J'ai un retard fou sur le blog... !
C'était le 2 juin dernier : nous étions partis voir mes cousins à Sotteville. Evelyne nous a emmenés visiter l'édifice phare de Rouen (juste derrière la Cathédrale) : je veux parler du Gros-Horloge situé dans la rue du même nom. La rue piétonnière permet d'admirer au passage de jolies maisons à colombages.
Le pavillon Renaissance, accolé à un beffroi, enjambe la rue et est surmonté d'une horloge astronomique datant du XIVème siècle.
La voûte du Gros-Horloge est l'une des compositions les plus remarquables de la Renaissance française. Elle est divisée en trois parties d'égales proportions, consacrées à des scènes pastorales finement sculptées. Le décor sculpté alors décidé par les conseillers de la Ville est explicitement religieux. Il renvoie à l'agneau pascal, adopté pour sceau de la Commune.
Réalisée en pierre calcaire, la voûte était peinte de couleur vive ou dorée.
La scène centrale représente grandeur nature le Bon Pasteur parmi ses brebis. Ce dernier incarne le Christ menant et protégeant ses ouailles. Par ce choix, l'arcade représente désormais la porte non plus défensive mais symbolique et protectrice de la ville.
C'est sur le Christ que les traces de polychrome sont les mieux conservées.
L'omniprésence du mouton fait également référence à l'activité textile de Rouen qui s'est largement développée grâce au travail et au commerce de la laine.
Au pied du beffroi, la fontaine d'Aréthuse (1743) représente une scène mythologique illustrant les amours du fleuve Alphée et de la nymphe Aréthuse, symbolisées par la figure d'un Cupidon qui vole au-dessus d'eux.
La légende raconte qu'Aréthuse, suivante de la déesse Artémis, n'aimait pas la compagnie des hommes à laquelle elle préférait la vie libre en forêt car elle était passionnée de chasse.
Un jour qu'elle se baignait dans les eaux du fleuve Alphée, ce dernier l'aperçut et la poursuivit après avoir pris la forme d'un chasseur. Aréthuse demanda alors secours à Artémis qui la changea d'abord en nuage puis en une source souterraine. Celle-ci jaillit à Ortygie, en Sicile : Alphée, nullement découragé..., passant sous la mer, alla mêler ses eaux à celles de la source.
Oh, le coquin !
Passant sous la voûte, on a vue sur les flèches de la Cathédrale...
Depuis l'ancien atelier de l'horloger, on est à la hauteur de l'horloge.
Celle-ci indique à la fois l'heure (indiquée par un agneau fixé à la pointe d'une unique aiguille), les jours de la semaine (qui apparaissent en bas de l'horloge par un mécanisme de roue) et les phases de la lune.
Chaque jour de la semaine est présenté par un dieu romain accompagné d'un ou deux signes du zodiaque. Dans l'atelier, des panonceaux montrent ces différents signes.
Cliquez sur les images pour les agrandir.
Lundi : Diane (la lune) tenant un arc, est entourée de chasseurs.
Signe du zodiaque : le Cancer
Mardi : Mars, en armure, est entouré de guerriers.
Signe du zodiaque : le Bélier et le Scorpion
Mercredi : Mercure coiffé d'un chapeau ailé, est entouré d'artistes et de marchands.
Signes du zodiaque : les Gémeaux et la Vierge
Jeudi : Jupiter et son foudre sont entourés d'un cardinal, de docteurs et de moines.
Signes du zodiaque : Les Poissons et le Sagittaire
Vendredi : Vénus, nue, est entourée de musiciens et d'un couple d'amoureux.
Signes du zodiaque : le Taureau et la Balance
Samedi : Saturne dévorant un de ses enfants
Signes du zodiaque : le Capricorne et le Verseau
Dimanche : Apollon tenant l'arc et la harpe
Signe du zodiaque : le Lion
Voyons si vous avez retenu la leçon...
Quel jour de la semaine était-on quand j'ai pris cette photo ?
Attention : il est interdit de remonter l'article !!!
L'aiguille du cadran, munie d'un petit mouton
A l'intérieur du Musée, beaucoup de documentation
Nous voici maintenant arrivés dans l'envers du décor, derrière le cadran.
Par les petites ouïes situées sur les deux côtés de l'horloge, on peut faire de jolies photos.
N'est-ce pas Evelyne ?
Waooouuuh : avouez que Rouen est une ville pleine de charme !
Sérieux tous les deux... Il y a de la lecture.
A la fin du XIIème siècle, le sceau de la ville représente un léopard. La figure du mouton, adoptée au milieu du XIIIème siècle, est empruntée au clergé rouennais, qui dès le XIIème siècle, scellait ses actes d'un agneau auréolé. Après la référence religieuse, le mouton symbolise aussi le travail et le commerce de la laine, sur lesquels s'est fondée la prospérité de la ville.
Aujourd'hui encore, le logo de la ville de Rouen figure un mouton stylisé : il est inspiré de l'ancien blason communal.
Au Moyen-Age, la rue du Gros-Horloge est un axe majeur.
Au XIIIème siècle, c'est dans la rue consacrée au commerce que les bourgeois décident d'installer l'administration municipale et construisent un beffroi portant le symbole de l'indépendance communale : les cloches de la ville de Rouen, la Cache-Ribaud et la Rouvel.
C'est justement pour voir les cloches que nous montons maintenant cet élégant escalier en colimaçon.
L'échelle des heures, presque au sommet
Voici la Rouvel ou cloche d'argent (1 200 kg, 1,30 m de hauteur), destinée à sonner l'alarme et les incendies : elle est d'origine tout comme sa grande sœur, la Cache-Ribaud inphotographiable du fait de sa grande taille (1 900 kg, 1,25 m de hauteur), qui sonnait l'heure et le couvre-feu de 21 h.
Ouf : on est arrivés !
Avouez que l'effort est largement récompensé, même par ce temps gris. Par contre, la table d'orientation qui fait le tour de la lanterne est très perturbante...
A gauche, l'Abbatiale de Saint-Ouen
Le campanile comporte un toit de plomb à lanterne.
Le mécanisme d'origine de l'horloge date du XIVème siècle et est situé dans le beffroi, à distance de celle-ci...
Un rendu amusant pour cette photo : la vitre a fait sur la Cathédrale un effet de flou très impressionniste !
A la descente, un dernier regard sur l'horloge
On voit bien ici le globe (figurant la lune), roulant dans une lucarne en forme d'oeil-de-boeuf.
A ce niveau, une salle présente des panonceaux concernant la notion de "temps".
Le temps, y dit-on, est un instrument de pouvoir : le temps urbain marque la vie des cités dont les cloches sonnent le couvre-feu, les horaires de travail, les alertes, ou encore les fêtes. Les horloges, plus que des instruments de mesure du temps, deviennent des instruments de contrôle sur les villes, essentiellement prospères et commerçantes. Une horloge monumentale, en plus d'être un ouvrage d'utilité publique, contribuait à renforcer le prestige d'une ville. Ce désir de doter les villes d'horloges a favorisé le développement de l'horlogerie dans ces pays, qui ont d'ailleurs conservé, pour la France, l'Angleterre et l'Italie, cette tradition horlogère les siècles suivants.
On y apprend que les beffrois ont été conçus pour concurrencer les flèches des cathédrales : suprématie du temporel sur le spirituel...
Sur cette carte de l'Europe : les tours-horloges et les beffrois sont surtout situés dans le Nord de la France et en Belgique. N'oublions pas le carillon de Westminster tout de même !
On a tout de même monté tout ça... !
Adieu le Gros-Horloge...
Une superbe visite que je vous conseille si par hasard vous passez par Rouen...