Avec la carte du Louvre, on peut entrer sans faire la queue dans le plus grand musée parisien... J'en ai profité aujourd'hui pour aller voir la nouvelle exposition intitulée "Vermeer et les maîtres de la peinture de genre".
Réunissant pour la première fois à Paris depuis 1966 douze tableaux de Vermeer (soit un tiers de l’œuvre connue du maître de Delft), l’exposition explore le réseau fascinant des relations qu’il a entretenues avec les autres grands peintres du Siècle d’or hollandais à l’image de Gérard Dou, Gerard ter Borch, Jan Steen, Pieter de Hooch, Gabriel Metsu, Caspar Netscher ou encore Frans van Mieris, tous peintres spécialisés dans la représentation de scènes galantes et raffinées.
Ces artistes s’admiraient, s’inspiraient mutuellement et rivalisaient les uns avec les autres.
On peut ainsi mettre en parallèle (même geste arrêté de la main et lumière sublime) "La femme à la balance" de Vermeer datant de 1664,
avec "La peseuse d'or" de Pieter De Hooch daté de 1666.
Dans le pays le plus urbanisé de l’Europe du XVIIe siècle, il n’est pas étonnant de rencontrer un grand nombre de personnes sachant lire et écrire (contrairement à la France de Louis XIV).
On remarque dans les deux tableaux qui suivent la même composition : éclairage venant de la gauche, tapisserie recouvrant la table et tableau en arrière plan.
"La lettre" de Vermeer (vers 1670)
"Jeune homme écrivant une lettre" de Gabriel Metsu (1665),
Dans cet autre de Gabriel Metsu qui semble faire écho au précédent ("Jeune femme lisant une lettre" - 1664-1666), on remarque comme dans celui de Vermeer la présence d'une servante - représentation faussement anodine du quotidien - donnant vie au tableau.
Le thème de la toilette a été traité par plusieurs des grands peintres hollandais.
Gérard Ter Borch avec cette "Femme à son miroir" datant de 1651-1652.
Mais aussi Frans Van Mieris avec cette "Femme à son miroir" datant de 1662.
Un très joli contraste entre le teint de la servante noire et la blancheur de la peau de sa maîtresse
"Jeune fille au collier de perles" : Vermeer (1663)
Décidément les petites pèlerines ourlées de fourrure, ancêtres de nos robes de chambre, étaient à la mode à cette époque ! il faut dire que les intérieurs étaient peut-être un peu frisquets...
Le XVIIème siècle avait-il un goût particulier pour les perroquets ? Probablement car plusieurs peintres hollandais ont donné la vedette à ce volatile.
Caspar Netscher "Femme au perroquet" - 1666
Gérard Dou : "Femme au perroquet"
"Femme au manteau rouge nourrissant un perroquet" de Frans Van Mieris
Le thème de la musique a toujours été très prisé des peintres au travers des siècles : la Hollande n'échappe pas à la règle.
"Jeune fille assise au virginal" - Johannes Vermeer
Frans Van Mieris : "Le duo" (1658)
Ici, un petit page apporte une boisson : un côté intimiste pour ce très beau tableau
Peint par Samuel van Hoogstraten avant son départ pour l’Angleterre, en 1662, "Intérieur hollandais, dit Les Pantoufles", est la seule composition vide de présence humaine dans l’exposition.
Et pourtant ce tableau est plein de vie avec sa chandelle consumée, ses clés sur la porte, ses pantoufles qui traînent indiquant un départ tout récent...
Jan Steen, lui, met en scène sans doute une courtisane au saut du lit ("La Toilette du matin"), dans une composition imbriquée comme précédemment.
Deux exemples de type professionnel, et même de type social chez Vermeer dans l'Astronome et le Géographe : l'intérieur comme le costume désignent le personnage comme l'un des membres de l'élite.
Johannes Vermeer : "L'Astonome" - 1668
Johannes Vermeer : "Le géographe" - 1669
La Dentellière et la Laitière sont souvent prises à contresens : la première est perçue comme une ouvrière au travail alors qu'en vérité c'est une jeune fille de qualité, occupée à une activité comparagle à la musique, qui apparaît dans ce tableau. Il semble bien que la robuste créature, se détachant sur fond de mur blanchi à la chaux, absorbée dans la préparation du pain perdu, soit d'abord une figure nourricière, sorte d'allégorie de la plénitude et de la santé, exaltée par la grâce de la lumière.
Johannes Vermeer : "La Dentellière" - 1670
Johannes Vermeer : "La Laitière" - 1658
Une très jolie exposition du Musée du Louvre