Aujourd'hui, Anne-Marie Guérin nous proposait, dans le cadre de ses "Petites promenades dans Paris" à Générations 13, une visite guidée de la Cathédrale russe orthodoxe Alexandre Nevsky située au 12 rue Daru dans le 8ème arrondissement, tout près du parc Monceau.
Celle-ci est enserrée entre deux pavillons mansardés d'époque XIXe siècle dans lesquels est logé le personnel clérical.
Aujourd'hui, le temps est bouché et il fait frisquet : on n'est plus habitués ! Nous attendons cependant dehors jusqu'à l'ouverture de l'église à partir de 15h (et ceci jusqu'à 18h), admirant les tours et leurs bulbes dorés.
Je n'ai pas retenu le nom de la conférencière mais celle-ci était très intéressante. N'ayant pris que des photos (pas de notes), je ne transcrirai ici que ce qui m'en reste à ce jour, aidée par internet. Certaines personnes ont réussi je crois à faire les deux. Moi, je n'y arrive pas. L'idéal serait de partager nos compétences !
L’église possède une architecture hybride et est en forme de croix grecque : de style byzantin à l’intérieur mais de style moscovite à l’extérieur. Ses cinq bulbes dorés sont dotés de flèches qui s’élèvent à plus de 50 m. (le chiffre cinq est symbolique dans cette religion). La flèche centrale représente le Christ tandis que les autres représentent les quatre évangélistes.
Nous commençons la visite par la crypte qui n'est ouverte au public que durant les offices qui s'y tiennent en français.
Je n'ai bêtement pas pris en photo le pilier central qui partage l'église selon une croix grecque en quatre parties égales, telles que celle-ci.
Voici mon oubli réparé grâce à cette photo gentiment prise par une participante qui me l'a envoyée.
La conférencière nous explique que dans la religion orthodoxe il n'y a pas de statuaire mais que les décors sont essentiellement muraux et au plafond, seule la partie basse étant laissée à nu.
Sainte Geneviève, patronne de Paris, portant la bible et un cierge : le cierge est le symbole et le rappel du miracle des cierges du chemin de Saint-Denis.
Sainte Geneviève et son groupe de vierges consacrées avaient pour habitude de se rendre de Paris à Saint-Denis pour prier sur la tombe du Saint, en partant avant l’aube et en effectuant une pause près de l’actuelle Porte de la Chapelle. Un jour qu’une tempête particulièrement violente s’était levée, le vent éteignit leurs cierges les plongeant dans la nuit noire. Revenues de leur confusion, Sainte Geneviève se mit en prières et les cierges se rallumèrent miraculeusement.
La conférencière nous explique ici l'histoire de la construction de la Cathédrale.
L’apparition d’une église russe à Paris est étroitement liée, comme dans la plupart des pays, à l’échange de missions diplomatiques. Même s'il y avait depuis la venue de Pierre le Grand en 1717 une ambassade russe à Paris, il n'y avait néanmoins pas d'église, en tout cas pas assez grande.
Paris avait ceci de particulier qu’une grande colonie orthodoxe y était présente, composée de russes mais aussi d’autres nationalités. Après la révolution de 1917, on peut estimer à plusieurs millions le nombre de russes disséminés dans toute l'Europe.
A partir de 1847, le père Joseph Vassilieff, recteur de l’église russe de Paris, docteur en théologie de l’Académie de St Petersbourg, consacre toute son énergie à ce projet.
Les conditions sont peu favorables (la guerre de Crimée a lieu de 1853 à 1856) et le gouvernement russe et le St Synode refusent catégoriquement au père Vassilieff toute subvention pour la construction de l’édifice. Il va alors envisager un financement privé, une souscription. Mais il a besoin d’une autorisation pour la lancer et ce n’est qu’en 1856, après deux autres refus, qu’il obtient l’autorisation du tsar Alexandre II d’ouvrir cette souscription.
Chacun participera à la mesure de ses moyens mais c'est le tsar Alexandre II qui financera le plus gros des travaux sur sa cassette personnelle (150.000 francs-or). En 1857 et 1858, deux parcelles attenantes sont acquises pour la construction de l’église.
L'église est consacrée en 1861.
Puis la conférencière nous parle en détail de l'iconostase qui sert à isoler le prêtre des fidèles et qui suit une règle très stricte dans la religion orthodoxe.
Il est composé de plusieurs parties, trois plus précisément.
Au centre, la porte royale permet le passage du prêtre vers le monde divin. De chaque côté, deux plus petites portes, les portes diaconales, permettent au clergé non célébrant d'accéder à l'autel.
La conférencière nous dit que cette iconostase provient d'une autre église et c'est la raison pour laquelle il n'est pas plus grand.
La porte royale de la crypte
Dans la partie haute de la porte centrale, une représentation de l'Annonciation.
Dans la partie basse, les quatre évangélistes
De gauche à droite : Saint Paul, l'archange Gabriel et Marie portant l'enfant Jésus
De gauche à droite : le Christ bénissant, Saint Jean-Baptiste et Saint Etienne
Devant l'iconostase des portoirs à icônes : celle-ci représente une Vierge à l'Enfant "qui guide" nous explique notre conférencière.
Avant de quitter la crypte, un coup d'œil sur l'icône de la Vierge à l'Enfant située à l'entrée.
La conférencière nous explique qu'il s'agit ici d'une Vierge "orante", l'une des trois représentations de la Vierge à l'Enfant dans la religion orthodoxe. Elle porte l'enfant en son sein.
On s'arrête dans le vestibule d'entrée pour le prendre en photo.
On y voit une très jolie fresque présentée sur un fond de feuillages tourbillonnant du plus bel effet.
Nous rejoignons l'église principale où la visite se poursuit.
En entrant à l'intérieur on est frappé par l'abondance des décors dorés. (photo Jean-Claude Lafarge)
Mais aussi par la hauteur de la coupole décorée d'une fresque représentant le Christ. Mais si, ouvrez l'œil : on le devine ouvrant les bras pour accueillir ses ouailles. Il me semble que la conférencière avait parlé de séraphins mais je n'en suis plus sûre...
Sur le net, la photo est meilleure mais minuscule.
Dans la partie haute de la Cathédrale, une représentation de La Cène.
Tournons nous maintenant vers l'iconostase qui est ici dans une version plus complète, c'est-à-dire à deux étages. Vous apercevez sur la porte royale ici encore l'Annonciation en haut et les quatre évangélistes en bas.
Dans la partie basse, sur les portes diaconales, le Christ, à droite, voisine l'archange Saint Michel et Saint Alexandre Nevsky, patron de l'église. La Vierge, à gauche, voisine Saint Etienne portant une pierre attribut de son martyre, et Saint Nicolas.
Le niveau supérieur est consacré, autour de l’icône de la Trinité, aux rois et prophètes de l’Ancien Testament à gauche et à des saints du Nouveau Testament à droite.
Une récente restauration datant de 2014-2015 me permet de vous montrer cette Vierge "de tendresse" (la troisième représentation de la Vierge dans l'église orthodoxe) dans toute sa splendeur. (photo cathédrale-orthodoxe.com)
Y'a pas photo non ?
Deux autres Vierges à l'Enfant dans la Cathédrale : celle-ci, "de tendresse", si mes souvenirs sont bons a été volée pendant les campagnes napoléoniennes et a été retrouvée par miracle, c'est le cas de le dire, dans le château de Chenonceau quand la famille des chocolats Menier en fit l'acquisition.
Il aurait été dommage qu'elle ne trouve pas sa place ici.
Désolée pour la mauvais qualité de la photo mais l'église est sombre.
Et cette autre "qui guide", dans une posture plus solennelle.
Les personnalités qui sont venues à la Cathédrale :
Le tsar Nicolas II et son épouse, Alexandra en 1896.
Pablo Picasso y épouse la danseuse Olga Khokhlova en 1918.
Henri Troyat s'y marie en 1938.
Macha Meryl et Michel Legrand s'y marient en 2014.
Gérard Depardieu s'y fait baptiser en 2020.
Pour "vivre" une messe orthodoxe à la Cathédrale, regardez cette vidéo tournée pendant un office. Vous y entendrez le chœur (dans l'église orthodoxe la seule musique est celle des voix humaines).
Ici se termine cette visite qui m'a bien intéressée.