant dans la tour, on accède au Cabinet où Michelet (l'historien vécut au château une partie de sa vie) travaillait. Une figure de cire le représente assis à sa table de travail.
De là, la vue sur le parc et la campagne normande est absolument spendide.
Côté "cour"...
Côté "jardin", à la française comme vous pouvez le constater !
Et justement c'est au jardin que nous retournons maintenant pour en explorer les trésors, comme cette autre sculpture de Jacky Coville intitulée "Madame Citron".
Bien pourvue la dame en question ! On aime ou on n'aime pas mais dans ce jardin cela fait de très jolies taches de couleur...
Au fond du parc, une statue géante de Volti
Antoniucci Volti, artiste français d'origine italienne (il est né en 1915 à Albano près de Rome et mort à Paris en 1989). Il fût à la fois sculpteur, dessinateur et graveur. Sa sculpture se rapproche de celle de Rodin, de Bourdelle et, surtout, d'Aristide Maillol (plusieurs de ses œuvres rappellent l'œuvre de Maillol, Les Trois Grâces en particulier).
Toute son œuvre glorifie la femme et son corps : " Ce qui m’enchante dans un corps de femme, ce sont les rythmes et les volumes. "
Les trois grâces de Maillol au Jardin des Tuileries
Encore une cascade...
C'est beau la tendresse...
Une sculpture de Pierre Székely, un sculpteur hongrois : "dragon bisexuel"...
Plus classique la statue de Michelet près du Musée qui lui est consacré.
Le Musée se trouve dans une très jolie petite chaumière...
De bien jolis coquelicots...
Dans cette pièce se trouve inscrite une très jolie phrase de l'écrivain : "L'Europe ce n'est pas un assemblage fortuit de peuples, mais un grand instrument harmonieux, une lyre dont chaque nationalité est une corde et représente un ton. Les Nations dont on croyait supprimer l'existence ont refleuri, toujours vivantes, indestructibles. L'Europe entière n'étant qu'une personne, chacune de ces Nations est une faculté, une puissance, une activité de cette personne." Jules Michelet (1831
Sympa cette après-midi !
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Par Tolbiac204 le 9 Juin 2013 à 09:19
Ce week-end, c'était la 13ème édition des portes ouvertes aux ateliers d'artistes des Lézarts de la Bièvre.
Celui qui a signé l'affiche et qui est à l'honneur cette année s'appelle Julien Malland, alias Seth.
Né à Paris en 1972 et diplomé de l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs, ce "globe-painter" parcourt le monde depuis 2003 à la recherche d'autres créateurs. Son travail se nourrit de ses expériences d'éternel voyageur et de son amour pour toutes les cultures populaires.
Il a rendu hommage cette année à Maud Kwasniewski, l'organisatrice de cette manifestation (avec laquelle j'avais été en contact il y a deux ans dans le cadre de la copropriété : nous avions imaginé ensemble de recouvrir les vilains tags de notre immeuble par du "street art" comme on dit mais malheureusement cela n'avait pas été approuvé par les copropriétaires... On ne fait pas ce qu'on veut dans une copropriété !). J'apprends aujourd'hui que celle-ci nous a quittés...
L'hommage de Seth : une fresque géante peinte sur un mur rue Deslandres.
En parcourant la Butte aux Cailles (c'est un chemin que j'emprunte forcément très souvent...), j'ai vu que cet artiste y avait déjà peint plusieurs fresques, toujours avec les enfants comme personnages principaux, vus de dos.
L'une est Place de la Commune : c'est fou comme quelques coups de pinceaux bien placés donnent l'illusion de l'eau !
et l'autre au coin de la rue Barrault (une rue qui m'est chère...) en montant sur le boulevard Blanqui : le taggeur taggé !
Dans ma promenade, j'ai visité deux ateliers d'artistes : l'un est celui de Jos Verheugen, un peintre d'origine néerlandaise d'une cinquantaine d'années qui vit à Paris depuis 20 ans (et sur la Butte depuis 17).
L'atelier-maison d'habitation de l'artiste se situe dans ce qu'on appelle "La petite Russie" : de petites maisons bâties sur le toit d'un immeuble, avec des terrasses arborées devant chaque palier et une vue très dégagée sur la "petite Alsace" en contre-bas.
Au début du 20ème siècle une communauté de "Russes blancs" y habitaient : ils étaient chauffeurs de taxi, travail qu'ils avaient accepté à Paris après avoir fui la Révolution de 1917 dans leur pays. Être chauffeur de taxi leur permettait d'éviter les difficiles postes en usine ; de plus, leur sérieux était fort apprécié des employeurs. La petite Russie a ainsi été construite par une compagnie de taxis pour y loger ses chauffeurs, les voitures se trouvant au niveau du dessous là où se trouve maintenant une société de garde-meubles.
C'est en haut de cet immeuble que se trouve "La petite Russie". Ici, pas d'ascenceur... On accède par un escalier raide... Il faut le mériter son atelier d'artiste !
Là-haut, on a l'impression d'être en province, non ?
J'avais déjà vu la peinture de Jos Verheugen il y a quelques années mais celui-ci s'est complètement renouvelé. Alors qu'il peignait alors (entre autres) des natures mortes,
il peint maintenant "librement d'après Mondrian", un compatriote néerlandais mais qui, lui, se vend à l'heure actuelle par millions... C'est la vente de la collection Bergé-Yves Saint Laurent dirigée par Christie's, en février 2009, au Grand Palais qui a établi le record pour Piet Mondrian : une Composition avec bleu, rouge, jaune et noir de 1922 (80 x 50 cm) s'est envolée à 21,5 millions d'euros.
Exemple d'un Mondrian
"Gris du Gabon" par Jos Verheugen : joli, non ? et beauxoup plus accessible !
L'artiste nous a expliqué qu'il peignait aussi des nus en projetant devant le modèle des Mondrian, ce qui donne des effets de relief intéressants...
L'autre atelier d'artiste que j'ai visité se trouvait Passage Sigaud : de petites maisons coincées devant un immeuble sans âme comme hélas il y en a beaucoup dont... le nôtre ! Les ballons accrochés à la fenêtre signalent au promeneur la présence d'un atelier.
Il s'agit de l'atelier de Marie Donnio qui semble être relativement nouvelle dans la profession puisque je lui ai appris qu'il existait un GMAC où elle pourrait peut-être exposer un jour...
Cette jeune artiste présentait diverses oeuvres réunies par un point commun : un graphisme très fouillé à l'encre de chine noire représentant des têtes dont aucune ne doit être strictement la même...
Vont-ils se rejoindre... ?
Mon Dieu que n'ai-je le talent de ces gens là !
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