Ce matin, nous sommes allés nous promener dans le deuxième arrondissement afin de visiter la Bibliothèque nationale, celle du site Richelieu, située sur les lieux de l'ancien Palais que le principal ministre de Louis XIII puis de Louis XIV, le Cardinal Mazarin, fit édifier ici pour abriter sa collection d'œuvres d'art et sa bibliothèque.
Moi qui suis parisienne de naissance, je n'y étais jamais allée ! Il faut dire que pour visiter tout ce qu'il y a à Paris, il faut plus d'une vie, non ?
Le Palais Mazarin sur une carte du XVIIe siècle : il fait un quadrilatère, enserré entre les rues Vivienne, des Petits Champs, Richelieu et Colbert.
Créé en 1839, le square Louvois se trouve juste en face de l'entrée de la bibliothèque du côté de la rue de Richelieu. Il occupe l'emplacement de la huitième salle d'opéra de Paris construite en 1792 pour la Montansier. Elle sera l'Opéra de Paris de 1794 à 1820. La flûte enchantée de Mozart y fut créée et en 1820, le duc de Berry, prétendant au trône de France, y fut assassiné à la sortie d'un spectacle.
Au centre du square une jolie fontaine composée de sculptures allégoriques représentant quatre grands fleuves français : la Seine, la Garonne, la Loire et la Saône.
Dans la partie basse, des angelots chevauchent des poissons en s'enroulant dans leur queue tandis que des mascarons tirent la langue : en fait, ce sont eux qui crachent de l'eau quand la fontaine est en activité d'où la nécessité de la langue.
La Seine
La bibliothèque a été fermée pendant douze ans pour travaux de rénovation et c'est donc un bâtiment "flambant neuf" que nous nous apprêtons à visiter.
Nous entrons par la rue de Richelieu qui donne accès à cette cour.
La Gravure par Jean-Baptiste Hugues (1891)
Dans le hall d'entrée, un lustre assez impressionnant
Et un coin boissons
Le hall Labrouste
Dallage du sol en marbre clair, revêtements en pierre dure des murs et bas-reliefs incrustés de disques en marbre poli : son esthétique fait écho aux vestiges de Pompéi et aux tombeaux étrusques.
Comme son nom l'indique, le hall Labrouste donne accès à la salle du même nom qui abrite l'INHA (l'Institut national d'Histoire de l'Art).
En 1861 débutent les travaux de construction de la salle de travail, appelée aujourd'hui salle Labrouste, qui n'est inaugurée qu'en 1868.
La capacité de la salle est d'environ 400 personnes, 344 places assises et 70 places debout. Au sol, des grilles d'aération font parvenir le chauffage dans la salle, permettant aux lecteurs de ne pas se refroidir (Henri Labrouste savait qu'on se refroidit d'abord par les pieds...).
Labrouste s'inspire des coupoles byzantines pour réaliser le plafond, conférant à la salle des allures assumées de sanctuaire. L'architecte exploite les possibilités du métal, un matériau qu'il a déjà utilisé avec brio à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, et utilise le verre pour les coupoles afin d'inonder l'espace de lumière. Il fait également le choix de décors de faïence, plus coûteux mais plus durables que le plâtre et ayant l'avantage de refléter la clarté.
En 1864 Labrouste confie les peintures des grandes arcatures à Alexandre Desgoffe, élève d'Ingres et grand paysagiste.
Si vous regardez bien cette photo, vous y verrez un petit écureuil : Henri Labrouste voulait que les lecteurs aient l'impression d'être dans la nature.
La sculpture des deux cariatides est l'œuvre de jean-Joseph Perraud.
Les médaillons des grands personnages des lettres et des arts sont réalisés entre 1865 et 1866 par divers artistes, dont Eugène André Oudiné, Hyacinthe Phileas Sabre, Louis Charles Janson, Hubert Lavigne et Théodore Charles Gruyère.
Voici celui représentant Cervantès
Le grand escalier d'honneur créé par Jean-Louis Pascal, élève d'Henri Labrouste et prix de Rome d'architecture, a été remplacé par un escalier à vis moderne, une création de l'agence Bruno Gaudin et Virginie Brégal. (Image JPD)
Ceci n'a pas plu à tout le monde visiblement si j'en crois les critiques sur le net. Il faut dire que l'ancien escalier était classé Monument Historique depuis 1983 seulement.
Je l'ai trouvé sympa car j'aime le mélange des styles.
Côté rue Vivienne, le jardin actuel se trouve à l'endroit de celui de Mazarin. Il a été aménagé entièrement de 2021 à 2022. En écho aux collections dans la bibliothèque, on y trouve de nombreuses plantes intervenant dans la fabrication des supports d'écriture et d'impression : papyrus, mûrier à papier, bambou, bouleau à papier etc.
Nous changeons maintenant de salle pour visiter la salle Ovale destinée à la lecture du grand public et accessible sans abonnement.
Surnommée le "Paradis ovale", la salle a été conçue par l'architecte Jean-Louis Pascal et son successeur Alfred Recoura entre 1897 et 1935.
Elle est éclairée par une verrière centrale de forme ovale et par seize petits oculi vitrés de forme ronde, le tout à dix-huit mètres de hauteur.
Elle impressionne par ses dimensions : 43,70 mètres sur 32,80 mètres, et 18 mètres de hauteur. Elle fut ouverte aux lecteurs en mai 1935, pour la consultation des périodiques (que l'on peut désormais consulter à la Bibliothèque Mitterand). Elle est désormais une salle de lecture en accès libre et gratuit.
Sur ses parois, trois étages de rayonnages contenant 24.000 livres et 8.000 Bandes Dessinées et romans graphiques.
Au pied des seize double-colonnes en fonte qui scandent le pourtour de la salle, un calorifère, poêle en fonte de près d'une tonne, est raccordé au système de chauffage-climatisation.
Une allée circule tout autour de la salle donnant accès aux livres classés par genre.
Tout autour de la salle, le visiteur peut découvrir l'histoire de la BnF, de ses collections et de ses métiers grâce à des bornes interactives.
Une première approche qui met l'eau à la bouche.
Il nous reste à visiter le musée : ce sera pour une autre fois.