•  Non non, ce n'est pas du chinois... c'est du japonais !

    Fière de ma science toute nouvelle (elle date d'hier...), je vous en fais profiter : l'ukiyo-e (terme japonais signifiant "image du monde flottant") est un mouvement artistique japonais   de l'époque d'Edo (*) comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout des estampes japonaises gravées sur bois.

    (*) Edo est l'ancien nom de Tokyo. L'époque d'Edo se situe entre 1603 à 1868.

    Comme dirait Monsieur Jourdain, j'aimais l'ukiyo-e sans le savoir depuis plus de 30 ans, date à laquelle j'avais découvert un peintre japonais nommé Hokusaï à travers une exposition du Centre Culturel du Marais. Par la suite, j'avais revu certaines de ses estampes en visitant  la maison de Claude Monnet à Giverny  (il en possédait une belle collection qui est maintenant exposée dans la montée d'escalier).

     Hokusaï est, entre autres, célèbre pour son estampe de "La Vague" qui est la première d'une série de 36 vues qu'il a réalisées sur le mont Fuji.

     Hokusai-la-vague-de-kanagawa.jpg

     Tiens tiens : qui dit Claude Monnet dit "impressionisme" et justement, ça tombe bien : c'est de cela que je voulais vous parler aujourd'hui ! Tout du moins de l'un de ses plus célèbres représentants qui est à l'affiche à Paris en cet automne : la Pinacothèque présente en effet jusqu'au mois de mars 2013 une quarantaine des tableaux de Van Gogh en regard d'estampes du peintre japonais Hiroshige (prononcer Hiroshigué), dessinateur, graveur et peintre d'estampes du XIXème siècle qui l'a beaucoup inspiré à l'époque du Japonisme. Les japonais comparent Hiroshige à Léonardo da Vinci...

     En fait, avec mon amie Marie-Claire, nous avions décidé aujourd'hui de sortir "en filles" histoire de refaire un peu le monde (qui ne tourne pas toujours aussi rond qu'on le souhaiterait...) en agrémentant le tout d'un petit restau sympa... Bonne idée, non ?

       Mais passons aux choses sérieuses : la découverte du Japon par Van Gogh se fait à travers les oeuvres de plusieurs artistes japonais dans la boutique d’un marchand parisien d’estampes et de gravures japonaises, Samuel Bing. Là, il peut consulter librement tout ce qu'il veut, fouiller dans les armoires et admirer sans limite les réserves de ce "fou" du Japon. Il achète d'ailleurs avec son frère Théo toute une série d'estampes japonaises qu'il expose au printemps 1887 au café du Tambourin à Montmartre.

     Pour s'imprégner de leur style, il copie quelques unes des estampes des maîtres japonais.

    A gauche, Hiroshige : pruneraie à Kameido

    A droite, Van Ghog : japonaiserie (pruniers en fleurs)

     Van-Gogh-copie-Hiroshige.JPG

     A cette étape de sa vie, Van Gogh est déjà névrosé. Quand il est à Arles dans le Midi, dans sa tête il est au Japon, ou tout au moins dans le Japon tel qu’il l’imagine. Chacun des plans qu’il choisira pour ses paysages ou dans ses scènes de genre sera toujours en référence à l’art de Hiroshige.

     L'affiche de l'exposition Van Gogh s'intitule "rêves de Japon"...

     Van-Gogh-Hiroshige

    Hiroshige

    Plâtriers travaillant au château Yoshida et vue sur le pont au dessus du fleuve Toyo (1833-1834)

     Hiroshige platriers travaillant chateau Yoshida

    Van Gogh

    Champ de blé clôturé sous le soleil et les nuages (1889)

    04 Vincent Van Gogh Champ de ble cloture

     Hiroshige

    Hommes allumant leur pipe devant le mont Asama (1838-1842)

     Hommes-allumant-leur-pipe-devant-le-mont-Asama.jpg

    Van Gogh

    Le bon samaritain (1890)

    Van-Gogh-Le-bon-samaritain

    Hiroshige

    Groupe d'hommes aveugles et temple Yugyo (1833-1834)

    Hiroshige---Groupe-d-hommes-aveugles-et-templeYugyo.jpg

    Van Gogh

    Pont basculant à Nieuw-Amsterdam (1889)

     Van-Gogh---Pont-basculant-a-Nieuw-Amsterdam.jpg

     Hiroshige

    Le Pont Inari et le sanctuaire de Minato sur la gauche vus
    à travers les mâts des bateaux à Teppozu (1857)

     Hiroshige Pont Inari Sanctuaire Minato

    Van Gogh

    Vue sur les Saintes Maries de la mer (1888)

    van-gogh-vue-sur-saintes-maries-de-la-mer

    Hiroshige

    Mont Fuji au matin à Hara (1833-1834)

     Hiroshige-Groupe-de-pelerins-dans-un-champ-desole-d-herbe.jpg

     Van Gogh

    Le semeur (1888)

     Van-Gogh-Le-semeur

    Hiroshige

    Plage des Maiko dans la province des Harima (1853)

     Hiroshige-Plage-des-maiko

     Van Gogh

    Oliveraie (1889)

     Van-gogh-Oliveraie

    Hiroshige

    Vue d'Ueno, de l'autre côté de l'étang de Shinobazu (1857)

    Hiroshige Vue Ueno etang Shinobazu

    Van Gogh

    Pins au coucher du soleil (1889)

     Van Gogh Pins au coucher du soleil

     L'exposition "Van Gogh Rêves de Japon" est très bien présentée : les tableaux de Van Gogh inspirés de Hiroshige sont présentés en regard de panneaux verticaux décorés de papier japonais où ont été imprimées des reproductions des estampes du peintre. Juste en face dans la même rue, vous pouvez aussi aller découvrir les estampes originales de Hiroshige : l'exposition s'intitule "Hiroshige, l'art du voyage".

     Inutile de vous dire que nous avons beaucoup aimé ces deux expositions.

     Les expositions sont ouvertes à la Pinacothèque jusqu'au 17 mars 2013


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  • A l'Hôtel de Ville de Paris se termine demain une exposition essentielle pour l'histoire de la France. Son titre : "C'étaient des enfants", tout simplement. Elle fait référence à la rafle du Vél-d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942.

    Affiche-.JPG

    Un rappel des faits par "Hérodote.net" dont est issu l'article qui suit.

    À l'aube du 16 juillet 1942 débute à Paris la "rafle  du Vél d'Hiv". Elle voit l'arrestation par surprise de plus de treize mille Juifs parisiens de 2 à 60 ans, tous Juifs apatrides (notamment les Juifs anciennement Allemands, Autrichiens et Polonais. La plupart sont déportés au camp d'extermination d' Auschwitz-Birkenau. Quelques dizaines en reviendront...

    À l'origine de ce crime contre l'humanité, il y a le projet hitlérien d'arrêter un grand nombre de Juifs dans toute l'Europe occupée. En France, jalouse de ses droits, l'administration, tardivement informée, veut dans certaines limites garder la maîtrise de l'opération.

    C'est ainsi que sont mobilisés à Paris 7.000 policiers et gendarmes sous les ordres du délégué en zone nord de René Bousquet, jeune et efficace fonctionnaire du gouvernement de Vichy.

    Déportés juifs au camp de Drancy en 1942

    La rafle

    13.152 personnes sont appréhendées par la police française les 16 et 17 juillet 1942, y compris 4.000 enfants de moins de 16 ans qu'il n'avait pas été initialement prévu de déporter.

    C'est beaucoup... et néanmoins deux fois moins que le quota fixé par les Allemands et la préfecture de police ! Les actes de solidarité heureusement n'ont pas manqué : quelques policiers ont laissé fuir leurs victimes, des concierges, des voisins, des anonymes ont ouvert leurs portes et caché des Juifs...

    Embarqués dans des autobus, les personnes seules et les couples sans enfants sont convoyés vers le camp de Drancy, au nord de Paris.

    Les familles avec enfants sont quant à elles dirigées vers le Vélodrome d'Hiver, rue Nélaton, dans le XVe arrondissement de Paris (aujourd'hui disparu).

    Plus de 8.000 personnes dont une majorité d'enfants vont s'y entasser pendant plusieurs jours, parfois jusqu'au 22 juillet, dans des conditions sordides : pas de couchage, ni nourriture, ni eau potable, avec un éclairage violent jour et nuit, au milieu des cris et des appels de haut-parleurs. Seuls trois médecins et une dizaine d'infirmières de la Croix-Rouge sont autorisés à intervenir.

    Les familles du Vél d'Hiv sont transférées de la gare d'Austerlitz vers les camps d'internement de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, dans le Loiret. Au mois d'août suivant, les mères sont enlevées à leurs enfants par les gendarmes et convoyées vers les camps d'extermination de Pologne. Les enfants seront à leur tour envoyés deux semaines plus tard à Auschwitz-Birkenau qui, depuis le début juillet, s’est transformé de camp de travail forcé en camp d'extermination à l'échelle industrielle.

    Aucun n'en reviendra. Les internés de Drancy prennent également le chemin d'Auschwitz-Birkenau. Quelques dizaines tout au plus reviendront de l'enfer.

    La rafle accentue la collaboration entre Vichy et l'occupant allemand dans le domaine de la «question juive». Mais elle entraîne aussi un début de fracture dans l'opinion française, jusque-là massivement indifférente ou attentiste. Peu à peu, certains citoyens basculent dans la Résistance, plus ou moins active ; d'autres, à l'inverse, se radicalisent et basculent dans l'antisémitisme et la collaboration.

    Il a fallu attendre le 16 juillet 1995 pour qu'à la faveur d'un très beau et très émouvant discours, un président, Jacques Chirac, reconnaisse officiellement « que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français ».

    Selon un sondage, 60% des jeunes entre 18 et 24 ans n'ont jamais entendu parler de la rafle du Vél d'Hiv et seuls 58% des français savent à quoi cela correspond. Plus étonnant encore : seulement 75% des plus de 65 ans en connaissent l'existence...

     Cette exposition est gratuite. Son rôle : commémorer les 70 ans de la rafle. De nombreux documents illustrent l'histoire tragique de ces petits parisiens : journaux intimes, correspondances, photos, dessins, affiches...

       En 1941, l'État français, à la demande des Allemands, crée une administration centrale en charge des problèmes juifs, le Commissariat central aux questions juives avec à sa tête, Xavier Vallat, antisémite notoire. Dès lors, sa principale activité sera de déterminer qui est juif et qui ne l'est pas. La présomption de judaïsme qui régnait à l'époque touchait également les enfants issus de couples mixtes. Était considérée comme juive, toute personne ayant au moins deux grands-parents de «race juive» et mariée à un Juif. Pour prouver leur non-appartenance, il fallait montrer patte blanche sur plusieurs générations (trois au minimum), notamment avec des certificats de baptême.

     La présence d'un document tel que celui-ci à l'exposition est d'une importance capitale selon Sarah Gensburger, la commissaire de l'exposition.

     Expo C'étaient les enfants 4

     L'ordonnance allemande du 8 juillet 1942 interdit aux Juifs l'accès aux lieux publics de zone occupée. En conséquence de quoi, les enfants juifs parisiens sont exclus des parcs et des jardins.

     Expo C'étaient les enfants 7

     A l'école, tous les garçons et les filles juifs de plus de 6 ans doivent porter, tout comme leurs parents, l'étoile jaune.

     Expo C'étaient les enfants 5

     Expo C'étaient les enfants 6

     Avant la rafle, les familles étaient déjà durement séparées. Souvent, le père avait été déporté (dans les camps de Drancy, Pithiviers ou Beaune la Rolande) car les rafles étaient nombreuses et la mère élevait seule ses enfants. On trouve à l'exposition des cartes, des lettres ou même des objets ayant été envoyés par les prisonniers à leur famille et en particulier à leurs enfants.

     Expo C'étaient les enfants 3

     Expo C'étaient les enfants 1

     Expo-C-etaient-les-enfants-10.jpg

     

    La réciproque était vraie dans l'autre sens : les prisonniers recevaient des nouvelles de leurs enfants tentant de les rassurer sur leur quotidien : les lettres étaient le seul lien qui rattachaient encore les enfants à leurs parents...

     Expo C'étaient les enfants 2

     Voici une lettre particulièrement poignante écrite par une jeune fille à sa famille relatant les évènements du 16 juillet. Elle est de la main de Clara Garnek qui n'avait que 15 ans.

     Expo C'étaient les enfants 8

     Aucun des enfants du Vél d'Hiv n'est jamais rentré des camps.

     Heureusement, beaucoup des enfants ont pu échapper à cette rafle, cachés par l'intermédiaire d'associations juives. La population parisienne y a beaucoup contribué car, si elle avait été relativement indifférente au problème des juifs, elle s'est insurgée quand il s'est agi de déporter des enfants.

    Les "enfants cachés" étaient parfois heureux dans leur famille d'accueil mais parfois aussi exploités et maltraités. Ils souffraient surtout de la séparation d'avec leurs parents qui avait eu lieu souvent dans l'urgence.

     En 1953 l'état d'Israël décida d’honorer "les Justes parmi les Nations" qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs. Il s'agit de la plus haute distinction honorifique décernée par l'état d'Israël à un civil. On recense plus de 3600 Justes en France.

    Parmi eux, René Borel, décédé en 1992. Il était le trésorier du réseau clandestin l'Osé (Oeuvre de Secours aux Enfants) animé par Georges Garel et qui a sauvé environ 1600 enfants. Falsification de comptes, fabrication de faux papiers pour des familles juives, mise à disposition de son appartement à Lyon… « L’Osé était sa vraie famille, celle du cœur, celle de l’esprit, confie son fils, Philippe Borel. C’était un engagement sans parole, et il était hors de question de le renier malgré les risques. »

    Expo C'étaient les enfants 9

     Cette exposition se termine aujourd'hui mais au Mémorial de la Shoah à Paris une autre exposition concerne la déportation des enfants en Europe. Elle s'intitule Au coeur du génocide, les enfants dans la Shoah et dure jusqu'au 30 décembre.

     Pour ne pas oublier


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  • Ce lundi, nous nous sommes projetés 3300 ans en arrière grâce à l'exposition "Toutânkhamon, son tombeau et ses trèsors" proposée aux parisiens à la Porte de Versailles depuis le mois de mai dernier.

    Le Pavillon de Toutankhamon
    Une surface de 4500 m² présente des copies des objets qu'Howard Carter, l'archéologue anglais, a découvert en compagnie de Lord Carnarvon, son mécène, le 29 novembre 1922 après 6 longues campagnes de fouilles dans la vallée des Rois à la recherche de la tombe du jeune pharaon.
    La dernière exposition présentant le trésor de Toutânkhamon à Paris date de 1967. Elle avait été inaugurée par André Malraux en présence du ministre de la culture égyptien de l'époque et était le symbole de l'amitié entre l'Egypte et la France. Il est maintenant hors de question d'envisager de faire voyager les pièces du trésor pour deux raisons : leur fragilité et le coût de l'assurance que cela représenterait. L'exposition de la Porte de Versailles est donc intéressante en ce qu'elle permet à ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir aller en Egypte de découvrir tout de même ces trésors inestimables.

    Cinq années ont été nécessaires pour préparer l'exposition qui dévoile au public plus de 1000 objets funéraires prévus pour accompagner le pharaon dans son voyage dans l'eau-delà. L'originalité de l'exposition tient à la mise en scène de la présentation du trésor. Après avoir fait un bref rappel de la généalogie de ce pharaon de la XVIIIème dynastie et visionné deux films présentant, le premier la vie de Toutânkhamon et le deuxième la découverte du tombeau par Howard Carter, le visiteur est convié à assister au spectacle qui s'est offert à l'archéologue lorsqu'il a pénétré dans la tombe du pharaon.
    Assisté par une équipe d'une centaine d'ouvriers égyptiens qui creusent inlassablement la roche, l'archéologue arrive enfin devant une porte. Derrière celle-ci, un escalier de seize marches conduit à l'entrée de la tombe. De là, un corridor mène à une porte fermant l'entrée de la première pièce, l'antichambre.

    Schéma de la tombe

    Ayant pratiqué une petite ouverture dans la porte, Carter y passe une bougie et là, c'est l'extase. Lord Carnarvon lui demande ce qu'il voit : "des merveilles" répond Carter. Une foule d'objets s'amoncellent en effet devant eux tels qu'on le voit sur cette photo prise en 1922 à l'ouverture de l'antichambre par les archéologues.

    Photo-de-l-antichambre-1922.jpg

    L'antichambre ici reconstituée par les commissaires de l'exposition.

    l'antichambre


    Après avoir percé un mur, Carter accède à la chambre funéraire. Celle-ci est ornée de peintures murales représentant le passage dans l'eau-delà du pharaon.

    Mur séparant la chambre funéraire de l'antichambre percé


    Ici, Touthânkhamon sous les traits d'Osiris est face à Aÿ, son successeur, revêtu d'une peau de léopard. Celui-ci procède ici au rituel de "l'ouverture de la bouche" qui doit permettre au pharaon momifié de pouvoir manger dans l'eau-delà.

    Toutankhamon à gauche mort et Aÿ son successeur à droite

    Le spectacle de la chambre funéraire : le sarcophage de Toutânkhamon est ici présenté, extrait des chapelles qui le protégeaient.

    La chambre funéraire

    La suite de l'exposition présente des copies des objets découverts dans la tombe.
    On commence la visite par les quatre chapelles funéraires qui enfermaient, telles des poupées russes, le sarcophage du pharaon. Elles sont en bois doré.

    La première chapelle

    Détail

    Détail de la deuxième chapelle

    Vue de l'intérieur de la première chapelle : au sol sont tracés les emplacements des autres chapelles, du sarcophage et du cercueil momiforme.

    Intérieur de la première chapelle

    Le sarcophage de Toutânkhamon est en quartzite et porte en ses angles des déesses ailées. Les archéologues ont découvert qu'à l'origine, il devait être destiné à une reine et non pas au pharaon puisque les déesses ne portaient pas d'ailes. Celles-ci ont été rajoutées par la suite lors du placement du défunt.

    La dernière chapelle en céramique

    On admire ensuite les trois cercueils momiformes s'encastrant les uns dans les autres.

    Les 3 sarcophages

    Détail du grand cercueil tout en or

    Le premier sarcophage - la tête

    C'est dans le troisième cercueil en bois doré que se trouvait la momie du pharaon.

    Le troisième sarcophage

    Howard Carter ouvrant les cercueils du pharaon.

    Howard Carter ouvrant le sarcophage

    Tout à côté se trouve le masque en or massif incrusté de lapis-lazuli, de cornaline, de turquoise et de pâte de verre. L'intérêt de la présentation de l'exposition : comme il s'agit d'une copie, il n'est pas sous verre, on pourrait presque le toucher ! Comme vous le voyez, le public est béat d'admiration.

    Le masque de dos

    Le masque de face

    Non loin de là sont exposés la chapelle des canopes (au fond) et la chapelle portative avec la statue d'Anubis (au premier plan). La première renfermait un "coffre aux canopes" en albâtre (ci-dessous) dans lequel il y avait 4 cerceuils miniatures momiformes destinés à conserver les viscères du pharaon.

    La chapelle aux canopes et la chapelle portative avec la st

    Le coffre aux canopes en albâtre (les couvercles ont la forme de tête du Roi)

    Le coffret à canopes en albâtre

    Vient ensuite l'un des 5 chars amoncelés dans l'antichambre. Ceux-ci avaient été démontés pour y être entassés et constituaient un amas confus scintillant d'or et de pierres précieuses. 

    Le char et les boucliers 1

    Oeillères de chevaux

    Oeillères des chevaux

    Le trône de Toutânkhamon est en bois doré, argent et pâte de verre. Il est précédé d'un escabeau servant de repose-pieds au pharaon. Orné sur la face supérieure d'un motif composé de trois Nubiens et de trois Asiatiqes, les chefs de toutes les terres étrangères sont ainsi sous la domination de Toutânkhamon. 

    Le trône de Toutankhamon 2

    Le détail du dossier montre Toutânkhaton et son épouse, Ankhsenpaaton, se faisant face sous les rayons du soleil du Dieu Aton, un rappel de la période de l'hérésie amarnienne instaurée par Akenhaton, le pharaon qui instaura le culte unique d'Aton au grand dam des égyptiens.

    Toutânkhaton, monté sur le trône à seulement 8 ans, était trop jeune pour gouverner. C'est le vizir, Aÿ, et le général des armées Horemheb qui assurèrent la régence. Désireux de restaurer le culte d'Amon, ils incitèrent le jeune pharaon à revenir au culte de ses ancêtres : celui-ci abandonna ainsi le nom de Toutânkhaton pour prendre celui de Toutânkhamon en l'honneur du Dieu Amon. Quant à Ankhsenpaaton, elle prit le nom d'Ankesenhamon.

    Le trône - détail

    Le lit rituel de Toutânkhamon à têtes de lionnes

    Le lit rituel à têtes de lionnes

    Le mobilier funéraire comportait aussi de nombreux coffres et sièges.

    Le mobilier funéraire 1

    Dans la chambre du trésor, on retrouva une flottille miniature de 18 bateaux dont quelques uns sont présentés ici.Toutes les embarcations avaient la proue dirigée vers l'ouest indiquant la direction symbolique du voyage entrepris par le défunt pour rejoindre le royaume des morts.

    Les bateaux

    Le modèle ci-dessous est une barque dotée de voiles et de haubans avec une cabine centrale peinte de petits carreaux de couleur, motifs typiques du décor géométrique égyptien. A la proue et à la poupe on trouve deux dais ornés d'un décor de taureaux et de sphinx. Deux rames-aviron servent de gouvernail.

    Le bateau à voiles

    Dans une vitrine, on peut voir de nombreaux objets attenant à la beauté, en particulier des vases en albâtre pour stocker les onguents précieux devant accompagner le défunt dans sa vie dans l'au-delà.

    Vitrine toilette

    Celui-ci est en forme d'Ibex. Il lui manque une corne, probablement cassée lors d'un pillage partiel de la tombe peu après l'inhumation du pharaon.

    Pot à onguents en forme d'Ibex

    Cet autre est en forme de lionne.

    Pot à onguent en forme de lionne

    Les sandales en or et les protections d'orteils retrouvés dans la tombe du pharaon ont permis une meilleure conservation de ces parties du corps du pharaon, l'or empêchant les quantités excessives d'onguents appliquées sur la momie de les endommager.

    Sandales et protections d'orteils

    Toujours dans le domaine de la beauté, plusieurs bijoux du pharaon sont présentés, telles ces parures de colliers.

    Parures de colliers

    Un pectoral en forme de scarabée

    Pectoral scarabée

    Carter a aussi trouvé dans la tombe des objets de la vie courante comme cet appuie-tête en ivoire représentant le Dieu Chou entouré de deux lionnes.

    Repose-tête du pharaon

    Un nécessaire allume-feu en bois.
    Afin de produire une étincelle, les anciens égyptiens faisaient tourner à vive allure un morceau de bois dans des trous à l'aide d'un arc muni d'une corde.

    Allume feu

    Une palette de scribe dotée de stylos en roseau

    Palette de scribe

    La momie de Toutânkhamon était aussi entourée des cerceuils de ses deux enfants mort-nés probablement à cause de la consanguinité des mariages que les égyptiens croyaient,à tort, préservatrice de la race.Un autre petit cercueil miniature renfermait une mèche de cheveux de sa grand-mère paternelle, la Reine Tiyi...

    Sarcophage d'un des bébés de Toutankhamon

    Un peu plus loin, dans une autre vitrine, on peut voir des oushebtis, "répondants" qui doivent obéir aux ordres de leur maître et se charger dans l'au-delà des corvées de l'irrigation et de la fumure réputées comme désagréables (à l'inverse du labourage, des semailles et des moissons). En quelque sorte, des substituts du pharaon défunt...

    Les-oushebtis.jpg

    En face, se trouve un grand espace où l'on peut voir différentes statuettes en bois doré également retrouvées dans la tombe du pharaon.

    Statues-dans-la-tombe.jpg

    Toutânkhamon pêchant avec un harpon

    Statue représentant Toutankhamon sur une barque

    La déesse Sekhmet assise sur son trône

    Statue de la déesse Sekhmet assise sur son trône

    Une très élégante statuette du Dieu Ptah

    Statue du dieu Ptah

    Statue d'un dieu en forme de Cobra portant le signe de la déesse Neith. Le cobra est le serpent des pharaons, symbole de la royauté.

    Statue de dieu en forme de cobra

    Une petite vidéo avant de laisser enfin Toutânkhamon dormir en paix...

     L'exposition se termine le 1er septembre.

     Au fait, voici le cartouche de Toutânkhamon : l'image vivante d'Amon.

     Cartouche-T.jpg


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  • Le 10 mai dernier, nous sommes allés écouter une interview de Juliette Gréco par un journaliste de France Info, Bertrand Dicale. Il suffisait de téléphoner pour réserver l'entrée gratuite à la Bibliothèque historique de la ville de Paris.

     Réserver, c'est mon job : aussitôt su, aussitôt fait !

     La bibliothèque est située dans le quartier du Marais (le 4ème arrondissement). C'est un superbe bâtiment du XVIIème siècle (l'ex Hôtel de Lamoignon). Elle   rassemble une collection de plus d'un million de documents sur l'histoire de Paris et de la Région Ile-de-France, notamment photos, plans anciens et manuscrits et est ouverte au public (uniquement à la consultation). Beaucoup de chercheurs viennent y préparer leur thèse.

    JUuliette GRECO - Le portail de l'Hôtel Lamoignon

     Bibliotheque-historique-de-la-ville-de-Paris.JPG

     La salle de consultation est splendide. Elle possède un plafond à caissons étonnant.

     Juliette GRECO - La bibliothèque

     Juliette GRECO - Plafond

     Nous étions nombreux a avoir profité de cette invitation...

     Juliette GRECO - Les spectateurs

     Mais il faut dire que l'invitée était de marque...

     Juliette GRECO - Affiche

     Juliette Gréco est en effet la marraine d'une exposition "Paris en Chansons" justement organisée par deux bibliothèques parisiennes (La Bibliothèque historique et la Médiathèque musicale) et c'est à l'occasion de l'inauguration de cette exposition qu'elle se livrait à Bertrand Dicale pour une durée d'une bonne heure et demie.

     Il n’est pas besoin d’être née à Paris pour être parisienne. Il n’est même pas besoin d’être parisienne pour être Paris. Et Juliette Gréco est Paris. Née à Montpellier de mère bordelaise et de père corse, elle dit elle-même qu’elle est venue au monde à Paris. Son expression est exacte : "il n’y a pas loin de son Paris au monde entier". Son Paris est Saint-Germain-des-Prés, bien sûr, Jean-Paul Sartre qui l’aide à choisir ses premiers textes de chansons, Joseph Kosma qui les met en musique, Raymond Queneau qui la remercie d’avoir mis tant d’insolence à son Si tu t’imagines… Un clin d’oeil plus tard, ce sont des étudiants de Berkeley ou de Tokyo qui rêvent de ses pochettes de disques, des jeunes femmes de Buenos Aires ou de Beyrouth qui se désirent aussi libres qu’elle… Et, depuis lors, elle chante tous les vertiges nés de Paris, ceux de Jacques Brel ou de Serge Gainsbourg il y a quelques années, ceux d’Abd Al Malik ou de François Morel aujourd’hui. Si différente qu’elle soit de Josephine Baker, de Maurice Chevalier ou de Francis Lemarque, elle partage avec eux mieux qu’une parenté, mieux qu’une ivresse, mieux qu’un amour. Comme eux, elle incarne la plus belle ville du monde, tout simplement.

     Et Juliette raconte tout ceci très simplement. Je ne vous rappelle pas son âge...

     Juliette GRECO - au verre

     Aujourd'hui, nous sommes allés visiter l'exposition et ça a été un vrai plaisir. Nous avons tous en tête une chanson qui évoque Paris, quelle que soit notre génération et nos goûts musicaux. Pensez à "A Paris" d'Yves Montand, à "Paris Canaille" de Juliette Gréco, à "Paris s'éveille" de Jacques Dutronc ou encore à Marie-Paule Belle et à sa fameuse chanson "Je ne suis pas parisienne". Etc etc... Les chansons sur Paris sont foison : c'est même la ville du monde qui a été la plus chantée. Du XVIème siècle au XXIème siècle, 180 interprètes, auteurs compositeurs sont réunis par l'exposition et près de 400 chansons sont en écoute. Mais, ce n'est pas tout ! Il y a aussi un parcours visuel extrêmement riche composé d'affiches, de photos noir et blanc de la capitale ou des artistes qui l'ont chantée, de pochettes de disques, de partitions musicales, de livres, de revues, de plans... qui s'articulent autour de 8 grands sujets :

    1. Aux origines (XVIe - XVIIIe siècle)
    2. Aristide Bruant
    3. Le long des rues de Paris

     4. Dans Paris à pied, en voiture, en métro
    5. Les Parisiens
    6. Paris est une fête
    7. La chanson de Paris au cinéma
    8. Des artistes de légende

    Un vrai régal !

    C'est Clément Jannequin qui a le premier chanté Paris dans sa chanson "Voulez-vous ouyr les cris de Paris" (vers 1530). Une quarantaine de cris de marchands et de vendeurs ambulants sont ainsi mis en musique en polyphonie.

     Les cris de Paris carte postale

    Au XXème siècle, des séries de cartes postales sont éditées illustrant, ici le cri du du ramoneur, du rémouleur ou encore celui du marchand de tonneaux...

     Carte postale tonneaux marchand de tonneaux

     Il n’est pas un quartier de Paris qui ne soit le sujet ou le cadre d’une chanson, selon une tradition mise en place à la fin du  XIXe siècle par Aristide Bruant.

     Ici, l'affiche bien connue de Henri de Toulouse Lautrec (1892)

     Aristide-Bruant-dans-son-cabaret-en-1892.JPG

     L'epxosition présente d'ailleurs de vieilles photos de la capitale.

     Ici la rue des Trois-canettes en 1860 par Charles Malville

     Rue-des-3-canettes-de-Charles-Malville---1860.jpg

     Paris avec ses musiciens ambulants comme ici Place Denfert-Rochereau en 1938

     Musicens-des-rues-a-Denfert-Rocherau---1938.jpg

     A cette même épooque, à Paris il y avait la "zone"...

    Chiffonniers en 1936

     Chiffonniers-de-la-zone-Paris-1936.jpg

     La presse d'empare bien sûr de la chanson : le mensuel "Les chansons de Paris" parait en 1903. Il se vend sur abonnement.

     Partitions de chansons

     Côté spectacles, au début du XXème siècle, c'est la grande époque de Maurice Chevalier et de Mistinguett. Les affiches de ces stars de la chanson fleurissent dans tous les quartiers de la capitale.

     Affiche Misttinguett par de Weninger - 1933

     Mistinguette-ca-c-est-paris-.JPG

     Maurice Chevallier se laisse même tenter par le cinéma...

     Affiche Maurice Chevalier - La chanson de Paris

     Et puis il y a la mythique Joséphine Baker : je me souviens que mes parents m'ont dit être allés l'applaudir à l'Olympia... Elle est ci-dessous aux Folies-Bergères.

     Josephine-Baker-aux-Folies-Bergeres-en-1949.jpg

     Un peu plus tard, un film sort en 1954 "Boum sur Paris" mettant à l'honneur les grands de la chanson de cette époque comme le montre cette affiche de cinéma.

     Affiche Paris en chanson 2

     Saviez-vous que la chanson de Jacques Dutronc "Il est cinq heures, Paris s'éveille" avait une grande soeur... Il s'agit de la chanson de Marc Antoine Désaugiers écrite en 1802 et intitulée "Paris à cinq heures du matin" !

     Paris-cinq-heures-du-matin---Affiche-.jpg

     Charles Trénet, la môme Piaf, Yves Montand, Barbara, Juliette Gréco sont bien sûr aussi les vedettes de cette exposition tout comme Henri Salvador, Colette Renard et bien d'autres...

     Edith Piaf en 1936

     Edith Piaf 1936

     Barbara au Bar de l'Elcuse en 1958

     Barbara-au-Bar-de-l-Ecluse-en-1958.JPG

     Joséphine Baker et Charles Trénet - Olympia 1959

     Josephine-Baker-et-Charles-Trenet---Olympia-1959.JPG

     Yves Montand en 1960 devant le Pont neuf

     Yves Montand 1960

     Dommage que vous ne puissiez plus vous y rendre... Nous avons fait la fermeture !


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  •  Fidèles à L'Adresse, nous y avons vu cette fois-ci une exposition de peinture et j'ai ainsi découvert deux peintres que je ne connaissais pas : Albert Gleizes et Jean Metzinger. Ce dernier, jamais exposé ni en France ni à l'étranger depuis sa mort en 1956, est pourtant avec Picasso et Braque l'un des peintres qui a le plus oeuvré pour la propagation du mouvement cubiste en France et à l'étranger.

     En apparence, tout les oppose : leur milieu, leur parcours, leur mode de vie.

     Albert Gleizes (1881 - 1953) est né à Saint-Rémy de Provence. Il est autodidacte en ce qui concerne la peinture (c'est son oncle, grand prix de Rome, qui la lui enseigna). Il est également dessinateur et graveur. Il exécute ses premiers tableaux en 1901 et les expose 10 ans plus tard au Salon des Indépendants : le scandale qui en découle... a pourtant le mérite de dévoiler le cubisme au grand public.

     Jean Metzinger (1883 - 1956), lui, est né à Nantes. Il a fait des études artistiques et est également poète et écrivain. Il fréquente le Bateau-Lavoir et les artistes qui y travaillent et dès 1903, expose régulièrement ses oeuvres.

     Les deux peintres font connaissance en 1909 et dès lors, ne se quittent plus. Ils signent en 1912 un ouvrage théorique élaboré sur le cubisme qu'ils intitulent : Du "Cubisme".

     C'est justement pour fêter le centenaire de cette publication que Le Musée de La Poste, l'Adresse, leur ouvre ses portes. 80 tableaux et dessins, des documents et un film sur le cubisme constituent l'exposition.

     Albert Gleizes Jean Metzinger tzinger L'affiche de l'expo

      Albert Gleizes abandonne assez vite ses paysages au style impressioniste pour se consacrer au dessin et témoigner de la vie des mariniers, des bords de la Seine, des marchés de Bagnères-de-Bigorre...

     Péniches sur la Seine - Albert Gleizes (1901)

     Albert Gleizes Péniches sur la seine 1901

     Jour de marché à Bagnères-de-Bigorre - Albert Gleizes (1908)

     Albert Gleizes Jour de marché à Bagnère de Bigorre 1908

     L'écluse de Suresnes - Albert Gleizes (1908)

     Albert Gleizes l'écluse de Suresnes 1908

     Jean Metzinger, lui, est influencé par les impressionistes et le fauvisme.

     Château de Clisson - Jean Metzinger (1905)

     Chateau-de-Clisson---Jean-Metzinger--1905-.jpg

     Falaises de Longues-sur-mer - Jean Metzinger (vers 1906)

     Jean Metzinger Falaises de Longues sur mer 1956

     Paysage coloré aux oiseaux exotiques - Jean Metzinger (1907)

     Jean Metzinger Paysage coloré aux oiseaux exotiques 1907

     Ce n'est qu'à partir des années 1910 que les deux peintres, ayant fait la connaissance de Picasso et de Braque, se tournent vers le cubisme.

     Albert Gleizes - Maternité (1934)

     Albert-Gleizes-Maternite--1934-.jpg

     Albert Gleizes - Terre et ciel (1935)

     Albert Gleizes Terre et ciel 1935

     Jean Metzinger - Femme à la fenêtre (1911)

     Jean-Metzinger---Femme-a-la-fenetre--1911-.jpg

     Jean Metzinger - le goûter (1917)

     Jean Metzinger Le goûter 1917

     Après la guerre, finis les corps déchiquetés : Jean Metzinger revient à la figuration.

     Jean Metzinger - Ecuyère au cirque (1927)

     Jean Metzinger L'écuyère 1924

     Un timbre représentant une oeuvre d'Albert Gleizes a été émis en 1981 ainsi qu'une enveloppe "premier jour". Naturellement, Philippe se l'est procurée...

     Albert-Glaizes---1981.jpg

     Albert-Glaizes---1er-jour---1981.jpg

    Voici une photo de Jean Metzinger.

    jean-metzinger-photo-portrait.jpg

     Une jolie exposition (elle dure jusqu'au 22 septembre prochain) toujours bien présentée comme sait le faire L'Adresse.


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