Notre amie Régine est venue passer quelques jours chez nous et nous sommes allées visiter toutes les deux l'Abbaye de Fontenay, au sud de Montbard. Nous l'avions déjà visitée Philippe et moi il y a quelques années en compagnie de mes cousins de Rouen mais elle est tellement jolie qu'une deuxième visite ne nuit en rien...
Je commence à être incollable sur tout ce qui concerne la vie monastique des disciples de Saint-Benoît !
Voici la Porterie
C'était un lieu primordial dans l'Abbaye : le frère portier y accueillait les visiteurs, qu'ils soient novices, pèlerins, voyageurs, marchands mais aussi les pauvres ou les infirmes demandant l’aumône.
C'est maintenant ici qu'on achète son billet d'entrée, avec ou sans visite guidée.
Nous avons choisi de prendre une visite guidée : elle n'est pas identique à celle que nous avions faite quelques années auparavant (pour s'y référer, cliquer ICI) qui était, je trouve, plus complète.
Notre guide nous explique que l'Abbaye de Fontenay est une abbaye cistercienne fondée en 1118 par Bernard, moine à l'Abbaye de Clairvaux : c'est une "fille" de Clairvaux, elle-même "fille" de Cluny... Elle a été inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 1981.
Au passage, nous apercevons le pigeonnier : les moines avaient le "droit de Pigeon", ce qui leur permettait de communiquer avec d'autres abbayes...
L'internet de l'époque !
Un petit coin de nature près du pigeonnier...
L'Abbaye a été construite au centre d'un vallon couvrant une superficie de plus de 1 200 hectares de bois et de prés. Les moines ont patiemment drainé et aménagé cet ancien marécage pour le rendre habitable et en utiliser les ressources, forêts et aménagements hydrauliques, pour le développement de l’Abbaye.
Nous voici maintenant face à l'Eglise abbatiale : dommage qu'occupée à suivre la visite guidée, j'aie loupé sa photo depuis l'autre côté du petit étang...
Il s'agit de l'une des plus anciennes églises cisterciennes dans le monde. Construite entre 1139 et 1147, elle est aussi l’une des rares abbatiales cisterciennes du XIIe siècle parvenue intacte jusqu’à nos jours.
Beaucoup de sobriété sur la façade, règle de Saint-Benoît oblige : rien ne doit détourner les moines de la méditation...
Régine suit le groupe des visiteurs.
Entrons dans l'église...
Un grand dépouillement y règne.
Joli, ce rose des colonnades...
Dans les bas-côtés en berceaux brisés, toujours l'épurement...
Près du chœur, une statue de Vierge à l'Enfant du XIIIème siècle (dite "Vierge de Fontenay") qui, en raison de la Sainte Marie (nous sommes le 15 août), tient exceptionnellement une rose entre les doigts. C'est un souhait des propriétaires actuels, M. et Mme Aynard.
L'ombre de la rose fait malheureusement tache sur ce beau visage de Madone...
Nous nous rendons ensuite par un escalier intérieur à l'abbatiale dans le dortoir des moines.
Chaque fenêtre correspond à un lit : notre guide nous dit qu'une centaine de moines (les frères de coeur) pouvait dormir ici (tout habillés car il n'y avait aucun chauffage) sur de simples paillasses posées à même le sol. L'office de la nuit se tenait à 2h30 du matin.
Les frères de coeur sont les moines qui ont prononcé leurs vœux - par opposition aux frères convers qui sont des laïcs - soumis à l'obéissance à l'abbé - mais qui eux travaillent pour les besoins de l'abbaye.
Admirez la superbe charpente en chêne datant du XVème siècle construite par des charpentiers de marine, ce qui explique sa forme en coque de navire renversé et l'espace pour le mât au centre.
Vue sur le cloître à travers l'une des fenêtres du dortoir
Nous nous rendons ensuite au cloître planté d'un gazon qui ferait pâlir de jalousie un anglais tant il est bien entretenu - surtout en cette période de grande chaleur.
A l'entrée du cloître (qui communique avec l'Eglise abbatiale) se trouvait une petite armoire pour les moines, fermée par des portes en bois aujourd'hui disparues. On aperçoit encore les rainures servant à supporter les étagères où étaient rangés les objets du culte.
C'est dans cette pièce élégamment voûtée (la Salle capitulaire) que les moines assistaient au Chapitre. Chaque jour, le père abbé lisait un chapitre de la règle de Saint-Benoît (il y a une centaine de chapitres) : la règle était ainsi lue plusieurs fois dans son intégralité durant l'année et les moines qui arrivaient en cours d'année pouvaient toujours l'entendre au moins une fois entièrement. C'est aussi ici que chacun des moines se confessait publiquement et faisait acte de contrition.
La salle voisine (Salle des Moines) est très similaire du point de vue architectural : c'était l'atelier des moines ou Scriptorium. Les moines copistes y réalisaient des livres copiés manuellement avant l'invention de l'imprimerie. C'est aussi ici que d'autres s'adonnaient à la couture.
Comme nous l'a bien fait remarquer notre guide, aucun de ces espaces ne possède de moyen de chauffage. Heureusement, voisin du scriptorium se tenait le Chauffoir comme le montre ce plan de l'Abbaye.
Deux grandes cheminées permettaient aux moines qui travaillaient dans le scriptorium de venir s'y réchauffer. De part et d'autre des cheminées, deux petites loges servaient à entreposer les encriers dont l'encre ne devait pas geler...
Vue sur les jardins : la propriétaire, Madame Eynard, y a instauré des règles très strictes concernant les couleurs qui ne doivent pas s'éloigner du vert, du blanc ou du pourpre...
Edouard Eynard, son mari, est un descendant des Montgolfier (vous savez, les frères du fameux ballon) qui ont un temps utilisé les bâtiments de l'Abbaye pour y installer leur papeterie.
Il s'agit ici du bâtiment de l'infirmerie dans lequel les moines bénéficiaient d'une statut spécial "plus confortable et moins contraignant".
Les moines travaillaient le fer, extrait de galeries souterraines voisines de l'abbaye et forgeaient, en quantité industrielle, les outils nécessaires au monastère. Ils commercialisaient le reste de leur production, ce qui leur assurait une autonomie économique et financière.
Ce bâtiment appelé "la grande forge" est précédé d'un bassin où vivent des truites Fario, un témoignage de l'activité piscicole des moines à l'époque.
Il en reste une très belle salle à colonnades,
et, dans un angle, la forge reconstituée.
C’est la dérivation de la rivière de Fontenay, le long du mur de la forge, qui faisait tourner la roue actionnant les martinets - de grands marteaux hydrauliques - qui battaient le fer.
Le marteau était actionné par cet "arbre" relié à la roue à eau.
En bout de salle, le marteau de la forge
La sortie s'effectue par la boutique naturellement, très bien achalandée en livres de toutes sortes et produits régionaux. On peut aussi jeter un coup d'oeil à l'ancienne boulangerie des moines.
Là se termine cette visite guidée.