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Aujourd'hui, nous avons fait une promenade dans le temps en visitant les tourbières de Frasne, une zone humide protégée. Elles sont situées dans la vallée du Drugeon et leur formation est en partie due au retrait des glaciers lors du dernier épisode glaciaire (entre -25000 et -18000 ans).
Elles ont été aménagées dans le respect de l'environnement : le site est désormais classé "Réserve Naturelle Régionale" et s'étend sur plus de 192 hectares.
Cette vidéo faite par Daniel Gilbert, professeur en écologie microbienne au CNRS, explique très bien la formation des tourbières et leur rôle dans le réchauffement climatique et inversement. Elle est un peu longue (30 minutes) mais vaut vraiment la peine d'être regardée.
Malheureusement, il semble que tous les navigateurs ne puissent pas la lire...
Il existe plusieurs circuits : nous décidons de faire le petit circuit, une boucle de 1,5 kms pour 30 minutes de marche.
Un joli chemin et un temps de rêve...
Tout au long du parcours, des panneaux explicatifs retracent l'histoire du sol étape par étape.
Pour cheminer dans la tourbière, on marche sur un ponton pour ne pas s'enfoncer mais aussi pour ne pas abîmer le milieu naturel protégé. Il est d'ailleurs interdit de sortir du ponton.
La tourbe a ici été exploitée dans les années 1940 ce qui a permis de redonner à cette fosse des conditions de développement de la végétation comparables à ce qu'elles étaient il y a 15.000 ans.
Ici, un sol couvert de bruyères
Là, des mousses
Ce panneau détaille quelques unes des plantes qui habitent la tourbière.
La callune ou bruyère commune, la linaigrette, la sphaigne, l'airelle des marais, la myrtille, l'andromède à feuilles de polium ou encore la canneberge.
Grâce à ce panneau, on apprend qu'une tourbière est bombée.
Ici, la tourbe a été extraite en totalité jusqu'à la roche mère du sous-sol entre 1914 et 1947 par différentes sociétés, comme combustible puis pour produire du gaz nécessaire à la fabrication d'engrais.
Et encore de la bruyère...
Quelle est cette jolie plante des tourbières : je ne sais plus son nom...
Les étapes d'extraction de la tourbe
Un début d'extraction de la tourbe
Des petites briques qui ne sont pas suédoises...
Après cette intéressante promenade, nous avons repris la route et désespérément erré pour trouver vainement un accès voiture au Mont d'Or (en fait, arrivées à Métabief, noud brûlions...).
Nous décidons d'aller déjeuner au bord du lac de Saint-Point alimenté par le Doubs.
Nous sommes ici dans un pays de fromage...
Le clocher-porche (possédant un dôme dit "à l'impériale") de l'église du village est bien typique de la région Franche-Comté.
L'église date du XIIème siècle : elle appartenait alors au Prieuré de Saint-Point et était occupée par les moines bénédictins de l'abbaye de Romainmôtier en Suisse. Ceux-ci se retirent en 1450 et l'église devient une vicairie.
Un incendie ayant détruit le chœur en 1504, celui-ci est reconstruit grâce à la générosité des derniers seigneurs de Joux, la famille Hochberg.
Il en reste de remarquables clefs de voûte.
J'ai remarqué aussi les bancs de l'église, très élégants et joliment éclairés par le soleil.
Nous poursuivons notre route vers le Château de Joux en traversant la forêt de la Joux couverte de sapins.
La Suisse n'est qu'à 15 kilomètres.
A l'approche du château
Pour faire la visite dans les meilleures conditions de sécurité vis-à-vis du Covid 19, un sens-aller (en vert) et un sens-retour (en noir) sont imposés.
Le château domine d’une centaine de mètres le passage de la Cluse, étroit passage naturel qui permet de traverser le Massif du Jura. Cette voie militaire et commerciale relie les routes de Champagne, de Flandres et de Haute-Saône à l’Italie et à la Suisse.
Forteresse militaire, Joux est le seul exemple en France représentatif de l’évolution de l’architecture militaire sur 1000 ans. Au cours de ces 10 siècles, le château de Joux fut sans cesse agrandi, remanié, renforcé pour faire face aux progrès de l’art de la guerre et de l’artillerie. Des sires de Joux au roi de France en passant par les ducs de Bourgogne et la couronne espagnole, le château de Joux eut d’illustres propriétaires qui le façonnèrent en fonction de leur besoin.
Du 18e au 19e siècle, il a aussi été prison d’Etat pour enfermer toute personne menaçant l’ordre du public et la sûreté de l’Etat. Des prisonniers célèbres pour leur combat pour la liberté y ont été détenus tels que Mirabeau ou Toussaint Louverture.
Le château est aujourd’hui composé de 5 enceintes, 2 hectares de bâtiments, 250 pièces, 3 fossés et 3 ponts-levis. Ouvert à la visite depuis 1954 et classé au titre des monuments historiques depuis 1996, le château a su préserver son histoire dans un site naturel authentique.
Ici, la quatrième enceinte prenant la forme d'un ouvrage à cornes.
Vue d'ensemble du château
Devant la Porte d'Honneur datant du XVIIème siècle, une statue miniature de Sébastien Lepreste de Vauban par Pierre Duc rappelle que l'architecte de Louis XIV participa, en son temps, à la fortification du château.
La tour du fer à cheval a été construite au XIVème siècle.
Intérieur de la tour
Ca, c'est du pilier !
Le cadran solaire de la Place d'Armes date de 1693. Il donnait l'heure pour rythmer la vie des soldats de la garnison. L'après-midi, il est totalement à l'ombre et un autre cadran le remplace au sud.
La devise "Sol regit omnia" qui signifie "Le soleil gouverne tout" fait aussi référence au Roi Soleil.
Cet escalier également situé sur la Place d'Armes s'appelle "l'escalier ha-ha" : constitué de deux volées de marches de pierre, il est interrompu au centre par un palier de planches de bois amovibles : en cas d'invasion, on retirait les planches et les assaillants criaient "ha-ha" avant de tomber !
Enfin, ça c'est moi qui le dit, je n'ai pas trouvé d'autre explication...
Sans vouloir me répéter : ça, c'est de la casserole !
Tout au long de notre visite, nous voyons des petites affichettes amusantes nous rappelant qu'il faut porter le masque...
Elles font allusion aux deux personnages célèbres ayant été emprisonnés au Château de Joux.
C'est dans ce cachot que le Général François Dominique Toussaint Bréda, dit Toussaint Louverture, Gouverneur de l'Ile de Saint-Domingue, initiateur de l'abolition de l’esclavage et de l'indépendance d'Haïti (première république noire) fut enfermé le 23 août 1802 sur ordre de Napoléon et y mourut sept mois plus tard.
Né en 1743 sur la colonie française de Saint-Domingue (Haïti), Toussaint est esclave dans une plantation de canne à sucre. Il assure les fonctions de cocher. Affranchi en 1776,il valorise une plantation de café où il possède ses propres esclaves. Il apprend à lire et à écrire.
Avec la Révolution française, un vent de liberté souffle à Saint-Domingue. La nuit du 22 août 1791, les esclaves réunis lors d'une cérémonie vaudou prêtent le serment de se révolter et Toussaint Louverture œuvre en sous-main pour organiser l'insurrection. Afin de retrouver l'ordre, la France finit par déclarer l'abolition de l'esclavage le 4 février 1794.
Toussaint Louverture rejoint l'armée française pour combattre les espagnols et les anglais. Devenu général, il réussit à réunir l'intégralité de l'île sous sa domination. En 1801, il se nomme Gouverneur à vie, ce qui déplait à Napoléon Bonaparte alors consul : celui-ci envoie 86 vaisseaux pour reprendre le contrôle de l'île et rétablir l'esclavage. Après quatre mois de résistance, Toussaint Louverture est arrêté par la traîtrise : il est enfermé le 23 août 1802 au Château de Joux, sans procès, et accusé de haute trahison et de rébellion.
A son arrivée au château, il est déjà âgé et souffre de blessures de guerre et d'une maladie respiratoire. Même s'il est correctement nourri, il est tenu au secret, ne peut recevoir de visite et n'a pas le droit de sortir de sa cellule très peu éclairée. Il y décède le 7 avril 1803.
Le 1er janvier 1804, Haïti devient la première République noire au monde. L'esclavage est définitivement aboli par la France en 1848.
Autre prisonnier célèbre du Château de Joux (mais pas dans les mêmes conditions) : Mirabeau
Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, est accusé par sa famille de mener une vie dissolue, accumulant les scandales et les dettes. Son père demande au roi qu'il soit enfermé sans jugement grâce à une lettre de cachet. D'abord emprisonné au château d'If, Mirabeau use de son éloquence pour séduire la cantinière. A 26 ans, il est transféré au château de Joux. Il sympathise rapidement avec le gouverneur, ce qui lui permet de bénéficier d'un régime de faveur : il peut travailler dans un bureau pour lire et écrire, sortir pour aller à la chasse ou se rendre à Pontarlier, la ville voisine. Lors d'un dîner, il rencontre Sophie de Ruffey, âgée de 21 ans, mais qui hélas est déjà mariée au marquis de Monnier qui lui en a 78 ! Les deux jeunes gens tombent amoureux et, devenus amants, s'enfuient jusqu'en Hollande où ils sont arrêtés deux ans plus tard. Sophie est recluse au couvent de Giens. Quant à Mirabeau, il sera enfermé trois ans au château de Vincennes. Les deux amants s'envoient des lettres d'amour mais Sophie finira par se suicider quelques années plus tard. C'est alors que Mirabeau se lance en politique et devient l'un des plus grands orateurs de la Révolution. Il s'engage aussi dans la lutte contre l'esclavage. Il mourra en avril 1791 à 42 ans.
Voici sa cellule
Joli angle, non?
La citerne médiévale : elle possède une margelle et se trouve dans la cour du donjon. En montagne, l'approvisionnement en eau était primordial.
Voici le logis des gouverneurs, situé dans le donjon.
Avant de quitter le château, un petit tour sur la terrasse pour admirer le paysage.
Fin de la visite
La suite très bientôt...