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Arlette, ma soeur, possède une carte pour des entrées illimitées au Louvre et les quinze premiers jours d'une exposition elle peut venir accompagnée de la personne de son choix.
C'est ainsi que j'ai visité dernièrement l'exposition en cours intitulée François Ier et l'art des Pays-Bas.
La bouche de métro donnant sur la Place Colette peut plaire - ou non - car elle est très clinquante tout de même : moi, je l'apprécie. Il s'agit d'une oeuvre d'art contemporain du plasticien français Jean-Michel Othoniel constituée par un ensemble de sphères d'aluminium et de perles en verre de Murano. Je viens d'apprendre par mon très cher ami "Wikipédia" qu'on l'appelle "le kiosque des noctambules".
L'exposition se trouve en sous-sol : il faut passer par la pyramide de Pei pour y accéder.
Eh oui... C'est pointu !
L'affiche de l'expo est un portrait équestre de François Ier par Jean Clouet.
Ce dernier est né à Bruxelles (la ville est située aux Pays-Bas bourguignons car la région appartient en ce temps là à la Bourgogne) en 1480. Il est issu d'une famille de peintres. En 1540, il obtient le titre de peintre du Roi François Ier. Pourtant, après sa mort il tombe dans un oubli à peu près complet pendant près de trois siècles, jusqu'en 1850, date à laquelle sont exhumés des documents prouvant son existence.
Tout comme son fils, François Clouet que l'on connait mieux, c'est un portraitiste.
L'exposition est très grande : on y voit beaucoup de peintures - je n'ai jamais vu autant de triptyques - mais elle comporte aussi des sculptures, des tapisseries, des vitraux et même des livres enluminés.
Voici le triptyque de l'adoration des Mages par Jean de Beer sans doute assisté par le Maître d'Amiens.
Sans doute peint pour le Couvent des Servites de Venise dont il provient, ce triptyque est le chef-d'oeuvre de Jean de Beer, figure centrale du maniérisme anversois. Il contient en germe les éléments de style que son élève supposé, le Maître d'Amiens, développa avec plus d'artifice. L'intervention de ce dernier est probable dans l'exécution des volets.
De plus près, j'admire les détails de la toile...
Voici un détail d'un autre triptyque intitulé "La mort de la Vierge".
L'extravagance du peintre éclate dans son approche même du sujet : seuls sept apôtres assez hallucinés entourent la Vierge à l'agonie tandis que les cinq autres s'affairent au fond à des tâches domestiques. La palette et la lumière sont étranges et les expressions très outrées.
L'exposition présente aussi des dessins tel celui-ci - à l'encre brune - représentant Aristote et Phyllis par le Maître d'Amiens.
L'histoire est amusante : dommage que le Louvre n'ait pas pris la peine de nous l'expliquer.
Aristote reprochait à son élève Alexandre de délaisser ses études pour l'amour d'une courtisane, Phyllis. Celle-ci se vengea en séduisant le philosophe et en se promettant à lui s'il se laissait chevaucher par elle. Il céda, et Phyllis prévint alors Alexandre en chantant un lai d'amour [petit poème narratif]. Ce dernier ne manqua pas de se moquer de son maître...
Voici maintenant un vitrail de Engrand et Jean Le Prince (l'un a fait le dessin, l'autre est le maître-verrier).
Ce vitrail - ainsi que plusieurs autres - a échappé à la destruction de l'église Saint-Vincent à Rouen en 1944 car ils avaient tous été déposés en 1939. Ils ont été depuis remontés dans l'église moderne Sainte-Jeanne-d'Arc située à sur la place du vieux marché à Rouen.
L'ascension du Christ par le Maître de l'Ascension de Berlin (entourage du Maître d'Amiens)
On ne voit que les pieds du Christ tout en haut du tableau...
Des sculptures maintenant : la Prudence et l'Espérance par Scipion Hardouin (peintre et sculpteur)
Ces statues ornaient le buffet d'un orgue de la Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais et étaient destinées à être vues de loin.
Sainte Marie-Madeleine par l'atelier Beauvaisien
La sculpture beauvaisienne de la première moitié du XVIème siècle témoigne à la fois d'une richesse décorative comparable à la mode flamande contemporaine et d'une belle adaptation des techniques de polychromie brabançonne.
Il est amusant de remarquer que sur ce genre de sculptures, la mode féminine est celle de l'époque de François Ier et non celle à laquelle ont vécu les personnages.
La circoncision (anonyme flamand)
Probable production picarde des années 1525-1530
Détail : le bébé n'est pas le plus réussi...
Retable de la Passion (Noël Bellemare et son atelier)
Les différents compartiments de ce retable - qui se trouvait au XVIème siècle dans l'église parisienne du Saint-Sépulcre (détruite) - sont très comparables aux miniatures orant les livres d'Heures enluminés par Noël Bellemare et ses assistants.
Le baiser de Judas
Jésus porte sa croix
La mise au tombeau
Triptyque de la vie de la Vierge (le panneau central a été perdu)
La présentation de Jésus au Temple et la Naissance de la Vierge
Vitrail : La lamentation (Jean Chastelain et Noël Bellemare)
Vitrail : Le Jugement de Salomon
Ici encore, Le Louvre fait confiance à la culture générale des visiteurs...
Le différend opposa deux femmes ayant chacune mis au monde un enfant, mais dont l'un était mort étouffé. Elles se disputèrent alors l'enfant survivant. Pour régler le désaccord, Salomon réclama une épée et ordonna : « Partagez l'enfant vivant en deux et donnez une moitié à la première et l'autre moitié à la seconde ». L'une des femmes déclara qu'elle préférait renoncer à l'enfant plutôt que de le voir mourir. En elle, Salomon reconnut la mère. Il lui fit remettre le nourrisson et sauva donc la vie à l'enfant.
On arrive alors à la série des portraits.
Comme je l'ai dit précédemment, Jean Clouet est maître en la matière. En témoigne ce portrait de François Ier en tenue de grand apparat.
J'ai remarqué que dans les portraits suivants les mains ont toutes un rôle à jouer, une manière de donner de la vie aux personnages.
Portrait de Marguerite d'Angoulême, Reine de Navarre
Ce portrait fut sans doute exécuté en 1527 lors du second mariage de Marguerite, soeur de François Ier, avec Henri d'Albret, Roi de Navarre. Elle déclare alors prendre à son service le frère de Jean Clouet, peintre lui aussi.
Je la trouve vraiment très élégante avec son petit doigt levé servant de perchoir à son perroquet.
Portrait d'Eléonore d'Autriche, seconde épouse de François Ier
La Reine semble "ailleurs".Quel message veut-elle faire passer à la postérité... ?
Portrait de François Ier par Joos Van Cleve
Le peintre, peu habitué aux usages de la Cour, s'inspire ici de la disposition des mains adoptée précédemment par Jean Clouet.
Un objet soigneusement protégé par des vitres : le Livre d'Heures de François Ier est estimé à 10 millions d'euros...
Il se présente dans une reliure en or émaillée garnie de rubis et de turquoises et de deux intailles en cornaline. Il est accompagné de son signet.
L'arrestation du Christ par Grégoire Guérard
Beaucoup de vie dans ce tableau très expressif à la palette très vive
La Vierge à l'Enfant avec Saint Jean-Baptiste par Grégoire Guérard
J'aime le contraste entre les personnages aux couleurs vives du premier plan et le paysage tout en nuances de gris et d'ocre à l'arrière-plan.
De plus près...
J'ai découvert lors de cette exposition des tableaux bien particuliers : ils sont peints recto-verso. La dernière salle leur est principalement consacrée.
Celui-ci représente Jésus parmi les docteurs et le Songe de Saint-Joseph par le Maître de Dindeville (Bartholomeus Pons).
Jésus parmi les docteurs : intéressante peinture en camaïeu de brun...
Le songe de Saint-Joseph
Epilogue
A partir des années 1535-1540, l'essor du chantier décoratif du château de Fontainebleau qui donnera naissance à "l'Ecole de Fontainebleau" fait passer à l'arrière-plan le courant artistique issu du Nord. Celui-ci n'en coule pas moins de manière plus souterraine, prêt à resurgir de façon inattendue comme dans les deux dernières oeuvres - isolées - présentées ici.
Un très beau tableau de L'enfant prodigue chez les courtisanes d'un Anonyme flamand
Le thème du fils prodigue fut très prisé des artistes des Pays-Bas au XVIème siècle. Le fond précis de paysage parisien (on reconnait Notre-Dame de Paris) autorise à penser qu'elle fut peut-être peinte par un Flamand actif à Paris à la fin du règne de François Ier.
Cliquez sur l'image pour la voir en grand : elle le mérite.
Triomphe exquis au Chevalier fidèle (1548) - Anonyme, Amiens (présenté en cours de restauration)
Offert en 1548 à la Cathédrale d'Amiens par un prêtre, ce tableau célèbre sans doute l'édit de Blois pris contre les Luthériens hérétiques, par Henri II Roi de France depuis 1547.
On peut remarquer un grand contraste entre la partie haute du tableau très italianisante (représentant le char triomphal de la Foi catholique) et la partie basse, plus austère (consacrée aux luthériens).
A Paris il y a toujours de belles choses à voir !
L'exposition dure jusqu'au 15 janvier.
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J'ai lu récemment - et par hasard ou presque - un livre qui m'a passionnée : en fait, je ne suis pas la seule à avoir aimé ce livre de David Foenkinos puisqu'il a eu le Prix Renaudot 2014.
En fait, j'aime bien quand je vais à la Bibliothèque, fouiller dans le rayon "Nous aimons, vous aimez" des bibliothécaires et j'y trouve parfois de vrais trésors de lecture tels que ce livre.
Autoportrait (1940)
La vie de cette jeune artiste juive allemande décédée à 26 ans alors qu'elle était enceinte au camp de concentration d’Auschwitz est vraiment d'une dureté exceptionnelle. Le 5 mars 1940, sous ses yeux, sa grand-mère se jette par la fenêtre. Son grand-père lui révèle alors que sa mère, qu'elle croyait morte d'une grippe, s'est aussi suicidée quand elle avait 8 ans. Elle apprend par la même occasion qu'elle porte le prénom de "Charlotte" en souvenir de sa tante, morte noyée trois ans avant sa naissance.
Elle a laissé un ensemble de peintures sur gouache et de textes accompagnés de partitions musicales, une oeuvre unique appelée Vie ou Théâtre ? dans laquelle elle se raconte.
Moi, je ne vais pas vous la raconter..., je vais vous la montrer au travers de ses peintures (on a retrouvé pas moins de 1325 gouaches ou aquarelles, toutes exécutées à partir des couleurs primaires - le bleu, le rouge et le jaune - car dans cette période de guerre, il y a pénurie de matériaux...). Elle a choisi d'en terminer 800.
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Un souvenir du temps heureux de la petite enfance ainsi légendé
"Pour son premier voyage, Charlotte découvrit les montagnes bavaroises. Elle y repensa bien souvent par la suite. Sa mère était incroyablement joyeuse et chantait et sautait partout avec elle. Son père était sérieux. Il n’en était pas moins heureux d’être en famille. Ils firent également du bateau et grimpèrent tout en haut des montagnes."
Autre souvenir d'enfance, nettement plus douloureux.
La mère de Charlotte, qui s'est défenestrée quand elle avait 9 ans, en 1926, lui dit peu avant de mourir : "Au ciel, tout est beaucoup plus beau que sur terre, et, lorsque ta Maman sera devenue un petit ange, elle descendra et apportera à son petit lapin, elle apportera une lettre dans laquelle elle dira comment c’est au ciel, comment c’est tout là-haut dans le ciel."
Evocation de Paula Lindberg
Son père l'épouse en deuxièmes noces après le suicide de sa mère. On voit ici la salle de l'opéra où "Paulinka" se produit.
30 janvier 1933, le parti nazi est déjà installé en Allemagne...
"C’est pleins d’espoir qu’ils fixent la croix gammée. Le jour de la liberté et du pain s’est levé."
Elle rencontre Amadeus Daverlohn, le professeur de chant de Paulinka.
C'est un grand séducteur et un beau parleur : "Paulinka. Partez maintenant, bonne nuit. Daberlohn. Ah ! mon soleil, ne m’abandonne pas !"
Charlotte Salomon est capable de peindre des dizaines de fois son visage.
Elle transcrit ainsi son bavardage hypnotique, tout en reproduisant son discours.
C'est ce même Daberlohn qui l'encourage à peindre.
Autoportrait "Dépasse la moyenne"
Une idylle finit par se nouer entre Charlotte et Daberlohn.
Mais là encore, le bonheur ne durera pas : ses parents envoient Charlotte rejoindre ses grands-parents, sur la Côte d'Azur, fin 1938, pour la protéger des nazis. Elle ne les reverra jamais, ni eux, ni son cher Amadeus Daberlohn.
Hébergée chez une riche Américaine à Villefranche-sur-Mer
Charlotte subit la proximité d'un grand-père qui ne comprend rien à sa vocation artistique, comme on le voit ici, légendé : "Grand-mère : N'es-tu venue au monde que pour dessiner ? Grand-père : Tu es beaucoup trop indulgente pour elle. Pourquoi ne deviendrait-elle pas femme de chambre, comme les autres ?"
Nouvelle série de têtes
Dans une scène terrible qui suit le suicide de sa grand-mère, le grand-père de Charlotte lui révèle que sa tante et sa mère se sont également suicidées, et qu'elle pourrait bien être la prochaine à le faire.
Elle publie "Vie ? ou Théâtre ?"
Dévastée par ces révélations, en exil loin des siens, directement menacée par la montée du nazisme, Charlotte se lance alors dans la création de ce qu'elle appellera "Vie? ou Théâtre?"... et dont on vient de voir quelques images.
La dernière lettre de Charlotte Salomon
Les derniers mots connus de Charlotte Salomon sont cette lettre, que les spécialistes datent de février 1943, où elle s'accuse d'avoir empoisonné son grand-père.
Une des dernières photos connues de Charlotte Salomon
Vraisemblablement à Villefranche-sur-Mer, où elle s'était réfugiée chez une riche Américaine après avoir fui Berlin fin 1938.
Les photos et les textes sont tirés d'un article du NouvelObs.
J'ai adoré le roman et cela m'a donné envie de découvrir la peinture de cette artiste disparue si jeune avec une telle production, une artiste vraiment complète puisqu'elle a même associé à ses peintures des textes et des partitions de musique...
J'aime beaucoup.
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Départ de Villeneuve-Saint-Georges pour une randonnée qui nous a menés à Brunoy.
Dans le bassin du Grand HaHa à Crosne, des moutons paissent paisiblement: une initiative d'écopâturage. Finies les tondeuses bruyantes et polluantes : dorénavant, des brebis de la race "solognote" pâturent dans ce bassin.
Le sourire de Nicole
Les reflets dans l'eau de l'Yerres (Photo Maryannick)
Joli, ce feuillage d'automne
Un curieux arbre qui, tombé, a repris racine...
Et celui-ci ?
Ses chancres paraissent de pierre (Photo Maryannick)
Une curieuse sculpture appelée le Bras de Fer : elle est de Kasia Ozga, un jeune artiste d'origine polonaise.
Arrivée à la Propriété Caillebotte à Yerres
La propriété a été acquise par Martial Caillebotte, le père du peintre, en 1860.
Typique du XIXe siècle, elle a été aménagée dans les années 1830, dans le style "à l’anglaise", au tracé irrégulier. Elle est aujourd’hui ouverte au public et constitue autant un lieu de repos qu’une invitation à découvrir un riche patrimoine historique : les fameuses fabriques d’ornementation qui parsèment son beau parc d’agrément et qui ont presque toutes été restaurées. Le visiteur peut satisfaire sa curiosité en empruntant les pas de Gustave Caillebotte lui-même, puisque c’est ici, dans la villégiature familiale, que le peintre planta son chevalet en plein air, peignant près de 90 toiles au cours des étés des années 1870.
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L'Orangerie
De style néo-classique (lignes élégantes, fronton triangulaire, figurines), elle servait à l’hivernage des orangers d’ornements, très décoratifs, qui figurent quelquefois sur les tableaux de Gustave Caillebotte.
"Les orangers" par Gustave Caillebotte (1878)
La maison de Gustave Caillebotte (le Casin italien)
"Le parc de la maison Caillebotte" par Gustave Caillebotte (1875)
Construite très probablement dès la fin du XVe siècle, la maison repose sur un soubassement en pierres de taille, et sur des caves voûtées. L’aménagement de la colonnade au style palladien (du nom de l'architecte italien de la Renaissance, Palladio) lui donne son caractère de "maison à l’italienne".
En face de la propriété se trouve la Ferme Ornée (il s'agit d'anciens bâtiments agricoles).
Elle est précédée d'une élégante sculpture représentant un enfant tenant dans ses bras une oie (il s'agit d'une copie d'une statue du Musée du Louvre (Rome, Ier-IIème siècle ap. J.-C. Marbre) exécutée en 1998 à l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Gustave Caillebotte ).
L'enfant à l'oie
La petite fontaine fait face à un exèdre dû à Pierre Frédéric Borel (des piliers surmontés de têtes sculptées). Dans l'antiquité greco-romaine, l'exèdre était une composition architecturale destinée à former un espace de réunion propice aux discussions philosophiques.
Mais qui sont ces beaux barbus... ?
Les différentes têtes qui couronnent les piliers évoquent des personnages antiques : héros, dieux, philosophes mais elles ont été déplacées plusieurs fois et aucun document ne relate dans quel ordre elles se trouvaient à l'époque où la famille Caillebotte vivait dans la propriété.
Voici le buste de Platon, le philosophe qui rend hommage à l'esprit de discussion associé à la conception de l'exèdre.
Et celui d'Asclépios, dieu médecin, fils d’Apollon et de Coronis, Princesse de Thessalie. La déesse Athéna lui fit don de deux fioles contenant le sang de la terrible Méduse. Ces fioles représentaient l'essence même de la médecine. Avec l'une d'elles, on obtenait un poison violent et avec l'autre, un puissant élixir de guérison.
Et voici Antinoüs, l'amant de l'Empereur Adrien, noyé dans le Nil à seulement 20 ans dans des circonstances mystérieuses...
La Ferme Ornée porte ce nom parce qu'elle devait - c'était la mode à l'époque - être décorée discrètement, avec des parements colorés (fausses briques). Elle est utilisée aujourd'hui pour accueillir des expositions.
Le Chalet suisse
Ce chalet de montagne prolonge les bâtiments de la Ferme Ornée et habille ce qui était la laiterie. La décoration du bois finement découpé est due à Martial Caillebotte, le frère de Gustave. Il accueille depuis 2008 le restaurant gastronomique Chalet du Parc, animé par le chef Philippe Detourbe.
Le 19 octobre courant, le Chalet suisse propose une soirée Jazz avec au menu :
Amuse-bouche
Velouté de champignons ou Emulsion de châtaigne
Cerviche de daurade accompagnée d'une salade de betteraves aux noisettes
Noix de veau aux fruits secs en basse température accompagnée de ses légumes anciens
Mille-feuilles aux coingsLe tout pour 55 euros : moi, si j'avais été disponible, j'y serais bien allée...
"Le jardin à Yerres" par Gustave Caillebotte (1876)
Le kiosque
C'est un pavillon belvédère qui permettait au promeneur de dominer le paysage et d’apercevoir le mont Griffon, point culminant d’Yerres. Richement décoré, il présente des ornements en bois imitant le bambou, et des vitraux ayant pour motif des griffons.Le kiosque surmonte la butte qui contient la glacière. Il est l’élément ornemental de la fabrique.
La grotte située juste en-dessous permet d'accéder à la Glacière.
Située sous le kiosque et profonde de 7 mètres, la glacière permettait de disposer de glace et de conserver les aliments pendant la saison chaude. La porte d’accès est encadrée par un enrochement de meulières en forme de grotte. Elle a été rendue visitable au moyen d’une passerelle qui fait pénétrer le visiteur en son cœur.
Une autre fabrique : la Chapelle Notre-Dame-du-Lierre
Romano-gothique, d'inspiration anglaise, elle rappelle l'hypothèse de l'origine (par assonance) du nom d'Yerres. Elle fut construite par le père de Gustave, Martial Caillebotte, en l'honneur de son fils Alfred (d'un premier lit) qui était curé de Notre Dame de Lorette.
Elle a été entièrement restaurée en 2016 pour reprendre l'apparence qu'elle avait au XIXème siècle.
Retour à l'Orangerie pour le pique-nique du midi
Merci pour la photo Maryannick
Nous quittons ce beau parc en passant par la Ferme Ornée.
Derrière la barrière, se trouve la Volière.
"La volière dans la Ferme Ornée" de Gustave Caillebotte (1871)
L'entrée de la propriété Caillebotte
Pour nous, c'est la sortie !
Nous longeons maintenant les bords de l'Yerres au niveau du Parc des Deux Rivières.
De place en place, des panonceaux présentent des poésies d'auteurs illustres : sympa cette initiative de la ville !
Le lac de Lamartine
La Gerbe d'or
Cette belle maison bourgeoise a été construite en 1827 par le yerrois Gabriel Sallin. La famille Raingo la rachète en 1843. Menacée de destruction, elle a été rachetée en 2003 par la ville et abrite actuellement 12 logements.
La maison a été peinte par Claude Monet, ami du collectionneur Ernest Hochedé (marié avec Alice Raingo). Claude Monet épousera celle-ci au décès d'Ernest.
Quelle majesté pour cet arbre !
Le passage de la passerelle
Ce "Platane commun" a miraculeusement réchappé à la tempête de 1999 et des rejets sont repartis du tronc... Il a même un panonceau rien que pour lui.
Le compte y est : nous sommes 23 aujourd'hui à randonner.
Un héron cendré et un vulgaire canard
Quel curieux conifère ! Il change de couleur avec les saisons...
Arrivée à Brunoy : sympa le restaurant au bord de l'Yerres...
Merci à Paul qui a guidé cette randonnée.
4 commentaires -
C'est au métro Falguière que Delphine Lanvin, guide-conférencière professionnelle, nous accueille ce lundi matin pour une visite guidée autour de la Tour Montparnasse.
Et c'est face à ce bâtiment tout en verre, oeuvre de Jean Nouvel et Bernard Valéro, qu'elle commence sa visite : nous sommes une petite vingtaine à la suivre.
Personnellement, je n'aime pas du tout cette aile de l'hôpital Necker consacrée à la recherche mais j'ai appris une chose : les taches blanches sur les vitres ne sont pas du tout des carreaux mal lavés mais font référence au génome humain...
Juste en face, au 144 de la rue de Vaugirard, se trouve la Villa Garnier.
Il s'agit d'une construction "Art déco", assez originale avec sa tour en arrondi, datant probablement du premier quart du XXème siècle.
La construction est en béton armé (c'est l'époque où ce matériau a commencé à être utilisé) et, pour plus de précautions, il a été recouvert d'une mosaïque dans les tons beige imitant la pierre.
Tout y est géométrique : les carrés des fenêtres, l'arrondi du porche, les lucarnes en œil de bœuf des escaliers...
Au fond de la cour, de petites maisons ont trouvé abri.
Un peu plus loin dans la rue de Vaugirard, se trouve l'impasse de l'Enfant Jésus (rappelant qu'ici se trouvait autrefois la Maison Royale de l'Enfant Jésus qui soignait les enfants). C'est maintenant le rôle de l'Hôpital Necker voisin.
C'est d'ailleurs dans ce même Hôpital Necker, nous apprend notre guide, qu'a été inventé au début de l'année 1816 le stéthoscope par le Docteur René Laennec.
C'est en regardant des enfants jouer dans un square avec un morceau de bois (l'un d'eux gratte l'extrémité d'une longue poutre avec la pointe d'un clou et à l'autre bout, l'oreille collée à la poutre, les autres recueillent les sons, se bousculent pour entendre, et rient de leur découverte.) qu'il eut l'idée d'utiliser une liasse de papiers roulés (provenant de son cahier d'observation) pour écouter le coeur d'une patiente cardiaque. Il appelle cet "instrument" le pectoriloque. Par la suite, il construisit plusieurs modèles en bois.
Le Docteur Laennec auscultant un phtisique (un tuberculeux) devant ses élèves à l'Hôpital Necker
Peinture de Théobald Chartran
Le stéthoscope de Laennec est en bois et rétractable.
On trouve maintenant dans cette impasse le Samu de Paris (créé en 1972 par le Professeur Cara).
Cette autre impasse (impasse Ronsin) est liée à un femme qui fit beaucoup parler d'elle : il s'agit de Marguerite Steinheil, qui fut la maîtresse du Président Félix Faure. Vous savez peut-être que cela se termina très mal pour lui...
En effet, le 16 février 1899, le Président appelle sa maîtresse au téléphone et lui demande de passer le voir en fin d’après-midi. Quelques instants après son arrivée, les domestiques entendent un coup de sonnette éperdu et accourent : allongé sur un divan, Félix Faure râle tandis que Marguerite Steinheil rajuste ses vêtements en désordre. Le chef de l'État meurt quelques heures plus tard. Les causes réelles de la mort du Président restent pourtant incertaines : certains disent qu'il se pourrait qu'il ait été assassiné pour avoir pris position au début de 1899 contre la réouverture du procès d'Alfred Dreyfus...
Marguerite Steinheil peinte par Léon Bonnat
Il n'avait pas mauvais goût le Président !
Par ailleurs, la rue a aussi été le théâtre du double crime de "l'affaire Steinheil".
C'est encore Marguerite qui tient le devant de la scène !
Le 31 mai 1908, le valet de chambre du couple découvrit au petit matin une scène d'horreur : ayant trouvé Mme Steinheil ligotée et baillonnée sur son lit, il découvre ensuite les corps sans vie d'Adolphe Steinheil et de la mère de Marguerite - qui était en visite lors de l'agression.
Le médecin légiste constata que le peintre et sa belle-mère avaient été étranglés.
Devant les incohérences des propos tenus par Marguerite Steinheil, celle-ci, surnommée "la veuve rouge", fut accusée du double assassinat même si aucun mobile ne fut clairement établi. Sans preuves tangibles cependant, elle fut acquittée...
La foule réunie devant le lieu du crime
Plus de 100 ans plus tard, il y a toujours un attroupement dans l'impasse Ronsin : notre groupe écoute les explications du guide !
Nous empruntons ensuite un passage piétonnier pour rejoindre la rue Falguière...
dans laquelle prend la Villa Gabriel ouverte en 1895.
Un vrai miracle dans ce quartier bouleversé par la construction de la Tour dans les années 1960-70
Les nombreuses baies vitrées percées dans les immeubles de briques et pierre, ma foi très élégants, témoignent du passé artistique de cet îlot préservé.
Retour sur la rue Antoine Bourdelle avec cet immeuble ultra-moderne qui forme des managers experts : il s'agit d'une extension de l'Ecole Commerciale de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Paris (E.C.C.I.P)
Voici la partie ancienne de la grande école : s’articulant avec le bâtiment préservé datant de 1908, le second édifice est pensé comme son contraire, opposant à la façade en brique du premier une surface lisse et vitrée aux couleurs vives, dont les panneaux dynamiques font entrer ou bloquent le soleil selon les saisons.
Une inscription sur le fronton : anno 1908
En passant par la rue Falguière qui constitue l'arrière de l'école, on aperçoit à travers les grilles l'espace détente des élèves : non bad !
Un autre immeuble ultra-moderne fait d'horizontales de verre et d'acier : celui de l'ancien siège du journal Le Monde, au 15 rue Falguière
Actuellement occupé par l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme
Nous voici maintenant sur l'Avenue du Maine
L'avenue tire son nom de celui du Duc du Maine, fils légitimé de la Marquise de Montespan avec Louis XIV, qui possédait un rendez-vous de chasse, le "domaine de Fantaisie" encore appelé "Château du Maine", à la pointe Nord du domaine de Sceaux.
Pour aller d'une habitation à l'autre, le Duc du Maine - afin de raccourcir le parcours qui l'obligeait à emprunter les petites rues de Paris - fit percer à travers la campagne de l'époque (Plateau de Montrouge), un chemin qui partait de l'actuelle débouché des rues de Sèvres, de Vaugirard et du Cherche-Midi, et qui rejoignait la route d'Orléans située sur la commune de Montrouge (ainsi que l'indique le Plan de Vaugondy de 1760).
Cette voie porta les noms de Chemin d'Orléans vers 1760, Nouvelle Route d'Orléans vers 1763, Chemin du Petit-Montrouge vers 1777, Route du Maine vers 1791 avant de prendre, à partir de 1821, celui de Chaussée du Maine et enfin d'Avenue du Maine.
Voici une gravure rendant compte de ce qu'était le Château au XVIIIème siècle : les dépendances, seules survivantes du domaine de Fantaisie, se trouvent encore dans la cour du 133 de la rue du Château.
Au numéro 15 de l'Avenue étaient situés les ateliers Cavaillé-Coll (manufacture d'orgues d'églises).
Notre guide nous montre une gravure représentant l'ancienne Manufacture du Maine.
Dans la cour juste à côté, un Hôtel particulier a survécu miraculeusement au traumatisme subi par ce quartier dans les années 1960-70. Il mériterait une petite restauration...
Un peu plus loin, au numéro 21, une impasse miraculeusement préservée, vestige des riches heures du Montparnasse des artistes. Il s'agit d'une cité d'artistes où survit un peu l'esprit de bohème des années folles : il y règne une douceur de vivre d'un autre temps...
Au milieu du XIXème siècle, à cet endroit, alors Chaussée du Maine, est établi un relais de poste datant du XVIIème siècle. Celui-ci perd peu à peu de son utilité avec le développement de la gare Montparnasse. En 1901, l'avocat Joseph Roux fait bâtir des ateliers en utilisant des matériaux de récupération provenant de la récente Exposition Universelle. Les bicoques de piètre qualité se louent à faible coût et très vite artistes et artisans modestes s'installent.
En 1908, l'artiste-peintre Marie Vassilieff fonde l'Académie russe et en 1912, elle installe son atelier au 21 avenue du Maine. Elle crée alors une nouvelle Académie.
Chemin du Montparnasse se croise toute l'avant-garde artistique : Aïcha la mulâtresse - artiste venue du cirque, modèle favori de nombreux peintres -, Guillaume Apollinaire, Maurice Utrillo, Constantin Brancusi, Amadeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Pablo Picasso, Georges Braque, Jean Cocteau, Blaise Cendrars, Fernand Léger, Eric Satie, Henri Matisse, Max Jacob, Raymond Radiguet, Amedeo Modigliani, Ossip Zadkine, Chaïm Soutine…
Un bouillonnement créatif intense
Pendant la Première Guerre Mondiale, Marie Vassilieff ouvrit à cette adresse une cantine qui, pour quelques centimes, offrait aux artistes que la guerre lésait (ils ne pouvaient plus vendre leurs oeuvres aussi facilement) un repas complet et un verre de vin. Rapidement, ce club privé - qui n'est pas soumis au couvre-feu - devient un lieu de rassemblement festif.
Ce lieu de mémoire, carrefour des mixités où résident encore peintres, sculpteurs et photographes, est un joli secret parisien pleine de charme.
Poursuivant son destin dédié à la création, le Chemin du Montparnasse accueille l'Espace Krajcberg, du nom du sculpteur polonais naturalisé brésilien Frans Krajcberg et la Villa Vassilieff, nouvel espace culturel de la Ville de Paris.
La tour n'est jamais très loin...
Prenant sur le Boulevard Edgar Quinet, ce square porte le nom de Gaston Baty qui anima le Théâtre Montparnasse dans les années 1930.
On y trouve une statue de Soutine par Arbit Blatas - un sculpteur lituanien - à l'image de la peinture tourmentée de son auteur...
Autoportrait de Chaïm Soutine (1916)
Le bœuf écorché par Soutine (1924-1925)
Notre guide nous expliquera que le peintre gardera cette pièce de viande - afin de la peindre - pendant plus d'un mois dans son atelier... Bonjour l'odeur !
Direction la rue de la Gaité : elle tire son nom de son passé dévolu aux plaisir parisiens : là se côtoient encore restaurants et salles de spectacle.
Paris a toujours accueilli des troupes de théâtre italiennes, principalement désignées sous le vocable de Théâtre-Italien ou Comédie-Italienne. L'hôtel de bourgogne, puis la salle Favart en sont les témoins.
La "Comédie Italienne" située rue de la gaité date de 1974. Dans cette petite salle sont programmées des pièces d’auteurs italiens, classiques (comme Carlo Goldoni) et contemporains, jouées en français.
Au fond d'une l'impasse, l'entrée de Bobino, la célèbre salle de Music-Hall : c'est dans cette salle que Joséphine Baker fit sa dernière apparition sur scène.
Le lendemain de la quatorzième représentation, le 10 avril 1975, l’artiste est victime d'une attaque cérébrale à son domicile. Elle décède le 12 avril et, lors de ses obsèques le 15, le cortège funèbre passe devant Bobino dont l'enseigne porte encore son nom en grandes lettres.
L'entrée actuelle de Bobino
Devant le théâtre, une sculpture représente Georges Brassens assis sur une chaise : il s'est produit lui aussi plusieurs fois à Bobino et je suis allée l'écouter au moins deux fois à l'époque.
Avant de terminer cette promenade par la visite du Jardin Atlantique, un petit arrêt rue du Maine devant un autre théâtre parisien que je connais : le Guichet Montparnasse
Une soixantaine de places en gradins : c'est l'avantage de ce petit théâtre où l'on peut vivre la pièce au plus près des acteurs.
Notre guide m'a aussi fait découvrir une Chapelle devant laquelle je suis passée maintes fois sans la voir... Il s'agit de la Chapelle Saint-Bernard.
La chapelle a été construite sur l'initiative de Victor Bucaille chargé dès 1954 au Conseil de Paris de la réflexion sur la "nouvelle gare Montparnasse". À l'image d'autres capitales d'Europe, il a souhaité qu'au moins une gare parisienne possède un lieu de culte, et à ce jour cette chapelle est la seule implantée dans une gare parisienne.
Sur la façade donnant sur la Place Raoul-Dautry, on remarque le vitrail du maître-verrier Jacques Loire intitulé "Le Christ accueillant" (Photo David Métreau). Il a été posé en février 2015.
Le Christ est adossé à une grande croix verte, signe d'espérance et repose sur un arc de cercle symbolisant le monde, les peuples de tous les pays, pour lequel le Christ est venu sur terre.
Pour accéder à la Chapelle, il faut descendre au niveau des sous-sols de la gare.
L'intérieur de la chapelle est très sobre.
Une statue de la Vierge en bois polychrome, offerte à la chapelle à son origine par le sculpteur Albert Dubos, posée sur un haut socle de bois, accueille le visiteur presque à l’entrée de la chapelle.
L'autel a été façonné à parti de traverses de chemin de fer en bois : un clin d'oeil à sa situation...
Au sortir de la Chapelle, une photo intéressante qui symbolise bien Paris
Pour trouver le Jardin Atlantique, il faut passer par la Gare Montparnasse : un vrai parcours du combattant avant de trouver le bon escalier...
La gare est en travaux actuellement. Voici une affiche publicitaire montrant à quoi elle ressemblera. On pourra alors y mieux voir les fresques de Vassarély actuellement cachées par des panonceaux publicitaires...
Le Jardin Atlantique coiffe la gare Montparnasse depuis 1994.
Il rend hommage à la région Ouest (la gare Montparnasse dessert la Bretagne) avec des lampadaires figurant des voiles de bateaux...
Deux Musées y a trouvé leur place.
Le Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris,
et le Musée Jean Moulin.
Petite promenade dans le labyrinthe
La végétation y est luxuriante...
Les ondulations du sol suggèrent les vagues...
Une jolie promenade sous le soleil - de 3 heures tout de même - au cours de laquelle j'ai découvert plein de lieux que je ne connaissais pas...
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Il y a quelques temps, Christianne Talfumières m'a contactée pour me demander si j'accepterais de "prêter" l'une de mes photos à Jérémie Brigand, le Président de la Communauté de Communes, pour illustrer le numéro d'octobre du Magazine Châtillonnais Mag'.
Quelques jours plus tard, l'élu me téléphonait (c'est fou ce qu'il a la voix de son père !) et je lui confirmais mon accord.
Et voici que l'une de mes photos a fait la Une de couverture !
Le magazine fait l'éloge de la ruralité de cette région de la Bourgogne et en page 13 (Tourisme), je m'aperçois que cette fois-ci nous sommes tous les deux en photo (à droite).
Cliquez sur la photo pour lire le texte.
Jérémie Brigand m'a bien sûr remerciée pour cet emprunt et m'a joint le magazine.
Mon premier autographe d'un élu !
Depuis que j'habite Courcelles, je n'ai jamais été aussi photographiée...
Amusant pour une parisienne que tout destine à l'anonymat !
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