Une très bonne soirée ce samedi en compagnie d'Arlette avec une excellente pièce au Théâtre 13 qui, comme son nom l'indique, se trouve tout près de chez nous. Zadig, le conte philosophique de Voltaire publié à l'origine en 1748.
D’après Longchamp, secrétaire de Voltaire, c’est au cours des soirées mondaines données à Sceaux, chez la Duchesse du Maine, que l’idée d’écrire des contes inspire à Voltaire ce petit roman, qualifié aussi de conte philosophique, qui connaît plusieurs éditions à partir de 1747. Il s'est par ailleurs défendu d’en être l’auteur, le considérant comme une simple « couillonnerie ».
Zadig, a été adapté par Gwenhaël de Gouvello et c'est une réussite : la pièce, qui se passe à Babylone (donc dans l'actuel Irak), est riche en péripéties et n'est jamais ennuyeuse. Les treize acteurs se démultiplient avec habileté pour endosser à merveille les rôles des 47 personnages qui la constituent.
L'histoire est à la fois simple et complexe : Voltaire raconte les multiples mésaventures d'un jeune homme qui découvre au fil de ses rencontres que la vertu n'amène pas toujours à la fortune. Naïf, altruiste, Zadig subit la bêtise, l'ignorance et la méchanceté de ses contemporains. Promis de nombreuses fois à la potence, au bûcher ou à la pendaison, il réussit néanmoins à chaque fois à se sortir de situations perdues d'avance. La raison en est une intelligence certaine vouée à servir son sens inné du raisonnement et de la sagesse. Adepte d'une philosophie qu'il éprouve dans le moindre détail, Zadig sait réconcilier des ennemis, confondre des femmes pas si fidèles et démasquer des maris violents.
Le siècle des Lumières est omniprésent dans cette pièce qui dénonce entre autres l'ignorance de la médecine, l'absurdité de la justice et le fanatisme des prêtres. Bref, une satire déguisée, grâce à la distance prise par Voltaire qui situe l'histoire à Babylone, de la société du XVIIIème siècle et des idées qui restent encore très actuelles de nos jours.
Le décor est très sobre mais efficace : une série de chaises sont disposées, point barre. Les acteurs les manipulent tout au long de la pièce, les transformant selon les besoins de la scène, en prison, en caravane ou encore en bûcher...
Les costumes d'Anaïs Sauterey sont orientaux naturellement mais ils sont simples. Est-ce parce que la pièce reste très actuelle que Zadig est le seul à être vêtu à l'européenne ?
Ici, Sémire, le premier amour de Zadig, pleure son amant blessé.
En fait, cet épisode de l'histoire raconte comment Zadig est confronté à un rival qui le blesse à l'oeil, le laissant pour borgne. Sémire le rejète alors préférant s'offrir à Orcan... Le grand médecin Hermès est appelé au chevet du malade : "s'il se fut agi de l'oeil droit, je l'aurais guéri sans problème mais il s'agit de l'oeil gauche qui lui est incurable !" Voltaire assassine à cette occasion la médecine et surtout les médecins : un clin d'oeil à Molière.
Ici, Zadig triomphe : il est nommé ministre par le Roi Moabdar en conséquence de sa générosité (après son soutien à un ministre que le Roi venait de renvoyer).
L'une des dernières scènes de la pièce : la caravane du Maître Ogul
J'ai trouvé sur internet une version audio libre de droits de la pièce de Voltaire. Ca dure 2h15... Plus raisonnablement, vous pouvez cliquer ICI pour écouter le chapitre succulent sur le chien et le cheval.
La pièce se joue jusqu'au 11 décembre prochain. A ne pas louper : j'ai adoré !