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Par Tolbiac204 le 23 Février 2024 à 23:00
Aujourd'hui, nous sommes allés passer la journée à Troyes.
Après un petit restau fort sympa dans lequel nous nous sommes délectés d'une cuisse de canard confite, nous voici en plein cœur du Bouchon de Champagne : c'est ainsi qu'on nomme le centre de Troyes du fait de sa forme et de sa localisation.
Notre intention est de visiter la Cité du Vitrail, qui a été rénovée en 2022 et qui est installée dans l'ancien hôtel-Dieu de la ville. L'Hôtel-Dieu-le-Comte est ainsi nommé car il a été fondé - en 1157 - par une donation d'Henri Ier dit le Libéral, Comte de Champagne.
Administré par les religieuses de l'ordre de Saint-Augustin, il aura pour vocation d'accueillir, selon les siècles, les pauvres, les malades, les indigents, les femmes en couche, ou même les nouveau-nés abandonnés.
En voici l'entrée principale : la grille monumentale en fer forgé et doré, posée en 1760 assied le caractère prestigieux de l’édifice.
L'entrée du public se fait par cet autre portail.
Nous commençons par la visite de l'apothicairerie voisine qui a été aménagée au début du XVIIIe siècle et qui, restée en l'état, offre un très beau témoignage de la pharmacopée d'antan. Les religieuses et les apothicaires y entraient pour prendre les ingrédients nécessaires à la fabrication des remèdes qu'ils préparaient dans le laboratoire contigu pour les malades de l'hôpital.
L'apothicairerie de Troyes est l'une des plus belles de France. Elle comporte deux salles, la salle de stockage (ci-dessous) et la salle de préparation.
Dans la première, un grand escalier sur roulettes permet d'accéder aux boîtes peintes - ou silènes - qui servaient à conserver les "simples", c'est à dire les plantes médicinales.
Des panonceaux donnent toutes les explications nécessaires.
Cette collection de 319 boîtes est unique en France.
L’Apothicairerie compte également des pots en faïence rustique (pour la plupart de Nevers) du XVIIIe siècle, sobrement décorés de guirlandes de feuillages et de fleurs bleues, comportant chevrettes, pots-canons, piluliers ou bouteilles.
Ce grand vase en étain date du XVIIe siècle : il pouvait contenir soit de l'eau utilisée pour les besoins du laboratoire soit de l'eau thériacale (composée de sirop, de miel, de vin, de pulpes végétales, y compris de la chair de vipère). Le tout, bien mélangé, donnait un liquide qui servait de panacée pour tout soigner.
La Thériaque, remède universel
La formule en aurait été mise au point par le médecin de l'empereur Néron, Andromaque l'ancien, vers 60 ap J.-C. Réputée soigner tous les maux, son utilisation perdure jusqu'à la Révolution française. Elle se compose de plus de 70 ingrédients dont une large dose de chair de vipère et d'opium.
Gravure sur bois datant de 1505 représentant la préparation de la thériaque
Cette pièce, voisine de la précédente, était le laboratoire (il n'en reste aucun mobilier). Dans cet espace d'une soixantaine de m² des remèdes étaient encore préparés jusqu’en 1961. Il accueille aujourd’hui une présentation renouvelée sur le travail de l'apothicaire et un nouvel espace de médiation « Apothicaires en herbe ».
Les remèdes des apothicaires proviennent des trois règnes :
► Le règne végétal produit les "simples" comme l'angélique l'aubépine, l'opium ou encore la rose de Provins,
► Le règne animal produit le cachalot, la corne de cert, la cire d'abeille, l'urine de chameau ou même la poudre de crâne humain.
► Le règne minéral utilise l'or ou les pierres précieuses.
On voit dans cette vitrine, derrière les pots en faïence, un dessin du laboratoire d'antan qui était équipé de fourneaux et dont la cheminée était munie d'un tournebroche.
On y voit aussi une maquette d'une apothicairerie du XIXème siècle, réalisée par un collectionneur de la première moitié du XXème siècle.
Tout ceci n'a rien à voir avec le but premier de notre visite bien sûr : on attaque maintenant l'essentiel du sujet avec 5 étages de vitraux à visiter, en commençant par le haut (il est possible, soit de monter par l'escalier ci-dessous, soit de prendre l'ascenseur).
Nous voici donc sous les combles et pouvons admirer la belle charpente en bois.
A l'entrée, des vitraux anciens (vers 1524) : ils représentent une crucifixion entre deux donateurs, représentés agenouillés devant leur prie-Dieu les mains jointes en prière selon les codes en vigueur au XVIe siècle. Le couple commanda ces vitraux pour l'oratoire privé de leur hôtel particulier situé au centre de Troyes, l'Hôtel Juvénal des Ursins.
Un document d'archives rare
Voici un contrat du marché signé entre les peintres verriers troyens et le clergé de Sens. Les moindres détails sont précisés : le prix et les échéances de paiement, le choix et la provenance des matériaux, les délais accordés ou encore le choix d'autres intervenants comme le peintre du "patron".
Au verso, des vitraux modernes : ce sont des détails (fac-simile) de ceux de la chapelle Sainte-Catherine située sur le flanc sud de la cathédrale de Strasbourg. Ils ont tout récemment été commandés à l'artiste vitrailliste Véronique Ellena.
Une image du "vitrail du Millénaire" (XIVe et XXIe siècles) in situ : cela me donne bien envie d'aller à Strasbourg...
Ici un exemple de décoration à base de verre coloré : très joli, je trouve.
Les outils du peintre sur vitrail
Les pinceaux
► Le "petit bois" (bâtonnet de bois permettant de faire entrer la lumière dans le dessin en enlevant partiellement la grisaille avant cuisson),
► Le putois (brosse ronde à poils durs avec une extrémité plate donnant un aspect granuleux au vitrail),
► Le trainard (en poils très longs de martre ou de "petit-gris" (écureuil) : pour exécuter des lignes très fines à l'aide d'un apuie-main),
► Le blaireau (pour faire des dégradés de couleurs).
Les pigments
► La grisaille (existant depuis le Ve siècle : elle est composée essentiellement d'oxydes de fer),
► Le jaune d'argent (apparu autour de 1300 : poudre d'argent pur mélangée à de l'œuf battu),
► Les émaux (apparus au XVe siècle, ils se développent surtout au XVIIe : poudre de verre coloré mélangé à de l'eau ou à de l'essence, la couleur variant selon l'oxyde métallique).
Au fond, un atelier a été reconstitué et un film tourne en boucle expliquant les différentes étapes de la fabrication des vitraux.
On peut voir aussi dans cette salle comment les verriers parviennent à réparer des vitraux endommagés : ceux-ci sont ceux de la cathédrale de Sens.
Nous trouvons également des informations sur le sens de certains gestes comme ici celui de cette jeune femme levant les deux mains vers le ciel, paumes ouverte, doigts joints qui marque un signe de prière. On parle d'un orant, je crois ?
Ceci n'est bien sûr qu'un aperçu de tout ce que nous avons admiré au 5e étage, étage que nous quittons maintenant en empruntant l'escalier en bois décoré dans sa partie centrale de bouteilles en verre coloré.
Juste pour la beauté...
Autre petit bijou, ce vitrail daté de 1621 et d'une taille très modeste : la scène rapporte la visite d'Henri IV à Troyes en 1595. Celui-ci y reçoit un cœur d'or à la Maison de la Ville, symbole de l'attachement de la ville à son roi.
La foule est massée devant l'Hôtel de Ville, paré pour l'occasion d'une tribune de bois. A gauche, on reconnaît la fameuse "Belle Croix", réalisée en métal doré par le sculpteur Nicolas Halins et aujourd'hui disparue. Cette sculpture avait la réputation de faire des miracles. Elle fut la première œuvre d'art troyenne à être détruite en 1792 par les révolutionnaires. Cette scène, peinte à la façon d'une miniature, illustre les effets virtuoses permis par la technique de l'émail. Posés sur la face externe du verre, des rehauts de lavis apportent de subtils effets de profondeur.
Au XIXe siècle, les vitraux reviennent à la mode.
Une vraie mise en scène pour celui-ci datant de 1874, une œuvre de Henri de Faucigny-Lucinge qui devait probablement orner le cabinet d'un collectionneur.
Ce buveur attablé reprend les codes de la peinture de genre hollandaise : le sujet populaire, le rictus légèrement sarcastique, le vêtement, le travail de peinture en camaïeu de bruns... Le modèle de la flûte de champagne est même imité des verres hollandais du XVIIe siècle.
Les rois mages suivant l'étoile (1845) - Louis Germain Vincent-Larcher
Avec ce vitrail, Vincent-Larcher met en place sa démarche de restaurateur. Il le présente en 1845 devant une commission chargée d'évaluer les compétences de celui à qui l'on confiera la restauration des vitraux de la cathédrale de Troyes. Adoptant une démarche "archéologique", il copie le plus fidèlement possible l'original médiéval et met au point une "patine". Cette couche peinte sur toute la surface opacifie le verre pour le rendre proche des vitaux anciens. Malgré des critiques formulées sur le style et les couleurs, le peintre se voit confier le chantier.
Changement d'étage...
La Galerie des vitraux
Cette ancienne salle de malades a conservé ses volumes d’origine et bénéficie d’un éclairage naturel abondant. Elle accueille des vitraux de provenances et datations diverses, présentés en une déambulation esthétique et offerts à la contemplation du visiteur.
Pas de panonceaux dans cette salle mais un petit guide à prendre à l'accueil pour s'y repérer...
Arbre de Jessé - Eglise Saint-Pierre-ès-Liens - Laines-aux-Bois (1510-1520)
Restauré en 1957 par Jean-Jacques Gruber (Nancy)La vitesse - Jacques Simon (1928)
Quel contraste entre ces deux vitraux et pourtant la technique est la même !
A gauche, une œuvre de Kehinde Wiley intitulée "Lamentation". Je pense qu'il s'agit d'une sorte de "Vierge à l'Enfant", non ? Grâce à l'artiste afro-américain l'homme noir n'est plus invisible dans l'art et il est même replacé au cœur de l'histoire.
A droite, Les Rois Mages (1380-1390) - Peintre-verrier : Hermann de Munster
(Vitraux de l'église Sainte-Ségolène de Metz)Coloquintes et nymphéas (1905) - Jacques Gruber
En 1905, Jacques Gruber est au sommet de sa réputation de maître-verrier. Il a mis au point des techniques et un vocabulaire artistiques qui lui sont propres et qui font le succès de ses créations.
Ce vitrail, commandé pour la résidence de Paul Luc à Nancy était intégré à une cloison ouverte dans le salon de l'habitation. Les nymphéas de la partie basse se retrouvent sur plusieurs autres verrières conservées en collections privées ou publiques. Les coloquintes de la partie haute en revanche, suivent un dessin original.
Joli, non ?
Paravent Grande Canopée (2014) - Jean-Paul Agosti
(verre gravé à l'acide et émaux - prêt de l'artiste)Jean-Paul Agosti puise son inspiration dans la nature, les arbres, les jardins, qu'il observe, photographie et dont il transcrit dans son œuvre peinte les jeux de lumière et les couleurs subtiles.
Changement d'étage : je ne m'en lasse pas...
Le premier, c'est l'étage de l'exposition temporaire des œuvres de Francis Chigot, maître-verrier à Limoges (1879-1960) en collaboration étroite avec le peintre cartonnier Léon Jouhaux. Nous voici là en plein Art nouveau : un monde de lumières qui donne de l'importance aux figures féminines et à la nature.
Jusqu'au tournant de la deuxième guerre mondiale, le fonctionnement de l'atelier est assurée par une production courante, bien que luxueuse, destinée à orner les riches demeures. Le vitrail gagne plafond et cages d'escalier, baies et portes, vérandas et jardins d'hiver.
Voici le vitrail qui fait l'affiche de l'exposition : L'émaillerie limousine (1908).
Il s'agit d'une allégorie de l'Email sous la forme d'une jeune femme décorant un vase. Derrière elle se devine la rivière de la Vienne et la ville de Limoges, dominée par sa cathédrale.
Le chêne au bord de l'eau (1914)
Les baigneuses (avant 1920)
Perroquet (vers 1920)
Ce vitrail devait orner une demeure privée.Berger et ses moutons (?)
Nous voici à nouveau au rez-de-chaussée : la visite de la Cité du Vitrail se continue par celle de la Chapelle de l'ancien Hôtel-Dieu.
Dans la Sacristie, deux statues
L'une représente un Christ aux liens, iconographie répandue en Champagne au XVIe siècle. Celle-ci, copiée sur une statue ancienne et réduite à une échelle plus petite, date de 1860. La Vierge à l'Enfant, elle, provient sans doute de la grande campagne de décoration et d'ameublement de la Chapelle entre 1864 et 1868.
Dans les bras de sa mère, l'Enfant Jésus porte la sphère représentant l'entièreté du monde et une rose, symbole de son sacrifice à venir.
La Chapelle a conservé son décor peint et son ameublement des années 1860. La messe y était célébrée quotidiennement pour les religieuses et les malades
Un vitrail datant de 1866 représente la fondation de l’Hôtel-Dieu par Henri Ier le Libéral.
De chaque côté de la baie vitrée, des sculptures en trompe-l'œil
L’oculus de la chapelle accueille depuis septembre 2021 une création de l’artiste peintre, Fabienne Verdier, de renommée internationale, exécuté avec la Manufacture Vincent-Petit (Troyes).
Cette œuvre abstraite en grisaille et jaune d’argent rend hommage aux techniques du vitrail au XVIe siècle dans l’Aube et entre en résonance avec les grisailles peintes en trompe-l’œil sur les murs de la chapelle. Il s'agit d'un don de l'artiste à la Cité du Vitrail.
Un joli plafond...
Une belle visite !
A renouveler peut-être, qui sait avec Louis une prochaine année : les expositions tournent en permanence.
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Par Tolbiac204 le 14 Juin 2023 à 23:00
Ce mercredi en fin d'après-midi, par un temps magnifique, je suis allée, en compagnie de quelques amies, prendre un pot en haut des tours Duo de Jean Nouvel. Il s'agit des fameux gratte-ciels du 13e arrondissement récemment construits, entre 2017 et 2021, que l'on voit quand on passe sur le périphérique pour aller vers l'est de la capitale.
L'ensemble abrite majoritairement des bureaux, des commerces, mais aussi un hôtel et un restaurant décorés par les soins de Philippe Stark, avec terrasse panoramique sur Paris. Les deux tours mesurent respectivement 180 mètres (Duo 1) et 122 mètres (Duo 2) de haut. Sans parler de l'aspect esthétique ou inesthétique, tous les goûts sont dans la nature, j'ai lu un article du journal "Le Monde" qui dit qu'elles sont hautement énergivores car construites à base de panneaux de verre et d'acier. Si c'est vrai, c'est un peu cloche, non : ne sommes-nous pas censés gagner le défi de la transition énergétique ?
Je retrouve mes copines à la station Avenue de France du tram Tram T3a où nous nous sommes donné rendez-vous.
Depuis l'arrêt, on aperçoit les tours.
C'est la première fois que je les vois de près.
Au pied de la tour, les couleurs se révèlent.
Dans le hall d'entrée, de très jolis "voilages" en fil de fer cuivré et tressé
Sur le palier du rez-de-chaussée, un écran tactile permet de choisir l'étage où l'on veut se rendre par l'ascenseur : Too TacTac skybar, Too Restaurant, Too Hôtel, Spa...
Pour nous, ce sera le Too TacTac skybar au 27ème étage, un rooftop. A l'intérieur de l'ascenseur, on connait la date du jour et même l'heure ! (ici, c'est notre heure de sortie, nous sommes venues pour 17 heures).
Depuis le palier du 27ème étage, une première vue sur Paris, du côté des rails de la gare d'Austerlitz.
Nous prenons place dans un confortable petit salon...
Et commandons nos boissons.
Vue la prestation, je trouve que les prix ne sont pas exagérés : 8 euros la bouteille de jus de tomate de 20 cl et 4 euros le café.
Et si maintenant on l'on allait dehors admirer la vue sur la tour Eiffel depuis la terrasse panoramique ?
Celle-ci a été très joliment aménagée par Philippe Starck.
Depuis cette petite table, on jouit d'une superbe vue sur la Seine et, comme on est haut, on n'entend pas le bruit de la circulation en-dessous.
C'est là qu'il ne faut pas avoir le vertige !
Vue sur le bois de Vincennes et le rocher du zoo
Petit selfie avec Marie-France
D'ici, on aperçoit l'autre tour, celle sur laquelle un cube semble sur le point de tomber.
Publicité pour la SNCF
Avez-vous vu la tour Eiffel ? C'est vrai qu'elle est loin puisque nous sommes ici dans le 13e arrondissement, donc au sud de Paris.
Comme vous le voyez, à cette heure là, les clients du soir ne sont pas encore arrivés.
Royal, non ?
Des boissons variées, en veux tu en voilà !
La barmaid nous a dit que les stores n'allaient pas tarder à se relever - tout seuls.
Nous ne partons pas sans visiter les toilettes : surprise, elles possèdent une salle d'attente !
On s'amuse comme des petites folles !
Sur les murs d'étranges porte-manteaux, en tout cas je les ai pris pour tels.
Depuis les toilettes toujours, on a une vue sur la salle à manger. Ce sera pour une autre fois, un jour où notre porte-monnaie sera bien garni...
Une excellente fin de soirée entre copines
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Par Tolbiac204 le 13 Août 2022 à 23:00
Comme on dit, ça sent le roussi aujourd'hui : nous quittons notre hôtel à Chagny qui nous a permis de visiter la ville de Beaune pour rentrer au bercail. Direction Autun dans un premier temps pour revoir la Cathédrale puis visiter le musée Rolin.
La Cathédrale d'Autun
Son horloge astronomique
L'Hôtel Rolin date de la première moitié du XVe siècle. Il a été aménagé par Nicolas Rolin, Chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon à partir de sa demeure paternelle appelée "Le Donjon".
Nous commençons la visite par l'Antiquité avec cette "Mosaïque aux auteurs grecs" des IIe-IIIe siècles en cubes de pierre et de verre (tesselles) d'une riche maison de la ville d'Augustodunum, l'ancienne Autun.
Ici, Métrodore, un disciple d'Epicure, est assis dans un siège et est accompagné d'une citation de son œuvre.
Vitrine de petits objets en bronze
"Acrobate en bronze" des IIe-IIIe siècles
Une pièce maîtresse du musée : ce Vase diatrète en verre soufflé et sculpté (début du IVe siècle).
Mais que veut dire "diatrète" ? Il s'agit d'une coupe intérieure en verre et d'une cage extérieure décorative qui se détache du corps du récipient, auquel elle est rattachée par de courtes tiges ou entretoises, le tout également en verre.
Ce vase, découvert dans un sarcophage en grès, est un objet particulièrement précieux connu par une dizaine d'exemplaires en Europe. Tout d'abord soufflé, ce bol a été ensuite sculpté dans l'épaisseur de sa paroi jusqu'à former ce décor de "filet" qui semble le recouvrir. L'inscription "VIVAS FELICITER" (Vis avec félicité), faite de grandes lettres en relief, trouve de rares comparaisons dans le monde antique. L'analyse du contenu a permis d'identifier les résidus d'un mélange d'huile, de feuille, de fleurs et d'ambre gris, substance très parfumée provenant des concrétions intestinales du cachalot. C'est la première attestation de ce produit pour l'Antiquité indiquant qu'il entrait dans la composition d'un parfum pour l'église.
Tirelire : Fortune, Abondance ou Mater (IIIe-IVe siècles)
Maquette d'une Domus typique d'Augustodunum
Pas mal la baraque : on se croirait à Gyé ou à Neuville (villes de cultivateurs de Champagne) !
De l'Antiquité, nous passons au Moyen Age avec cette sculpture allégorique en calcaire de "La Géométrie" (vers 1140-1160) - pilier du cloître de la Cathédrale Saint-Nazaire
La Géométrie tient dans sa main droite le symbole de sa discipline, probablement une équerre ou la branche d'un compas.
Et voici maintenant, toujours de la même époque "L'astronomie" qui tient dans sa main droite une étoile à huit branches.
LE chef-d'œuvre du musée : "La tentation d'Eve" (Fragment de linteau du portail des Pèlerins de la Cathédrale Saint-Lazare) - 2ème quart du XIIe siècle
La Cathédrale possède une orientation peu commune, Nord-Sud. Les pèlerins voyaient ce relief en entrant par le portail Est. L'œuvre est attribuée à l'atelier du sculpteur des chapiteaux intérieurs et le grand portail Nord, vraisemblablement l'auteur de la formule "Gislebertus hoc fecit" sur le tympan du Jugement dernier.
Eve s'apprête à cueillir d'une main le fruit défendu à la branche de l'arbre que tend vers elle le Tentateur, dont on devine la patte griffue. Sa position couchée s'adapte à la forme allongée du linteau. Cette attitude exprime peut-être aussi l'humilité des pêcheurs.
Nous voici à la Renaissance avec cette "Vierge ouvrante" des XVe-XVIe siècles en chêne polychromé et argenté. Située dans une chapelle, elle était vénérée par les femmes enceintes qui déposaient à ses pieds des offrandes ou faisaient dire une messe. La statue était ouverte pour mettre en contact les vêtements destinés au bébé. La dévotion dont elle faisait l'objet semble se rattacher à celle des déesses mères antiques.
"Sainte Catherine" attribuée à Antoine le Moiturier (2ème tiers du XVe siècle). Socle en calcaire polychrome portant la devis du cardinal Rolin "Deum time" (Crains Dieu).
On reconnaît la sainte à la roue de son supplice.
"Saint Jean-Baptiste" par Antoine le Moiturier
(Calcaire polychrome) - 2ème tiers du XVe siècleLa statue provient du jubé de la Cathédrale Saint-Lazare.
"La nativité au cardinal Rolin" de Jean Hey - fin XVe siècle
C'est la première œuvre du Maître de Moulins.
Il s'agit d'une Nativité : Jésus enfant est visible dans son berceau, dans le bas à gauche de la composition ; il est entouré de ses parents, Marie et de Joseph, également en présence des bergers (au fond derrière une palissade) et du donateur (à droite).L'iconographie chrétienne du thème est respectée avec l'étable ouverte (dégradée) vers le paysage champêtre, la présence d'animaux (le bœuf et l'âne - aux têtes superposées - dans la crèche à gauche, des moutons paissant au loin dans l'arrière-plan bleuté). La carnation de la Vierge est particulièrement blanche (la marque de son origine noble).
Nous n'avons pas fait la partie "moderne" du musée car nous avons de la route à faire... Direction Saulieu pour se restaurer dans ce bistrot faisant face à la Basilique Saint-Andoche.
La Basilique date de la première moitié du XIIe siècle. Son portail, complètement détruit à la Révolution française, a été restauré au XIXe siècle.
Le tympan révèle une iconographie chrétienne : un Christ en majesté, inscrit dans une mandorle, ici portée par quatre anges, est assis sur son trône, exécutant le geste de bénédiction de la main droite et tenant à gauche un livre ouvert appuyé sur son genou. Aux côtés des anges soutenant la mandorle, sont figurés les animaux emblématiques des quatre évangélistes : à gauche du Christ, l'aigle de saint Jean et le taureau de saint Luc, puis, à droite du Christ, le lion de saint Marc et l'ange ailé de saint Matthieu. Toutes ces figures sont encadrées par un ange agenouillé portant un chandelier aux deux extrémités du tympan.
L'église est très sobre intérieurement.
Les chapiteaux des colonnes sont de trois sortes : les chapiteaux historiés, les chapiteaux animaliers ou bestiaires et les chapiteaux floraux.
Parmi les chapiteaux historiés j'ai craqué pour ceux-ci.
La fuite en Egypte
La scène du "Noli me tangere" (Ne me retiens pas)
Il s'agit des paroles prononcées par Jésus ressuscité à Marie-Madeleine le jour de Pâques, dans l' Évangile selon Saint Jean.
La tentation du Christ
Les chapiteaux animaliers maintenant
Les vouivres : La vouivre est une créature légendaire présente dans plusieurs pays européens, ayant généralement la forme d'un dragon bipède ou d'un serpent ailé.
Les deux aigles
Parmi les chapiteaux floraux, voici celui-ci
Et celui-là
Un joli toit pour cette petite chapelle
"Vierge à l'Enfant" dite de Madame de Sévigné (début du XVIe siècle)
La romancière l'aurait donnée à la basilique lors d'un de ses passage. Pas top, la Vierge, pas plus que l'Enfant, non ?
"Sainte avec un livre" (traces de peinture polychrome) : Sainte Brigitte de Suède ?
Brigitte, fille d'un prince suédois, est née en Suède vers 1302-1303. Devenue veuve en 1344 et mère de huit enfants, elle fonde l'ordre du Très Saint-Sauveur et s'installe à Rome, où elle meurt en 1373. Elle est canonisée en 1391. Elle est représentée portant un livre et tenant un cierge dans la main gauche, rappelant la cire brûlante qu'elle laissait couler sur sa main en signe de mortification.
Dur dur : mais je me souviens d'avoir vu récemment à la télévision un reportage sur un pèlerinage dans un pays d'Amérique latine où un certain pèlerin faisait de même...
La Basilique possède aussi un superbe orgue.
Datant de 2003, il s'agit de l'un des instruments les plus novateurs de Bourgogne tant au niveau visuel que sonore. Ses trois claviers (en poirier et ébène) et son pédalier permettent de faire sonner plus de deux mille tuyaux répartis à l’intérieur du buffet sur trois niveaux. Ces tuyaux sont réalisés dans différents matériaux (alliages étain-plomb, bois, etc…). Les tuyaux les plus aigus mesurent quelques millimètres alors que les tuyaux les plus graves comptent jusqu’à six mètres de haut. Le buffet de cet orgue a fait l’objet d’un concours de plasticiens. Le dessin est dû à Pierre SIBIEUDE, la réalisation a été effectuée par les facteurs MILLOT et JACQUART. Enfin, la partie instrumentale de cet orgue a été réalisée par le facteur Daniel BIROUSTE.
L’orgue de Saulieu se positionne comme un instrument moderne offrant aux interprètes des dispositions technologiques avancées et une palette sonore originale pour jouer la musique d’hier et d’aujourd’hui.Au sortir de la Basilique, une très jolie placette pourvue d'une fontaine appelée Fontaine Saint-Andoche ou Fontaine Caristie du nom de son créateur. Elle date du XVIIIe siècle et est surmontée d'une statue de la belle Samaritaine.
Un peu plus loin, une maison apparemment sans grand intérêt si ce n'est que c'est la maison natale de François Pompon (1855-1933), célèbre sculpteur-animalier connu pour son ours polaire, entre autres.
Cet ours polaire en résine n'est pas de François Pompon : je m'y suis trompée au départ ! Il s'agit d'une œuvre de Michel Bassompierre qui s'intitule, on se demande pourquoi, Phoque N°1... La ville de Saulieu célèbre en cette année 2022 le centenaire de la révélation au grand public du célèbre sculpteur sédélocien.
Ainsi se termine notre petite escapade entre sœurs.
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Par Tolbiac204 le 12 Août 2022 à 23:30
Pour voir le post sur notre visite guidée des Hospices de Beaune, cliquez ICI.
Notre poursuivons cet après-midi notre découverte de la ville de Beaune avec la visite guidée de la moutarderie Fallot. C'est au fond de cette grande allée décorée d'une jolie fresque représentant un champ de moutarde que se trouve la fabrique.
La visite guidée démarre de cette petite courette.
La chaleur, plus qu'étouffante, explique ma tenue un peu "négligée"...
La meule de pierre située à l'entrée de l'espace muséal confirme que la moutarde Fallot est moulue à froid, dans les règles de l'art. Il paraît en effet que le broyage industriel en cuve d'inox fait perdre sa force à la moutarde...
Notre jeune guide est charmante et jolie de surcroît.
Elle nous explique par le menu la méthode de fabrication du fameux condiment et l'histoire de la moutarderie Fallot. Par ailleurs, le site internet de l'entreprise étant très bien fait me permet de ne pas vous dire trop de bêtises.
Le semis se fait en août-septembre, la germination en octobre-novembre, la levée en mars-avril, la floraison en mai, la formation des graines en juillet, la récolte en août.
La boucle est bouclée.
Moutarderie Edmond Fallot : une maison indépendante Bourguignonne et familiale depuis 1840
Dotée d’un outil performant, elle a su maintenir le savoir-faire de l’artisan moutardier c'est à dire le broyage des graines à la meule de pierre qui conserve toutes les qualités gustatives de la pâte. Une attention toute particulière est apportée à la préservation et à la protection de l’environnement : tri et valorisation des déchets, traitements des effluents, … Marc Désarménien, le petit-fils d’Edmond Fallot, est actuellement aux commandes de l’entreprise. Une vingtaine de salariés contribue à la qualité de la production. L’entreprise a étoffé sa gamme de produits au fil des années avec des moutardes aromatiques, vinaigres, conserves et condiments; avec un procédé de fabrication répondant à une démarche de qualité dans laquelle La Moutarderie Fallot s’est engagée. Pour valoriser son savoir-faire traditionnel auprès du grand public, La Moutarderie Fallot a ouvert un Espace Muséographique comportant deux parcours de visites. Deux boutiques ateliers (Beaune et Dijon) ont vu le jour avec un espace de dégustation totalement dédié à la moutarde ‘Enjoy Fallot !’.
Voici sur ce tableau les différents propriétaires de la moutarde depuis 1840
L'histoire de la moutarde en Bourgogne
Sous l'Antiquité
Déjà, sous la Haute Antiquité, les Chinois, les Grecs et les Romains transformaient la graine de sénevé (plante à fleurs jaunes) en une pâte fine et aromatique. Si l'usage médical de cette plante est incontestable chez les Grecs et les Romains, elle est très vite introduite également dans la cuisine. Ainsi, sous sa forme culinaire, les Anciens l'associaient déjà au vinaigre, qui a l'étonnante caractéristique d'inhiber les propriétés révulsives de la plante.
Au Moyen-Age
Les mots « moutarde » et « sénevé » feront simultanément leur apparition dans le français du XIIIème siècle. Quant au « moutardier », qui désigne le fabricant ou le marchand de moutarde, il apparaît pour la première fois dans le registre de la taille royale de Paris en 1292 ; et une ordonnance de 1351 le cite parmi les marchands autorisés à avoir des poids. Chez les gens de modeste condition, la moutarde sera très longtemps utilisée pour relever les plats à la place du poivre, épice d'importation beaucoup plus chère. Mais, avec la grande époque des fêtes et banquets gigantesques, notamment à la Renaissance, elle investit peu à peu les milieux plus aisés : Rabelais en fait d'ailleurs grand cas.
A partir du XVIIe siècle
Au fil des siècles, la moutarde devient un met de qualité synonyme de richesse, de raffinement et de plaisir. C'est au XVIIème siècle qu'apparaissent les premières moutardes fines et aromatiques. Au XVIIIème et début du XIXème siècle, les fabricants rivalisent d'inventions pour créer mille recettes nouvelles.
De la Révolution industrielle à nos jours
A partir de 1850, la révolution industrielle fait son apparition, et la moutarde, qui jusqu'alors avait toujours été fabriquée à la main, voit-elle aussi, sa fabrication (broyage, triturage et tamisage) mécanisée. Au XXème siècle, la réglementation est de plus en plus stricte : ainsi un décret de 1937 (qui sera complété et actualisé en juillet 2000) vient définir les conditions de fabrication et de dénomination des moutardes. De nos jours, la fabrication artisanale de la moutarde a quasiment disparu. Seuls quelques rares fabricants, auxquels la Moutarderie Fallot est fière d'appartenir, utilisent encore le procédé artisanal du broyage à la meule de pierre, qui, en préservant toutes les qualités gustatives de la pâte, donne à nos moutardes une saveur incomparable.
Voici un exemple de meule de pierre utilisée par la maison Fallot.
La moutarde de Bourgogne
La disparition progressive de la culture en Bourgogne
Jusqu'à la seconde guerre mondiale, on cultiva la graine de moutarde en Bourgogne, dans les bois et dans les clairières à charbon. En effet, il y avait dans la région de nombreuses places à charbon ou fourneaux à charbon de bois. Ces "fauldes", après la cuisson du charbon de bois, étaient riches en potasse et favorables à la culture de la moutarde que les charbonniers semaient. A la maturité des graines, des rabatteurs passaient et achetaient aux charbonniers les graines pour les revendre ensuite aux moutardiers de la région dijonnaise. Ces places à charbon étaient nombreuses, la population moins dense ; aussi, cette production suffisait presque à alimenter les fabriques bourguignonnes.
Mais avec la désaffection du charbon de bois pour l'industrie et la disparition des charbonniers, la culture de la moutarde baissa et entraîna l'obligation pour les fabricants de s'approvisionner dans d'autres régions d'abord (Marne, Somme, Seine-et-Oise, Loiret et Indre où là aussi, la culture, de moins en moins rémunératrice, finit par à être abandonnée), puis finalement à l'étranger et notamment au Canada et aux Etats-Unis, où la graine de moutarde est plus rémunératrice pour les agriculteurs canadiens ou américains.La relance de la culture en Bourgogne
L'Association Moutarde de Bourgogne, fondée par des producteurs et fabricants régionaux dont la Moutarderie Fallot fait activement partie, a depuis quelques années lancé un programme de relance de la culture de la moutarde en Bourgogne.
Si plusieurs tentatives de réintroduction de la culture de la moutarde en France ont échoué dans le passé, cette nouvelle initiative a souhaité mettre toutes les chances de son côté en accompagnant cette démarche par le dépôt d'un dossier de demande d'I.G.P. (Indication Géographique Protégée) qui a abouti favorablement fin 2009.Le choix d'un signe de qualité
Les membres de l'association ont, en effet, décidé de proposer un produit distinct de la moutarde de Dijon, qui est devenue une dénomination générique et qui est ainsi produite aussi bien en France que dans de nombreux autres pays tels que les Pays-Bas, les Etats-Unis ou le Japon. Fabriquée avec des graines produites en Bourgogne et avec du vin d'appellation d'origine contrôlée produit en Bourgogne, "La Moutarde de Bourgogne" est un produit ancré dans le terroir bourguignon.
Pour apporter la garantie aux consommateurs sur l'origine du produit qu'ils achètent, et valoriser ainsi le travail de toute une filière, les membres de l'association ont décidé de placer leur produit dans le cadre d'une certification de conformité relative à la reconnaissance de la qualité des produits alimentaires en l'associant à une Indication d'Origine Protégée.Les objectifs concrets
L'Association Moutarde Bourgogne, par le biais de cette I.G.P., espère atteindre des objectifs économiques et techniques très concrets, dont notamment ceux suivants :
► Apporter aux consommateurs un produit dont les caractéristiques et l'origine sont garanties,
► Faire de la "Moutarde de Bourgogne" un produit "flambeau" pour les marques des différents industriels sur le marché français mais également à l'exportation,
► Accompagner et soutenir le programme de relance de la production de graines de moutarde en Bourgogne,
► Développer le tissu agro-économique de la région.La moutarde de Dijon
Des conditions propices
Depuis toujours les Bourguignons et les Dijonnais, en particulier, ont eu la réputation méritée d’être de fins gourmets. Pays de vignobles, la Bourgogne était bien placée pour fournir vin nouveau ou vinaigre aux fabricants de moutarde qui s’installèrent de plus en plus nombreux à Dijon. Région calcaire très boisée, ancienne terre de charbonniers, le sol est propice à la culture de graines particulièrement fortes et piquantes. Peu à peu, la culture de la moutarde se développe donc dans la région qui sera longtemps autonome pour ses besoins en matière première.
Une véritable institution
La moutarde ne tarde pas à devenir une véritable institution dijonnaise, dont la fabrication est réglementée par une ordonnance en date du 10 août 1390. En 1634 les premiers statuts officiels de la corporation des vinaigriers et moutardiers de la ville de Dijon régissent le métier : éthique et hygiène sont les maîtres mots de la profession. Au cours du XVIIIème siècle, la découverte du verjus (suc de raisin récolté en Bourgogne) vient parfaire la qualité de ce noble produit. Le verjus (additionné à la graine de moutarde brune) ainsi que le broyage de ce mélange à l’aide de meules de pierre (évitant l’échauffement de la pâte très sensible à la chaleur) vont alors contribuer à donner à la Moutarde de Dijon une renommée mondiale de grande qualité. Aujourd’hui grâce aux découvertes de Louis Pasteur, le véritable verjus est remplacé par du vinaigre de vin ou d'alcool, qui offre toutes les garanties de régularité tant dans l'approvisionnement que dans la qualité gustative.
Notre visite se continue dans une pièce voisine où notre jeune guide se livre à l'exercice qui consiste à fabriquer un peu de moutarde devant notre groupe (nous sommes une vingtaine à nous être inscrits à cette visite guidée).
Pour ce faire, il faut : des graines de moutarde, du sel, du vinaigre de vin, et un mortier accompagné de son pilon.
Après quoi, elle nous propose d'essayer nous mêmes : chaque famille reçoit donc l'ensemble du matériel, Arlette et moi y compris !
Et voilà, c'est parti : il s'agit tout d'abord d'écraser avec le pilon les graines de moutarde auxquelles on a ajouté un peu de sel. Puis, il faut ajouter le vinaigre et touiller avec une petite spatule en bois jusqu'à obtenir la bonne consistance.
Opération réussie : la guide nous donnera une petite boîte en plastique pour mettre le contenu de notre fabrication.
Après avoir un petit film sur la fabrication de la moutarde Fallot, nous passons à la dégustation. Sous chacun de ces couvercles en inox se cachent des moutardes différemment aromatisées et des petits toasts pour les accompagner.
Il y a une cloche par famille : tout est très bien organisé.
Une visite guidée très plaisante
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Par Tolbiac204 le 12 Août 2022 à 23:00
Aujourd'hui, nous prenons la route depuis notre hôtel à Chagny pour aller à Beaune. L'hôtel Chagny ne paie pas de mine et il est même situé au bord d'une route (un peu en retrait tout de même) mais le couple qui le tient est très accueillant.
Ils dirigent l'établissement ensemble depuis quelques années.
Au passage, nous apercevons au loin le village de Meursault : n'oublions pas que nous avons maintenant rejoint la Bourgogne des grands vins...
En arrivant sur Beaune, les publicistes voient les choses en grand. Normal, les viticulteurs en ont les moyens !
Si nous sommes à Beaune ce matin, c'est pour faire la visite guidée de ses fameux Hospices.
La façade sur rue, gothique, est munie d'un petit clocheton et couverte d'ardoises. Elle est plutôt austère et ne laisse en rien présager des merveilles qui se trouvent à l'intérieur de la cour.
L'Hôtel-Dieu a été fondé en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et Guigone de Salins, son épouse.
Détails du porche d'entrée
Un faîte de lucarne bien joliment décoré
Tout est dans les détails comme, sur le heurtoir de la porte d'entrée en fer forgé travaillé, ce petit lézard...
Nous avons pris nos billets sur le net et entrons donc directement pour suivre la visite guidée de 10 heures du matin. Et là, dans la cour d'honneur, c'est l'éblouissement, même si la façade côté rue est plus sobre que l'autre.
En face, les magnifiques toits de tuiles vernissées (jaune, brun, rouge et vert) et leurs lucarnes aériennes s'offrent aux yeux des visiteurs venus du monde entier.
Les différentes girouettes sur les lucarnes sont un signe de richesse.
Vue sur la cour depuis la margelle du puits où l'on récupérait l'eau de la Bouzaise qui coule sous le bâtiment.
La cour est un joli mélange entre le style bourguignon typique de la région, et un style flamand, que Nicolas Rolin a rapporté de ses voyages en Flandre.
Pureté des lignes...
L'ange à l'écusson tient les clés des Hospices...
Les Hospices de Beaune ont été fondés suite à la Guerre de Cent Ans, qui laissa beaucoup de familles dans la misère et la famine. C’est à cette époque que les époux décidèrent de créer un lieu pour recueillir et soigner les pauvres. Ils le dotent d’une rente annuelle grâce à des salines (appartenant à Guigone de Salins), et de ressources propres, grâce à la vigne. L’hôpital accueille son premier patient le 1er janvier 1452. Dès lors et jusqu’au XXe siècle, les sœurs des Hospices de Beaune prendront soin de nombreux malades dans plusieurs grandes salles.
Voici la salle des "Pôvres" : elle mesure 50 mètres de long 14 mètres de large et 16 mètres de haut. De chaque côté, des alcôves abritent une suite de 15 loges individuelles (mais parfois les malades pouvaient aussi y être à deux) tendues de rideaux rouges pour isoler du froid.
C'est le luxe !
D’habitude, dans un hôpital médiéval, les malades reposaient sur des paillasses à même le sol...
Le mobilier d'époque est resté, telle la vaisselle en étain sur la table de nuit. Des petites saynètes ont été reconstituées, comme ici cette religieuse tenant un Moine chauffe-lit (selon une légende, les moines, vivant dans un château, au service d'un seigneur, se couchaient dans le lit de ce dernier une heure avant lui, afin qu'il trouve sa place chaude.).
Notre guide nous parle aussi de la charpente magnifique, en forme de carène de bateau renversé.
Les poutres traversières sont décorées de dragons multicolores crachant du feu. De part et d'autre de petites têtes sculptées représentent des caricatures des bourgeois de Beaune. Leurs visages sont parfois des têtes d’animaux symbolisant leurs défauts ! (photo l'Œil d'Edouard)
Au fond de la salle des "Pôvres", une chapelle se tient derrière un jubé en bois sculpté : cela permettait aux malades d’assister aux offices depuis leur lit.
Sur le grand autel en marbre se trouve actuellement une copie du polyptyque du Jugement Dernier de Rogier Van der Weyden. Les malades pouvaient l'apercevoir de leur lit : on ne plaisantait pas avec la religion à l'époque...
Guigone de Salins repose ici dans la chapelle des Hospices.
Le pavage du sol représente le monogramme de Nicolas Rolin "Seule" signifiant que son épouse était la seule dame de ses pensées entourant le N de Nicolas et le G de Guigone.
Il y a aussi cette superbe plaque en fer forgé dont j'ai oublié la signification mais on y distingue un N et un R.
Nous quittons maintenant la salle des "Pôvres" en repassant par la cour d'honneur pour aller visiter la salle Saint-Hugues.
Dans cette salle, au-dessus de l’autel, entouré des deux anges en grisaille, "Le Miracle de Saint-Hugues" ressuscitant deux enfants morts de la peste.
La salle a été créée en 1645 et comprend quelques lits destinés à des malades plus aisés.
Elle est également nettement plus décorée avec de nombreux tableaux d’Isaac Moillon illustrant les miracles du Christ.
Au plafond, une grande toile marouflée représente l’épisode de la guérison du paralytique dans la piscine de Bethesda selon l'évangile de Saint-Jean.
La salle Saint-Nicolas était destinée aux malades les plus graves, agonisant. Après la visite en 1658 de Louis XIV, qui vit d’un mauvais œil la promiscuité entre les sexes, elle fut attribuée aux hommes. Grand prince, il donna une rente de 500 livres, pour de nouveaux aménagements. (photo Arnaud 25)
Il s'agit d'une très grande pièce actuellement convertie en salle d'exposition sur l'histoire des Hospices et de son vignoble.
Elle renferme une maquette en paille des Hospices exécutée par un malade au XVIIIe siècle en "paiement" de son séjour à l'hospice.
Au centre de la pièce, on peut apercevoir au travers d'une vitre la Boulaize qui servait alors pour l'évacuation des eaux usées.
Nous sommes pourvus de petits appareils nous permettant de ne pas louper une parole de notre guide qui nous donne plein de détails sur les instruments médicaux de l'époque. Hélas, mes facultés de mémorisation ne m'ont pas permis de les retenir...
Nous voici maintenant dans les cuisines qui, elles aussi, sont scénarisées.
Au centre, une immense cheminée à deux foyers équipée d'un tournebroche en acier brossé datant de 1698.
Il est animé par un petit automate "Messire Bertran".
La reconstitution est fidèle au tableau de Jean-Louis-Edouard Darviot (1897)
Notre guide nous fait remarquer les jolis robinets en "col de cygne" alimentant le "piano" de cette cuisine du début du début du XXe siècle. La cheminée est tapissée des fameux carreaux de faïence "Seule"
Nous ressortons dans la cour d'honneur pour rejoindre la Pharmacie.
Les Hospices possèdent une belle collection de bocaux en porcelaine, à l'ancienne.
Il y a ici de quoi tout soigner avec des poudres de Perlimpinpin !
Ici, c'est le coin du laboratoire.
Les sœurs y fabriquaient même des suppositoires !
Ce coffre du XVe siècle a par la suite été doublé d'étain pour la distribution des tisanes dans l'officine de la pharmacie.
La visite guidée se termine par la salle Saint-Louis où est exposé le retable de Rogier Van der Weyden : il s'agit du polyptique du Jugement dernier. J'ai remarqué dans cette pièce un joli manteau de cheminée et un plafond décoré.
Le polyptique est une commande de Nicolas Rolin pour son Palais des Pôvres où il était exposé derrière l'autel de la chapelle. Il rappelait aux malades le soin qu’ils devaient apporter à leur dévotion pour pouvoir atteindre la grâce et recouvrer la santé.
Ci-dessous le polyptique fermé, représentant Nicolas Rolin et Guigone de Salins agenouillés, entourant des saints.
Cliquez sur les images qui suivent pour les agrandir.
Si l'on peut voir de nos jours à la fois le polyptique fermé et ouvert c'est "grâce" au Musée du Louvre qui, lors d'une restauration, a scié le bois en deux... Cela n'avait pas l'air d'être du goût de notre guide !
Voici le côté de l'Enfer : le peintre a représenté ici le chaos.
et celui du Paradis : beaucoup plus calme.
Au centre, la traditionnelle pesée des âmes par Saint-Michel (?) surmontée par le Christ en manteau rouge. D'habitude, le fléau de la balance s'incline du côté du bien mais ici peintre a choisi de faire pencher la balance du côté du mal : le poids des péchés sur la conscience suffit pour faire tomber en enfer les damnés, rendus lourds comme du plomb.
A la fin de la visite guidée, la guide nous a bien sûr parlé des vins des Hospices de Beaune et de sa vente aux enchères annuelle.
Il est maintenant l'heure de se restaurer et, plutôt que de rester en ville, nous prenons la route des vins à la recherche d'une terrasse ombragée car il fait toujours super beau mais chaud ! Après Pommard, nous voici à Meursault, une petite commune qui a connu son heure de gloire grâce au cinéma : c'est ici qu'on été tournées, devant le superbe Hôtel de ville de la commune à la toiture en tuiles vernissées, plusieurs scènes de La Grande Vadrouille, le fameux film de Gérard Oury avec Bourvil.
La fontaine de bronze, œuvre du sculpteur Christian Maas (inaugurée en 2001) est une allégorie de la vigne. Elle représente une vigneronne entourée d’angelots représentant les quatre saisons.
En face, un petit restaurant dont la carte nous convient : Le Bouchon.
Nous avons choisi d'y commander des œufs en meurette, l'une des spécialités de la cuisine Bourguignonne : il s'agit d'œufs pochés avec une sauce au vin accompagnés de croutons grillés dans du beure. Un petit verre de Meursault en prime et le tour est joué. Cliquez ICI pour voir la recette des œufs en meurette.
Un vrai délice pour les papilles !
C'est sur cette note gourmande que s'achève cette très intéressante matinée de visite de l'Hôtel-Dieu de Beaune.
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