Aujourd'hui, malgré la chaleur, nous sommes allés tous les quatre (mes cousins de Rouen nous ayant rendu visite) visiter l'église Saint-Vorles qui domine la ville : une église plus que millénaire puisque sa construction remonte au Xe siècle. (Photo Christian Labeaune)
Elle a été construite dans l'enceinte du château-fort des Ducs de Bourgogne qui jouxte la cimetière de la ville,
sur l'emplacement d'une autre église, qui abritait depuis 868 les reliques de Saint Vorles. Elle a la particularité d'avoir deux clochers.
Devant l'église, depuis 2009, une statue de Saint-Bernard rappelle que c'est ici qu'eut lieu le miracle de la lactation.
Saint-Bernard de Clairvaux était en prière devant une statue de la Vierge et quand il prononça les mots suivants : "Monstra te esse matrem" (montrez-vous une mère). La statue devint alors vivante et la Vierge lança du lait dans la sainte bouche.
Cette vision détermina l'engagement du saint dans la vie monastique...
Une grand luminosité règne dans l'église grâce à sa blancheur virginale : je n'ai jamais vu de piliers de la sorte, tout de blanc vêtus et sans pierre apparente.
Faisant le tour de l'église par la droite, on trouve d'abord une très jolie chapelle : la chapelle Sainte Croix qui est du XVIème siècle.
J'adore sa sobriété.
Au centre, un très beau Christ en pierre
De part et d'autre, un Saint-André
et un Saint Jean-Baptiste
Vient ensuite une chapelle dédiée au miracle de Saint-Vorles.
Il s'agit de la bilocation du saint qui, simple curé de Marcenay, disant la messe en présence du roi de Bourgogne et de sa cour, sauva un enfant des flammes dans le village de Plaines-Saint-Langes (distant de 25 kms). Il est devenu depuis le protecteur des enfants et de la jeunesse.
On voit ici une statue du Saint tenant à la main l'enfant qu'il a sauvé des flammes.
Et voici un tableau daté du XVIIème siècle (?) qui montre la bilocation du Saint.
A côté, ce panneau montre la translation en 868 des reliques de Saint-Vorles par l'évêque Isaac, de Marcenay à Châtillon (pour les protéger des invasions normandes mais on dit aussi qu'il avait des visées dessus...).
Les personnages portent tous des costumes du XVIème siècle, date de la réalisation du travail, et le château offre aux regards le fier aspect d'avant sa démolition sous Henri IV.
Cette autre chapelle est ornée d'une Vierge à l'Enfant.
En levant les yeux, on peut voir un très joli cul-de-lampe portant encore de la peinture.
Dans le Chœur, une très belle crosse eucharistique de suspension de custode (*) datant du XVIIIème siècle (provenant de l'abbaye du Val-des-Choues)
(*) : vase liturgique ayant la forme d'une boîte ronde conçue pour apporter la communion aux malades ou aux personnes qui ne peuvent pas recevoir l'eucharistie à la messe
et un Christ en croix ancien monté sur un support moderne que j'aime beaucoup.
A gauche du Chœur, cette chapelle conserve encore des fresques.
Vient ensuite la pièce maîtresse de l'église : la très belle mise au tombeau réalisée par un atelier commun à Châtillon-sur-Seine et à Mussy-sur-Seine qui est une commande (vers 1527) du Sire de Romprey et de sa femme (Romprey est un petit village à une quarantaine de kms de Châtillon) pour la chapelle du couvent de Cordeliers (Annonciation) de Châtillon .
Cet ensemble sculptural a vécu une vie très mouvementée (déménagements successifs, expositions diverses dans des musées) pour finalement trouver sa place ici en 1991.
Je ne suis pas arrivée à la photographier dans son ensemble en en montrant tous les personnages mais voici une photo trouvée sur le net.
La partie centrale
Autour du Christ, couché sur un sarcophage sur lequel sont sculptés les douze apôtres vêtus à la mode antique, sont présents différents personnages : Joseph d’Arimathie (dignitaire qui a offert son tombeau au Christ) tenant le linceul, Marie-Salomé (les bras écartés), la Vierge Marie, l’évangéliste Saint-Jean qui la soutient (portant un volumen à la ceinture)
A l'origine, le groupe était peint : pour témoin les restes de peinture sur la barbe et les cheveux
A gauche
Les deux donateurs sont agenouillés : i ls se tiennent en position de prière, les mains jointes, le visage grave, et vêtus d’une extrême simplicité, symboles de piété et d’humilité. Derrière eux, un soldat coiffé d’un chapeau.
A droite
Marie-Cléophas (portant un vase à parfum), Marie-Madeleine (richement vêtue, le bras en l’air tenant le couvercle d’un vase à parfum), Nicodème (dignitaire juif, tenant également un vase à parfum), puis clôturant la marche, le deuxième soldat, baptisé Loridon. Les vases à parfums tenus par les personnages servirent à parfumer et à oindre le corps du Christ.
Je suis ensuite descendue dans la crypte dédiée à Saint-Bernard : on y entre par l’oratoire de Notre Dame de-Toutes-Grâces et un escalier de 1854.
A l'entrée, un vitrail oeil-de-boeuf représente Aleth de Montbard, la mère du Saint, conduisant son fils à l'école des chanoines et, à droite, un chien.
La légende raconte que la mère de Bernard, enceinte, eut un songe dans lequel elle se voyait accoucher d’un petit chien blanc sur tout le corps, à l’exception du dos qui tirait sur le roux. Un religieux lui expliqua que celui à qui elle donnerait naissance serait un excellent chien de garde, veillant sur l’Eglise. La blancheur de tout le corps symbolisant la pureté et la fidélité de son zèle pour l’Eglise et ses défenseurs ; mais le roux figurant les aboiements et les morsures pour les adversaires . Le vitrail a été entièrement reconstruit en 2009, d’après le modèle original datant de 1854.
Voici l'oratoire de Notre-Dame-de-Toutes-Grâces : les fidèles prient ici Marie pour s'ouvrir à toutes les grâces que Dieu veut leur donner.
Au fond, la Statue de la Vierge, assise sur un trône, est protégée par une vitre. La statue originale a été brûlée par les révolutionnaires en 1793. La statue actuelle a été retrouvée au XIXème siècle : sa datation est difficile : XIème siècle, XIVème siècle ?...
C'est à Saint-Vorles que nous sommes revenus le lendemain en fin d'après-midi, André, Evelyne et moi pour écouter la première animation musicale de la fameuse semaine dédiée à la musique ancienne. Philippe est resté au frais à la maison...
Un semaine musicale dédiée à Jean-Sébastien Bach
Ici, la chef de choeur dirige un petit ensemble de 12 choristes, accompagnés au clavecin par son Directeur.
Je n'ai pas enregistré le concert et c'est fort dommage car c'était un vrai régal pour les oreilles. Comme vous pouvez le constater par cette photo prise par le Bien Public, le public est venu nombreux.
On m'y aperçoit je crois...
A la sortie, comme chaque année, l'Association a proposé aux visiteurs un petit apéro sur le parvis de l'église et il y avait foule...
Je n'avais jamais pris le temps de faire un post sur Saint-Vorles et pourtant...,
l'église le mérite !