De retour à Paris depuis seulement hier..., je suis allée avec ma soeur Arlette voir une exposition de pastels au Louvre (elle a un pass valable pour deux personnes à certains horaires). Vous savez que je m'intéresse de près à cette technique de dessin...
Mais quel est donc cette masse dorée au centre de la pyramide... ?
Dans le cadre de l'exposition "Japonismes 2018 : les âmes en résonance", la pyramide du musée du Louvre accueille, de juillet 2018 à janvier 2019, une sculpture monumentale de Kohei Nawa qui représente un "trône vacant flottant". L'oeuvre, inspirée des formes et des origines des chars utilisés en Asie lors des fêtes religieuses, est une combinaison de l'art de la dorure à la feuille et des derniers systèmes de modelage 3D.
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Avec le château de Versailles, le musée du Louvre a la chance de conserver la collection de référence nationale de pastels européens des 17e et 18e siècles. Pour l’essentiel peintes au siècle d’or du pastel (18e siècle), ces oeuvres, d’une extrême fragilité puisque créées à l’aide d’une poudre colorée que l’on a souvent comparée à celle couvrant les ailes de papillon, permettent de mesurer tout le génie des artistes qui les ont exécutées. Les 120 pastels présentés conservent pour nombre d’entre eux encore leur encadrement d’origine et parfois leur verre ancien.
Je ne citerai que ceux que je connais tels Maurice Quentin de la Tour, Jean-Baptiste Siméon Chardin, Jean-Marc Nattier, François Boucher, Elisabeth-Louise Vigée Le Brun mais il y a en a bien d'autres, français ou étrangers.
Voici l'entrée de l'exposition
et l'affiche
Dans l'exposition, les tableaux sont très serrés mais le peu d'affluence à cet horaire un peu tardif permettait une visite agréable.
Marie Anne Huquier tenant un petit chat (Jean-Baptiste Perronneau)
Jean-Baptiste Perronneau est un peintre, graveur et pastelliste français, réputé pour ses portraits. C'est à partir des années 1740 qu'il commença une carrière de portraitiste en utilisant surtout l'huile sur toile et le pastel.
Une anecdote à propos de cet artiste et de son contemporain, Maurice Quentin de La Tour.
Lors du Salon de 1750, La Tour avait commandé son portrait à Perronneau, qui présenta le tableau comme il se devait, sans se douter que La Tour, pour sa part, avait secrètement réalisé son Autoportrait. Une fois les deux pastels exposés côte à côte, l'œuvre de l'artiste confirmé supplanta celle du jeune Perronneau et remporta le prix. Diderot relata le fait en soupçonnant La Tour de jalousie envers ce cadet si prometteur et lui reprocha d'avoir inutilement « humilié [son] confrère ».
Buste de jeune femme vue de trois-quarts (Jean-Marc Nattier)
Le célèbre portraitiste se livra au pastel dans les années 1740-1750. Tout comme avec la peinture à l'huile, il sut jouer du contraste raffiné entre la touche fondue des chairs et les accents graphiques ou de couleurs pures des étoffes, de la dentelle ou des cheveux.
Voici deux pastels de François Boucher
A gauche, la petite oiselière, et à droite, le petit dénicheur de merles
Les deux pastels reprennent des compositions peintes à l'huile qui ont été utilisées comme modèles de tapisseries pour recouvrir des sièges.
Ils valent bien un agrandissement.
Louis XV (Maurice Quentin de La Tour)
Maurice Quentin de La Tour est un portraitiste pastelliste français, né à Saint-Quentin rue de la tour.
L'oeuvre fut exposée au Salon de 1748. Il s'agissait du second portrait peint par le peintre en présence du souverain. Le visage fut jugé d'une ressemblance si parfait qu'il devint un modèle pour les autres artistes chargés de reproduire les traits du roi.
Un bel homme...
et voici celui de sa femme, Marie Leszczynska (Maurice Quentin de La Tour)
La reine accepta de poser une dernière fois en 1748 pour Jean-Marc Nattier et Maurice Quentin de la Tour. Le portrait peint par le pastelliste fut loué pour la manière dont il réussissait à exprimer la douceur et la bonté de la souveraine tout en respectant la plus exacte ressemblance.
Jeanne Antoinette Lenormant d'Etiolles, marquise de Pompadour (Maurice Quentin de La Tour)
Détail
Ce pastel le plus célèbre de la Tour est entré dans les collections du Louvre en 1803. Il était à l'origine légèrement plus grand et compta parmi les oeuvres les plus ambitieuses du maître. Peint entre 1752 et 1755, année de sa présentation au Salon, il fit l'objet d'un soin tout particulier de la part de l'artiste qui peignit le visage certainement en présence du modèle sur une pièce de papier qui fut intégrée dans sa composition avant qu'elle ne soit chargée en couleurs.
J'ai en effet eu la surprise d'apprendre en visitant cette exposition que les pastellistes associaient divers morceaux de papier pour former leur toile sans que cela se voie le moins du monde...
Jean-Baptiste Siméon Chardin (Maurice Quentin de La Tour)
Le pastelliste a décrit son ami Chardin dans ses fonctions de trésorier de l'Académie royale de peinture et de sculpture, chargé à partir de 1761 de l'accrochage et de la présentation des oeuvres au Salon. L'oeuvre a été offerte à l'Académie en 1764.
Autoportrait à l'oeil de boeuf ou à l'index (Maurice Quentin de La Tour)
La Tour inventa la composition au début de l'année 1737 puis la multiplia pour ses proches ou ses amis tout au long de sa carrière. L'exemplaire du Louvre appartint ainsi à Jacques Neilson, responsable de l'atelier de basse lisse et de l'atelier des teintures à la manufacture des Gobelins.
Un autoportrait plein de malice
Un autre autoportrait : celui de Jean-Baptiste Siméon Chardin
Affecté à la fin de sa vie dans sa vision après que les pigments à base de plomb et les liants utilisés pour les tableaux peints à l'huile lui eurent peu à peu brûlé les yeux, Chardin ne travailla presque plus qu'au pastel à partir du début des années 1770. Daté de 1771, l'oeuvre est le premier autoportrait qu'il peignit.
Jeune fille exprimant de l'effoi (Jean-Baptsite Greuze)
Greuze travaille plus en peintre qu'en pastelliste, mouillant la matière, l'écrasant en épaisseur et l'utilisant comme s'il s'agissait de couleurs à l'huile afin de modeler des chairs qui prennent ici une teinte une peu bleuâtre.
Armand Jules de Polignac par Madame Vigée Lebrun
Je m'attendais à voir plus d'oeuvres d'Elisabeth Vigée Lebrun mais il s'agit là uniquement de la collection du Louvre.
La comtesse d'Artois, le duc de Berry et le duc d'Angoulême (Joseph Boze)
Un petit agrandissement...
Le sculpteur Jean-Baptiste Pigalle en habit de chevalier de l'ordre de Saint-Michel
(Marie Suzanne Roslin)
Le portrait constitua le morceau de réception de Madame Roslin à l'Académie royale de peinture et de sculpture (1770). Diderot en loua la couleur belle et vigoureuse.
Un anglais maintenant : John Russell
Mary Hall, future épouse de Joseph Paice Vickery
Il fut l'un des pastellistes britanniques les plus prolifiques de la seconde moitié du XVIIIème siècle.
Un tableau plein de fraîcheur où une petite fille pas vraiment coiffée et aux yeux pleins de malice tient un panier de cerises dont elle extrait deux fruits qu'elle tend au spectateur.
Charmant !
Marie Philippe Claude Dupont-Walbonne par Aleksandre Kucharski
Né en Pologne et formé à Paris, le peintre s'illustre par ses portraits féminins à l'expression un peu mélancolique. Telle n'est pas le cas de l'épouse de l'élève de David, Jacques-Luc Barbier, qui ne dissimule ne rien sa joie de vivre.
Etude pour "l'Innoncence préférant l'amour à la richesse" par Pierre Paul Prud'hon
Pierre Paul Prud'hon est une peintre et dessinateur préromantique.
L'exposition se clôt par quelques pastels "confisqués" à leurs propriétaires pendant la seconde guerre mondiale (à des familles juives en particulier) et récupérés par la suite.
Jeune fille brodant (comme de Jean-Etienne Liotart)
Portrait de femme dite la marquise de Bomron (comme de Charles Antoine Coypel)
J'ai beaucoup regardé ces tableaux pour essayer d'en prendre de la graine...
Je plaisante bien sûr !