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Notre amie Régine est venue passer quelques jours chez nous et nous sommes allées visiter toutes les deux l'Abbaye de Fontenay, au sud de Montbard. Nous l'avions déjà visitée Philippe et moi il y a quelques années en compagnie de mes cousins de Rouen mais elle est tellement jolie qu'une deuxième visite ne nuit en rien...
Je commence à être incollable sur tout ce qui concerne la vie monastique des disciples de Saint-Benoît !
Voici la Porterie
C'était un lieu primordial dans l'Abbaye : le frère portier y accueillait les visiteurs, qu'ils soient novices, pèlerins, voyageurs, marchands mais aussi les pauvres ou les infirmes demandant l’aumône.
C'est maintenant ici qu'on achète son billet d'entrée, avec ou sans visite guidée.
Nous avons choisi de prendre une visite guidée : elle n'est pas identique à celle que nous avions faite quelques années auparavant (pour s'y référer, cliquer ICI) qui était, je trouve, plus complète.
Notre guide nous explique que l'Abbaye de Fontenay est une abbaye cistercienne fondée en 1118 par Bernard, moine à l'Abbaye de Clairvaux : c'est une "fille" de Clairvaux, elle-même "fille" de Cluny... Elle a été inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 1981.
Au passage, nous apercevons le pigeonnier : les moines avaient le "droit de Pigeon", ce qui leur permettait de communiquer avec d'autres abbayes...
L'internet de l'époque !
Un petit coin de nature près du pigeonnier...
L'Abbaye a été construite au centre d'un vallon couvrant une superficie de plus de 1 200 hectares de bois et de prés. Les moines ont patiemment drainé et aménagé cet ancien marécage pour le rendre habitable et en utiliser les ressources, forêts et aménagements hydrauliques, pour le développement de l’Abbaye.
Nous voici maintenant face à l'Eglise abbatiale : dommage qu'occupée à suivre la visite guidée, j'aie loupé sa photo depuis l'autre côté du petit étang...
Il s'agit de l'une des plus anciennes églises cisterciennes dans le monde. Construite entre 1139 et 1147, elle est aussi l’une des rares abbatiales cisterciennes du XIIe siècle parvenue intacte jusqu’à nos jours.
Beaucoup de sobriété sur la façade, règle de Saint-Benoît oblige : rien ne doit détourner les moines de la méditation...
Régine suit le groupe des visiteurs.
Entrons dans l'église...
Un grand dépouillement y règne.
Joli, ce rose des colonnades...
Dans les bas-côtés en berceaux brisés, toujours l'épurement...
Près du chœur, une statue de Vierge à l'Enfant du XIIIème siècle (dite "Vierge de Fontenay") qui, en raison de la Sainte Marie (nous sommes le 15 août), tient exceptionnellement une rose entre les doigts. C'est un souhait des propriétaires actuels, M. et Mme Aynard.
L'ombre de la rose fait malheureusement tache sur ce beau visage de Madone...
Nous nous rendons ensuite par un escalier intérieur à l'abbatiale dans le dortoir des moines.
Chaque fenêtre correspond à un lit : notre guide nous dit qu'une centaine de moines (les frères de coeur) pouvait dormir ici (tout habillés car il n'y avait aucun chauffage) sur de simples paillasses posées à même le sol. L'office de la nuit se tenait à 2h30 du matin.
Les frères de coeur sont les moines qui ont prononcé leurs vœux - par opposition aux frères convers qui sont des laïcs - soumis à l'obéissance à l'abbé - mais qui eux travaillent pour les besoins de l'abbaye.
Admirez la superbe charpente en chêne datant du XVème siècle construite par des charpentiers de marine, ce qui explique sa forme en coque de navire renversé et l'espace pour le mât au centre.
Vue sur le cloître à travers l'une des fenêtres du dortoir
Nous nous rendons ensuite au cloître planté d'un gazon qui ferait pâlir de jalousie un anglais tant il est bien entretenu - surtout en cette période de grande chaleur.
A l'entrée du cloître (qui communique avec l'Eglise abbatiale) se trouvait une petite armoire pour les moines, fermée par des portes en bois aujourd'hui disparues. On aperçoit encore les rainures servant à supporter les étagères où étaient rangés les objets du culte.
C'est dans cette pièce élégamment voûtée (la Salle capitulaire) que les moines assistaient au Chapitre. Chaque jour, le père abbé lisait un chapitre de la règle de Saint-Benoît (il y a une centaine de chapitres) : la règle était ainsi lue plusieurs fois dans son intégralité durant l'année et les moines qui arrivaient en cours d'année pouvaient toujours l'entendre au moins une fois entièrement. C'est aussi ici que chacun des moines se confessait publiquement et faisait acte de contrition.
La salle voisine (Salle des Moines) est très similaire du point de vue architectural : c'était l'atelier des moines ou Scriptorium. Les moines copistes y réalisaient des livres copiés manuellement avant l'invention de l'imprimerie. C'est aussi ici que d'autres s'adonnaient à la couture.
Comme nous l'a bien fait remarquer notre guide, aucun de ces espaces ne possède de moyen de chauffage. Heureusement, voisin du scriptorium se tenait le Chauffoir comme le montre ce plan de l'Abbaye.
Deux grandes cheminées permettaient aux moines qui travaillaient dans le scriptorium de venir s'y réchauffer. De part et d'autre des cheminées, deux petites loges servaient à entreposer les encriers dont l'encre ne devait pas geler...
Vue sur les jardins : la propriétaire, Madame Eynard, y a instauré des règles très strictes concernant les couleurs qui ne doivent pas s'éloigner du vert, du blanc ou du pourpre...
Edouard Eynard, son mari, est un descendant des Montgolfier (vous savez, les frères du fameux ballon) qui ont un temps utilisé les bâtiments de l'Abbaye pour y installer leur papeterie.
Il s'agit ici du bâtiment de l'infirmerie dans lequel les moines bénéficiaient d'une statut spécial "plus confortable et moins contraignant".
Les moines travaillaient le fer, extrait de galeries souterraines voisines de l'abbaye et forgeaient, en quantité industrielle, les outils nécessaires au monastère. Ils commercialisaient le reste de leur production, ce qui leur assurait une autonomie économique et financière.
Ce bâtiment appelé "la grande forge" est précédé d'un bassin où vivent des truites Fario, un témoignage de l'activité piscicole des moines à l'époque.
Il en reste une très belle salle à colonnades,
et, dans un angle, la forge reconstituée.
C’est la dérivation de la rivière de Fontenay, le long du mur de la forge, qui faisait tourner la roue actionnant les martinets - de grands marteaux hydrauliques - qui battaient le fer.
Le marteau était actionné par cet "arbre" relié à la roue à eau.
En bout de salle, le marteau de la forge
La sortie s'effectue par la boutique naturellement, très bien achalandée en livres de toutes sortes et produits régionaux. On peut aussi jeter un coup d'oeil à l'ancienne boulangerie des moines.
Là se termine cette visite guidée.
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Après la promenade dans le village de Gevrolles avec Monsieur Maîtrehenry, Nadine nous a invités à nous rendre au Château de Dinteville, à quelques kilomètres de là.
Ce sont les propriétaires, Monsieur et Madame Henri de La Ville-Baugé, qui nous reçoivent.
La grille du jardin est datée de 1753.
Après avoir emprunté une longue allée bordée de beaux arbres deux fois centenaires, nous arrivons en vue du château.
La plate-forme rectangulaire entourée de douves alimentées en eau courante et les deux tours rondes cantonnant le corps de logis sont peut-être des vestiges de la construction primitive du XVIème siècle. A l'origine, comme nous l'explique la propriétaire, le château occupait donc toute l'étendue entre les douves et était sans nul doute plus massif.
Du XIIIe au XVIe siècle, le château était la propriété de la famille de Jaucourt.
Celle-ci était très active en Champagne sous François Ier. A la mort de Joachim de Dinteville, en 1607, le château est laissé à l’abandon. Le château Renaissance sera acheté et modifié par le chevalier Guillaume Le Brun en 1703 : une aile à droite et les frontons sont ajoutés, donnant à la façade une structure symétrique classique. Le chevalier Le Brun léguera ce château à sa descendance jusqu'au propriétaire actuel le Marquis de La Ville-Baugé.Faisant le tour du château, nous passons devant l'entrée donnant vers le village. Les grands arbres ont été coupés récemment pour en replanter de nouveaux.
La rivière dite de la "fontaine rouge" se déverse dans les douves par une cascade importante en hiver. Evidemment avec cette chaleur la rivière est à sec...
Un château qui a de la gueule, non ?
Un petit détour vers l'Orangerie qui vient d'être restaurée grâce à des aides publiques.
La charrette à bras sert à transporter les pots craignant le gel.
Voici que nous abordons la façade la plus ancienne du château, celle datant du XVIème siècle où très peu d'ajouts ont été faits : c'est celle que je préfère.
Les douves du château ont trouvé des locataires dirait-on !
Une jolie girouette en forme de sirène sur cet angle de toiture
Le tour est joué : entendez par là que nous avons fini de faire le tour du château !
Cette façade monumentale (édifiée au XVIIIème siècle) n'est pas celle que je préfère.
Une petite visite intérieure maintenant
C'est dans cette pièce qui était autrefois la cuisine du château que Madame de La Ville-Baugé va nous expliquer l'histoire de son château. Elle est aidée en cela par des plans disposés sur la massive table de bois.
Un Saint-Hubert dirait-on... ?
Ce plan m'a semblé particulièrement parlant : on y voit bien, en bleuté, les parties du château actuel et en pointillés ce qu'il était au XVIème siècle.
Dans la pièce voisine, une maquette du château
On y voit la chapelle, en premier plan, et le donjon au second plan. Le château actuel se situerait ici à l'emplacement de l'aile droite du château médiéval.
Cette maquette est une interprétation de ce qu'aurait pu être le château au XVIème siècle avec son puits central et ses arcades.
J'ai oublié qui a réalisé ces maquettes : en tout cas quelqu'un qui y a passé beaucoup de temps...
Il y a dans cette pièce un impressionnant lustre en fer forgé orné de bois de cerfs.
Dans la tourelle d'angle communiquant avec la cuisine se trouvaient une laiterie,
et une boucherie...
Madame de La Ville-Baugé termine sa visite guidée en nous montrant une reproduction d'un tableau de Hans Holbein le Jeune "Les ambassadeurs" peint en 1533. Le tableau est actuellement conservé à la National Gallery de Londres.
Le personnage de gauche n'est autre, en effet, que son commanditaire, Jean de Dinteville, ambassadeur de François Ier en Angleterre auprès d'Henri VIII.
Cette oeuvre reste surtout célèbre pour contenir, au premier plan, une des plus spectaculaires anamorphoses de l'Histoire de la peinture : une forme évoquant un os de seiche se révèle, depuis un point de vue oblique, être un crâne humain, caractéristique des vanités de la Renaissance.
Cette petite vidéo vous explique tout par le détail et...
C'est passionnant !
NB : les anamorphoses ont été inventées au XVIème siècle par un graveur de Nuremberg, Erhard Schoen. C'était pour les contestataires la façon de s'exprimer sans s'attirer les foudres des pouvoirs spirituel et temporel.
Une visite et des gens fort sympathiques
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Pour ce Mardi Découvertes, l'Office de Tourisme de Châtillon nous propose aujourd'hui la visite du village de Gevrolles en compagnie de son Maire, Monsieur Maîtrehenry.
L'église est sous le vocable de Saint-Pierre-ès-Liens en rappel de l'enfermement du Saint dans les prisons romaines en l'an 44 par Hérode Agrippa.
On entre ?
Monsieur Maîtrehenry nous explique que l'église, construite entre 1864 et 1866, a été entièrement rénovée récemment grâce à l'argent de la commune : le travail a été fait par l'un de ses habitants. Il nous signale aussi sa curieuse orientation Sud-Nord, contrairement à la tradition qui veut que le choeur soit à l'Est, tourné vers Jérusalem.
L'église a été construite dans le style néo-roman : voûtes en berceau, fenêtres en arc plein-cintre. De jolis lustres en fer forgé l'éclairent et la pierre est vraiment magnifique.
Les arêtes des voûtes se terminent toutes par une sculpture surplombant un très élégant chemin de Croix.
Le balcon de pierre situé au-dessus du porche d'entrée servait autrefois aux chanteurs. Ceux-ci y accédaient par un escalier situé dans la tourelle de droite au niveau du porche d'entrée.
Le Chœur est très joliment décoré.
La plupart des vitraux sont un don de la famille du Souzy propriétaire du Château de Gevrolles et amatrice de chasse à courre comme en témoigne ce Saint-Hubert habillé en Robin-des-bois.
Celui-ci représente Saint-Pierre : on le reconnaît à ses clefs.
(Photo Christaldesaintmars)
En ressortant de l'église, Philippe me montre une très jolie descente de gouttière.
Dommage que de tels ouvrages ne se fassent plus...
Monsieur Maîtrehenry autorise les volontaires à monter à la tribune. Nous ne sommes que deux à accepter... En haut de l'échelle de meunier, deux cloches ont été installées : l'une de 1450 kg, l'autre de 800 kg. L'une d'elles a été offerte à l'église par Monsieur de Souzy, châtelain de Gevrolles, en 1913.
Que signifie ce AAA 1890, j'ai oublié de le demander. Peut-être la date d'installation de l'une de ces cloches... ?
J'ai pris de la hauteur : me voici ici dans la Tribune des chanteurs !
Par curiosité, en redescendant, je suis allée ouvrir la porte située dans la tourelle de gauche : elle ne donne très curieusement sur rien ! Sans doute a-t-elle été construite seulement pour respecter la symétrie de l'église...
Monsieur le Maire nous a ensuite emmenés voir la roue à aube située dans la Bergerie impériale située en face de l'église. Celle-ci a été construite en 1846 sous la Monarchie de Juillet pour élever des moutons mérinos à laine soyeuse. Elle comportait jusqu'à 800 bêtes (200 mères et 50 béliers). Faute de rentabilité, elle ferma ses portes en 1869.
Un siècle plus tard, René et Thérèse Massart la rachetèrent et firent la pari de la restaurer pour qu'elle retrouve son cachet d'antan.
A l'entrée de la propriété, des poteaux surmontés... de moutons bien sûr !
Nous sommes, comme toujours, assez nombreux à assister aux animations du mardi.
La roue à aube alimentait les machines de la Bergerie.
Un joli monument aux morts
Un petit tour au lavoir...
Cette visite du village a été improvisée, du fait de l'annulation de la visite de l'EARL des Crêts (élevage de poulets) de Montigny-sur-Aube.
Bravo à Nadine pour ce changement de programme efficace !
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Nous sommes allés à Troyes cette semaine dans le but de visiter l'exposition "Arkéaube" qui se tient à l'Hôtel-Dieu. Mais avant, nous avons fait deux visites d'églises dont celle de la Basilique Saint-Urbain.
Elle doit son existence à l'élection au pontificat d'un enfant de Troyes né en 1185, Jacques Pantaléon. Fils d'un modeste savetier, il fait ses études aux école gratuites de la Cathédrale puis à l'Université de Paris où on le connait sous le nom de Jacques de Troyes. Il est devenu pape en 1261 en prenant le nom d'Urbain IV. Il réorganise le gouvernement de l'église - son principal apport consiste en l'institution de la Fête du Saint-Sacrement (Fête-Dieu) - et pour honorer sa ville natale, il achète plusieurs maisons autour de l’échoppe de son père. A cet endroit, il fait construire une collégiale (église réservée aux chanoines) dédiée au pape martyr Urbain Ier.
Il meurt en 1264 sans avoir revu sa ville natale ni le début des travaux d'édification de son église... En 1935, ses restes sont déposés dans le choeur de l'église.
La Basilique se trouve sur la Place Vernier dans le centre de la ville.
Consacrée Basilique en 1964, c'est un pur joyau de l'art gothique classique.
Le chœur et le transept de l'église ont été érigés rapidement (de 1264 à 1266) grâce à une somme colossale (10.000 marcs d'argent) allouée à son architecte, Jean Langlois. Cependant, celui-ci eut à subir l’opposition farouche d'Ode de Pougy, Abbesse des sœurs de l’abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, mécontente de voir une nouvelle église se construire sur sa juridiction et dépendant, en sus, directement du Saint-Siège (elle envoie même des hommes d'armes pour saccager le chantier). En août 1266, un mystérieux incendie dévaste en outre le choeur... Enfin, le légat pontifical, venant bénir le nouveau cimetière en 1268, est accablé de coups, d'injures et se voit poursuivi dans les rues de la ville. En conséquence, Ode de Pougy et ses complices sont excommuniées le 12 juillet 1268.
Les fonds faisant défaut, les travaux s'arrêtent à la fin du XIIIe siècle et ne reprennent qu'à la fin du XIVe. Saint-Urbain reste ainsi inachevée jusqu'en... 1846 où un programme de restauration totale est mis en place (quatorze maisons parasites adossées à ses murs sont alors détruites).
De 1890 à 1905, les derniers manques sont enfin comblés (porche de la façade, parties hautes, voûte et arcs-boutants de la nef - éléments jamais réalisés depuis le XIIIe siècle)...
Enfin, à la fin du XXe siècle, une restauration complète de l'abside et de sa verrière est entreprise.
De belles gargouilles en haut du pinacle...
Vue d'ensemble de la nef et du chœur depuis l'entrée
J'ai entendu dire que la Basilique Saint-Urbain de Troyes est souvent comparée à la Sainte-Chapelle de Paris à cause de l'étendue de ses vitraux : ceux du choeur remontent au XIIIe siècle. Ils sont enjolivés au premier niveau par une claire-voie. Grâce à eux, l'église est extrêmement illuminée.
Vitrail central du choeur : la Crucifixion
J'ai beaucoup aimé faire le tour de la Basilique qui possède pléthore de jolies statues en pierre polychrome. J'adore aussi me replonger à l'occasion dans la vie des Saints et des Saintes qui ne manque jamais de piquant...
Beaucoup sont des Vierges.
Education de la Vierge (XVIème siècle)
Vierge ou Sainte femme - Ecole troyenne du XVIIIème siècle
Vierge à l'enfant (XVème ou XVIème siècle)
Vierge au raisin (début XVIème siècle)
La Vierge couronnée, jeune et souriante, se tient debout sur un croissant de lune symbolisant l'Immaculée Conception.
Elle porte l'enfant qui tient, d'une main, un pampre de vigne. Un oiseau (apparenté à la colombe du Siant-Esprit) posé sur l'autre main de Marie, picore délicatement le raisin en référence à l'épisode de la Passion. Bien que blanchie au XIXème siècle, la Vierge au raisin, par la délicatesse de son traitement (visages, chevelures, drapés...), laisse apparaître le génie des maîtres sculpteurs troyens à l'aube de la Renaissance.
Vierge à l'enfant (non datée)
Saint Roch (XVIème siècle)
Pélerin du XIVème siècle miraculeusement guéri de la peste, était invoqué pour la protection des pestiférés. Il possède ici tous les attributs permettant de l'identifier.
► Il porte et montre du doigt un stigmate de son mal, à savoir un bubon pesteux...
► Il est accompagné de l'ange salvateur.
► Il est flanqué du chien qui lui apporte quotidiennement du pain durant sa maladie.
► Il porte la tenue caractéristique du pélerin : chapeau, pèlerine, panetière et bourdon (bâton de pèlerin).Saint Michel terrassant le Dragon (XVIème siècle)
Dans l'Apocalypse, Dragon est l'un des noms de Satan...
Sainte Barbe (début du XVIème siècle)
Là, c'est gratiné...
Dioscore, le père de Sainte Barbe, un païen barbare vivant en Turquie (au nord-ouest de l'Anatolie) au 3ème siècle après Jésus-Christ, enferma sa fille à l'adolescence dans une tour à deux fenêtres afin de la soustraire aux dangers que représentaient sa beauté et sa fortune (Barbe, qui désirait se consacrer au Christ, avait refusé de se laisser marier à l'homme qu'il lui destinait).
Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d'abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps et on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel. Il mourut frappé par la foudre. Quant au berger qui l'avait dénoncée, il fut changé en pierre et ses moutons en sauterelles.
Sainte Barbe est la patronne de beaucoup de professions, en particulier des pompiers et des mineurs.
La Passion : haut-relief (vers 1500)
Il présente tous les éléments de la Passion depuis la trahison de Judas jusqu'à la Déploration (descente de croix avant mise au tombeau).
Gisant (1570)
Ce relief se distingue par son originalité. Il représenterait un membre de la famille Cauchon de Maupas mais on ignore s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. La représentation du défunt évoque la typologie des tombeaux de la Renaissance.
Un homme (ou une femme) est voluptueusement étendu(e) sur une dalle funéraire. Son bras gauche soutient sa tête, son corps, ses membres et sa tête sont recouverts, selon toute vraisemblance, d'un linceul. Dans le phylactère est inscrit en latin un passage de l'Ancien Testament (Job, 14, 6) : Laissez-moi reposer un peu jusqu'à ce que vienne le jour désiré - 1570.
Intéressante cette église, non ?
Nous sommes ensuite allés visiter la Cathédrale en empruntant la rue de la Cité.
Elle a pour nom Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
On aperçoit ici une maison à pans de bois, caractéristique de la vieille ville.
La construction d'un bâtiment de style gothique commence vers 1200. Au XVIème siècle, le clocher-porche (qui restait de la cathédrale de l'an mille) est détruit. La nouvelle façade aura trois porches et deux tours et adoptera un décor caractéristique du XVIe siècle.
La tour nord, dite Saint-Pierre, est achevée en 1634. La tour sud, dédiée à saint Paul, ne verra jamais le jour. Pas étonnant que la Cathédrale ait un petit air d'inachevé...
A l'entrée de l'église, deux statues colossales.
L'une représente Saint-Pierre tenant les clés du Paradis,
et l'autre Saint-Paul
tenant une épée (représentation de son supplice) et un livre (représentant ses écrits).La nef est très impressionnante avec sa forêt de piliers.
Certains d'entre eux sont absolument énormes.
Hauteur des voûtes sous clef : 28 mètres...
Dans cette chapelle latérale droite renfermant les fonds baptismaux, plusieurs tableaux dont l'un représentant "La Cène", inspiré de Léonard de Vinci.
La Cène (XVIème siècle)
Cliquez sur l'image pour agrandir la photo.
Dans cette autre chapelle, un groupe en pierre sculptée représentant "Le baptême de Saint-Augustin par Saint-Ambroise". Cette sculpture provient de l'église abbatiale de Saint-Loup à Troyes. D'après le Guide du patrimoine, l'objet comporterait une date lue tantôt 1549 tantôt 1565. N'a pas été trouvée lors de la prospection.
Les principaux acteurs sont présents pour décrire l’événement qui eut lieu la nuit de Pâques 387 dans la cathédrale de Milan. La femme derrière Saint-Augustin est sa mère, Sainte-Monique bien qu'elle n'ait pas été présente lors du baptême.
Vue sur la Chapelle du Saint-Sacrement
Au fond, on aperçoit le vitrail de la Vierge Immaculée de Linard Gonthier (début du XVIIème siècle)
Elle resplendit de vitraux des XVIe et XVIIe siècles. Certains proviennent de l'ancienne collégiale Saint-Étienne qui a été détruite au début du XIXe.
Le vitrail de Saint-Nicolas
Les Noces de Cana
La Dormition de la Vierge
Il faudra qu'un jour nous prenions une visite guidée pour mieux connaître ces joyaux que sont les verrières de la Cathédrale de Troyes. Mais à vrai dire, je crois que c'est sur internet qu'on peut le mieux les admirer !
Je vous l'ai dit que certains piliers étaient monumentaux !
Celui-ci, situé dans le choeur, est pourvu de colonnettes et est particulièrement élégant. Il supporte de surcroît une très jolie Vierge à l'enfant du XIVème siècle.
Un ensemble de sculptures a attiré mon regard : il s'intitule "Trois femmes" et a été réalisé par Christiane Boone (2011).
Trois femmes
plongées dans l'immense douleur du deuil.
Ce matin de Pâques, elles se retrouvent pour aller au tombeau
embaumer le corps du Christ, corps meurtri, blessé, tuméfié, transpercé.
Elles vont installer ce corps dans la mort...Trois femmes
On pourrait dire trois sentinelles ; elles sont rigides, comme pétrifiées,
elles ne comprennent pas ce qui s'est passé.
La lumière les transperce par endroits ; un ange apparaît et leur dit :
"Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui est vivant ?"Trois femmes
Les voilà en marche, toutes lumineuses.
Leur bonheur est immense, elles vont annoncer :
"Christ est ressuscité !
En accueillant la résurrection du Christ, elles témoignent de leur propre
résurrection. Elles deviennent lumineuses, enthousiastes, elles sont des
témoins en marche. Elles partent annoncer !Nous arrivons dans le choeur de la Cathédrale où le regard est happé par la série de verrières qui l'entourent : les vitraux sont du XIIIème siècle. La présence d'un triforium vitré et non pas aveugle donne à l'abside un aspect tout à fait féerique.
Cliquez sur l'image pour la voir en grand.
Des reproductions de lithographies ici : elles représentent les quatre évangélistes.
Saint Mathieu avec son ange...,
Saint Marc avec son lion...,
Saint Luc avec son taureau...,
et Saint Jean avec son aigle
C'est depuis le transept Nord que l'on a la meilleure vue sur la rosace Sud.
Eblouissant !
J'ai encore remarqué cette statue de Saint Roch en pierre polychrome de l'Ecole troyenne.
et celle-ci représentant Saint Antoine et son cochon.
Le grand défaut de la Cathédrale (surtout quand on sort de la Basilique Saint-Urbain), c'est qu'il n'y a aucune explication sur les différentes chapelles et les oeuvres qu'elles renferment.
Dommage...
Et maintenant, en route pour la visite de l'exposition "Arkéaube" et son trésor celte.
Ce sera dans un prochain épisode...
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"Les Mardis découvertes" de l'Office de Tourisme de Châtillon proposent aujourd'hui un programme très appétissant : "1 2 3 P, pour Poterie, Patrimoine et Pétillant" !
La première visite se passe à la ferme du Bel Air à Bouix, où Gerke Grashuis, une hollandaise établie dans le Châtillonnais, a installé son atelier de poterie tandis que son mari y élève des moutons.
Très bucolique tout ça...
Il faut monter sur les hauteurs par la route qui sort du village pour trouver, comme son nom l'indique, la ferme du Bel Air : de là, on domine toute la plaine de Châtillon.
La chaleur du jour (39°C tout de même) n'a pas empêché les gens (ni moi toute seule, Philippe préférant rester au frais - relatif - de la maison) de s'inscrire à l'animation. Nous sommes 73 à y participer : un record absolu pour Nadine qui organise ces sorties.
L'artiste nous accueille dans sa salle d'exposition et nous donne quelques explications.
Voici quelques unes de ses productions
Gerke nous a réservé un très bon accueil.
Elle avait préparé des petites douceurs hollandaises et... surtout de l'eau pour ses visiteurs.
Nous avons ensuite assisté à la fabrication de plusieurs objets, Gerke nous faisant des commentaires sur sa façon de travailler la terre. Celle-ci vient de la région de Sancerre.
Gerke nous a expliqué que son "truc" c'était la fabrication d'objets usuels...
Il faut ensuite cuire l'argile dans un four : voici la réserve de bois.
Photo internet
Les moutons du mari de Gerke
Il y a toujours des déchets quand on travaille l'argile : Gerke les appelle avec humour "ses petits chagrins". Ils sont en vente sur une table à part à des prix défiant toute concurrence : certains sont un peu craquelés, d'autres pas parfaitement arrondis...
Notre après-midi s'est poursuivie par la visite du château de Larrey, distant de seulement quelques kilomètres, par Monsieur Bouchard, son propriétaire. Je ne peux hélas pas vous en montrer des photos, celles-ci étant interdites : le château est une propriété privée. M. Bouchard nous a expliqué que du fait de l'inscription du château à l'inventaire des monuments historiques depuis 1972, il avait eu le choix quand il en a fait l'acquisition en 1981, soit de recevoir des subventions (mais alors il fallait le faire visiter) ou bien de se débrouiller seul (et du coup ne pas le faire visiter).
Cette visite (des extérieurs) était tout à fait exceptionnelle.
Le château a été construit en 1230 par Eudes III de Grancey, l'un des plus puissants seigneurs du nord de la Bourgogne, qui avait reçu le fief de Larrey de son épouse, Constance de Larrey. Les Grancey gardèrent cette terre jusqu'à la fin du XVème siècle ou elle passa à Marie de Grancey marié à Claude Toulongeon qui rebâtirent en partie le château. Elle fut finalement vendue en 1650 à Abraham de Fabert qui la fit ériger en marquisat, mais la céda dès 1661 à Pierre Lenet, conseiller d'Etat, lequel modifia le corps de logis et une partie des communs. En 1780, nouvelle vente au prince de Condé, qui en fit don à l'hôpital de Chantilly. Le château est ensuite tombé dans l'abandon au XIXème siècle, servant d'étables, de granges et d'écuries dans le cadre d'une exploitation agricole.
Le château surplombe le village mais reste en grande partie caché par la végétation (Photo Maude Gallimard).
Il s'agissait à l'époque d'une véritable forteresse militaire.
Pendant l'interminable guerre de Cent Ans, entre deux batailles pour "bouter l'Anglais hors de France", les troupes du roi Charles VII avaient la détestable habitude de battre la campagne, armes à la main, pour s'emparer des châteaux et rançonner les populations. Leurs méfaits leur valaient le nom d'Écorcheurs, ralliés au parti des Armagnacs. Leurs rivaux dirigés par le Duc de Bourgogne, Philippe le Bon (qui avaient des intérêts convergents avec les Anglais puisqu'ils guerroyaient contre le Roi de France), étaient la cible régulière de ces pillages.
Enluminure du XVème siècle représentant le pillage d'une ville
Le capitaine Jacques d'Espailly, surnommé "Fortépice", malgré ses titres ronflants d'écuyer du Roi et de bailli de Melun, n'était rien d'autre qu'un de ces mercenaires. En 1430, le château fut assiégé par les Bourguignons qui le reprirent à l'ennemi.
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Le château domine le village et est entouré de plusieurs niveaux de terrasses. Il est constitué d'une enceinte polygonale doublée de bâtiments d'enceintes en U. Le domaine ne fait pas moins de 10.000 mètres carrés et les bâtiments 1200...
C'est par ce côté possédant encore deux belles tours reliées entre elles par une galerie en surplomb qu'on entrait à l'époque dans le château par une porte charretière précédée d'un pont-levis surplombant des douves sèches de dix mètres de profondeur. Il y avait à l'époque un chemin de ronde comme en témoignent les petites ouvertures situées sous la toiture.
Photos Wikipédia
Le bâtiment le plus ancien occupe la moitié orientale de la courtine nord. Bâti en moyen appareil, il contient au rez-de-chaussée un cellier formé de deux travées de sept voûtes d'ogives.
L'édifice en retour d'angle à l'est est le logis principal, plus tardif et plus remanié : on peut y voir une superbe tour Renaissance. La carte postale est ancienne et montre mal la beauté actuelle de cette "basse-cour" intérieure qui est maintenant en train d'être aménagée en jardin à la française.
Le troisième "P" de ce mardi découvertes, c'était la dégustation de crémant de Bourgogne sur la terrasse intérieure du château : du Crémant "Cailletet", viticulteur à Bouix.
La terrasse date du XVIIème siècle : on la voit ici de l'extérieur (photo internet).
Nous avons eu droit à goûter le Crémant Tradition, un assemblage de Pinot Noir et de Chardonnay et l'Elixir de Léonie, un Crémant Blanc de Blanc élaboré à partir de chardonnays. Vue la chaleur qu'il faisait, je n'ai pas attendu la dégustation du Crémant Rosé.
Il faut dire que Monsieur Bouchard nous a retenus pas loin de deux heures je crois pour la visite exhaustive de l'extérieur de sa propriété...
Sympa !
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