Pour ce deuxième "Mardi Découverte" organisé par l'Office de Tourisme du Pays Châtillonnais cet été, nous nous sommes rendues Marie-France et moi (le petit loulou avait attrapé la crève : c'est son Papi qui l'a gardé) à Chamesson, un petit village d'environ 300 habitants situé à une dizaine de kilomètres au sud de Châtillon-sur-Seine.
Nous avions rendez-vous (tous masqués bien sûr) avec les propriétaires actuels de l'ancienne Pointerie du village, deux jeunes couples d'une quarantaine d'années.
Victor Lenoble et Léna Chambouleyron sont de la région, Antoine et Ann Boute viennent de Belgique : ils sont décidés à redonner vie à cette ancienne usine et aux bâtiments d'habitation qui l'entourent.
Léna Chambouleyron et Antoine Boute nous présentent ici un plan de Chamesson, situant la Pointerie à l'entrée du village, arrosée par la Seine.
Il s'agit d'un domaine de 4,8 hectares encerclant la Seine et sa dérivation : on voit ici son périmètre tracé en rouge.
Jean Ponsignon - personnalité bien connue des chamessonnais - a déjà fait la visite guidée de la pointerie lors d'une précédente Journée Portes Ouvertes : il est volontaire pour apporter un complément d'informations...
Nous franchissons le pont qui enjambe la Seine.
Au fond, l'usine qui fabriquait des clous de charpente pour les immeubles Haussmanniens à Paris jusqu'en 1938. Fondée en 1860, elle a définitivement cessé de fonctionner en 1938. A la fermeture, les ouvriers ont été reclassés aux usines de Sainte-Colombe-sur-Seine.
Vue sur la Seine de l'autre côté du pont
Cet actinidier produit des kiwis.
La preuve !
Nous dirigeant vers le bief qui enjambe la rivière, nous passons près de la table de la salle-à-manger qui est installée le long de la Seine !
La vie communautaire s'organise ici : lavage de la vaisselle à l'ancienne...
et barbecue improvisé...
Et au-dessus un tableau noir spécifiant l'emploi du temps et les tâches de chacun.
Les propriétaires nous expliquent qu'ils ont commencé à restaurer le bief : ils ont repeint ses poutrelles en fer et remplacé la partie de bois qui sert à fermer les vannes et qui était détériorée. Ils ont été aidés en cela par le propriétaire de la forêt voisine qui leur a fourni le bois.
Ils ont en effet, depuis qu'ils ont acheté la Pointerie en 2017, la charge de réguler le niveau des eaux de la Seine pour ne pas mettre à sec le village de Chamesson en amont.
Un joli environnement, non ?
Voici les anciens bâtiments d'habitation des quelques 100 ouvriers qui travaillaient autrefois ici. Ils appelaient cet endroit "la cour des miracles". Ce sont ces maisons que les actuels propriétaires envisagent de réhabiliter pour les habiter.
A titre indicatif, voici une ancienne photo de la même cour avant son défrichage...
Vers les bâtiments de l'ancienne usine
A l'entrée de l'usine, une manivelle actionne le mécanisme de levage de la vanne qui permet à l'eau de la Seine de faire tourner la turbine située à l'intérieur de l'usine.
La turbine Citroën est toujours en état de fonctionnement : elle fournira l'électricité aux nouveaux propriétaires...
Elle est actionnée par cette roue à eau que l'eau de la Seine entraîne.
Vue sur la charpente de la salle des machines
L'auditoire est attentif aux explications données par les propriétaires.
Voici l'impressionnant tableau électrique qui a été rénové.
Victor, Léna, Ann et Antoine nous entrainent vers d'autres bâtiments (ils sont très nombreux) de l'usine désaffectée.
De 1890 à 1900, lorsque la hauteur de l'eau n'était pas suffisante, les machines à fabriquer les clous fonctionnaient grâce à une machine à vapeur dont on voit ici la cheminée.
Nous empruntons ensuite le petit escalier situé sur la droite... qui fait communiquer cette pièce avec de nombreuses autres.
Des pièces immenses encombrées de tout un tas de matériel pour moi indéterminé...
En traversant la pièce, mes yeux s'arrêtent sur ce livre qui semble tout à fait indispensable aux jeunes acheteurs !
Les anciens outils sur cet établi témoignent du passé de l'usine.
C'est dans cette pièce qui servait autrefois au classement des pointes fabriquées par les ouvriers que Victor Lenoble compte établir sa future boulangerie. Il était encore récemment en stage à la boulangerie bio de Montliot (tenue par la famille Bernard).
Repassant par la salle des machines, je regarde les photos légendées d'une ancienne exposition sur la Pointerie de Chamesson cédée aux actuels propriétaires par l'ancien : une bonne idée de garder une trace du passé.
Les pointiers sont répartis en trois salaires différents selon qu'ils fabriquent des petites pointes (plus délicates à fabriquer) ou des grosses. Les salaires sont horaire pour les ouvriers qualifiés (outilleurs et ajusteurs) et à la pièce pour les non-qualifiés (pointiers). Manœuvres et femmes sont payés aux pièces. Les enfants (eh oui, ils travaillaient à l'époque !) gagnent moitié moins que les adultes.
Une feuille de paye de 1937
"Là , ce sont toutes les femmes qui empaquetaient les pointes".
Sur le blog de Cristaldesaintmarc, on trouve une photo qui lui a été envoyée par un de ses lecteurs, Matthieu Courty. Cette photo représente un panneau publicitaire de toutes les sortes de pointes confectionnées à l'usine.
Nous ressortons de cette visite guidée fort originale un peu interrogateurs : que de travail (toute une vie peut-être) pour réhabiliter cet immense domaine laissé par l'ancien propriétaire dans un triste état : il avait fait retirer les toitures pour ne pas payer l'impôt !
Je souhaite bon courage aux actuels propriétaires qui ont choisi de vivre en communauté, à l'exemple de ces anciens ouvriers de la pointerie.
Et merci à l'Office du Tourisme de Châtillon pour cette visite fort intéressante.