• Je suis allée en compagnie de quelques collègues lundi après-midi assister à une pièce de théâtre proposée aux adhérents de Générations 13 par l'intermédiaire de la Conciergerie de l'association "Le Pari Solidaire" qui œuvre dans le domaine de l'habitat intergénérationnel et avec laquelle G13 noue des liens.

    Je viens d'en faire le compte-rendu sur le site de G13 : pour le consulter, cliquez ICI. Vous pouvez en profiter aussi pour vous promener sur le site de G13 !


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  • Ma sœur, qui prend chaque année la carte du Louvre, m'a invitée comme elle en a le droit à visiter en sa compagnie la grande exposition du moment ce vendredi soir : cela fait partie des avantages dont elle peut faire profiter ses proches...

    Il y a toujours une "installation" à l'intérieur de la pyramide : cette année, c'est l'artiste Barthélémy Toguo qui expose une œuvre monumentale nommée "le Pilier des migrants disparus".

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Ils nous rappellent à leur façon ce que devient au quotidien notre histoire contemporaine traversée de tous les déplacements forcés des réfugiés du monde qui tentent le voyage vers un monde habitable au péril de leur vie. Souvenir plus lointain de la traite et de l’esclavage ? Ils sont en tout cas les signes de toutes les trajectoires périlleuses d'hommes, de femmes et d'enfants qui fuient les guerres, la famine, la misère et les catastrophes écologiques. La Pyramide du Louvre devient l'écrin de verre où flottent ces ballots sans leurs maîtres auxquels on songera forcément. Accrochés autour d'un mât souple, ils forment une échelle de sauvetage que l'artiste veut opposer au cauchemar de l'histoire dont il ne peut se réveiller.

     Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Entrons maintenant dans le vif du sujet avec l'exposition "Les Choses, une histoire de la nature morte" qu'il est encore possible de voir jusqu'au 23 janvier 2023.

    Le Louvre remet à l’honneur un genre souvent considéré comme mineur malgré son succès auprès des amateurs: la nature morte. L’expression française «nature morte », née à la fin du 17e siècle, définit mal ce qui est en réalité la représentation d’un amoncellement de choses, parfois bien vivantes, associées selon un ordre choisi par l’artiste. Le mot « chose » adopté par l’exposition semble donc plus adéquat pour traiter cette thématique dans son ensemble.

    L'exposition est très importante (elle présente près de 170 œuvres) : je n'ai donc choisi de vous montrer que quelques unes d'entre elles (25 œuvres) qui m'ont attiré l'œil.

    Elles ont été classées par genre.

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    Nature morte

    Peinture ayant pour sujet principal des objets de la vie quotidienne, des fleurs, des fruits, des légumes, du gibier ou encore des poissons chargés d’un caractère symbolique. C’est au 17e siècle que la nature morte devient un genre pictural indépendant. Vers 1650 apparaît aux Pays-Bas le terme de still-leven (nature immobile) qui se traduit par stilleleben en Allemagne et enfin still-life dans les pays anglo-saxons. En France, jusqu’au 17e  siècle, on parle de «Nature inanimée », de «Choses mortes et sans mouvement» ou encore de «Vie immobile et silencieuse ». Au 18e siècle, le succès de ce genre nécessite l'adoption d’un terme nouveau et, en 1756, apparaît l’expression «nature morte».

    Nature morte avec fruits et gibier - Peintures à Herculanum (50-79 de notre ère)

    Comme d'autres peintres avant lui, l'artiste fait montre ici de virtuosité dans la reproduction mimétique des choses, saisies dans leur beauté, leur humilité, leur fragilité aussi. La représentation le dispute à la nature 

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte aux légumes - Frans Snyders (vers 1610)

    Peinte vers 1610 par l'artiste flamand Frans Snyders, élève de Pieter Brueghel le Jeune et de Hendrick Van Balen, cette Nature morte aux légumes présente en gros plan la récolte d'un couple de paysans renvoyés, eux, en minuscule dans le lointain. Les producteurs sont condamnés à l'état subalterne alors même que ce sont eux qui travaillent la terre afin de produire des marchandises à vendre. Le chou, le cardon, le melon ou les carottes forment une montagne de choses qui se déverse sur nous comme pour annoncer le règne des choses qui prennent le dessus en occupant la scène principale.

    C'est vrai que si on passe un peu vite, on loupe la scène des paysans...

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte Le bœuf écorché - Rembrandt (1655)

    Ce n'est pas la première fois que je la vois, mais c'est la première fois que je la regarde de près.

    Au milieu du 17e siècle, le motif de la bête en cours d'équarrissage est courant en peinture. Rembrandt et ses élèves ont pu représenter des scènes de boucherie. Mais l'originalité de ce Boeuf écorché tient à sa seule présence dans l'image, où la silhouette d'une servante, qui observe le cadavre mutilé comme nous la regardons, renforce son énormité. Cette grande forme de graisse et de sang dramatisée rompt avec les peintures de banquets et de marchés alors à la mode. Rembrandt oppose à cette tradition, pour la première fois, une seule chose morte, mais qui habite étrangement le monde.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    J'ai adoré cette Nature morte de gibier prêt à mettre en broche par François Desportes (1716).

    Desportes nous amène en cuisine, où attendent d'être rôties diverses pièces de gibier. A l'inverse des artistes flamands qui, au 17e siècle, élargissaient leur nature morte aux dimensions des étals et des intérieurs, l'artiste se concentre sur ces seules choses, dont certaines basculent du côté du décoratif. L'oeuvre, d'ailleurs, fut conçus pour les appartements du Régent, au Palais-Royal à Paris. Cette destination n'enlève cependant rien à l'originalité de cette nature morte, et d'abord au sein de l'oeuvre de Desportes. Avant Chardin, il a ainsi contribué à renouveler le genre.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Panaches de mer, lithophytes et coquilles - Anne Vallayer-Coster (1769)

    Une peintre femme, française, que j'ai découverte grâce aux conférences d'histoire de l'art de Générations 13.

    Cette œuvre dit la passion du 18e siècle français pour les curiosités de toutes sortes. La jeune Anne Vallayer venait d'être reçue par l'Académie royale de Peinture et de Sculpture quand elle a réuni ces ces coquillages, ces éponges, ces coraux et ces panaches de mer. La rigueur taxinomique en moins, cette collection agencée de façon pittoresque renvoie aux objets d'étude des cabinets scientifiques et de curiosités. Surtout, elle croise la mode "rocaille", fondée sur l'imagination des caprices de la nature, et les merveilles des boutiques de luxe où la nature se réinventait sous des formes fastueuses.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte avec pastèques et pommes dans un paysage - Luiz Egidio Meléndez (1771)

    Meléndez a posé ses pastèques sur fond de ciel orageux. Majestueuses, elles dominent leur environnement, écrasantes du fait de la composition en diagonale où l'effet d'accumulation nous accable. Si l'artiste leur donne une telle place, c'est que sa nature morte était destinée au cabinet d'histoire naturelle de Charles de Bourbon, prince des Asturies et héritier du trône d'Espagne. Au delà du souci scientifique, l'oeuvre atteste dans le rendu de la chair aqueuse, ponctuée de pépins noirs luisants, d'un souci décoratif et d'une fascination de Meléndez pour la simple matière et la présence nue des choses.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Botte d'asperges - Edouard Manet (1880)

    Manet a mis tout son art dans cette botte d'asperges dont les riches couleurs la détachent du fond sombre et de son épais lit de feuilles. L'artiste s'est beaucoup intéressé à cette plante durant les mois d'avril-mai 1880 qui correspondent à la période de sa cueillette et de sa consommation alors favorisée par une culture intensive. Autrefois réservée à la table des rois, l'asperge devient ici une belle botte appétissante comme une chose simple, banale et démocratique.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte aux oranges (Tanger) - Henri Matisse (début 1912)

    Comme Picasso, à qui il l'a empruntée pour finir son exposition sur "La nature morte de l'antiquité à nos jours" en 1952, l'historien de l'art Charles Sterling (1901-1991) admirait cette nature morte d'oranges. Matisse l'avait peinte au début de son premier séjour au Maroc, non sans douleurs : elle lui avait paru "insuffisante", bien que "jolie". Il l'avait recommencée, mais au risque de perdre l'essentiel : l'épaisseur des choses, leur substance, et cette sorte d'élan, la joie et la beauté qui devaient passer dans le modelé, les lignes et les couleurs, la légèreté de la touche.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Changement d'époque mais surtout de style avec cette Nature morte d'après "La desserte" de Davidsz. de Heem - Henri Matisse (1915)

    Matisse a copié "La desserte" en 1893, pour se mesurer à sa force, à son faste. En 1915, il s'y confronte encore, mais à partir de sa copie en 1893 "selon les méthodes de la construction moderne", affirme l'artiste. Il en résulte une variation monumentale du chef-d'oeuvre, où le cubisme en particulier modifie la donne en donnant aux choses une autre présence (ainsi le luth est vu à la fois de face et de côté). Quant à la dimension morale de "La desserte", alors que la grande guerre fait rage, elle réside alors peut-être davantage dans la tentative d'ordonner le chaos du monde.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Mon intérieur, Paris - Nature morte au réveil - Léonard Foujita (1921)

    Sur le buffet, on reconnaît la célèbre paire de lunettes rondes de Foujita. De là, le titre du tableau pourrait non seulement renvoyer à l'atelier du peintre et à ses choses, mais aussi à un autoportrait, formé, en partant des sabots surexposés, comme des pieds, par des lunettes (les yeux ?), la lampe (nez ?), le linge à carreaux (dents ?), tenus ensemble dans la fusion des plans. Arcimboldo moderne, Foujita pourrait avoir livré son "portrait robot", où des choses très humaines renverraient autant à son intériorité qu'à son intérieur parisien.

    A la dernière conférence d'Histoire de l'art à G13, Lucie, la conférencière, nous l'avait effectivement présenté comme un autoportrait caché : je trouve ça un peu tiré par les cheveux...

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Grande nature morte au guéridon - Pablo Picasse (1931)

    Tout semble très vivant dans cette Grande nature morte. Dans la chaleur des couleurs, le dynamisme des courbes, les êtres et les choses dialoguent et fusionnent. Il en va d'une métamorphose joyeuse : les pommes sont comme des seins, le pichet jaune ondoie comme une chevelure. Marie-Thérèse Walter règne sur ce monde mouvant et très humain, où les formes organiques, le jaune et le mauve, évoquent en effet la compagne et modèle de l'artiste. Quarante ans plus tard, à même cette toile, Picasso traçait encore du doigt les courbes de la jeune femme en s'exclamant. "En voilà une nature morte !"

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

    Nature morte à la tête de mouton - Bernard Buffet (1952)

    Ce tableau de jeunesse de Bernard Buffet se réfère à la Nature morte à la tête de mouton de Goya, qu'il admirait. Buffet sort alors de l'expérience de la guerre, et la dureté de son œuvre évoque d'emblée un monde de pénurie et de douleur. Mais la bête ricanant, à l'œil torve, dans cet environnement sordide, caricature sans doute l'artiste lui-même, célèbre mais peu compris de son époque.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte vivante - Salvador Dali (1956)

    Dali s'affronte ici à la tradition classique , aux maîtres anciens du 17e siècle - Linard, Van Schooten ou Claez Heda. Il veut attaquer la monotonie de l'art moderne institutionnalisé. Ainsi fait-il allégeance aux conventions de la nature morte, mais en la défiant par l'intrusion d'éléments incongrus : une bouteille d'Anis del Mono, ou la structure de l'ADN. Surtout, Dali représente des choses vivantes, en lévitation. L'œuvre achève ainsi de nous dépayser, en même temps qu'elle contredit l'idée même d'une nature qui serait "morte".

    Trouverez-vous la structure de l'ADN... ?

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    J'adore !

    Un tableau plein de fantaisie comme à l'habitude chez Dali. Regardez comme l'eau qui s'échappe de la bouteille est superbement rendue par le peintre.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

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     Vanité 

    Nature morte dont les objets font référence à la fragilité et à la brièveté de l’existence humaine, ce qui signifie qu’il faut se tourner vers Dieu plutôt que vers les plaisirs terrestres. Le motif que l’on retrouve le plus souvent est le crâne qui rappelle la finitude de notre existence terrestre. D’autres motifs récurrents symbolisent le temps qui passe (fleurs fanées, fruits gâtés, sablier…) ou encore les plaisirs éphémères de la vie dont il faut se détacher, comme la musique, la lecture ou la bonne chère.

    Georges de la Tour et sa Madeleine à la veilleuse (vers 1642-1644).

    Georges de la Tour représente la disciple du Christ en train de méditer dans sa cellule, pieds nus et pauvrement vêtue. Sa main droite est posée sur une tête de mort qu'elle tient sur ses genoux, en rappel de la vanité de l'existence sur terre. Après avoir péché selon la loi chrétienne, Madeleine se consacre désormais à la vie contemplative. Ce tableau dépouillé aux formes simples met en valeur les objets symboliques de la foi : la lampe à huile dont la flamme est aussi fragile que la vie, deux livres religieux, un crucifix et une discipline (fouet pour se flageller).

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    La richesse de l'avare et sa mort - Hieronymus Franken II (vers 1600)

    Ce tableau exhibe le luxe et le faste d'Anvers, en dépit des ravages de la guerre de Quatre-Vingts ans (1568-1648). La ville en effet est restée réputée pour ces produits de luxe que Hieronymus Franken II décrit avec précision. Ce faisant, il suscite l'admiration, voire notre convoitise. Nous aurions cependant tort de ne pas nous détacher de ces choses somptuaires pour voir à l'arrière-plan leur propriétaire, couché sur son lit de mort et entraîné par des démons aux enfers. L'artiste suggère ainsi la vanité de ces choses fabuleuses, qui consument l'homme et sa foi.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

     ► Pour rester dans le domaine culinaire, voici cet autre tableau de Joachim Beuckelaer (1589) représentant une "Scène de cuisine avec Jésus dans la maison de Marthe et Marie en arrière-plan".

    Dans la peinture flamande de la fin du 16e siècle, la représentation de la cuisine est souvent associée à la visite de Jésus chez Marthe et Marie. La scène biblique passe ici à l'arrière-plan, pour concentrer l'attention sur la cuisinière, sorte de double de Marthe, absorbée par les tâches domestiques, quand Marie écoute la parole du Christ. La cuisinière se situe du côté des choses de ce monde : la forme du gigot fait écho à son sein, le chou renvoie à sa sexualité, la courge à la fertilité et au sexe masculin. L'instabilité même des plats suggérerait celle de la nature humaine, dominée par la sexualité.

    Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'écriteau décrivant le tableau !

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Grand vase Charpin - Barthélémy Toguo (2016)

    En 2011, Barthélémy Toguo est invité à créer une série d'oeuvres uniques sur de nouvelles formes de vases créés par Pierre Charpin à la manufacture de Sèvres. Il s'inspire de travaux scientifiques et part de modèles de cellules infectées et de virus (VIH, Ebola) transformés par les nouvelles techniques d'impression en 3D, avant d'en grossir les formes. Si ce grand vase est à première vue décoratif, de plus près, la vanité représentée sous un entrelacs de fleurs et de tiges (la tête de mort) évoque les catastrophes. Aujourd'hui, alors qu'une pandémie frappe le monde entier, il semble annoncer les fléaux à répétition.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

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     Ready-made 

    Un ready-made est un objet de la vie quotidienne qui est détourné de sa fonction utilitaire pour atteindre le statut d'œuvre d’art. C’est l’artiste Marcel Duchamp (1887-1968) qui crée les premiers ready-made à partir de 1913, dont le plus célèbre est son urinoir présenté à l’envers, qu’il rebaptise Fontaine en 1917.

    Porte-bouteille - Marcel Duchamp (1914) 

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

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     Scènes de la vie religieuse  

    L'annonciation - Atelier de Rogier Van der Weyden (vers 1435-1440)

    L'annonciation, le message de l'ange Gabriel à la Vierge Marie lui annonçant qu'elle sera la mère de Jésus, a ici pour cadre une chambre à coucher typique des demeures bourgeoises du milieu du 15e siècle. Le mobilier et les objets sont traités avec naturalisme, ce qui les inscrit dans le quotidien profane de l'époque. Pourtant ce décor n'est pas représenté pour lui-même mais est subordonné au religieux. Ainsi l'aiguière suggère la purification par l'eau, l'orange fait allusion au fruit défendu, le lis évoque la pureté éternelle de Marie.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

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     Inclassables 

    Table, dite aussi "Table surréaliste" - Alberto Giacometti (1933)

    Cette table surréaliste associe une tête féminine, une main coupée, un polyèdre et un creuset contenant une fiole. L'assemblage est poétique et symbolique. Son incongruité évoque la "rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie", dont le comte de Lautréamont, salué par les surréalistes comme l'un de leurs prédécesseurs, vantait la beauté en 1869. Le polyèdre, lui, est directement emprunté à "Melancolia 1 (1514) de Dürer, alors que Giacometti est dévasté par la mort de son père. La table surréaliste exprime sa souffrance et le surgissement des fantômes. 

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

    Cocotte de moules fermées - Marcel Broodthaers (1964)

    Il s'agit d'un des premiers assemblages de Broodthaers, après qu'il a abandonné la poésie et la littérature pour, affirmait-il ironiquement, "entrer dans le moule", "vendre quelque chose et réussir". L'œuvre s'inscrit dans une série d'autres "casseroles de moules", évoquant le plat national de sa Belgique natale, et surtout cette "reconversion" en forme de blague. Référence surréalisante aux coquillages des natures mortes flamandes, symboles de vanité, le mollusque fermé contient du vide, comme l'artiste, qui, par dérision, atteint au degré zéro du langage plastique.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

    Sans titre - Thomas Schütte (2001)

    On donnerait volontiers pour ancêtres à ces marionnettes aux têtes grotesques les "Têtes de caractère" de Franz Xaver Messerschmidt (1756-1783) qui dépeignent des expressions faciales et des états d'âme. Elles font partie d'une série de 18 sculptures commencées en 1992 intitulée "Ennemis réunis". L'Allemagne venait d'être réunifiée, et ces sculptures ont pu être interprétées comme une satire de figures politiques, de leurs ridicules et de leurs combats. Plus largement, elles suggèrent dans leur précarité un certain état de la condition humaine, et les passions qui la fondent.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

     Un peu plus érudite !

    J'ai appris quelques petites choses dont j'espère me souvenir, mais, comme vous le savez, ça entre par une oreille et ça ressort par l'autre !

     Merci ma sœur 


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  • Anne Bérest est l'auteur de ce livre que m'a conseillé Marie-Claire, mon amie de Rueil, qui est toujours de bon conseil de façon générale.

    ☻ La carte postale d'Anne Bérest, un livre plein de mystère et d'émotion

     

    C'est une histoire qui court sur une période de presque cent ans puisque Anne Bérest a reçu pour son livre le Prix Renaudot des lycéens en 2021. L'histoire met en scène la narratrice et sa mère qui a reçu vingt ans auparavant, en 2003, une carte postale anonyme qu'elle s'est empressée de ranger dans un tiroir tant elle était synonyme de souvenirs douloureux.

    Anne Bérest, vingt ans plus tard, a envie de découvrir l'histoire de ces quatre prénoms inscrits sur la carte postale, sans autre commentaire : Ephaïm, Emma, Noémie et Jacques. Elle sait seulement qu'Ephaïm et Emma sont ses arrières grands-parents côté maternel, Jacques et Noémie leurs enfants, et qu'ils ont tous les quatre été déportés à Auschwitz en 1942 d'où ils ne sont jamais revenus.

    Aussi, un jour où elle se retrouve en tête à tête avec sa mère, Anne demande à celle-ci de lui parler de cette famille Rabinovitch dont elle ne connaît presque rien. Avec son aide, elle va ainsi mener une véritable enquête et mettra trois ans à retrouver tous les indices lui permettant de mettre un nom sur l'auteur de cette carte postale anonyme.

    Elle aura recours aux services d'un détective privé mais aussi à ceux d'un graphologue spécialiste des écritures anonymes, allant même jusqu'à faire du porte à porte afin de pouvoir dérouler tout le cours de leur histoire tragique : leur départ de Moscou en 1919 où ils sont persona non grata puisque juifs (non pratiquants cependant) pour rejoindre tout d'abord la Lettonie qui vient d'obtenir son indépendance, puis Haïfa au Proche-Orient dans la famille d'Ephraïm avant de s'installer définitivement en 1929 en France où Ephraïm, qui est ingénieur, pense pouvoir faire breveter sa dernière invention. 

    Dans son livre, Anne Bérest raconte aussi comment, étant petite, elle entendait souvent prononcer le mot "juif" sans le comprendre, sa famille, bien que juive d'origine, n'étant pas du tout pratiquante. Difficile pour elle de répondre à la question "Qu'est-ce qu'être juif ?" En écoutant une interview qu'elle a donnée à l'auditorium du Mémorial de la Shoah, j'ai relevé un livre qui l'a marquée, de Nathalie Zadj "Enfants de survivants". Je pense que je vais essayer de me le procurer en bibliothèque.

    Ce livre, c'est aussi l'histoire du non-dit que chacun reproche parfois à ses parents, en leur pardonnant ou pas. Mais ces questionnements, pourquoi attend-on la mort de l'être aimé pour leur en parler... ? Mon père n'a jamais évoqué le stalag dans lequel il a été retenu prisonnier pendant cinq longues années. Sans doute était-ce un souvenir qu'il a préféré évacuer et nous, trop jeunes sans doute à l'époque et occupées avec nos propres vies, nous n'avons pas posé de questions ! Heureusement, tout comme Anne Bérest, nous avons retrouvé après son décès des archives qui parlent.

    J'ai lu ce livre comme on lit un roman policier, et je l'ai adoré !


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    Ce dimanche matin, je suis allée avec mon amie Michèle à la Conciergerie où expose actuellement l'artiste Théo Mercier.

    Dans Outremonde, The sleeping chapter, l'artiste invite le visiteur à découvrir des sculptures en sable qui rappellent la pierre du palais de la Cité, comme des prolongements métaphoriques de son histoire. Des lits défaits dont on sent encore les mouvements et les souffles à travers leurs plis, des chiens en sable comme fidèles compagnons des dormeurs sont au centre de cette installation à la fois lumineuse et sonore autour des rêves et du sommeil.

    C'était pour nous deux l'occasion de venir découvrir ce lieu magnifique qu'est la Conciergerie, le plus ancien vestige du palais de la Cité, résidence médiévale des rois de France et prison sous la Révolution française.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition de Théo Mercier

    Mais d'où vient ce nom de conciergerie ?

    Le Concierge est un haut personnage du royaume, nommé par le roi pour assurer l'ordre, la police et enregistrer les prisonniers.

    Construite dès 1302, sous Philippe le Bel, c'est un exemple unique d'architecture civile gothique. Elle est composée de quatre nefs voûtées d'ogives et est largement éclairée par des baies géminées. Quatre cheminées chauffaient ce vaste réfectoire où se restaurait la garnison du Palais ainsi que les domestiques de la maison du roi : cela représentait quelques 2000 personnes.

    L'installation est présentée dans la salle des Gens d'Armes dont cette photo montre la belle voussure.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Théo Mercier a transformé cet espace en un immense dortoir que des dormeurs auraient quitté à la va-vite, laissant en l'état draps et oreillers.

    Et tout ceci n'est fait qu'avec du sable et de l'eau !

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier 

    L'artiste a même reproduit des troncs de colonnes.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Le réveil a sonné trop tard !

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Plus vrais que nature, non ?

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Ca et là, des chiens semblent veiller sur les dormeurs : je soupçonne l'artiste d'avoir lui-même un chien tant ils sont bien "croqués"...

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Sur la gauche, l'une des quatre grandes cheminées qui chauffaient le réfectoire.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Au fond de la salle, un joli bas-relief.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Impossible de trouver à quoi il correspond, mais il est possible, vues les deux cornes d'abondance, qu'il soit en rapport avec la fonction de restauration de la salle des Gens d'Armes (?)

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition de Théo Mercier

    La salle des Gardes, également voûtée d'ogives, était l'antichambre de la Grand'Chambre du roi qui se trouvait à l'étage et qui a disparu. C'est là que siégeait le Parlement et que le roi tenait ses lits de justice. C'est là aussi que beaucoup plus tard, sous la Révolution, en 1793, s'installera le Tribunal révolutionnaire.

    Les chapiteaux des piliers de cette salle sont joliment sculptés.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Sur l'un des piliers est indiqué le niveau de montée des eaux de la crue de 1910.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    On peut y voir aussi des reproductions des "Très Riches Heures du duc de Berry" représentant le palais de la Cité qui, à l'époque, était à la campagne.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

     Retour dans la salle des Gens d'Armes pour aller visiter les cuisines auxquelles on accède par un escalier en colimaçon (dont on aperçoit le pilier central à gauche de la photo). Nous sommes arrivées à l'ouverture du palais, il n'y a pas encore trop de monde même si, aujourd'hui dimanche, l'entrée est gratuite.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Le voici de plus près

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Dans cette grande pièce carrée, encore une jolie voûte

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Les cuisines ont été élevées sous le règne de Jean le Bon (1350-1364), elles étaient utilisées pour préparer les repas des personnels du roi. Les denrées y parvenaient directement par bateau.

    Les manteaux des quatre cheminées s'appuient sur les piliers au moyen d'étrésillons (éléments en pierre placés entre deux parties pour en maintenir l'écartement).

    J'ai appris un nouveau mot !

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Voici la hotte de l'une des quatre immenses cheminées dans lesquelles ont faisait rôtir les viandes, volailles et poissons, rôties ou grillées, ou dans lesquelles les marmitons préparaient les soupes et les potées de légumes.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Impressionnant, non ?

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Je crois bien que nous avons loupé la fin de la visite de ce beau lieu, en particulier tout ce qui touche à la Révolution... Ce sera pour un autre dimanche !

    L'exposition "Outremonde, the sleeping chapter", est visible à la Conciergerie du 14 octobre 2022 au 8 janvier 2023.

    Une bonne idée que d'utiliser ce lieu pour une exposition...

     


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  • Depuis 2014, le groupe APRR rénove les 590 panneaux d’animation culturelle et touristique qui jalonnent leurs autoroutes, avec le concours d’artistes de renom.

    Voici celui qui a été réalisé par Floc'h concernant la bataille d'Alésia. Il est situé sur l'autoroute A6 à la hauteur de la petite ville d'Alise-Sainte-Reine, lieu présumé (même si contesté) de la fameuse bataille entre César et Vercingétorix. 

    "Il présente au premier plan évidemment la star du secteur, Vercingétorix. Ce dernier a tous les traits iconiques qu'on attribue habituellement à la figure du chef Gaulois : il a les bras croisés, il est armé d'une longue épée à la ceinture, un bouclier à ses pieds. En fait, il vous défie presque, vous qui êtes sur la route. Il a la stature du chef de guerre."

    "A l'arrière-plan, vous distinguez le bâtiment du Muséoparc. Il manque Jules César, mais il pourrait d'ailleurs aussi manquer un autre empereur : Napoléon III, sans qui le site d'Alise-Sainte-Reine n'aurait peut-être pas le même rayonnement. Mais ça, c'est ce qu'on vous raconte dans le podcast Panorama." (Pierre Bremont)

    Panorama, le podcast des autoroutes APRR

    Les podcasts Panorama permettent de s’immerger dans les histoires des régions proches des autoroutes.

    Voici celui concernant la bataille d'Alésia : pour l'écouter, cliquez ICI.

    Ce podcast est le dernier des 20 qui ont ainsi été réalisés pour illustrer tous les épisodes ayant marqué l'histoire de France le long des autoroutes APRR. C'est Denis Podalydès de la Comédie française et Juliette Roudet qui les ont enregistrés.

    En voici la liste :

    1- La véritable femme de d'Artagnan
    2 - Dans les griffes de la Vouivre
    3 - La mystérieuse chasse à l'abîme
    4 - Les trois morts de Lamartine
    5 - Le trésor des templiers de la forêt d'Orient
    6 - Camille Claudel et le géant de pierre
    7 - Bernoline, un pacte avec le démon
    8 - Le destin d'Eponine, princesse gauloise
    9 - Le pacte de Nicéphore Niepce
    10 - Mélusine et la malédiction de Maulnes
    11 - La véritable histoire du chevalier Bâtard-Montrachet
    12 - La chanson d'amour de Coco Chanel
    13 - L'alchimie de la Grande-Chartreuse
    14 - Le secret du comte de Buffon
    15 - Les passions de Berlioz
    16 - Le prisonnier du Mont-Aiguille
    17 - L'ambigu chevalier d'Eon
    18 - Rachi, entre lumières et légendes
    19 - Le trésor maudit d'Arc-et-Senans
    20 - Alésia ou l'ombre de l'empereur

    Si vous voulez les écouter, cliquez ICI.

    J'avais pensé à Louis quand j'ai découvert leur existence mais ils s'adressent peut-être à des enfants un peu plus âgés. Qui sait, peut-être certains des petits-enfants de ma meilleure copine...?

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