• Le 5ème insolite : l'Hôtel Scipion Sardini et le Pavillon du marché aux chevaux

    En me promenant dans le 5ème arrondissement ces jours-ci, j'ai découvert l'Hôtel Scipion Sardini et le Pavillon du marché aux chevaux.

    L'Hôtel Scipion se trouve au numéro 5 de la rue du même nom. Il s'agit d'une belle demeure de la Renaissance dans le Faubourg Saint-Marcel acquise en 1565 par Scipion Sardini (1526 - 1609), originaire de Lucques en Toscane, qui suivit Catherine de Médicis en France.

    D'abord établi à Lyon où il assiste ses frères dans leurs négoces, il monte rapidement à Paris où il met ses talents de financier au service de la Reine. Il acquiert vite une très grosse fortune au point que l'on dit en parlant de lui : "Naguère sardine, aujourd'hui grosse baleine : c'est ainsi que la France engraisse les petits poissons italiens".

    Voici d'ailleurs le blason des Sardini

    Gustave Doré l'a imaginé ainsi 300 ans après... en 1855 pour l'édition des Contes drolatiques de Balzac.

     L'Hôtel est construit en 1532 pour Maurice Bullioud, doyen de Saint-Marcel mais l'architecte, bien que de premier ordre, est inconnu à ce jour. Scipion Sardini y vit avec son épouse, Isabelle de Limeuil.

    On entre dans l'hôtel par un élégant porche modifié au XVIIème siècle.

    L'Hôtel est constitué d'un quadrilatère autour d'une cour pavée.

     Le bâtiment de droite est remarquable en ceci qu'il possède une galerie en briques ornée de médaillons en terre cuite inspirés de Girolamo della Robbia.

    Voici un beau vieillard barbu

     Un guerrier (possible allusion à Scipion l'africain)

     Une femme vêtue d'une robe et portant un collier

     

    Après la mort de Scipion Sardini, l'hôtel est transformé en hospice en 1612 (sous le nom de "l'hôpital des pauvres renfermés" : tout un poème...). En 1639, il sera racheté pour être affecté en 1656 à l'Hôpital Général (il servira alors de maison d'accouchement et d'allaitement sous le nom d'hôpital Sainte-Marthe). Après la Révolution, il devient la boulangerie des Hôpitaux de Paris et garde cette fonction jusqu'en 1974 lorsqu'il est transformé en musée puis en administration de l'Assistance Publique à partir de 1983, fonction qu'il occupe toujours. En fait, il s'y trouve aussi des logements de fonction...

    Cette gravure ancienne montre la charrette chargée de pains sortant de la boulangerie.

    Le square Scipion fait face à l'hôtel.

     

    Au bout du square, un haut-relief monumental a été réalisé par Alexandre Charpentier en briques de grès polychrome : il a été présenté au moment de l'Exposition universelle de 1900 à l'exposition décennale des Beaux-Arts et a été inspiré par la célèbre frise des Archers mise à jour à Suse lors des fouilles du Palais de Darius.

    Il faudra que j'aille la voir car elle se trouve au Louvre !

    Il a pour titre "Les boulangers" et voici ce qu'Alexandre Delhomme, Compagnon du Devoir, en dit :

    "Se détachant sur les treillis de jointage en ciment vernissé, des cubes de terre cuite ; ce sont trois vigoureux Compagnons qui peinent courageusement sur la besogne. De toute la force de ses bras musclés et de ses reins solides, l'un d'eux pétrit la pâte ; un autre la présente dans une corbeille au plus affairé des trois, qui enfourne allègrement. Nus jusqu'à la ceinture, le grand tablier blanc aux hanches, les trois mitrons sont admirables de vie, de naturel et de grandeur simple. Ah ! les robustes gars, et comme tout leur être chante un hymne au travail !"

    Cliquez sur l'image pour la voir en grand : le haut-relief est vraiment superbe !

    J'ai ensuite rejoint l'impasse du marché aux chevaux à 5 minutes à pied.

     

    Elle se trouve à côté d'un pavillon de style Louis XV,édifié en 1760-1762 sur l'ordre d'Antoine de Sartine, lieutenant général de Police au 5 de la rue Geoffroy Saint-Hilaire. Il était destiné à recevoir les contrôleurs du marché aux chevaux voisin. Cette partie de la rue s'appelait d'ailleurs alors la rue du marché. Non loin de là , il y avait la rue de l'Essai où l'on faisait trotter les chevaux avant de les acheter.

    Mon Dieu, comme cette époque devait être pittoresque mais... on a gagné en confort tout de même ! Il faut savoir ce que l'on veut...

    Sur la façade sculptée on reconnait une grue et un coq sculptés qui pourraient représenter "la Patience" et "la Vigilance". Le marché se tient ici jusqu'en 1857, année de l'ouverture du  Boulevard Saint-Marcel.

    Sur la plaque de marbre à gauche de la fenêtre centrale, on peut lire : 

    "En 1760, Messire Antoine-Raymond-Jean-Gabriel-Guilbert-Gabriel de Sartine, Chevalier Conseiller du Roi en ses conseils, Maître des Requêtes ordinaires de son Hôtel, Lieutenant général de Police de la ville Prévôté et Vicomté de Paris, ordonne la construction de ce Pavillon pour y tenir la Police du marché aux chevaux." 

    Heureusement que je m'appelle Claire Leconte, c'est plus simple pour signer !

    Un peu plus loin au numéro 11 de la rue, subsiste un intéressant bâtiment du XIXe siècle : sur sa façade on peut lire « Marchand de chevaux, poneys, doubles poneys, de toutes provenances et chevaux de trait ».

     

    Paris n'a pas fini de me surprendre...

     


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