Aujourd'hui, c'est notre dernier jour au gîte de Saint-Geniès en Périgord noir et nous avons décidé d'aller voir l'Abbatiale Sainte-Marie de Souillac, cette ancienne abbaye bénédictine datant du XIIème siècle qui est un chef-d'œuvre de l'art romano-byzantin, inspirée de Sainte-Sophie de Constantinople.
Voici comment elle se présentait au XIIème siècle du temps où elle possédait encore un cloître.
Plusieurs fois ruinée et saccagée pendant la "guerre de Cent Ans", l'abbaye se relève grâce à la ténacité des abbés, mais les guerres de Religion lui causent des dommages encore plus grands. Reconstruite au XVème siècle, l'abbaye cesse d'exister à la Révolution, ses bâtiments étant transformés en magasin des tabacs.
Voici comment elle se présente de nos jours et ceci depuis le XVIIIème siècle. En 1803, elle devient église paroissiale.
Elle a fière allure avec ses coupoles hémisphériques imbriquées les unes dans les autres, son abside et ses absidioles. Cependant, les bâtiments monastiques élevés au sud de l'église aux XVIIe et XVIIIe siècles contrastent par leur pauvreté.
Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer cette vue d'avion trouvée sur le net qui permet d'admirer les trois coupoles recouvertes de lauzes. On appelle un tel agencement une "église à file de coupoles". Sainte-Marie de Souillac est, avec la Cathédrale de Cahors, la seule église dans ce genre conservée dans le Haut-Quercy.
Je fais le tour de l'église...
Le Christ au jardin des oliviers de Théodore Chassériau (1844), élève d'Ingres
Le chœur avec son chevet roman rayonnant
L'autel sculpté
Le "clou" de l'abbaye, on ne le voit qu'en se retournant vers l'entrée.
Le portail intérieur, surmonté par l'orgue, présente un superbe tympan sculpté. Il a en effet été déplacé au XVIème siècle vers l'intérieur de l'église pour être protégé du vandalisme lié aux différentes invasions et a ainsi été mis à l'abri des saccages de la Révolution et des outrages du temps.
Une seule des deux colonnes qui l'encadrent a été sculptée, comme si le sculpteur avait été interrompu dans son travail... ?
Le "pilier de Souillac" : monstres infernaux et image du pêché
L'autre pilier est plus simple mais possède tout de même un superbe chapiteau sculpté entremêlant toutes sortes de monstres.
Encadrant la porte, à gauche et à droite, le patriarche Joseph et le Prophète Isaïe. Ce dernier est représenté ici jambes croisées dans un mouvement de danse. Il annonce l'heureuse nouvelle : "Et voici qu'une vierge va concevoir". C'était à Jérusalem, 750 ans avant Jésus-Christ...
Il y a d'ailleurs dans l'abbatiale un portrait d'une Vierge à l'Enfant.
Le tympan représente des scènes du miracle de Théophile entre saint Pierre et un saint abbé.
Sous l'arcature centrale, en partie inférieure, le diable reçoit le pacte signé par Théophile afin d'obtenir une charge honorifique. Le diacre de l'église d'Adana (Cilicie) tend ses mains au démon qui les prends dans les siennes. Dans la partie supérieure, Théophile endormi, couché devant l'église d'Adana, est libéré par la Vierge de son pacte satanique. Elle sort des nuées entourée de trois anges et lui remet la charte.
Une vraie pépite !