• J'ai lu "De sang et d'or" de Michèle Barrière et découvert "l'Utopie" de Thomas More

    Je continue à lire la saga de Michèle Barrière mettant en scène - dans une fiction policière -historico-culinaire - Quentin du Mesnil, Maître d'Hôtel de François Ier. Le second tome s'intitule "De sang et d'or".

    J'ai lu "De sang et d'or" de Michèle Barrière et découvert "l'Utopie" de Thomas More

    Cette fois-ci, ce dernier n'est plus sur les traces de Léonard de Vinci en Italie ainsi que le lui avait demandé François Ier qui désirait s'entourer à Amboise de la compagnie du grand peintre et inventeur italien, mais mis en présence de Thomas More, conseiller d'Henry VIII d'Angleterre, à l'occasion de la préparation du traité de paix entre les deux souverains connu sous le nom de "Camp du drap d'or" qui s'est tenu du 7 au 24 juin 1520.

    François Ier et Henry VIII, deux rois presque du même âge (le premier a 23 ans, le second 28) et de la même taille, aussi ambitieux l'un que l'autre. La paix entre les deux pays va-t-elle s'instaurer à l'issue de l'entrevue du Camp du drap d'or ou bien les deux rois vont-ils se contenter de se mesurer à travers festins et tournois... ? La réponse, à la fin du livre !

    J'ai lu "De sang et d'or" de Michèle Barrière et découvert "l'Utopie" de Thomas More

    Une vidéo de l'Institut National du Patrimoine sur les traités diplomatiques du Camp du drap d'or

    Cliquez sur l'image pour l'agrandir, elle en vaut la peine.

    J'ai lu "De sang et d'or" de Michèle Barrière et découvert l'Utopie de Thomas More

    Le camp du drap d'or - Huile sur toile de 1545 (Friedrich Bouterwerk) - Musée national du Château de Versailles

    La partie gauche du tableau montre le cortège d’Henri VIII entrant dans le château de Guînes le 5 juin 1520. Le roi, vêtu d’or, se distingue des autres personnages par sa taille. Sa suite compte plus de trois mille personnes, dont le cardinal Wolsey, principal négociateur de la paix.

    Au centre de la toile se trouve le palais éphémère dans lequel Henri VIII a résidé durant l’entrevue. Érigé à côté du château de Guînes et de style en partie italianisant, ce palais est une véritable prouesse technique et artistique, son architecture mêlant brique, bois, tentures et verre.

    À l’arrière-plan, les luxueux pavillons installés à Ardres et dans lesquels résident François Ier et les trois mille Français font, selon les contemporains, pâle figure à côté du palais d’Henri VIII. Le pavillon doré est celui dans lequel François Ier accueille Henri VIII le 7 juin. Quant au double pavillon doré situé à équidistance du camp français et du palais anglais, il est le lieu des rencontres diplomatiques quotidiennes.

    La toile montre toutefois que les divertissements occupent l’essentiel du temps des souverains et de leur Cour, qu’il s’agisse de joutes (en haut à droite), de banquets (au centre et à droite), de mascarades ou de feux d’artifice, comme ce dragon (en haut à gauche) que les Anglais envoient dans le ciel le 23 juin, après la messe de clôture de la rencontre célébrée par le cardinal Wolsey en présence des deux souverains.

    Cette entrevue est le fruit du travail de plusieurs milliers d’artisans et de serviteurs, que l’on voit s’afférer sur la toile, tels ces cuisiniers au second plan à droite. Le tableau met également en scène la foule venue au camp du Drap d’or pour admirer les tentes, assister aux divertissements et profiter des faveurs, comme ces fontaines à vin au premier plan.

    Le livre de Thomas More, l'Utopie, paru quatre ans plus tôt, inspire apparemment dans ce roman policier une main assassine (on y parle souvent de sociétés secrètes qui, rassurez-vous n'arriveront pas à leurs fins...), l'occasion pour moi d'approfondir un peu ce qu'est ce livre - l'Utopie - qui a donné son nom au nom commun si souvent galvaudé (l'origine du mot vient du grec οὐ-τόπος « en aucun lieu »). Il s'agit de la représentation d'une société idéale, sans défaut, contrairement à la réalité. Plus tard, des économistes reprendront quelques unes de ses idées en matière de conceptions économiques de la société. Ainsi, Karl Marx s’est appuyé sur ses travaux pour élaborer la théorie du communisme.

    Thomas More par Hans Holbein (1527)

    Lord chancelier du roi Henry VIII (une sorte d'équivalent de Premier ministre), il sera décapité le 6 juillet 1635 pour n'avoir pas approuvé le divorce du roi d'avec Catherine d'Aragon (Henry VIII souhaitait se remarier avec Ann Boleyn rencontrée lors des accords du Camp du drap d'or) et s'être opposé au schisme anglican qui faisait d'Henry VIII le chef suprême de l'église anglicane...

    J'ai lu "De sang et d'or" de Michèle Barrière et découvert l'Utopie de Thomas More

    Cette carte de l'île d'Utopie illustrait l'édition originale (1516) du texte de Thomas More.

    J'ai lu "De sang et d'or" de Michèle Barrière et découvert l'Utopie de Thomas More

    Description de l’Utopie (Source : Organisation BeSeven)

    Thomas More décrit sa société idéale 100 000 habitants vivant sur une île. C’est une île car l’isolement sur l’extérieur est essentiel au bon fonctionnement de la société idéale.

    Utopie est une île en forme de croissant qui contient cinquante-quatre villes grandes et belles où la langue, les lois, les mœurs et les institutions sont identiques. Ces villes sont bâties sur le même plan et ont les mêmes établissements publics. La capitale est Amaurot parce qu’elle est le siège du gouvernement et du sénat. E est située au centre de l’île.

    Les utopiens ont aboli la propriété privée et appliquent le principe de la possession commune. Ils doivent changer de maison tous les dix ans et tirent au sort leur nouvelle demeure.

    Les religions sont multiples et coexistent, mais la plupart des utopiens sont monothéistes et reconnaissent un Dieu immense et inexplicable qu’ils appellent “Père”. Les prêtres sont des magistrats élus par le peuple, au scrutin secret, et sont dirigés dans chaque cité par un pontife. Ils peuvent se marier et les femmes ne sont pas exclues du sacerdoce, pourvu qu’elles soient veuves et d’un âge avancé.

    Il n’y a pas de monnaie, chacun se sert au marché en fonction de ses besoins. Toutes les maisons sont pareilles. Il n’y a pas de serrure et tout le monde est obligé de déménager tous les dix ans pour ne pas s’enraciner.

    L’oisiveté est interdite : pas de femmes au foyer, pas de prêtres, pas de nobles, pas de valets, pas de mendiants. Cela permet de réduire la journée de travail à 6 heures.

    Tout le monde doit accomplir un service agricole de deux ans. En cas d’adultère ou de tentative d’évasion d’Utopie, le citoyen perd sa qualité d’homme libre et devient esclave. Il doit alors travailler beaucoup plus et obéir. 

    La famille est préservée et honorée, l’adultère est puni du plus dur des esclavages et de mort en cas de récidive. Avant le mariage, la chasteté est de rigueur et l’examen prénuptial est exigé.

    Des Passages de l'Utopie...

    "N’est-elle pas inique et ingrate la société qui prodigue tant de biens (…) à des joailliers, à des oisifs, ou à ces artisans de luxe qui ne savent que flatter et asservir des voluptés frivoles quand, d’autre part, elle n’a ni cœur ni souci pour le laboureur, le charbonnier, le manœuvre, le charretier, l’ouvrier, sans lesquels il n’existerait pas de société. Dans son cruel égoïsme, elle abuse de la vigueur de leur jeunesse pour tirer d’eux le plus de travail et de profit; et dès qu’ils faiblissent sous le poids de l’âge ou de la maladie (…), elle oublie leurs nombreuses veilles, leurs nombreux et importants services, elle les récompense en les laissant mourir de faim. (…) En Utopie, au contraire où tout appartient à tous, personne ne peut manquer de rien, une fois que les greniers publics sont remplis. Car la fortune de l’État n’est jamais injustement distribuée en ce pays. L’on n’y voit ni pauvre ni mendiant et quoique personne n’ait rien à soi, cependant tout le monde est riche. Est-il en effet de plus belle richesse que de vivre joyeux et tranquille sans inquiétude ni souci ? Est-il un sort plus heureux que celui de ne pas trembler pour son existence ?"

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    "Le seul moyen d’organiser le bonheur public c’est l’application du principe de l’égalité. L’égalité est impossible dans un État où la possession est solitaire et absolue ; car chacun s’y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu’il peut, et la richesse nationale (…) finit par tomber en la possession d’un petit nombre d’individus qui ne laissent aux autres qu’indigence et misère. (…)

    Le but des institutions sociales en Utopie est de fournir d’abord aux besoins de la consommation publique et individuelle, puis de laisser à chacun le plus de temps possible pour (…) cultiver librement son esprit. (…)

    Les Utopiens ont la guerre en abomination, comme une chose brutalement animale. (…) Ce n’est pas pour cela qu’ils ne s’exercent pas (…) à la discipline militaire mais ils ne font la guerre que (…) pour défendre leurs frontières, ou pour repousser une invasion ennemie sur les terres de leurs alliés, ou pour délivrer (…) du joug d’un tyran un peuple opprimé par le despotisme."

    Pour conclure, une vidéo de "Reflets d'Histoire", chaîne historique et politique super intéressante mais surtout très pédagogique qui vous dit tout sur l'utopie (en général) et plus précisément sur celle décrite par Thomas More dans son livre.

    Décidément, en lisant les livres de Michèle Barrière, je fais toujours d'agréables découvertes (dans "Le sang de l'hermine", c'était les inventions de Léonard de Vinci, cette fois-ci avec "De sang et d'or" j'apprends beaucoup sur le livre phare de Thomas More "l'Utopie") et je me délecte de la description des festins extraordinaires dont fourmillent ses livres, tant sur le plan du décor que sur celui des plats élaborés pour satisfaire l'appétit des rois !

    Un vrai régal !


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