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Par Tolbiac204 le 4 Juillet 2012 à 22:56
Ce mercredi, étant en Bourgogne pour affaires..., nous en avons profité pour faire une balade en direction d'Alise Sainte-Reine où s'est ouvert en mars dernier un MuséoParc ayant pour thème la bataille d'Alésia. Sur notre route, Bussy-le-Grand possède une belle église entourée d'un cimetière superbement situé face au Château de Bussy Rabutin.
Le château de plus près...
L'église renferme une belle chaire en bois polychrome du XVIIème siècle ainsi qu'un cyborium en pierre destiné à conserver les huilles saintes.
Mais continuons notre promenade. Depuis le site de l'ancienne ville gallo-ramaine d'Alise, le paysage est magnifique. Normal : nous sommes en Bourgogne !
Bon, évidemment je triche grâce à internet pour vous montrer cette vue d'avion beaucoup plus spectaculaire et surtout plus explicite que les ruines que l'on voit à ras du sol... Au premier plan, le théâtre, puis derrière un ensemble constitué du temple, de la Basilique civile et du forum et enfin, au fond, les maisons du village.
Dans le village, la cave aux amphores était la réserve d'un marchand de comestibles. Dans les niches, prenaient place de grandes jarres que l'on remplissait probablement d'huile.
La ville gallo-romaine née après la défaite de Vercingétorix fût prospère notamment grâce à l'activité d'artisans bronziers. Composés d'une grande dalle calcaire supportée par des blocs verticaux, les "fours des bronziers" permettaient de faire du feu pour la production en série d'objets en bronze.
Mais revenons en arrière, plus précisément pendant l'été de l'année 52 avant J.-C.
César, qui a entrepris la conquête des Gaules, vient d'être défait à Gergovie par une jeune chef arverne nommé... Vercingétorix. Celui-ci, après que sa cavalerie ait été décimée par les romains près de Montbard, se retranche avec ses troupes dans l'oppidum d'Alésia situé sur le mont Auxois.
Et c'est là que César vient l'assiéger...
Un très beau musée retrace ce siège et la défaite qui s'ensuivit pour le chef arverne. L'architecte en est le suisse Bernard Tschumi. Pour info, c'est le même architecte qui a fait le zénith de Rouen. Le voici devant le "MuséoParc Alésia".
On accède au musée depuis le parking par une allée bordée d'arbres.
Comme vous le voyez, le bâtiment circulaire (de 52 mètres de circonférence, un clin d'oeil à la date de la bataille...), possède une terrasse arborée, ce qui lui permet de bien s'intègrer à la nature. Son revêtement de bois (une résille de mélèze) est un rappel aux fortifications que César fit construire pour encercler les armées gauloises. Il constitue aussi un véritable bouclier thermique limitant la consommation énergétique du musée.
L'intérieur est très épuré : du béton "calepiné" partout. Moi, j'aime. Une rampe d'escalier en pente douce permet d'accéder au premier étage où se trouve l'espace d'exposition.
Une petite faim nous tenaillant, nous prenons place à la terrasse du restaurant située en rez-de-chaussée et agréablement ombragée par un "toit" ajouré en poutres de bois.
Puis, nous nous lançons à l'assaut du premier étage !
A l'entrée, une sérigraphie représente Jules César déroulant le manuscrit de "De Bello Gallico", autrement dit "La guerre des gaules", unique témoignage des événements.
La "galerie du combat" mène à l'exposition mais attention : elle est redoutable... Il s'agit de passer entre les gaulois (en bleu à gauche) et les romains (à droite en rouge) !
Le décor est planté !
A gauche le pied d'un combattant gaulois, à droite celui d'un soldat de César.
Après avoir parcouru la frise chronologique rappelant l'histoire de la crise que subit Rome au long de son histoire, nous découvrons un mur mettant en présence les deux armées. Gaulois à droite, romains à gauche.
Ici, le "train" des bagages des gaulois
Là, le "train" des bagages des romains. Ya pas photo : les romains sont plus disciplinés !
Des vitines présentent par ailleurs l'habillement et l'armement des deux armées. Ce sont majoritairement des reconstitutions : il y a relativement peu d'objets authentiques mais l'ensemble est très réussi.
Ici, un bouclier gaulois reconstitué
Là, des "caligae" romaines
Enseignes romaines reconstituées
Enseignes gauloises reconstituées
Dans l'oppidum d'Alésia, Vercingétorix s'est retranché avec 60 à 80.000 hommes... et il attend le renfort d'une armée alliée de quelque 240.000 hommes et 8000 cavaliers.
Plutarque raporte dans sa "Vie de César, XXVII, 1 - 8"
« Alésia passait pour imprenable en raison de la taille de ses remparts et du nombre de ses défenseurs »
César, lui, a construit une double rangée de fortifications : une "contrevallation" (pour affamer l'ennemi à l'intérieur de l'oppidum) et une "circonvalation" (pour se protéger de l'arrivée des renforts éventuels).
et César dans "la Guerre des Gaules, VII, 73-7"
« Mis au courant par des déserteurs et des prisonniers, César entreprit les travaux que voici. Il creusa un fossé de vingt pieds de large…, il creusa deux fossés larges de quinze pieds et chacun de profondeur égale, il remplit le fossé intérieur, dans les parties qui étaient en plaine et basses, d’eau qu’il dériva de la rivière. Derrière ces fossés, il construisit un terrassement surmonté d’une palissade, dont la hauteur était de douze pieds […] On coupa donc des troncs d’arbres ayant des branches très fortes et l’extrémité de celles-ci fut dépouillée de son écorce et taillée en pointe ; d’autre part, on creusait des fossés continus profonds de cinq pieds. On y enfonçait ces pieux, on les reliait entre eux par le bas, pour empêcher qu’on les pût arracher, et on ne laissait dépasser que le branchage. Il y en avait cinq rangées, reliées ensemble et entrelacées : ceux qui s’engageaient dans cette zone s’empalaient à la pointe acérée des pieux. On les avait surnommés les cippes. Devant eux […] en rangées obliques et formant quinconce, des trous profonds de trois pieds […] On y enfonçait des pieux lisses de la grosseur de la cuisse, dont l’extrémité supérieure avait été taillée en pointe et durcie au feu ; on ne les laissait dépasser le sol que de quatre doigts […] Le reste était recouvert de branchages et de broussailles afin de cacher le piège. On en fit huit rangs, distants les uns des autres, de trois pieds. On les appelait lis, à cause de leur ressemblance avec cette fleur. En avant de ces trous, deux pieux longs d’un pied, dans lesquels s’enfonçait un crochet de fer, étaient entièrement enfouis dans le sol ; on en semait partout et à intervalles rapprochés ; on leur donnait le nom d’aiguillons [...] « Ces travaux achevés, César, en suivant autant que le lui permit le terrain la ligne la plus favorable, fit sur quatorze milles de tour, une fortification pareille à celle-là, mais inversement orientée, contre les attaques du dehors »
Des fortifications ont été reconstituées sur une centaine de mètres : succession de fossés remplis d'eau, de barrières, de pieux, de palissades et de tours de guet : tout y est !
Pas engageants les abords des fortifications...
Entre les deux rangs de fortifications, le camp des romains. L'après-midi, le musée organise une animation entre des soldats romains et des soldats gaulois : le centurion donne ses ordres en latin pour faire plus vrai ! Nonobstant la chaleur étouffante ce jour-là, c'est amusant.
L'armée de César se compose de 10 à 12 légions, soit 40 à 70.000 hommes. Elle est organisée en cohortes, manipules, centuries et décuries. La décurie se compose de 10 hommes. La manipule (2 centuries) comporte un porte-enseigne, un musicien et un agent de liaison. Chaque centurie (comprenant 8 à 10 décuries) est commandée par un centurion. Tout ce petit monde loge dans des tentes plantées dans l'espace inter-fortifications tout autour de la tente de Jules César.
Le siège dure 2 mois et se solde par la défaite des gaulois. Comme le dit la légende, Vercingétorix dépose ses armes aux pieds de César.
Peinture de Lionel Royer (1899) : la rédition de Vercingétorix
Le Conseil général de Côte d'Or place le site de la bataille d'Alésia à Alise Sainte-Reine. Normal, non ?
Voici une vue du site présumé de la bataille depuis les fortifications du musée.
Une statue de Vercingétorix (par Aimé Millet et Eugène Viollet-le-Duc) commandée par Napoléon III qui se passionnait pour l'histoire romaine et la Guerre des Gaules domine le mont Auxois. Elle ressemble étrangement à l'empereur...
D'autres archéologues contestent ce lieu : ce sont principalement les partisans du site de Chaux-des-Crotenay dans le Jura qui est beaucoup plus escarpé mais qui s'adapte comme un gant aux écrits laissés par César et les auteurs de l'époque. C'est l'archiviste et paléographe André Berthier (1907 - 2000) qui est à l'origine de cette "école". C'est par une étude à distance (depuis Constantine où il était en poste dans les années 60) qu'André Berthier réalise une carte topographique idéale de l'emplacement de la bataille d'Alésia. Il étudie ainsi de nombreux emplacements et arrive à la conclusion que c'est à Chaux-des-Crotenay que s'est livrée la bataille. A partir de 1964, plusieurs autorisations de fouilles lui sont accordées, notamment par André Malraux pour de très brèves périodes.
A ce jour, les autorisations de fouilles demandées par les archéologues de l'école d'André Berthier sont régulièrement refusées... L'avenir tranchera peut-être ? mais gageons que la partie sera rude maintenant que le musée est construit !
A Alise Sainte-Reine, un autre projet doit voir le jour en 2016 : celui d'un musée archéologique qui évoquera, à partir de nombreux objets et vestiges, la vie des gaulois de depuis la préhistoire.
On visite le MuséoParc à l'aide d'un audioguide et ma foi, c'est très bien fait. Les enfants peuvent choisir une version qui leur est adaptée. Ah j'oubliais : il y a aussi un film d'une vingtaine de minutes qui retrace la bataille, sur écran géant !
A voir sans restriction !
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Par Tolbiac204 le 14 Juin 2012 à 15:13
Ce jeudi, je suis allée écouter une conférence à la Mairie de mon arrondissement, proposée par la Société d'Histoire et d'Architecture du 13ème.
Les jeunes parisiennes parties pour la Nouvelle France au 17ème siècle
La conférencière, Maud Sirois-Belle, a des origines canadiennes par ses deux grand-mères. Elle s'est spécialisée dans ce sujet dont elle a déjà présenté à plusieurs reprises des volets à la SHA.
Aujourd'hui, elle continue de nous raconter l'histoire de ces "Filles du Roy".
La Nouvelle France était une colonie du Royaume de France, située en Amérique du Nord et ayant existé de 1534 à 1663. Elle était composée de l'Acadie, du Canada, de la Louisiane et de Terre Neuve et sa capitale était Québec. Pour pallier au manque de femmes, le Roi Louis XIV chargea Colbert d'organiser le transport de jeunes filles à marier recrutées dans les orphelinats parisiens ou de province. Il dota ces jeunes filles et pourvut à leur transport en bateau. C'est ainsi que sur une période allant de 1663 à 1673, 770 Filles du Roy émigrèrent en Nouvelle France pour venir s'établir majoritairement à Québec et à Montréal. Elles se marièrent presque toutes et la population de la Nouvelle-France, passa de 3200 âmes en 1663 à 6700 en 1672.
Presque tous les canadiens ont parmi leurs ancêtres... une Fille du Roy !
à ne pas confondre avec les filles de joie qu'elles ont sans doute côtoyées dans leur orphelinat avant de quitter la métropole.
L'arrivée d'un bateau à Québec convoyant des Filles du Roy
Cette petite vidéo vous en apprendra plus.
On peut lire aussi l'article de Maud Sirois-Belle dans La Lanterne de la Société de Généalogie de Drummondville : cliquer sur le numéro de mars 2010.
Hélas, ce numéro n'est plus en ligne...
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Par Tolbiac204 le 14 Juin 2012 à 12:35
Je parle naturellement de l'huile sur bois représentant Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant peinte par Leonard de Vinci à partir de 1501 (et inachevée à la mort de l'artiste en 1519) qui vient d'être restaurée par les ateliers du Louvre. Une exposition se terminant la semaine prochaine permet de l'admirer parmi 130 oeuvres dont certains sont des prêts exceptionnels.
Et c'est absolument sublime.
L'exposition est scindée en trois grandes parties : la première rassemble les différents dessins et les études de paysage que le maître a réalisés pour ses études préliminaires, la seconde présente le tableau du maître ainsi que le carton qui lui a servi de base (c'est un prêt de la National Gallery) avec en regard les oeuvres qu'il a inspirées à ses contemporains et la troisième réunit les hommages que lui ont rendu des peintres comme Delacroix, Degas, Odilon Redon ou Max Ernst.
La Sainte Anne de Vinci est dite "trinitaire". Il s'agit d'une représentation symbolique puisque tous les textes racontent qu'Anne était morte avant la naissance du Christ.
Plusieurs "Sainte Anne trinitaire" sont présentées à l'exposition.
Celle-ci est d'un anonyme espagnol (vers 1500). La Vierge a les cheveux défaits, signe de sa virginité tandis qu'Anne porte le voile des veuves.
Une autre Sainte Anne trinitaire (provenant de Souabe - vers 1500) de composition pyramidale avec la Vierge réprésentée enfant selon la tradition iconographique.
Les oeuvres de Vinci qui annoncent le tableau
La Vierge aux rochers
Même premier plan rocheux, même type d'arrière plan montagneux.
Et pourtant, c'est une oeuvre de jeunesse...
Le Saint Jean-Baptiste (vers 1508-1519) : déjà le sourire...
Les oeuvres de Vinci qui préparent le tableau
Une étude de composition - vers 1500
Une étude pour le visage de la Vierge
Le carton de Burlington House (National Gallery)
Le tableau avant restauration. C'était déjà mon tableau préféré au Louvre...
Le tableau restauré : yapasfoto !
Les oeuvres inspirées de la Sainte Anne de Vinci
Un tableau de Raphaël, contemporain de Vinci : la Sainte Famille avec un agneau
dans lequel la Sainte Anne a été remplacée par un Saint Joseph.
La Vierge à l'enfant avec un agneau de l'atelier de Quentin Metsys
(XVIème siècle - flamand)
La Sainte Anne a été gommée pour faire place au paysage.
et maintenant, on fait un bond dans le temps...
avec la Sainte Anne d'Odilon Redon (pastel sur papier - vers 1914)
et la Sainte Anne de Max Ernst : accrochez-vous...
Cliquez ici pour lire le dossier de presse de l'exposition.
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Par Tolbiac204 le 4 Mai 2012 à 20:01
Ce samedi, nous sommes allés visiter "la grande bibliothèque" comme on l'appelle où sont réunies les collections d'imprimés et de périodiques, les collections sonores et audiovisuelles. Le premier samedi du mois, on a accès au rez-de-jardin, l'étage des chercheurs.
C'est Charles V, le sage, qui en 1368 au Louvre installe dans la tour de la fauconnerie sa Librairie particulière. Charles V est en effet avide de connaissance et il a hérité de ses ancêtres de manuscrits somptueux.
Charles V dans sa Librairie
Malheureusement à cette époque les collections sont dispersées à la mort de leur propriétaire et la Librairie de Charles V n'échappe pas à la règle : c'est seulement à partir de Louis XI, roi de 1461 à 1483, qu'est véritablement fondée la Bibliothèque Nationale.
Transportée à Amboise, puis à Blois, la Bibliothèque rejoint la collection de la nouvelle Librairie que François Ier a créée en 1522 à Fontainebleau et confiée à l'humaniste Guillaume Budé. En 1537, le roi introduit un principe nouveau par une ordonnance du 28 décembre, enjoignant aux imprimeurs et aux libraires de déposer à la librairie du château de Blois tout livre imprimé mis en vente dans le royaume. Cette obligation, appelée dépôt légal, constitue une étape fondamentale pour la bibliothèque. Ramenée à Paris, dans la seconde moitié du XVIe siècle, elle traverse, non sans dommages, les guerres de religion.
La Bibliothèque connaît son véritable développement à partir de 1666 sous Colbert, qui a pour ambition d'en faire un instrument à la gloire de Louis XIV. En quelques décennies, la Bibliothèque s'empare de la première place en Europe.
La Révolution française marque profondément la Bibliothèque. Le dépôt légal est supprimé pendant trois ans. Pourtant, la bibliothèque du Roi, devenue Nationale, enrichit considérablement ses fonds pendant cette période grâce aux confiscations pratiquées en France et à l'étranger : biens du clergé, bibliothèques des émigrés, collections particulières des princes... Les bibliothèques privées de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Madame Elisabeth viennent ainsi enrichir les collections nationales. On estime qu'au total deux cent cinquante mille livres, quatorze mille manuscrits et quatre vingt cinq mille estampes rejoignent la Bibliothèque.
Le XVIIIème siècle est important pour la bibliothèque avec la réalisation de catalogues systématiques. C'est à cette époque qu'elle s'installe rue Richelieu dans l'ancien palais de Mazarin, à l'actuel emplacement du siteLa Bibliothèque Nationale, rue de Richelieu
L'engorgement progressif des magasins issu du renforcement du dépôt légal (loi du 19 mai 1925), le nombre croissant des lecteurs (dû au développement du nombre des étudiants), les problèmes de conservation de plus en plus aigus et l'arrivée des nouvelles technologies ont pour conséquence la nécessité d'une mutation profonde de la Bibliothèque Nationale.
Le 14 juillet 1988, François Mitterand annonce à la presse lors de son traditionnel entretien dans les jardins de l'Elysée "la construction et l'aménagement de l'une ou de la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde....(qui) devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d'autres bibliothèques européennes".
C'est le projet de l'architecte Dominique Perrault qui est retenu en juillet 1989. Les travaux durent de 1990 à 1995 et la Bibliothèque ouvre au public le 20 décembre 1996.
La Bibliothèque se présente sous la forme de 4 tours simulant des livres ouverts. Chaque tour porte un nom selon le type de livres qu'elle contient : il y a la Tour des temps, la Tour des lois, la Tour des sciences et la Tour des lettres.
Nous commençons la visite guidée par la maquette de la Bibliothèque qui se trouve dans l'aile Ouest. Nous ne sommes que 6 à suivre la visite... dont nous quatre ! La guide nous explique que l'entrée de la Bibliothque (jusqu'alors discrète au point d'en déconcerter certains...) va être modifiée pour se rapprocher de la bouche de métro.
Nous nous dirigeons ensuite vers les Globes de Coronelli dont je vous ai déjà parlé dans un précédent post. Si vous voulez relire le post, tapez "coronelli" dans l'onglet "Rechercher dans ce blog" et cliquez sur le lien. L'un des deux globes offerts à Louis XIV par le Cardinal d'Estrées représente la terre et l'autre le ciel. Les globes ont beaucoup voyagé depuis leur création mais il semble que la BnF soit leur destination finale.
Nous parcourons ensuite les couloirs qui donnent accès aux salles de lecture. Dans l'aménagement des espaces intérieurs, l'architecte Dominique Perrault joue des quatre matériaux élémentaires de la Bibliothèque, l'acier, le béton, le verre et le bois.
Ici le hall Ouest (qui a son pendant à l'Est) : ses murs sont tapissés de "cottes de maille d'acier" mais le mobilier en bois exotique et la moquette "rouge-roux" réchauffent son aspect volontairement froid qui invite à un recueillement propice à la lecture et à l'étude.
Nous partons ensuite à la découverte des "coulisses" de la BnF. Ici les rails permettent aux documents d'être véhiculés par l'intermédiaire de nacelles suspendues jusqu'aux salles de lecture : le pilotage se fait par informatique grâce à un réseau couvrant l'ensemble du bâtiment.
Un ascenceur ultra rapide nous conduit ensuite au 18ème étage de la Tour des lois (les 19ème et 20ème étages, sont dévolus au système de refroidissement des locaux : il règne à tous les étages de la Bibliothèque une température uniforme de 18°C hiver comme été). Depuis ce belvédère, on jouit de jolis points de vue sur la Seine, sur la capitale vers l'Ouest et sur la banlieue vers l'Est. La Bibliothèque y organise réunions ou réceptions.
Ici, les volets de bois sont ouverts mais aux étages inférieurs ils sont fermés et servent de protection contre les rayons du soleil puisque les tours sont tout de verre revêtues.
Vue sur le jardin de la BnF : 12000 m²plantés de pins provenant de la forêt de Bord en Normandie (rassurez-vous, ces pins devaient disparaître car situés sur l'emplacement d'une future carrière...).
Au premier plan, des immeubles d'habitation pas désagréables du tout avec leurs terrasses arborées... Au loin, le rocher du Zoo de Vincennes.
Et maintenant : direction le rez-de-jardin.
Pour y parvenir, nous devons d'abord reprendre l'ascenceur jusqu'au niveau "0" puis emprunter un grand escalier mécanique qui descend jusqu'à l'étage inférieur.
De là, on a accès à une immense salle de lecture décloisonnée (de 2000 places) qui est réservée aux personnes justifiant d'un projet de recherche. Il règne ici un silence impressionnant.
Tout au long de notre visite, nous avons vu ou entraperçu des oeuvres d'art contemporain.
Créé en 1951, le « 1% » est un dispositif qui consiste à consacrer, à l’occasion de la construction, de la réhabilitation ou de l’extension d’un bâtiment public, un financement représentant un pour cent du coût des travaux à la commande ou à l’acquisition d’une ou plusieurs œuvres d’art spécialement conçues par des artistes vivants pour être intégrées au bâtiment considéré ou à ses abords.
Deux d'entre elles sont placées dans les espaces publics comme :
"Toi et moi" de Louise Bourgeois (sculpture en aluminium poli). La moquette "rouge-roux" se reflète dans l'aluminium en lui donnant de belles couleurs.
Je me souviens que nous avions déjà vu une sculpture de cette artiste à Ottawa devant le Musée des Beaux-Arts : une immense arraignée...
"Water lilies" de Roy Lichtenstein (tapisserie d'Aubusson - 1996)
Les autres se trouvent dans les salles de lecture de la Bibliothèque de recherche.
"La rosée" de Gérard Larouste
"Donne-moi une parole et je serai guéri" de Martial Raysse
"Sans titre" de Claude Viallat
"Partition métallique aux taches de lumière" de Jean-Pierre Bertrand
La prochaine fois nous irons visiter le site de la Bibliothèque Richelieu ou encore celui de l'Arsenal.
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Par Tolbiac204 le 31 Mars 2012 à 19:27
Aujourd'hui, nous sommes à Saint-Etienne, une ville au passé minier qui a su conserver le souvenir de cette activité ayant fait vivre tant d'hommes et de femmes pendant des décennies en créant en 1991, in situ, un Musée de la Mine.
Classé Monument historique et Musée de France, le Puits Couriot se trouve à deux pas du centre ville. Avec ses deux crassiers et son chevalement édifié en 1914, il est le dernier grand témoin de l'aventure minière du bassin stéphanois.
Voici une photo du Puits Couriot du temps où la mine était encore en activité.
Depuis sa fermeture en 1973, la nature a repris le dessus mais la présence de ces anciens crassiers marque à jamais l'histoire de la ville
A l'entrée du site, le monument aux morts est très expressif.
Dans des bâtiments qui ont conservé leur authenticité et la trace du travail des hommes depuis leur fermeture en 1973, la visite guidée (la visite audio quand on a raté l'heure de la visite guidée...) fait découvrir la plupart des espaces parcourus quotidiennement par les mineurs.
Ainsi cette salle appelée "salle des pendus" (ce sont les journalistes qui leur ont donné ce nom si significatif) ou "lavabo" dans la Loire : elle permettait le stockage des vêtements propres dans un espace minimum pendant le temps où les mineurs étaient "au fond".
Le mineur fixait ses vêtements à un crochet au bout d'une chaîne puis les faisait monter jusqu'au plafond grâce à une poulie. L'autre bout de la chaîne était fixée à un support numéroté grâce à un cadenas. Chacun des 1500 mineurs possédait ainsi son numéro. Ce système était plus simple que des armoires et prenait surtout moins de place.
Chaque mineur possédait un miroir. Une paire de soques en bois lui permettait de circuler sans se salir entre l'espace des douches adjacent et la "salle des pendus".
Un système de contrepoids permettait de ne pas avoir de robinet à fermer à la fin de la douche évitant les débits inutiles. Quand le contrepoids était posé sur le socle, la douche fonctionnait et quand il était passé dans le trou, elle s'arrêtait (ou inversement, je n'ai pas bien suivi les explications...) .
Ici, la salle de la lampisterie fonctionnant avec un jeton numéroté permettant de vérifier en cas de coup dur que le mineur était bien remonté.
La forme du jeton, ronde, carrée ou triangulaire permettait de savoir si le mineur était du matin, de l'après-midi ou de la nuit...
Les lampes furent d'abord à huile, puis à pétrole, à essence et enfin électriques. L'anglais Humphry Davy inventa une lampe qui porte son nom : munie d'un grillage métallique très fin empêchant la flamme de sortir, elle évitait ainsi les "coups de grisou". On appelle ce type de lampe une "lampe de sureté".
Dans les vestiaires, il y a d'ailleurs des affiches mettant en garde les mineurs.
Après la visite de ces deux salles, on sort des bâtiments pour se rendre vers le chevalement : c'est ainsi que l'on appelle la structure qui sert à descendre et à remonter les mineurs, le matériel et surtout le minerai grâce à une cage d'ascenceur.
Au premier plan, le bassin de stockage des eaux d'exhaure (eau utilisée pour l'extraction du minerai et donc souillée par le charbon) ; le bâtiment de la machinerie est relié par des câbles au chevalement du Puits Couriot.
la salle des machines
L'ascenceur aux bennes dans le chevalement
Une autre affiche dans les vestiaires : l'accident devait se produire parfois...
Prêts pour la descente ?
Le puits Couriot descendait à 750 mètres. Un ascenceur nous donne l'illusion de descendre profondément (grâce à un système de "tapis roulant" imitant la paroi) mais en réalité nous ne serons qu'à 7 mètres sous le sol : une galerie y a été reconstituée permettant de comprendre les techniques d'exploitation et les conditions de travail des mineurs en empruntant un authentique train de mine.
Le casque jaune pour les petites têtes, le blanc pour les grosses têtes ! Je m'étais toujours dit que Philippe avait la grosse tête et moi une cervelle de moineau !
Le parcours se poursuit à pied à travers les galeries, un brin fraîches... Des écrans audiovisuels permettent de voir l'évolution des techniques d'extraction, la vie quotidienne des ouvriers, l'avènement de l'âge industriel, l'emploi de la main-d'œuvre étrangère, les grèves et les progrès sociaux qui y furent gagnés de haute lutte. La fin progressive de l'exploitation minière dans la région y est aussi évoquée.
Je n'avais pas conscience que les mineurs travaillaient presque nus mais au final c'est très compréhensif : il faisait plus de 30°C au fond de la mine et ils faisaient des travaux de force !
Les enfants travaillaient dès leur jeune âge dans les emplois subalternes. Ici, le jeune garçon actionne un ventilateur pendant que ses aînés utilisent leurs pics pour entailler la roche. La galerie a été préalablement étayée par des poteaux en bois.
Pas de pitié pour les chevaux ! Ils restaient de longues semaines au noir et ressortaient parfois aveugles de la mine quand ils ne mourraient pas au labeur, utilisés qu'ils étaient à tirer de trop lourdes charges...
Quand aux femmes, elles travaillaient en surface, à la chaîne, au tri du minerai.
Un musée émouvant et bien fait
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