• Promenade dans le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    Ce vendredi, il faisait un temps de rêve pour la balade qu'Anne-Marie Guérin, animatrice de l'atelier "Petites promenades dans Paris" de Générations 13, avait mise à son programme de rentrée. Cette dernière avait donné rendez-vous à une dizaine d'adhérents pour une promenade historique et architecturale dans le quartier du Gros Caillou devant l'entrée du musée des Egouts de Paris situé au niveau du Pont de l'Alma, côté rive gauche.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Anne-Marie commence par nous situer le Gros Caillou : il s'agit d'une zone limitée au nord par la Seine, à l'ouest par le champ de Mars, au sud par l'avenue de la Motte-Picquet et à l'est par les Invalides.

    On appelait jusqu'au milieu du XVIIème siècle cet espace parsemé de maraîchers, de vergers, de vignes et de prés, la plaine de Grenelle, un nom qui vient de "garanella", car on y chassait le lièvre et la caille. Les abbayes de Saint-Germain-des-Prés et de Sainte-Geneviève se partageaient cet espace agricole, elles y faisaient notamment paître leurs vaches. Un rocher surnommé le Gros Caillou marquait la limite entre les terres des deux abbayes. Il a été détruit en 1738 mais a laissé son nom au bourg.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Dès que l'on arrive sur les lieux, on est attiré depuis octobre 2016 par les dômes dorés de la cathédrale russe orthodoxe de la Sainte-Trinité qui jouxte la tour Eiffel.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Le quartier du Gros Caillou s’est développé au XVIIème siècle à partir de la construction des Invalides par Louis XIV : le roi souhaitait en effet en faisant construire cet édifice assurer aide et assistance aux invalides et handicapés de ses armées. Le chantier va attirer dans ce quartier de nombreux artisans travaillant dans le bâtiment (la proximité de la Seine permettait l’acheminement des matériels de construction par voie d’eau). Ce quartier populaire, peuplé d'artisans, tranchait à l’époque avec le riche quartier voisin du Faubourg Saint-Germain et ses hôtels particuliers des XVIIème et XVIIIème siècles.

    On y trouvait des lavandières qui profitaient de la proximité de la Seine pour exercer leur activité. Elles s’occupaient du linge des soldats des Invalides, d’abord sur le bras situé entre l’île des cygnes et la Seine, puis l’eau étant de plus en plus sale, sur des bateaux-lavoirs (alimentés par des réservoirs d'eau) qui n’étaient pas uniquement de simples laveries, mais bel et bien un lieu de détente où l’on aimait se retrouver. Parfois même de façon plus intime : les lavandières étant réputées à l’époque pour leurs mœurs légères dit-on parfois.

    ©Musée Carnavalet, estampe d’Auguste Lepère (1891)
    Sur la Seine, un bateau-lavoir relié à la rive par une passerelle

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A ce niveau de la Seine existait autrefois une île appelée Ile des Cygnes, ainsi nommée en raison d'une ordonnance royale de 1676 qui permit l'installation d'une colonie de cygnes sur l'île en hiver. Ces cygnes, offerts par le Danemark à Louis XIV, étaient destinés à orner les jardins de Versailles à la belle saison mais il n'était pas rare qu'on retrouva parfois des cygnes jusqu'à Rouen !

    L'Ile des Cygnes portait également le nom d'Ile Maquerelle (peut-être une déformation de "male querelle" car on s'y battait en duel).

    On y trouvait le "Dépôt des marbres", un ancien hangar de stockage fondé par Colbert, à l'emplacement de l'actuel musée du quai Branly. Au XIXème siècle, on y faisait venir du marbre de Carrare. le dépôt a été exproprié en 1901.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Installée le long de la Seine, il y avait à l'époque une "pompe à feu" actionnée par la vapeur, une création des frères Perrier sur un modèle anglais. Cette pompe à feu appelée "Pompe à feu du Gros Caillou" permettait de stocker l'eau de la Seine dans un réservoir situé en hauteur et alimentait ainsi treize fontaines de la rive gauche. Elle a été inaugurée en 1788 mais disparut en 1858 car elle créait beaucoup de pollution du fait des fumées qui s'échappaient de ses cheminées.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Il y avait aussi dans ce quartier de l'actuel 7ème arrondissement la Manufacture de Tabac du Gros Caillou qui fournissait le tiers de la production française de cigarettes et de cigares. Créée en 1810 et fermée en 1904 (elle sera détruite quatre ans après), elle employait 2000 ouvriers et ouvrières. Les conditions de travail étaient très dures, avec des salaires très bas (3 francs par jour pour les hommes et 2 francs par jour pour les femmes, les femmes étant préférées car ayant de plus petites mains pour rouler les cigarettes) et une très mauvaise salubrité.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Et maintenant, un petit rappel sur l'alimentation en eau de Paris

    Les premiers égouts souterrains de Paris furent construits par les Romains. Au Moyen-Age, l'évacuation des eaux usées n'était pas une priorité, on les jetait directement au milieu des rues qui étaient pavées d'où l'expression "tenir le haut du pavé" car les personnes des classes populaires laissaient le haut des rues (qui étaient étroites) aux nobles, de meilleure condition sociale.

    A cette époque plusieurs cours d'eau descendent de Montmartre, de Belleville et du Pré Saint-Gervais. Un premier égout souterrain fut construit sous la rue Montmartre qui servait de collecteur principal pour la rive droite tandis que la Bièvre remplissait ce rôle pour la rive gauche, tous deux se déversant ensuite dans la Seine.

    Le premier Service des Egouts de Paris est créé au début du XIXème siècle. Quand une grande épidémie de choléra se déclare en 1832 à Paris, le réseau fait moins de 50 km. Les grands travaux commenceront réellement en 1853, sous Napoléon III, avec l'arrivée du Baron Haussmann et de l'ingénieur général des Ponts et Chaussées, Eugène Belgrand. Ceux-ci construisent des collecteurs sous les tout nouveaux Grands Boulevards. En 1870, on en était à 500 km de canalisations.

    Eugène Belgrand décidera aussi de créer deux réseaux distincts pour alimenter séparément, d'une part le nettoyage des rues et d'autre part l'eau potable. En effet, jusqu'à cette date les parisiens buvaient l'eau de la Seine, ce qui donnait lieu à des épidémies. Des aqueducs sont construits en aval de Paris pour capter les eaux de source et les acheminer dans des réservoirs.

    En 1894, c'est la création du "tout-à-l'égout" et à partir de 1930 on commence à construire des stations d'épuration en France : Paris se dotera ainsi de 4 stations : Achères, Noisy-le-Grand, Valenton et Colombes.

    Aujourd'hui, le réseau parisien compte plus de 2500 km de galeries techniques situées sous les rues de la capitale. Les égouts sont visitables au 93 quai d'Orsay.

    Vue souterraine d'un collecteur d'égout

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Après cette "mise en bouche" si j'ose m'exprimer ainsi à propos des égouts..., la promenade commence vraiment. Ne pouvant à la fois prendre des notes et des photos, c'est Annie Perrot qui s'est chargée de cette tache. Merci à elle de m'avoir déchargée.

    Information sur les fameuses fontaines Wallace : il y en a 95 dans la capitale.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Une fontaine Wallace que je n'avais pas vue, située au niveau de l'entrée du musée des Egouts

    Promenade dans le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    Devant le 91-93 quai d'Orsay se trouvent deux immeubles Art Déco (un mouvement artistique que l'on situe généralement entre les années 1920 et 1939, début de seconde guerre mondiale et qui suit celui de l'Art Nouveau).

    Le premier, tout blanc, possède des fenêtres bateaux, plus larges que hautes, en forme de Bow-Windows : les constructions navales, en plein essor, inspirent en effet les architectes. Le béton est ici recouvert d'un placage de pierre. Il est dû à Michel Roux Spitz, contemporain de Le Corbusier.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Le deuxième, son voisin, est de Léon Azéma, prix de Rome en 1921. Il est caractérisé par un décor en écailles de poisson et des balcons triangulaires qui lui donnent un petit air de proue de navire.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Les garde-corps du bâtiment formant l'angle avec l'Avenue Bosquet sont ornés de ferronneries en forme de damier et de crosse : finies, les décorations florales de l'Art Nouveau...

    Entre le 67 et le 91 du même quai se tenait autrefois le Magic City, un parc d'attractions ouvert de 1900 à 1934 par Ernest Cognacq-Jay, le fondateur de la Samaritaine. Donnant à la fois sur le quai d'Orsay et la rue de l'Université, il était principalement destiné aux adultes. Tout y était fait pour le divertissement : spectacles, attractions foraines, restaurant, bal, curiosités, représentations "d'indigènes". Le parc possédait une grande piste de dans avec orchestre.

    A partir de 1920 , il y fût organisé chaque année le bal travesti de la Mi-Carême : en effet, le Magic City était le phare des nuits homosexuelles de Paris comme le montre cette photo de Brassaï (1931).

    Il fût fermé le 6 février 1934 par décision des autorités, lors du lotissement du quartier et de la création, sur son emplacement, de la rue Cognacq-Jay. 

    Et justement, empruntant la rue de l'Université, c'est au 13-15 de la rue Cognacq-Jay que nous nous rendons maintenant. Il s'agit du Centre Alfred Lelluch, Directeur des services techniques de la radiodiffusion clandestine et donc résistant, comme le montre cette plaque commémorative. 

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Remontons le temps jusqu'à la période de l'occupation allemande (1943-1944). A cette époque, Kurt Hinzmann, ancien directeur des programmes de télévision de Berlin, est à la recherche un local pour y installer les futurs studios d'un programme émis par l'émetteur de la tour Eiffel (récemment remis en service après avoir été saboté) destiné à distraire les soldats allemands hospitalisés. Ce sera "Fernsehsender Paris".

    La salle de bal du Magic City est suffisamment vaste pour être transformée en studio. Derrière le dancing, il y a un garage abandonné qui peut servir d'atelier ; celui-ci touche un bel immeuble, une pension de famille donnant sur la rue Cognacq-Jay (N°13 à 15) qui peut servir aux services administratifs. Cet ensemble est idéal d'autant que la tour Eiffel est toute proche : le Magic-City est réquisitionné immédiatement.

    "Fernsehsender Paris" émettra du 7 mai 1943 au 12 août 1944. Les allemands, qui s'en vont en août 1944, laissent au Français une station de télévision opérationnelle parmi les plus performantes du monde.

    Les studios Cognacq-Jay fonctionneront jusqu'en 1963, date de l'ouverture de la Maison de l'ORTF. A cette adresse du 13-15 rue Cognacq-Jay existaient encore il y a quelques années la chaîne LCP et Public Sénat plus quelques autres mais actuellement l'immeuble semble avoir été vendu.

    Mine de rien, l'heure tourne et nous pouvons maintenant visiter la Cathédrale de la Sainte-Trinité qui est ouverte au public  entre 14h et 19h. Elle est l'œuvre de Jean-Michel Wilmotte et est le centre administratif de l'Exarchat de l'Eglise Orthodoxe Russe en Europe Occidentale, qui regroupe des paroisses orthodoxes de tradition russe en France, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Irlande, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et au Portugal. Autrement dit, c'est un lieu très important pour la communauté européenne orthodoxe.

    Avouez qu'elle a sacrément fière allure avec ses cinq coupoles mates faites d'un alliage d'or et de palladium. Cinq coupoles : la plus grosse représente le Christ et les petites les quatre évangélistes.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Ses murs sont, eux, recouverts de pierre de Bourgogne.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Un petit tour à l'intérieur permet d'admirer l'iconostase ou "cloison d'icônes" qui sépare la nef du sanctuaire où se tient le clergé célébrant l'eucharistie. Les fidèles assistent à l'office debout et celui peut durer des heures... (photo internet)

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Un peu clinquant, le lustre : tout ça sent le neuf...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    La communauté de la cathédrale a la chance de posséder deux œuvres datant du XVIIIème siècle : l'icône du saint ancêtre Adam (le crucifix) et à droite, l'icône de l'archange Gabriel.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Revenons au 182 de la rue de l'Université avec cet immeuble haussmannien particulièrement travaillé où Rodin avait installé un atelier de taille de pierre (le dépôt des marbres était voisin, sis sur l'Ile des Cygnes).

    Les immeubles haussmanniens ne dépassent jamais six étages : ils sont caractérisés par une façade en pierre de taille (matériau noble) alignée sur les immeubles voisins et un étage "noble", au deuxième, réservé par exemple au propriétaire, et possédant un balcon sur toute la largeur de l'appartement.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Parfois le cinquième en est aussi pourvu comme ici pour équilibrer l'esthétique de la façade, le dernier étage servant de combles ou d'appartement de service (on aperçoit ici ses fenêtres en forme de lucarnes).

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13 

     L'immeuble blanc Art Déco voisin (faisant face à la Villa Bosquet) est l'autre côté de la salle de bal du Magic City.

    Promenade dans le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    Nous empruntons ensuite le passage Landrieu où l'on peut voir, par contraste, au N°3 un petit immeuble aux volets de bois tout simple.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Tournant à gauche au bout du passage Landrieu dans la rue Saint-Dominique, nous voici arrivés devant l'église Saint-Pierre du Gros Caillou : à l'époque où le quartier se développa, il devint nécessaire de construire une église pour suppléer à Saint-Sulpice. L'église fut érigée en 1776, treize ans avant la Révolution mais l'édifice actuel date de 1822-1830.

    En forme de basilique, elle est précédée d'un péristyle dorique à fronton ; l'inscription en latin, sur la façade, évoque le célèbre jeu de mots attribué au Christ "Tu es Pierre et sur cette pierre...". Il fait aussi référence, ici, à la grosse pierre de bornage qui a donné son nom au quartier et qui se trouvait juste à cet endroit.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Voici la grosse cloche donnée à la paroisse par les grognards, alors nombreux dans le quartier. Elle a été descendue pour être remplacée par quatre cloches formant un carillon.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    L'intérieur de l'église est très sobre avec un joli plafond à caissons ornés de fleurs.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    On y trouve un plaque qui rappelle le passé révolutionnaire de la France : le premier Maire de Paris (éminent scientifique), Jean-Sylvain Bailly, y fût enterré après avoir été guillotiné au 2 avenue de la Bourdonnais (où une plaque a été apposée) pour avoir déposé en faveur de Marie-Antoinette lors de son procès.

    Des fresques en cours de restauration

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A l'arrière de l'autel, une chapelle (de l'architecte Paul Vimond - 1971) aux vitraux modernes a été adjointe à l'église.

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    Voici maintenant l'Hôtel de Béhague (Ambassade de Roumanie) : il est situé au 5 de la rue de l'Exposition.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Les lourdes portes en bois sont ornées de poignées de bronze très élégantes.

    Une Vénus pudique...

    Le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    La fontaine de Mars se situe au centre d'une placette, au niveau des 129-131 de la rue Saint-Dominique. Elle était alimentée par la Pompe à feu du Gros Caillou. Au pied, une plaque indique le niveau de l'eau atteint par la Seine en 1910.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Sur le côté faisant face à la rue un bas-relief y représente Hygie, la déesse de la Santé, offrant de l'eau au dieu de la Guerre, Mars.

    Les quatre faces de la fontaine portent des mascarons qui crachent de l'eau mais un seul est en fonctionnement.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    La fontaine a donné son nom au Bistrot "La Fontaine de Mars" donnant sur la placette dans lequel différents personnages célèbres vinrent déjeuner tels Barack et Michelle Obama en 2009 lors d'une visite privée.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Anne-Marie nous montre ensuite une horloge (située à l'entrée de la rue de l'Exposition) qui indiquait l'heure aux ouvriers travaillant dans ce quartier industrieux et qui n'avaient pas tous les moyens de se procurer l'heure...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Il eut été dommage de ne pas pouvoir jeter un coup d'œil, au niveau du 133 de la rue Saint-Dominique, à ce superbe square Sédillot... mais heureusement le gardien nous a laissé entrer. Il s'agit d'un square de style Art Déco qui date de 1935. Une fois franchie la grille, on pénètre sous un passage vouté orné d'élégants lustres modernes.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    On se retrouve dans une grande cour pavée de brique, agrémentée de buissons, avec une grande vasque centrale. Prix du m² : entre 11.000 et 17.000 euros...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    L'occasion d'une photo du groupe

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Et maintenant, avec le (petit) groupe du vendredi 15

    Promenade dans le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    Au N°12 de la rue Sédillot, le lycée italien Leonardo da Vinci qui est, lui, Art Nouveau (construit en 1899 par Jules Lavirotte) avec ses décorations florales.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Au N°8 de la même rue, un immeuble haussmannien tardif attire le regard.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Daté de 1898, il est décoré d'un lion à la crinière généreuse et d'une abondance de fleurs qui sont l'oeuvre de Louis Déjardin.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Et celui-ci, Art Nouveau, situé au 29 de l'avenue Rapp, qu'en pensez-vous ? Il est signé, deux ans après, du même architecte Jules Lavirotte et était habité par Alexandre Bigot, son propriétaire, qui en avait fait la vitrine de son métier : céramiste. Aucune symétrie sur la façade. Tout est basé sur le déséquilibre... (photo internet prise en hiver)

    La signature de l'architecte

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Anne-Marie nous fait remarquer ce dessus de balcon recouvert de céramiques.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Pas mal non plus les têtes de vaches

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    La porte cochère est joliment mise en valeur par les sculptures de Jean-Baptiste Larrivé.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A gauche, Adam, et à droite, Eve

    Anne-Marie nous explique que la poignée de porte en forme de lézard est un symbole érotique (en argot parisien du début du XXème siècle, un lézard désignait paraît-il un phallus). On trouve aussi sur le net comme symbolique du lézard la renaissance et le renouvellement (sa queue repousse toujours). Ne serait-ce pas plutôt dans ce sens puisqu'il s'agit ici d'Art-Nouveau ? C'est une interprétation toute personnelle... (Photo blog archiphotos)

    Immeuble avenue Rapp © D Raux 1Petite trouée sur la tour Eiffel en face du square Rapp

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    C'est dans ce square que s'est installée la Société théosophique de France dont la devise est : "Il n'y a pas de religion supérieure à la vérité." Elle a influencé Ghandi. Il paraît que ses fidèles attendent le retour du Christ...

    Le bâtiment a été construit entre 1912 et 1915 par l'architecte Louis Lefranc. De mouvance éclectique, l'immeuble emprunte au style troubadour ses arcs en accolade et sa tourelle, à l'Art Nouveau ses motifs floraux et ses baies vitrés, à l'Art Déco ses formes géométriques.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A gauche du square, un immeuble Art Nouveau assez extraordinaire aussi, toujours de Jules Lavirotte (1903) tandis que le mur aveugle qui sépare les deux bâtiments a été harmonieusement décoré d'un trompe-l'œil. Il paraît que l'architecte y habita quelques années.

    Au croisement de la rue de Grenelle et de la rue Cler, un marché très prisé...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Cette crèche située au 182 rue de Grenelle n'a rien d'extraordinaire sinon qu'elle a une histoire : c'était autrefois la crèche collective de la Croix-Rouge dans laquelle les ouvrières de la Manufacture de Tabac du quai d'Orsay déposaient leurs enfants avant d'aller travailler.

    Anne-Marie nous a lu un passage d'un livre qui dénonce le mauvais état de santé des enfants des manufacturières à cette époque là (Intervention du Dr Goyard lors du Congrès international d'hygiène tenu à Paris en 1878) :

    "L'enfant nicotinisé dès le sein de sa mère, et qui arrive pourtant à terme dans des conditions de viabilité, ne fait jamais du moins une brillante entrée dans le monde. D'après le témoignage des sages-femmes qui accouchent les ouvrières de la manufacture du Tabac, ces enfants naissent faibles et misérables et restent tels encore pendant des mois, parfois des années, surtout s'ils sont allaités par leur propre mère. J'ai observé moi-même l'aspect malingre de ceux qui ont subi l'influence funeste du tabac. A première vue, ils se distinguent de leurs petits compagnons par un teint pâle et blême, des formes exigües, un ensemble qui fait naître la pitié et la tristesse."

    Celles-ci étaient en effet souvent atteintes d'emphysème ou de cancer du poumon et les enfants trinquaient !

    La balade se termine devant ce petit jardin de l'église protestante Saint-Jean (on peut y voir un édifice à colombages qui évoque un peu un cottage anglais) située juste en face le passage Jean Nicot qui est encore pavé. Encore une référence à la Manufacture : l'ambassadeur à Lisbonne et érudit du XVIème siècle, censé avoir introduit le tabac en France (il a au moins envoyé du tabac en poudre à Catherine de Médicis pour soulager ses maux de tête). On a même un moment appelé le tabac "herbe à Nicot". Le nom scientifique de la plante est Nicotiana tabacum et le mot "nicotine" immortalise le nom de l'ambassadeur.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

     Pour les courageux, Anne-Marie nous a aussi indiqué l'existence de l'ex musée-galerie de la SEITA ouvert en 1979 au N°12 de la rue Surcouf. Il retraçait l'histoire du tabac et de ses usages depuis le XVIème siècle mais a malheureusement été démantelé et fermé définitivement en 2000. Les quelques 512 objets qui restent sont maintenant exposés au musée de Bergerac.

    Un grand merci à Anne-Marie pour le guidage et les explications.

    Comme toujours, une promenade très intéressante


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