Nous avons profité de la venue d'André et Évelyne pour aller visiter la région : aujourd'hui c'est près de Montbard que nous nous rendons pour visiter l'Abbaye de Fontenay. Une vingtaine d'années que nous n'y avions pas mis les pieds, notre dernière visite datant d'un séjour de Laëtitia avec nous à Courcelles dans les années 90...) !
L'abbaye, dont voici la maquette, est nichée dans un écrin de verdure.
Nous voici devant la Porterie.
C'était un lieu primordial dans l'Abbaye. Le frère portier y accueillait les visiteurs, qu'ils soient novices, pèlerins, voyageurs, marchands mais aussi pauvres et infirmes demandant l’aumône.
C'est maintenant ici qu'on achète son billet d'entrée, avec ou sans visite guidée.
Au-dessus du porche, une statue dans une niche surmonte le blason de l'Abbaye (c'est le même que celui de la ville de Montbard) : une crosse pour représenter l’Église, une fleur de lys pour le Roi et deux bars qui rappellent le passé piscicole des moines de Fontenay (les moines ne mangeant pas de viande).
L'Abbaye de Fontenay est une abbaye cistercienne (aujourd'hui désaffectée) fondée en 1118 par Bernard, moine à l'Abbaye de Clairvaux. Elle a été inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 1981.
Pour nous rendre à l'abbatiale, nous passons devant le chenil : on y voit encore les deux sculptures de chiens qui en défendaient l'entrée : les chiens du Duc de Bourgogne, qui chassait dans la région, y étaient en pension.
Nous passons devant le pigeonnier : en contrepartie du chenil, les moines avaient obtenu le "droit de Pigeon", ce qui leur permettait de communiquer avec d'autres abbayes...
L'internet de l'époque !
et nous voici maintenant devant l'Abbatiale à la façade très dépouillée comme le veut la règle cistercienne : rien ne doit distraire l’œil de la méditation...
Entrons...
Effectivement, à l'intérieur, beaucoup de sobriété également. Jolis, ces bas-côtés gothiques...
Cette statue d'une Vierge à l'enfant dite "Vierge de Fontenay" est représentative de la statuaire bourguignonne de la fin du XIII ème siècle. Elle fut exposée aux intempéries pendant plus d'un siècle (achetée pour l'équivalent de 5 euros après la révolution par une famille d'un village voisin qui la plaça sur la tombe familiale) et ne réintégra l'Abbaye qu'en 1929.
No comment...
Dans le chœur, des restes du pavage d'origine du XIIIème siècle.
Ce retable qui ornait le Maître-Autel montre les épisodes de la Passion et de la vie de la Vierge Marie.
Ici, l'adoration des Mages
et au centre, la crucifixion
Ces gisants sont ceux du Chevalier Mello d’Époisses et de son épouse, issus d'une noble famille bourguignonne.
Le long de la jambe droite de la Dame de Mello, on peut voir une jolie sculpture : c'est celle d'un moine lisant qui prie pour le repos éternel de la défunte.
Nous rejoignons ensuite le dortoir des moines par cet escalier.
Ceux-ci dormaient tout habillés et, soumis aux sept prières quotidiennes, n'avaient qu'à descendre l'escalier qui y mène pour aller assister aux offices.
Cool, non ?
La charpente de chêne est en forme de coque de bateau renversée.
Depuis le dortoir, on a une vue sur la Vierge de Fontenay...
L'abbatiale donne sur le cloître qui est le cœur du monastère : à l'entrée se trouvait une petite armoire pour les moines, fermée par des portes en bois aujourd'hui disparues. On aperçoit encore les rainures servant à supporter les étagères où étaient rangés les objets du culte.
Le cloître, espace de communication entre toutes les salles du monastère, et lieu de méditation.
Sur un côté du cloître, on aperçoit le logis de l'abbé commendataire.
La salle du chapitre ouvre sur le cloître : c'est là que chaque matin était lu un chapitre de la règle de Saint-Benoît et que se passait la confession publique des fautes (d'où les expressions "avoir voix au chapitre" et "chapitrer"). Notre guide était fervent de toutes ces expressions qui sont passées à la postérité sans qu'on sache parfois d'où elles viennent...
Du dénuement même dans la décoration des vitraux...
Communicant également avec le cloître, voici le chauffoir avec ses deux cheminées.
C'était la seule pièce chauffée de l'abbaye... De chaque côté des cheminées, une petite loge servait à entreposer les encriers destinés aux moines copistes : la température l'hiver peut en effet descendre dans cette région jusqu'à -20°C...
C'est dans cette grande salle de 30 mètres de long, dite "salle des moines" que se réunissaient les moines pour travailler le cuir ou les tissus ; attenante au chauffoir, elle servait aussi aux moines copistes.
Voici la "signature" du tailleur de pierre qui a fabriqué ce pilier.
Nous voici maintenant devant la forge, un bâtiment imposant de 50 mètres de long.
Dans l'élégant bassin qui la jouxte, on peut voir des truites fario, rappel de l'activité piscicole des moines dans les étangs du vallon, une activité fort appréciée par les Ducs de Bourgogne.
Entrons dans la forge...
"Ora et labora" : c'était la devise des moines de Fontenay (à laquelle s'ajoutait la lecture de la Bible).
Les moines travaillaient le minerai de fer extrait de galeries souterraines voisines de l'abbaye et forgeaient, en quantité industrielle, les outils nécessaires au monastère. Ils commercialisaient le reste de leur production, ce qui leur assurait une autonomie économique et financière.
Il en reste une très belle salle à colonnades et, dans un angle, la forge reconstituée.
Le feu brûle dans la cheminée, des outils attendent les ouvriers : une jolie reconstitution. Il ne manque que le bruit des marteaux...
C’est la dérivation de la rivière de Fontenay, le long du mur de la forge, qui faisait tourner des roues actionnant les martinets, de grands marteaux hydrauliques, qui battaient le fer.
Un marteau hydraulique a été reconstitué en 2008 dans le cadre d’un projet européen impliquant 7 lycées techniques. Ce marteau est une réplique fonctionnelle des marteaux qui devaient être utilisés par les moines.
Un procédé révolutionnaire : l'une des plus anciennes usines d'Europe !
Avant de quitter les lieux un coup d’œil sur les jardins de l'Abbaye, créés en 1996 par l'anglais Peter Holmes, paysagiste. Je ne pense pas qu'à notre précédente visite de l'abbaye ils aient déjà été créés et cela change totalement la vision du lieu.
On quitte l'abbaye en passant par l'ancienne boulangerie des moines.
Il s'y trouve un petit musée lapidaire regroupant des sculptures du Moyen-Age collectionnées par Edouard Aynard, époux de Rose de Montgolfier et fille du précédent propriétaire. C'est en effet Elie de Montgolfier (le neveu des inventeurs des ballons) qui acheta l'abbaye en 1820 pour son activité de papetier. La papeterie fonctionnera jusqu'en 1905. C'est alors qu'Edouard Aynard, mécène, la rachète pour la restaurer, sans l'aide d'architectes... Elle appartient toujours à cette famille.
Clef de voûte de la Chapelle Saint-Laurent, aujourd'hui disparue, et située au dessus de l'Abbaye. Datée du XIIIème siècle, elle a été trouvée lors de travaux de rectification d'un virage.
"Le chasseur" XIVème siècle
Passant par le Musée lapidaire, on débouche naturellement dans la librairie ! L'entretien des bâtiments coûte très cher comme vous pouvez vous en douter. Il y a, selon les saisons, entre 3 et 5 personnes qui y sont employées.
Une très belle visite !