• Sur la route de Saint-Etienne, nous nous sommes arrêtés à Lapalisse qui se trouve entre Moulins et Roanne. J'avais en effet vu que cette petite ville de l'Allier possédait deux intérêts touristiques : un château, celui du Seigneur de La Palice bien connu de tous (▲ : voir en fin d'article) et un musée d'Art Brut appelé "l'Art en Marche". Le temps n'étant pas top..., nous décidons de visiter le musée, gardant la visite du château pour un autre voyage.

     Jean Dubuffet donne cette définition de l'Art Brut : "Oeuvres ayant pour auteur des personnes étrangères aux milieus intellectuels, le plus souvent indemnes de toute éducation artistique et chez qui l'invention s'exerce, de ce fait, sans qu'aucune incidence en vienne altérer la spontanéité." (Cahier de l'Art Brut N°1 - 1964)

    Luis Marcel, le Directeur de "l'Art en Marche" aime à dire :

    "L'Art Brut est un art populaire, un art de tout le monde pour tout le monde".

     Galeriste et amateur d'art, il retrace ci-dessous l'histoire du musée en citant Aristote : "Seul l'Art rend les hommes libres".

    En 1982, Jean DUBUFFET choisit le terme de "Neuve Invention" pour désigner les œuvres "pas tout à fait brutes" de sa collection. 

     En 1981, je créai la Galerie des 4 Coins pour commercialiser tous les artistes dont personne ne voulait à l'époque. L'Art Brut et ses dérivés étaient encore enfermés dans un ghetto. Donc, sans le vouloir et sans le savoir, je devenais la première Galerie "Neuve Invention". Depuis cette date, la Galerie des 4 Coins est devenue le point de rencontre de tous ces créateurs.

     Il fallait une association pour les réunir. Ce fut fait en 1988, par la création de "l'Art en Marche", association loi 1901 à but non lucratif qui a pour vocation la défense et la promotion des artistes contemporains, la création et la gestion d'un musée d'Art Brut et le développement des classes d'art.

     Il faillait un lieu  pour les montrer au public (la collection "Neuve Invention" n'est pas exposée en permanence au Musée de l'Art Brut de Lausanne, elle sort ponctuellement lors d'expositions temporaires à travers le monde.), le premier site fut celui de Lapalisse dans l'Allier (et le second celui de Haurerives dans la Drôme).

     Le Musée "l'Art en Marche" est situé dans une ancienne friche industrielle de 2.600 m² sur laquelle se trouvait un bâtiment abritant une maroquinerie. Il présente en rotation plus de 500 œuvres de 350 artistes français et étrangers.

     Dès l'entrée, on est mis au parfum : près d'un terrain vague entouré de palissades de bois plus ou moins branlantes au milieu duquel trônent quelques totems (avec en prime une camionnette taguée...), se trouve un grand bâtiment curieusement "peinturluré".

     0 - la friche

     Est-ce bien ici qu'on doit se garer... ? Dans le doute, on le fait !

     0 - Le Musée internet

     J'avoue que je suis un peu méfiante en poussant néanmoins la porte du musée.

     0- Entrée du Musée

     C'est Luis Marcel qui nous ouvre et nous invite à entrer dans ce temple de l'Art Brut.

    Nous sommes les seuls visiteurs.

    Nous ne le regretterons pas !

     En effet, dès les premiers instants, la découverte est surprenante. L'immense salle est remplie d’œuvres éclectiques et diversement colorées. Par où commencer... ?

     Par François Monchâtre peut-être ?

     avec ce "Sacré pique-nique" (1928)

     Avouez que c'est déroutant !

     1 - François Monchâtre - Sacré pique-nique 1928

     François Monchâtre est né en 1928 : il a donc actuellement 86 ans. De son enfance et de ses diverses expériences professionnelles (liftier, garçon d'ascenseur, marionnettiste au cabaret de la Rose Rouge, étalagiste aux Dames de France…), il tire sa passion pour la nature et son regard ironique sur le monde. De 1956 à1960, il suit des études à l'Ecole des métiers d'Art de Paris dans la section vitrail et peinture sur verre. Dans les années 60-70, il expose chez Iris Clert où il côtoie Arman, César, Tinguély...

     Ce n'est qu'en 1975, quand il rejoint l'atelier Jacob dirigé par Alain Bourbonnais, un proche de Jean Dubuffet, qu'il est "classé" parmi les artistes "singuliers de l'art" même s'il est lui-même réfractaire aux étiquettes.

     Il offre un regard à la fois poétique et critique sur le monde.

     Un si beau jardin"

     1 - François Monchâtre - Un si beau jardin

     Emilie François, dite "La mère François"

     Née en 1941 , elle est autodidacte. Elle réalise des personnages de femmes en résine stratifiée recouverts de peinture acrylique avec de grosses têtes et de longues jambes, personnages qui dérangent mais qui attirent également...On dit qu'elle est à la sculpture ce que Claire Bretécher est à la BD.

     2 - Emilie François die la mère François

     Vue d'ensemble sur une partie du musée

     3 - vue d'ensemble sur le vélo

     Louis de Verdal

     "Le fou et l'enfant en mobylette" : et ça fonctionne !

      10 - Louis de Verdal le fou et l'enfant en mobylette 1996

     Jean-Paul Baudoin

     Des têtes grimaçantes et des poitrines généreuses pour ce "Toréador dans l'arène"

     4 - Jean-Paul Baudoin le toréador

     Jean-Paul Baudoin aime tout jeune à griffonner sur le papier de la boucherie de son père (il a d'ailleurs acquis lui-même un CAP de boucher) et il peint le soir dans la cave de la maison familiale.  Par l'entremise d'un cousin artiste, il devient ensuite artisan potier spécialisé dans la reproduction du vieux Quimper, métier qu'il exerce encore aujourd'hui.

     A partir de 1991, il dessine sur des cartons et papiers de récupération tout un monde dédié aux divinités féminines païennes : Isis, Ishtar, Ana, fées et sirènes, mais aussi aux héros de la légende arthurienne. Ce créateur semble en effet avoir certaines accointances avec la magie et collabore en outre librement avec des revues druidiques.

     Ses œuvres ont rejoint depuis 1992 la collection du Musée de la Création Franche (près de Bordeaux).

     On pourrait peut-être intituler ce tableau "Sirènes bretonnes"... ?

     4 - Jean-Paul Baudoin la sirène

     Sculptures de Patrick Guallino

     5 - Guallino

     Patrick Guallino est né en 1943 à Uzès. Il est peintre, sculpteur, illustrateur. Il travaille en collaboration avec sa femme, Anne Poiré qui, elle, est écrivain.

     5---Les-Guallino.jpg

     Louis Chabaud

     Né à Aubagne en 1941 d'un père cheminot qui mourra écrasé par un train et d'une mère qu'il a à peine connue puisqu'elle est décédée quand il avait 3 ans, l'enfance de Louis Chabaud est tragique... Élevé par un oncle brutal et une grand-mère infirme, il connaît la violence et la misère. C'est l'école publique qui le sauve : il est bon élève. Tout en préparant son certificat d'études, il vend des marrons chauds l'hiver et des glaces l'été sur les plages.

     A treize ans, il découvre la peinture et il est remarqué puis soutenu par Marius Chave, maître santonnier, et Théo Sicard, peintre provençal renommé à l'époque, propriétaire du grand atelier de céramique d'Aubagne.

     Durant toute son adolescence, il peint des paysages provençaux qu'il vend aux touristes, avec des "pralines", d'où son surnom qu'il a conservé depuis.

     "Paysage provençal" - Louis Chabaud

     6 - Louis Chabaud paysage provençal

     A vingt-cinq ans, il perd sa grand-mère et, sans famille, part sur les routes avec 80F en poche. Tout en continuant à peindre, il tente le café-théâtre en compagnie de son ami Michel Cremades (son spectacle s'intitulera "Michel et Praline"). Puis il s'essaie à la céramique... Bref, c'est un artiste complet. Il est présent dans tous les musées d'art hors norme de France.

     "L'homme dans la passoire" - Louis Chabaud

     6 - Louis Chabaud l'homme dans la marmite

     Chantal Roynet

     Chantal Roynet est créatrice depuis toujours. Elle a une activité professionnelle de styliste. Crétarice de mode ne rechignant pas à coudre elle-même, elle travaille d'abord pour ses amis puis pour de grands créateurs. Ce sont de véritables sculptures qu'elle réalise comme ici ce "fauteuil nounours". On aime ou on n'aime pas mais il faut en avoir l'idée ! En tout cas cela doit être bien agréable de s'y lover...

     7 - Chantal Roynet - fauteuil nounours

     Alfred Trouvé

     L'artiste est né en 1953 à Wilrijk en Belgique. A dix-sept ans, il suit des cours à l'école des Beaux Arts d'Angers et en 1975 il commence à travailler la résine polyester. C'est un artiste qui est maintenant mondialement reconnu.

     Un engin bizarroïde (pour aller sur la lune ?) surmonté par des serpents najas... Quelle imagination ! Évidemment, c'est difficile à placer dans un salon mais c'est original...

       8 - Alfred Trouvé - engin

     Vue d'ensemble sur une autre partie du musée

     9 - Vue d'ensemble

     Claude Brugeilles

     L'artiste contemporain (il a 70 ans) ne travaille que des matériaux de récupération. Fouiner dans les décharges et les casses (où on le trouve en bleu de chauffe) est son premier travail d'investigation et les roues sa prédilection. Il a travaillé pendant deux ans à une série mettant en scène Don Quichotte et Sancho Pansa.

     11 - Claude Brugeilles - Don Quichotte et Sancho Pansa 2

     11- Claude Brugeilles - Don Quichotte et Sancho Pansa 1

     Simone Le Carre Galimard : Masques faits avec des objets de récupération

     12 - Simone Le Carre Galimard Masques (objets de récupéra

     Elle n'est pas autodidacte : née en 1912 à Troyes, elle fréquente à 17 ans l'Ecole des Arts Décoratifs et en 1949 elle sera, en tant qu'élève de Germaine Richier, chargée de récolter les cotisations et de pourvoir aux dépenses communes de l'atelier.

     C'est à  partir de 1970 que Simone Le Carre Galimard commencera vraiment l'aventure des accumulations d'objets de récupération. En son temps, elle aurait dû faire figure de précurseur de l'art contemporain. Son mari, Maurice, l'assista dans la réalisation de ses œuvres et surtout accepta que la maison soit envahie par l'oeuvre et les objets de récupération dans un minimum d'espace vital. Ils collectaient ensemble, le soir, dans les poubelles de leur quartier...

      Mario Chichorro

     Des masques aussi, mais à une autre échelle

     13 - Mario Chichorro masques

     Mario Chichorro est né au Portugal en 1932. Il fait des études d'architecture à l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Porto pendant 2 ans. Il arrive en France à Perpignan en 1963 et collabore jusqu'en 1968 avec divers architectes après quoi il abandonne l'architecture pour la peinture. C'est un artiste mondialement connu qui expose régulièrement dans les musées.

     13---Mario-Chichorro.jpg

     Valérie Bidaud

     J'ai une pensée particulière pour elle car j'ai découvert que, tout comme ma mère, elle est née au Petit-Quevilly en Seine-Maritime : c'est d'ailleurs son seul point commun avec ma pauvre mère...

     Après des études à l’École des Beaux Arts du Havre, Valérie Bidaud fréquente l’École d'Architecture de Rouen de 1986 à 1989. Pendant près de dix ans, elle dirige une petite entreprise de moulage (des personnages) avant de se consacrer exclusivement à la sculpture en 1998. Elle crée alors un univers issu des fonds marins et de son imagination fertile, s'inspirant aussi bien de Lewis Caroll que de Jérôme Bosch.

     Ses sculptures ont une armature grillagée recouverte de staff et enfin de résine.

     14---Valerie-Bidaud.gif

     "Femme-poisson" : une sculpture pour le moins massive...

     14 - Valérie Bidaud Homme poisson

     Vitalis : je n'ai rien trouvé sur ce sculpteur aux œuvres pour le moins tarabiscotées...

     15 - Vitalis

     Jean-Claude Melton dit Léon

     L'artiste, né en 1943 et qui se dit "marchand de sable", est issu d'un grand groupe de travaux publics (il assure l'approvisionnement en matériaux de la moitié de la France). Son besoin de créer est vital, aussi dans ses moments perdus (il en a peu...), fait-il naître des personnages toujours renouvelés en utilisant des objets tombés en désuétude.

     "La femme au vélo"

     16 bis - la femme au vélo

     16 - Jean-Claude Melton dit Léon

     Ses supports privilégiés sont les boîtes à œufs comme ici dans ce tableau fort expressif.

     16 - Jean-Claude Melton La prison

     Sans doute aussi de Jean-Claude Melton ce pressoir dont les lattes racontent l'histoire du vin et de la vigne ?

     17 - Pressoir

     17 - pressoir gros plan

     Jacques Renaud-Dampel ramasse les pierres dans la nature et ne les sculpte pas : il se contente de les peindre à l'acrylique en interprétant leur forme. Ainsi naissent les "Dampelites".

     Il est originaire du Sud-Ouest et s'est installé en mai 68... à Chambourcy après un séjour de 10 ans à New-York. Ses recherches plastiques et littéraires ont été encouragées par des personnalités telles que Raymond Queneau, Michel Thévoz (qui est conservateur du Musée d'Art Brut à Lausanne) et Jack Lang.

     D'étranges figures humaines dans cette "Dampelite"...

     18 - Jean-renaud Dampel roche peinte

     Roger Bezombes est né à Paris en 1913 (il est décédé en 1994). Après avoir fait les Beaux Arts, son goût pour les voyages l'entraîne en Afrique, blanche (où il se lie avec Albert Camus) puis noire. Il parcourt aussi la Grèce et même la Palestine. En 1955, il reçoit le titre de "peintre de la marine" et participe au niveau international à de nombreuses expositions (le Centre Pompidou l'a exposé en 1978).

     20 - Roger Bezombes Costumes

     Une espagnole sans doute, si j'en crois la mantille ?

     20 - Roger Bezombes - l'espagnole

     Pascal Audin

     L'artiste habite et travaille à Poitiers et est surtout connu dans la ville comme champion du monde de "manger de bananes" (il est inscrit dans le livre des records avec 6kgs en un quart d'heure !). Côté art, il est complètement autodidacte : il se met à peindre en 1996 sans avoir jamais visité une exposition de peintures ni regardé le moindre livre.

     Un peu comme la maison du Facteur Cheval, sa maison est peinte de A à Z.

     21 - Pascal Audin devant sa maison

     Il peint et sculpte un peu comme les enfants et dit d'ailleurs se sentir bien avec eux.

     Une explosion de couleurs...

     21 - Pascal Audun vue d'ensemble

     21 - Pascal Audun Sculpture colorée

     Au fond du bâtiment et à côté d'une autre sculpture de Pascal Audin, une curieuse construction dans laquelle on peut rentrer... Qui en est l'auteur ? Peut-être celui qui signe G.I.L ? Je ne sais pas...

     22 1

     A l'intérieur, ce n'est pas plus sobre...

     22 2

     Revenons à un artiste plus classique même s'il peint des monstres : Kurt Joseph Haas.

     L'artiste est né en 1935 à Zurich. Autodidacte, il commencera à peindre à l'âge de 40 ans. Ses premières oeuvres sont abstraites, géométriques, puis peu à peu deviennent surréalistes. Il se promène toujours avec un harmonica dans la poche : ainsi, il peut jouer du blues aussi bien qu'il dessine sur un coin de table ou un menu de restaurant... Il expose aux États-Unis en particulier où son succès est immense.

     

     23 - Kurt Joseph Haas peinture

     Rosemarie Koczy (1939 - 2007)

     Rosemarie Koczy a quitté l'Allemagne en 1959 pour la Suisse et est entrée en 1961 à  l’École des Arts Décoratifs de Genève. Par la suite, elle est allée vivre à New York.

     Les dessins, peintures et sculptures que fait l'artiste (née en Allemagne en 1939 et déportée successivement dans deux camps de concentration) s'appellent "Je vous tisse un linceul". Ils sont un hommage aux morts des camps que l'on enlevait avec des bulldozers, que l'on jetait dans un trou et qu'on recouvrait ensuite de chaux vive.

     Dans la religion juive, quand quelqu'un meurt on lave son corps (une femme lave le corps d'une femme et un homme celui d'un homme) et on le recouvre d'un linceul blanc avant de le mettre dans le cercueil.

     Les traits que dessine Rosemarie Koczy représentent le linceul que les morts des camps n'ont pas eu... Ainsi, l'artiste les enterre dignement et respectueusement. Les deux sculptures qui entourent ces dessins représentent les trains qui emmenaient les juifs dans les camps de concentration.

     Des dessins et des sculptures forts de sens...

     24 - Rosemarie Koczy

     24 - Rosemarie Koczy détail

     Gilbert Clément

     L'artiste est né à Saint-Bonnet de Joux, un village du Charolais. D'une mère catholique pratiquante et d'un père menuisier-ébéniste anticlérical qui fumait des boyards papier maïs, il mène une existence chaotique de vendeur de casseroles à défaut de pouvoir devenir menuisier à son tour, faute... au progrès ! Réfugié depuis 40 ans dans un petit village de l'Aveyron, il est atteint périodiquement de pulsions créatives qui finissent souvent dans un coin de son jardin potager...

     Collectionnant les bouchons... il a réalisé cette "Madame Capsule" !

     25 - Gilbert Clément La femme bouchons

     Jean Tourlonias

     L'artiste qui a exposé dans le monde entier, notamment aux États-Unis, au Japon et en Allemagne, est né dans le Puy de Dôme en 1937 et est décédé en 2000. De retour de la guerre d'Algérie, il commence à peindre et trouve son style en 1986 : un style qui répond à sa passion pour l'automobile. Il ne peint que sur commande, au tarif horaire d'un ouvrier, des toiles qui sont toutes au même format (65cm par 100cm) et qu'il dédicace à des célébrités ou à leurs acquéreurs.

     "Spéciale Jean Dubuffet" : huile sur toile cirée

     26 - Spéciale Jean Dubuffet 1997 Huile sur toile cirée

     Comme vous pouvez le constater, l'Art Brut peut plaire à chacun, grand ou petit, car il est très varié : des spécialistes aux non-initiés, tous y trouvent le plaisir et la surprise de déambuler dans ce labyrinthe créatif et de découvrir cet art marginal, si souvent ignoré.

     J'ai pris moi-même beaucoup de plaisir à visiter ce musée.

    Le petit résumé que j'en ai fait s'est largement inspiré des informations sur les artistes que j'y ai trouvé affichées. Il y a peut-être des erreurs : si vous lisez l'article, n'hésitez pas à m'en informer !

     **********

     (▲) Lapalisse (orthographe moderne) est la ville du Maréchal de François Ier, Jacques II de Chabannes, dit Seigneur de La Palice. Contrairement à la croyance populaire, il n'a jamais été l'auteur d'aucune lapalissade. Ses soldats, pour illustrer le courage dont il fit preuve lors du siège de Pavie en 1525 où il trouva la mort, écrivirent une chanson à sa mémoire dans laquelle se trouve la strophe suivante :

     Hélas, La Palice est mort,

     Est mort, devant Pavie ;

     Hélas, s'il n'était pas mort,

     Il ferait encore envie.

     voulant exprimer le fait qu'il s'était battu comme un lion. Sa veuve, Marie de Melun, s'inspirant de cette chanson fit graver comme épitaphe sur son somptueux monument funéraire :

     Ci-gît le Seigneur de La Palice ;

     S’il n’était mort il ferait encore envie.

     Mais il existe à cette époque (nos recherches généalogiques nous le prouvent) deux graphies différentes de la lettre minuscule s : le s rond (s) et le s long (ſ). Ce dernier peut être confondu avec un f. Une erreur de lecture a fait lire "hélas, s’il n’était pas mort, il ſerait (serait) encore en vie". Aujourd’hui on retrouve encore cette phrase déformée en : "Un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie".

     Comme quoi, il n'est jamais trop tard pour s'instruire !


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  • Hier après-midi, je suis allée au Grand Marché d'Art Contemporain de la Bastille sur invitation de son organisateur, Joël Garcia : il suffit de s'inscrire sur le site pour recevoir l'invitation. La foire se termine ce soir et je me suis dit qu'il fallait finir le week-end en beauté.

     La foire est installée en plein air le long des boulevard de la Bastille et Bourdon qui longent le port de l'Arsenal et sous un chapiteau sur la Place. Elle accueille plus de 400 exposants : sculpteurs, peintres, photographes, céramistes, créateurs de mobilier contemporain, français et étrangers.

       Vue-du-Port-de-l-Arsenal.JPG

     Avec le soleil, les badauds étaient venus nombreux...

     Les-badauds.JPG

     Je me suis arrêtée sur quelques stands qui ont particulièrement retenu mon attention.

     Tout d'abord celui de Fleur Baudon

    Fleur-Baudon-peintre.JPG

     D'origine vendéenne (elle est née aux Sables d'Olonne en 1978), cette jeune artiste peintre utilise le laqué de résine sur toile. Elle a déjà exposé sur le Village du Vendée Globe et explique dans une interview qu'elle utilise (dans sa série "Splashs") les mêmes pigments que ceux utilisés par les marins pour radouber leurs bateaux...

     Impression de Printemps de la série "Splashs"

    Impression-de-Printemps.jpeg

     Si je ne suis pas spécialement fan de cette série, j'ai bien aimé par contre la série qu'elle appelle "Un point c'est tout" : en voici une déclinaison en blanc. La photo ne rend pas bien mais si vous allez sur son blog ICI vous la verrez mieux éclairée.

    Un-point-c-est-tout---blanc.jpg

     J'ai découvert par ailleurs qu'elle venait de créer un nouveau magazine en collaboration avec Arnaud Chedal-Anglay exclusivement réservé aux expositions parisiennes. Le magazine s'appelle "Expo in the City" et est maintenant vendu en kiosque au prix de 1.90 euros.

     Je suis passée devant le stand de Jos Verheugen, mon voisin de la Butte aux Cailles. J'ai discuté un moment avec lui, lui rappelant que j'étais déjà venue dans son atelier il y a deux ans lors d'une journée portes ouvertes aux ateliers d'artistes (Les Lézarts de la Bièvre).

     C'est un peintre d'origine hollandaise autodidacte qui vit et travaille à Paris depuis 1994. Il fait des portraits, des nus plantureux, s'intéresse particulièrement à la faune et s'est amusé à peindre "librement d'après Mondrian" (son compatriote) en ajoutant à ses toiles divers animaux extrêment bien dessinés (grenouille, lézard, perroquet...) : un peintre qui n'hésite pas à changer de style pour se renouveler...

    Stand-de-Jos-Verheugen.jpg

    Stand-de-Jos-Verheugen-2.jpg

    Librement-d-apres-Mondrian---perroquet.jpg

     "Course de vitesse"

    Course-de-vitesse-de-Jos-Verheugen.jpg

     Un peu plus loin, le stand de Ki et Isabelle Diguet intrigue par ses petits personnages ventrus et multicolores aux yeux exorbités...

    Stand-de-Ki-et-Isabelle-Diguet.jpg

     A l'origine, Isabelle Diguet s'est intéressée à travers la peinture au costume traditionnel, à l'apparat et à l'ornement : pour témoin cette toile intitulée "Guérisseur"

    Guerisseur-Isabelle-Diguet.jpg

     En parallèle est né il y a deux ans un travail à 4 mains : totems, divinités, fétiches, masques naissent entre les mains de Franck Vanheul (Ki), son compagnon ; une fois le volume terminé, Isabelle pose la couleur... Une technique basée sur la récupération : accumulation de plastique, de carton, de papier, de plâtre, avec de l’enduit. Ce sont les matériaux que le sculpteur utilise pour fabriquer ces drôles de petits bonshommes.

     Ces totems symbolisent l'objet que l'on vénère pour porter chance, pour obtenir une protection. Ils sont parfois achetés pour mettre dans les jardins m'a dit avec beaucoup de gentillesse Isabelle Diguet. Moi, j'aurais juste peur qu'on me les vole tellement ils sont plaisants à regarder !

     "Uzume"

    Uzume-de-Ki-et-Isabelle-Diguet.JPG

     "Norbou"

    Norbou-de-Ki-et-Isabelle-Diguet.JPG

     Le stand de Christophe Cayla m'a particulièrement amusée : ce sculpteur autodidacte apprend le travail du bronze lors d'un séjour en Afrique. Il fabrique des "sculptures en équilibre" qu'il fait tourner autour d'un axe relié à un poids ou à une boule de pétanque : on dirait des derviches tourneurs ! malheureusement, j'ai raté le petit film que j'en avais fait...

    Sculptures-en-equilibre-de-Christophe-Cayla.JPG

     J'ai adoré les sculptures d'Alexandre Mijatovic. Ce jeune sculpteur est né à Paris en 1971 et découvre le travail de la terre cuite en 1999 dans un atelier parisien.

     Un petit air de ressemblance...

    Alexandre-Mijatovic-et-une-de-ses-sculptures.jpg

     En bronze, en résine ou en terre cuite, elles sont pleines de vie, toutes dans le mouvement, exprimant chacune un sentiment différent.

    Stand-d-Alexandre-Mijatovic-copie-1.jpg

    "Chagrin secret"

     Un magnifique bronze que le sculpteur a choisi de mettre sur sa carte de visite...

     Alexandre-Mijatovic---Chagrin-secret--bronze-.jpg

     Je termine par le stand du peintre pour lequel je suis tout spécialement venue visiter ce GMAC : comme vous pouvez le constater, il attire les connaisseurs...

      Lionel-Borla-sur-son-stand-copie-1.JPG

     Il s'agit de celui de Lionel Borla dont j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion d'admirer les toiles (à la GMAC ou à Saint-Sulpice où il expose régulièrement). Lionel Borla est né à Menton, en 1974 et vit et travaille à Marseille et ce sont justement ces paysages méditerranéens qui inspirent cet architecte de formation ayant étudié la musique.

    Lionel-Borla.jpg

     Ses toiles sont souvent très symétriques et rigoureusement équilibrées. Souvent, il peint un piano parmi des baigneuses très stylisées dans un décor de théâtre comme ici à Sienne ou sur fond de méditerranée.

    Accoustique-siennoise-de-Lionel-Borla.jpg

     Moi, j'adore tellement que je viens de lui acheter une petite gouache !

     Elle s'intitule "Entre les deux pins"

    Lionel-Borla---Pres-des-deux-pins-1-copie.jpg

     Il me reste à lui trouver un encadrement : il m'a dit que je trouverais un cadre "Nielsen" qui conviendrait parfaitement chez le Géant des Beaux Arts : pratique, il y en a un tout à côté de chez nous !

     A flâner ainsi de stand en stand, le temps passe si vite que je n'ai pas vu le quart de la moitié du Marché... mais le prochain rendez-vous de l'Art Contemporain, c'est Place Saint-Sulpice : ce sera un salon moins démesuré avec seulement... 100 exposants.

     Les dates à retenir : du 29 mai au 2 juin 2014


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  •  Hier après-midi, je suis allée visiter en compagnie de mon amie Danielle le Musée Mendjisky-Ecoles de Paris qui vient d'ouvrir dans le 15ème. Le musée, de style Art Déco, est abrité dans un ancien atelier d'artiste construit par l'architecte franco-belge Robert Mallet-Stevens en 1932. Il est situé au 15 du Square de Vergennes et donne dans la rue de Vaugirard.

    Pour votre gouverne, le nom du square a été donné en hommage à Charles Gravier de Vergennes, Ministre des Affaires Etrangères sous Louis XVI (pendant la guerre d'indépendance américaine).

    1 - Plaque de rue Square de Vergennes

    Beaucoup de charme s'en dégage grâce à l'existence de petites maisons couvertes de végétation et bien à l'abri du tumulte de la rue de Vaugirard.

    2 - Petite maison

    3 - Petite maison

     Le bout de l'impasse

    4 - Maison du square

    L'atelier a été construit pour le maître verrier Louis Barillet, qui y reste jusque dans les années soixante. Laissé inoccupé, il se détériore rapidement avant d’être sauvé par un industriel passionné, Yvon Poullain, qui décide de le restaurer en 2001.

    L'existence de l'immense verrière de 100 m²constitue un écrin de choix pour les oeuvres exposées.

    6 - Le Musée

     Le long vitrail de la façade fait office d'enseigne au vitrailliste. Aux différents étages correspond une ville emblématique : Chartres pour le vitrail, personnifié par un souffleur de verre, Ravenne pour la mosaïque, incarnée par l'Impératrice Théodora, et Athènes et l'art occidental par la Déesse Athéna.

    8 - Mur de verrières

     Hommage à Ravenne

    Les vitraux sont non seulement découpés pour souligner des motifs figuratifs mais aussi associés de façon à tromper la monotonie : certains sont unis, d'autres travaillés en stries, d'autres encore en vagues, transparents, grisés ou noirs et c'est du plus bel effet.

     29 - Verrière Ravenne

     Entrons !

    7 - Entrée du Musée affiche

     9 - Le hall d'entrée du Musée

     Créé par Patricia et Serge Mendjizky, le Musée Mendjizky-Ecoles de Paris a vocation à conserver, protéger, et mettre en valeur des oeuvres des artistes des deux Ecoles de Paris. La première Ecole de Paris fait référence aux nombreux artistes étrangers, souvent originaires d'Europe centrale, qui gagnent la capitale pour se fixer dans le quartier Montparnasse. Quant à la deuxième Ecole de Paris, elle regroupe les artistes abstraits et figuratifs, qui ont contribué de 1945 à 1960 à faire de Paris la plaque tournante de l'art avant que ce rayonnement ne faiblisse au profit de New-York.

     Pour ce qui est de la première Ecole de Paris, on y compte Chagall, Picasso, Soutine, Modigliani et Foujita pour ne citer que les plus célèbres. Quant à la deuxième Ecole de Paris, elle verra, entre autres, naître le talent de Pierre Alechinsky et de Bernard Buffet.

     Maurice Mendjizky dont l'oeuvre est exposée actuellement appartient à la première Ecole de Paris. Il est né à Lodz en Pologne en 1890 et, attiré très jeune par la peinture, monte à Paris à l'âge de 17 ans où il étudie à l'Ecole des Beaux-Arts avec Fernand Cormon, maître de Matisse.

    Le rez-de-chaussée présente une série de paysages du midi de la France : en effet, invité chez Renoir aux Colettes, il y  découvre les paysages méditerranéens.

    Paysage fauve à Saint-Paul de Vence

    12 - Paysage fauve à Saint-Paul de Vence

     Paysage provençal animé (il y a deux tout petits personnages en bas à droite...)

     13 - Paysage provençal animé

    Les garrigues

    14 - Les garrigues

     Paysage arboré

     15 - Paysage arboré

    Paysage provençal

    16 - Paysage provençal

    Au sous-sol, sont accrochés des tableaux de nus ainsi que des natures mortes florales. Vous remarquerez que, grâce à l'architecture de verre du bâtiment, même ce sous-sol bénéficie de l'éclairage de la lumière du jour.

    21 - vue d'ensemble portraits et fleurs

    On peut y admirer le portrait de la fameuse Kiki de Montparnasse qui fait l'affiche de l'exposition (un petit air d'Edward Hopper, non ?). Maurice Mendjizky fût le premier artiste à en tomber amoureux : il avait 31 ans et partagera sa vie pendant 3 ans jusqu'à ce qu'elle tombe dans les bras de Man Ray (le mufle...). C'est à la suite de cette rupture qu'il retournera dans le midi. J'ai appris que le surnom de "Kiki" lui venait justement de cette liaison avec Maurice Mendjizky. Foujita, arrivé du Japon en 1922, n'arrivait pas à dire Madame Mendjizky : il disait "Sky" (qui s'est transformé en Kiki)...

    Kiki - 1921

    17 - Kiki 1921

    Il faut que je vous dise une "coquille" que j'ai relevée dans un récent article de parismatch.com : dans sa chronique intitulée "Un petit musée ignoré par les foules ?" datée du 15 avril dernier, la journaliste, Catherine Schwaab, rédactrice en chef à Paris-Match, voulant parler de cette fameuse Kiki (que Picasso a certes connue), la nomme Kiki Picasso. Dans le doute, je consulte mon ami internet qui me confirme que ce nom de Kiki Picasso n'a rien a voir à l'affaire : Kiki Picasso est le pseudo de Christian Chapiron, graphiste de BD des années 70... L'erreur est humaine mais quand même, pour une rédactrice en chef !

    Malgré tout, cet article a le mérite d'exister.

    Nu - 1911

    17 - Nu 1911

    Nu de Kiki au drapé rouge

    18 - Nu de Kiki au drapé rouge 1912

    Je n'ai pris qu'une seule photo de nature morte (qui ne constitue pas, visiblement, son sujet favori) et je vous la mets même si elle n'est pas top à cause des reflets...

    19 - Fleurs 1938

    Ce tableau d'une Brit Mila-circonsision date de 1920 : il rappelle les origines juives du peintre.

    20 - La circoncision 1920

    Sur le palier qui conduit aux étages, un très beau vitrail de Louis Barillet représente l'histoire de Psyché.

    26 - Histoire de Psyché et verrière de façade

     22 - Histoire de Psyché

    Pour en savoir plus sur cette passionnate histoire... cliquez ICI.

    La jeune femme est représentée en costume d'Eve...

    23 - Histoire de Psyché détail

    Sur ce même palier se trouve une mosaïque de sol empruntée au thème de la nature. L'édifice construit par Mallet-Stevens est ainsi "une oeuvre d'Art Totale" (une oeuvre qui se caractérise par l'utilisation simultanée de nombreux médiums et disciplines artistiques, et par la portée symbolique, philosophique ou métaphysique qu'elle détient). Cette utilisation vient du désir de refléter l’unité de la vie.

    25 - Mosaïque de sol

    Un ascenseur nous conduit au deuxième étage. Celui-ci possède une mezzanine qui surplombe l'étage inférieur : dans ce musée les espaces sont largement ouverts.

     27 - Du 3ème étage vue sur les dessins à l'encre

     Ce deuxième étage et sa mezzanine sont essentiellement consacrés à un hommage du peintre aux martyrs et aux combattants du Ghetto de Varsovie.

    35 - Salle Ghetto de Varsovie

    C'est dans la dernière période de sa vie que Maurice Mendjizky entreprend son œuvre testament : un recueil de 31 dessins à l'encre préfacés par un poème de Paul Eluard.

     34 - Encre Ghetto de Varsovie

    Un petit air de Chagall...

    36 - Encre Ghetto de Varsovie

    Il dédie ce recueil à son fils Claude, fusillé en tant que résistant deux semaines avant la libération. Maurice Mendjizky ne s'en remettra jamais.

    Dany, en compagnie de laquelle je visite le musée, éclaire de son sourire cette salle pleine de la tristesse, du désarroi et de l'horreur qu'on vécu les habitants de cette ville polonaise pendant la guerre.

     

    Le nouveau Musée Mendjizky-Ecoles de Paris : un petit bijou...

    Pas de jaloux...

    Le nouveau Musée Mendjizky-Ecoles de Paris : un petit bijou...

     Une autre mosaïque de sol, toujours sur le thème de la nature,  nous indique que nous avons changé d'étage. Sont-ce des loups qui attaquent ce sanglier ?

    38 - Mosaïque de sol

    Le premier étage regroupe quelques peintures familiales. Lors de son premier séjour à Saint-Paul de Vence, Maurice Mendjizky rencontre Rose qui a 18 ans. Il l'épouse l'année suivante et de cette union naîtront deux fils : l'aîné, Claude, dont j'ai déjà parlé, est né en 1924 et Serge, le cadet qui est peintre, a actuellement 85 ans.

     La sieste - 1930

     42 - La sieste 1930

     Rose et Serge, Madame et son fils - 1931

     39 - Rose et Serge - Madame et son fils 1931

    Il y a aussi à cet étage un tableau de Jacques Prévert qui n'épargne pas le poète mais qui est fidèle aux photographies que l'on en peut connaître, avec la cigarette aux lèvres.

    41 - Portrait de Jacques Prévert 1949

    Je ne sais pas qui était cette jolie dame que le peintre a croquée en 1942...

    44 - Portrait de femme 1942

     Un autoportrait peint en 1930

    43 - Autoportrait 1930

    La boucle est bouclée !

     45 - Rez-de-chaussée Musée

     Il n'y avait pas eu d'exposition de l’œuvre de Maurice Mendjizky depuis 60 ans et les dessins du Ghetto de Varsovie n'avaient jamais été présentés au public : cet oubli est heureusement réparé grâce à Patricia et Serge Mendjizky ici photographiés à Saint-Paul de Vence.

     Patricia-et-Serge-Mendjizky-en-2011.jpg

     

    Tableau de Serge Mendjizky : collages à partir de photographies - 2003

    30 - Serge Mendjuzky Photographies marouflées sur toile 20

     L'exposition dure jusqu'au 12 juillet prochain.

     Je vous conseille très fortement d'y aller rapidement pour profiter pleinement des tableaux en toute tranquillité : nous étions pratiquement les seules visiteuses... mais je pense que cela ne va pas durer car ce musée est vraiment magnifique et ça va se savoir !

    Par la suite, le Musée accueillera d'autres expositions mettant en scène cette fois-ci d'autres artistes de l'Ecole de Paris : deux étages seront réservés au fonds permanent et deux autres étages aux expositions temporaires.

     Je suis vraiment ravie d'avoir découvert ce peintre et ce nouveau musée.


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  • J'avais noté sur mon agenda que Thierry Depeyrot, auteur de la revue "Histoire... et histoires du 13ème" que nous achetons régulièrement donnait une conférence intitulée "Cent ans d'évolution urbaine du 13ème arrondissement". Je me suis donc rendue à la Mairie et, après cette projection d'anciennes photos de notre arrondissement assorties de photos actuelles prises sous le même angle, j'ai vu qu'il y avait dans la galerie Athéna une présentation de sculptures monumentales d'un artiste africain : Mickaël Bethe-Sélassié.

      en 1951 à Diré-Dawa, petite ville de l'est de l'Ethiopie, Mickaël Bethe-Sélassié vit en France depuis l'âge de 20 ans. Il est connu pour ses créations de personnages gigantesques en papier mâché, hauts en couleur. L'artiste, qui a une renommée internationale, a exposé en Namibie et en Ethiopie bien sûr, mais aussi en Algérie, en Corée, au Brésil, en Suisse, aux Pays-Bas et en France.

     Son atelier se trouve dans le 13ème arrondissement.

    Atelier-de-l-artiste-dans-le-13eme.jpg

     En bas de l'Escalier d'Honneur de la Mairie, une sculpture représentant un cheval (1999). Vous serez bien d'accord avec moi : cela n'engendre pas la mélancolie...

     Cheval

     Voici comment le sculpteur procède : il commence par faire une armature grillagée, puis la recouvre de papier mâché avant de la peindre.

     Armature-du-cheval.jpg

     Cheval-en-papier-mache.jpg

     Cheval-1999.jpg

     En haut de l'escalier trône une sculpture gigantissime : "Chambellan"

     Chambellan

     L'exposition se continue dans la Galerie Athéna avec en premier plan une sculpture intitulée "Termitière".

     La Galerie Athéna

     Détail

    Termitière détail

     Quelques sculptures plus plates aussi comme celle-ci appelée "Grand écart"

     Grand écart

     "Masque"

     Masque

     "Bouclier"

     Bouclier

     "Mama Africa" est bien mise en valeur à l'issue de la Galerie. Son coût est de 15.000 euros. Le tout est de trouver l'endroit où la mettre... J'avoue qu'elle me ferait peut-être faire quelques cauchemars !

    Mama Africa

     Autres tons avec ce "Totem"

     Totem

     et ce "Cactus" que j'aime beaucoup.

     Cactus

     Retour à la couleur avec une sculpture très naïve intitulée "Félins"

     Félins

     "Croix"

     Croix

     "Magicien"

     Magicien

     Ce barbichu a pour nom "Prophète". Tiens-t-il les tables de la Loi... ?

     Prophète

     Extrait du catalogue ArtZud-Amsterdam 2013

     Les installations de sculptures, reliefs et peintures de Mickaël Bethe-Sélassié montrent un monde de conte de fées aux couleurs vives, joyeux.

     Les sculptures sont faites de papier mâché sur une structure grillagée. Certains estiment que ça situe Mickaël Bethe-Sélassié dans la lignée du primitivisme africain traditionnel, tandis que d'autres voient son travail comme une expression de l'Art Brut, ou à la lumière de son succès, le considèrent comme un artiste occidental. Un observateur néerlandais, lui, le comparerait naturellement à Karel Appel, qui était capable de créer une aire de jeux pleine de figures d'animaux et d'enfants joyeusement colorées.

     Ce qui rend spécial l'art de cet artiste est que ses personnages fixent le regard de l'observateur, comme pour lui poser des questions sur la justice et l'injustice liées à l'histoire de l'Afrique.

     Dommage que l'expo se termine ce soir...


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  • L'Université Paris-Diderot présentait hier soir un film de Samia Serri intitulé "Michelle Perrot, une histoire de femme" qui était suivi d'un débat . Je suis allée à sa projection avec mon amie Marie-France qui, tout comme moi, n'hésite pas à sortir sans son mari. Je vais finir par en conclure que les hommes sont plus pantouflards que les femmes (mais, comme chacun sait, les généralisations hâtives ne sont jamais bonnes) !

     Ce documentaire était constitué principalement par des interviews de l'historienne qui vient de recevoir en janvier dernier le Prix Simone de Beauvoir 2014 pour la liberté des femmes. Quelques saynètes de films (les Saintes Chéries, souvenez-vous...) illustraient agréablement certaines des idées développées par la féministe.

     Michelle Perrot est une femme très agréable à entendre, elle parle simplement de choses qui pourraient être compliquées et sait agrémenter son discours de petites anecdotes. Ainsi nous parle-t-elle de sa scolarité dans un cours privé du 10ème arrondissement, le Cours Bossuet (sur l'incitation de sa grand-mère alors que ses parents étaient plutôt tièdes sur le sujet) en nous racontant les repas pris avec les religieuses à cornette et la difficulté que cela représentait de manger de la soupe ainsi accoutrées !

    Etonnante aussi quand elle nous livre que les deux femmes qui l'ont le plus marquée sont Simone de Beauvoir et... Brigitte Bardot !

     Michelle Perrot a participé à la création de l'Université Paris VII (sur le site de Jussieu) université au sein de laquelle elle a effectué une grande partie de sa carrière. Après avoir été Professeur titulaire de l'Université Paris VII - Paris-Diderot, elle en est actuellement Professeur émérite.

     Elle fait sa thèse avec Ernest Labrousse en 1974 sur le monde du travail sous la Monarchie de Juillet ("Les ouvriers en grève") après que ce dernier l'ait dissuadée de s'intéresser au féminisme (ce qui n'est que partie remise), elle s'est intéressée au système pénitenciaire après sa rencontre avec Michel Foucault (Délinquance et système pénitenciaire en France au XIXème siècle - 1975) mais elle a surtout consacré sa vie et son oeuvre aux femmes (cosignant avec Georges Duby les cinq volumes de "L'histoire des femmes en occident" en 1991-1992, ouvrage traduit en 16 langues).

    Michelle Perrot

     michelle_perrot.jpg

    Les rendez-vous cinéma de l'Université Paris-Diderot sont toujours passionnants. Il parait que le prochain aura lieu le mercredi 2 avril et le film programmé sera "Shame" de Steve Mac Queen.

    Et c'est toujours gratuit !


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