• Le Paris du Baron Haussmann avec Générations 13

      Mon Dieu, que le temps passe vite ! Déjà deux semaines qu'Anne-Marie nous faisait découvrir les passages du Faubourg Saint-Antoine... et voici qu'elle nous propose encore aujourd'hui de remonter le temps en nous entraînant dans le quartier de la gare Saint-Lazare à la recherche du Paris du Baron Haussmann.

     Napoléon Ier avait rêvé de faire de Paris "la plus belle ville qui ait jamais existé" mais... il n'a pu réaliser qu'une partie de ses projets et c'est Napoléon III qui va reprendre le flambeau. Avec l'appui du Préfet de la Seine, Georges Eugène Haussmann (1809 - 1891), il transforme la capitale en en éradiquant les quartiers insalubres (en accord avec les théories hygiènistes alors en plein essor), en ouvrant de grandes voies de circulation et en créant de grands parcs (sur le modèle de Londres d'où il revient) pour en faire la ville moderne que nous connaissons aujourd'hui. Le percement des grandes avenues n'est, quant à lui, pas étranger à la volonté d'entraver d'éventuels soulèvements populaires...

     Bien sûr, certains lui reprocheront d'avoir détruit le Paris du Moyen-Age, mais on n'a rien sans rien (les parisiens y ont tout de même gagné l'eau courante...).

     Nous avons rendez-vous au 102 boulevard Haussmann, un immeuble dont le rez-de-chaussée est occupé par les locaux d'une banque, donc à priori sans grand intérêt...

    1 - 102 boulevard Haussmann - Immeuble de Proust

     si ce n'est que c'est ici qu'a habité Marcel Proust de 1907 à 1919 ainsi qu'en témoigne cette plaque.

    2 -102 boulevard Haussmann - Plaque Proust

     C'est dans un appartement situé au 2ème étage qu'il écrivit "A la recherche du temps perdu". Une anecdote : pour se prémunir contre le bruit, en septembre 1910, il fit clouer sur les murs de sa chambre d'épaisses plaques d'écorce de liège brut, sur les conseils d'Anna de Noailles.

     Quittant légèrement le boulevard, nous voici maintenant devant l'immeuble de l'ancien Siège de la Société Financière Française et Coloniale (la SFFC) qui se distingue surtout par les sculptures de Georges Saupique, sculpteur colonial, représentant différents animaux exotiques : crocodile, éléphant, antilope, gazelle, tigre, gazelle et requin...

    3 - Ancien Siège de la Société Financière et Coloniale

    6 - Ancien Siège de la SFC - Sculptures de G. Saupique

    5 - Ancien Siège de la SFC - Eléphant

     Comme nous le rappelle Anne-Marie, aux abords des terminus de diligences puis près des gares, se développèrent dans la première moitié du XIXème siècle des galeries commerciales abrités dans des passages couverts tels que celui-ci.

     Le passage Puteaux relie la rue Pasquier à la rue de l'Arcade.

    7 - Passage Puteaux 1

     Malheureusement, la gare Saint-Lazare qui devait être édifiée tout à côté fût en définitive établie plus au nord, dans le quartier de l'Europe, ce qui ne favorisa pas sa fréquentation... En voici une photo, même si ce passage est loin d'être aussi élégant que ceux du quartier des grands boulevards.

    8 - Passage Puteaux 2

     Tout à côté du passage Puteaux, le Square Louis XVI où une chapelle expiatoire a été érigée sous Louis XVIII pour rappeler que c'est là que les dépouilles de Louis XVI et de Marie-Antoinette reposèrent avant d'être transférées à Saint-Denis. La chapelle ne se visite que lors des Journées du Patrimoine.

    9 - Chapelle expiatoire dans le Square Louis XVI

     Rapprochons-nous maintenant de la gare Saint-Lazare : le One Two Two, ça vous dit quelque chose ? Et bien c'est au 122 de la rue de Provence (d'où son petit nom) que se tenait autrefois l'une des plus luxueuses et célèbres maisons closes de Paris ! Sans doute l'appelait-on ainsi pour se montrer discret...

     A l'origine, ancien Hôtel Particulier construit sur trois niveaux appartenant au Prince Murat, Marcel Jamet s'en rend acquéreur en 1924 et le fait surélever de quatre étages en 1933. Tel est l'immeuble que l'on peut voir aujourd'hui.

       14 - Le One Two Two

     C'était un lieu fréquenté par la haute société où l'on se rendait tant pour être vu autant que pour goûter aux charmes de ses "pensionnaires". On y vit des Altesses royales (l'Aga Khan ou le Roi des Belges), des comédiens (Raimu, Mistinguette, Edith Piaf, Jean Gabin, Humphrey Bogart, Marlène Dietrich et pendant la guerre de très nombreux officiers allemands et de la Gestapo française dont c'était le bordel officiel.

     Les chambres étaient toutes différentes et faisaient "voyager" leurs occupants tout autour du monde avec : la cabine de l'Orient Express, la chambre igloo, la chambre africaine, le grenier à foin, la chambre provençale, la chambre égyptienne, la chambre François Ier etc etc...

     Du hall avec ascenceur qui desservait les différentes chambres, il ne reste que la rampe.

    15 - L'ascenceur

     Voici la chambre champêtre avec le foin qui sort du grenier !

    20 - La Champêtre

     La chambre de la Compagnie des Indes

    19 - La Compagnie des Indes

     La chambre corsaire

    18 - La Corsaire

     La chambre africaine

    16 - L'Afrique

     La chambre François Ier (le pauvre : qui lui eut dit qu'il serait mis à cette sauce  !)

    21 - La chambre François Ier

     Et voici les serveuses du Restaurant avec Marcel Jamet : l'essentiel est caché !

      24 - Les serveuses du restaurant avec Marcel Jammet

     Dommage qu'on ait détruit tout ça : cela aurait pu faire l'objet d'une visite guidée !

     Trêve de plaisanterie, nous cheminons maintenant en direction du 8 de la rue du Havre pour faire une halte devant le Lycée Condorcet. Ouvert en 1803, c'est l'un des plus vieux lycées de Paris et aussi l'un des meilleurs. C'est aussi le premier établissement à avoir été mixte (dans les classes préparatoires).

     Anne-Marie nous apprend que le lycée Condorcet s'est appelé Lycée Karl Marx durant quelques jours pendant les événements de mai 68. En effet, les élèves voulaient qu'il porte le nom d'un révolutionnaire et ce n'est que lorsqu'on leur a fait réaliser que justement Nicolas Condorcet était un révolutionnaire que l'établissement a repris son nom actuel.

     Le Lycée compta nombre de professeurs illustres tels que les philosophes Alain et Sartre, Albert Châtelet le mathématicien, Edouard Daladier l'historien et homme politique, Marcel Proust l'écrivain, Marcel Pagnol qui y enseigna l'anglais avant d'abandonner l'Education Nationale pour la littérature et bien d'autres encore.

     Il serait trop long d'énumérer tous les élèves devenus célèbres qui y ont usé leurs culottes... Citons dans le désordre chronologique : Tristan Bernard, Daniel Buren, Bernard Blier, Sadi Carnot, Henri Cartier-Bresson, Gilbert Cesbron, André Citroën, Jean Cocteau, Serge Gainsbourg, Louis de Funès, Alain Krivine, Eugène Labiche, Pierre Lazareff, Jean Marais, Jean Nohain, Marcel Proust (qui y devint professeur : cf. ci-desssus), Francis Poulenc, Victor Schoelcher, Louis Renault entre autres

     et justement...

     un certain Georges Eugène Haussmann.

    25 - Le Lycée Condorcet

     Non loin de là, la gare Saint-Lazare avec Marie-France qui me prête gentiment son sourire avec sa toute nouvelle coupe de cheveux, très réussie je trouve.

    26 - La gare Saint-lazare

     C'est la plus ancienne des gares parisiennes et c'est aussi, parait-il, la plus grande d'Europe. On y rentre en empruntant un escalier monumental (photo internet) dont le plafond est superbement décoré.

      L-escalier-monumental-de-la-gare-Saint-Lazare.jpg

     Ma photo maintenant ! Ce rouge et cet or sont bien chatoyants...

    28 - La gare Saint-Lazare escalier

     La salle des pas perdus a été rénovée récemment : c'est maintenant un espace de circulation très lumineux.

     27 - La gare Saint-Lazare verrière

     La gare Saint-Lazare, tout comme la cathédrale de Rouen, a fait l'objet d'une série de tableaux peints par Claude Monet (qui demanda alors aux autorités compétentes de faire fumer toutes les locomotives !). Avouez que cela en valait le coup...

    La-gare-Saint-Lazare-de-Monet-2.jpg

     Et maintenant, direction l'ouest pour rejoindre le Square Marcel Pagnol, créé par l'Ingénieur Alphand, contemporain de Haussmann.

      Plan-du-parcours-2.JPG

     Une petite halte récupératrice

      30 - le groupe

     Voici un exemple type d'immeuble Haussmannien : en pierre de taille à 6 étages (le dernier étant réservé aux "chambres de bonnes") avec un balcon en enfilade au 2ème étage (celui des propriétaires) et au 5ème étage (pour l'harmonie visuelle).

      32 - Square Marcel Pagnol immeuble Haussmanien

     On aperçoit ici le lieu de notre prochaine étape : la monumentale église Saint-Augustin. Avez-vous remarqué les arbres en fleurs ? Nous sommes presque au Printemps en ce qui concerne la date !

    31 - Square Marcel Pagnol

     Au passage, jetons un coup d'oeil à l'ensemble monumental que constitue le Cercle National des Armées, de terre, de mer et de l'air : à l'angle du bâtiment, une superbe rotonde. C'est l'oeuvre de Lemaresquier, architecte en chef des palais nationaux qui le réalise dans l'entre deux guerres et inauguré par le Président Doumergue en 1928.

     33 - Le Cercle national des Armées

     La façade possède quatre statues allégoriques qui ne sont pas faciles à photographier tellement elles sont haut perchées : peut-être étaient-elles destinées à être vues par les anges ? Elles sont toutes d'un sculpteur différent.

     34 - Le Cercle national des armées façade

     Le Turco (tirailleur algérien)

    35 - Le Turc

     Le Poilu

    36 - Le Poilu

     Le marin

      37 - Le marin

     Le Cuirassier

    38 - Le cuirassier

     Les voici rendus plus accessibles grâce à la magie d'internet...

       39 - le Turco, le Poilu, le marin et le cuirassier

     Notre promenade s'achève par la visite de l'église Saint-Augustin qui a la particularité de possèder une structure métallique (sans quoi l'édification de son dôme eût été impossible). Vous n'en verrez que le haut car les échafaudages ne sont pas photogéniques !

     40 - Eglise Saint-Augustin

      45 - l'Eglise Saint-Augustin

     On aperçoit ici les colonnes de fer soutenant le dôme.

      46 - l'Eglise piliers en fer

     A l'entrée de l'église, une plaque indique que c'est dans cette église que Charles de Foucaud se convertit.

    41 - Plaque conversion Charles de Foucaud

     Une pièce est consacrée à la vie du prêtre sous forme de panneaux d'affichage agrémentés de photos d'époque.

    42 - Charles de Foucaud - Touaregs

     Buste en terre cuite de Charles de Foucaud

      43 - buste de Charles de Foucaud

     Le Saint homme, de son vrai nom Charles Eugène de Foucaud de Pontbriand (en voilà un nom à rallonge...), est né en 1858 à Strasbourg. Orphelin à 6 ans, c'est son grand-père qui l'élève : il le suit d'ailleurs dans ses déplacements militaires et, devenu adolescent, il fait tout naturellement Saint-Cyr. Après avoir fait carrière dans l'armée tout en menant une vie "facile" comme on dit, il décide de démissionner de l'armée à 23 ans afin d'explorer le Maroc. Sa rencontre avec les musulmans et son retour en France où il rencontre en particulier l'Abbé Huvelin lui redonnent la foi : il devient même prêtre, à 43 ans.

     Parti vivre au Sahara, il partage la vie des Touaregs mais il est assassiné le 1er décembre 1916 à la porte de son bordj dans le Sahara algérien.

       44 - Bordj de Tamanrasset assassinat CDF 1er déc 1916

     Au coin du Boulevard Haussmann et de la rue Laborde se trouve une statue du Baron Haussmann par François Cogné (1889), bien jolie je trouve. Une anecdote sur Haussmann : né au 55, rue du Faubourg du Roule près de la place de l'Etoile, il n'hédita pourtant pas à la faire démolir... C'est bien de donner l'exemple : un exemple que les politiques d'aujourd'hui devraient suivre plus souvent...

      47 - Statue du Baron Haussmann

      48 - Plaque statue

     La boucle est bouclée...

     Merci encore à Anne-Marie pour ce guidage fort intéressant.


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