Notre visite de Bordeaux - avec hier la Cité du Vin - se poursuit aujourd'hui. Comme hier, nous prenons le tram après un bon petit-déjeuner pris à l'Hôtel Kyriad Bordeaux-Lormont où nous avons logé cette nuit et où l'accueil a été très sympathique.
Une demi-heure plus tard, nous descendons à l'arrêt Porte de Bourgogne. Le temps semble être de la partie (ce qui ne sera pas le cas du lendemain), une chance...
La Porte de Bourgogne fait face au pont de pierre agrémenté de jolis réverbères qui permet de relier le centre-ville au quartier de la Bastide, sur la rive droite. Il a été construit sur ordre de Napoléon I entre 1810 et 1822 et 4 000 ouvriers y travaillèrent. On aperçoit au fond l'église Sainte-Marie de la Bastide.
En traversant le souterrain, on a une vue intéressante sur l'alignement régulier des immeubles haussmanniens bordant les quais de la Garonne.
Sur les quais, le trafic est intense entre les voitures, les trams et même les balayeurs qui entretiennent les trottoirs à vélo !
La Porte de Bourgogne est au centre d'une place en demi-lune bordée elle aussi de beaux immeubles. On aperçoit à gauche le clocher de Saint-Michel.
Contrairement à Paris, ces immeubles sont assez bas ce qui : deux étages seulement plus l'étage des mansardes au-dessus du rez-de-chaussée souvent réservé aux boutiques.
L'architecture se remarque aussi sur le cours Victor Hugo que nous empruntons maintenant pour nous enfoncer dans la ville.
Le cours Victor Hugo s'appelait autrefois "Fossés de Bourgogne".
Nous avons, en entrant dans ce quartier, un peu eu l'impression ici d'être à Barbés. Les magasins exotiques sont légion et dans tous les domaines, comme ici ce bazar Petit Dubaï...
Du "Décrochez-moi ça", en veux-tu en voilà dans cet autre bazar, celui des Frères Saaoudi !
Encore une boutique à consonance orientale : rassurez-vous, je ne critique pas, j'observe juste le nom des enseignes.
Sur le trottoir d'en face, l'Etoile d'Orient n'est pas en reste.
Même les magasins d'assurances sont orientaux...
Evidemment, un Toto soldes s'est aussi installé dans ce quartier. Très bon magasin, Toto, j'y vais souvent sur l'avenue d'Italie quand je cherche un bout de tissu pas trop cher.
Mais nous nous éloignons de ce quartier et retrouvons de très belles façades : nous approchons en effet de l'un des points d'intérêt de la ville, la Grosse Cloche.
Il s'agit du beffroi de l'ancien hôtel de ville. La porte et les tours, dites de la Grosse Cloche, sont classées au titre des monuments historiques depuis 1886. Elle a été restaurée en 2016.
Elle a été édifiée au XVème siècle sur les restes de l'ancienne Porte Saint-Eloi (dite aussi porte Saint-James) du XIIIème siècle (adossée à l’église Saint-Eloi du XIIème siècle), ouverte sur le rempart du XIIIème siècle et sous laquelle passaient les pèlerins de Saint-Jacques en route pour Compostelle.
C'est l'un des rares monuments civils que Bordeaux garde du Moyen-Age.
Une plaque sous le porche donne des informations sur la cloche. Elle a été coulée en 1775 par Turmeau père et fils, fondeurs à Bordeaux ; elle remplace une cloche plus ancienne qui se fêle en sonnant le tocsin lors de l'incendie de 1774.
J'appelle aux armes
J'annonce les jours
Je donne les heures
Je chasse l'orage
Je sonne les fêtes
Je crie à l'incendie
Imbriquée dans le porche de la Grosse Cloche, l'église Saint-Eloi, étape pour les pèlerins sur le chemin de Compostelle. Cette église a été fondée au XIIème siècle et reconstruite au XVème siècle. Elle servit de Chapelle de la jurade jusqu'en 1790 (la jurade était le conseil municipal de Bordeaux sous l'ancien régime) : les nouveaux jurats y prêtaient serment. Il s'agit d'une église qui célèbre la messe selon le rite tridentin (traditionnaliste). Attribué à l'Institut du Bon Pasteur depuis 2007, celui-ci, reconnu par le Saint-Siège, est néanmoins accusé de prôner l'intégrisme et d'être en proximité avec des entités catholiques d'extrême droite...
Non loin de là, un très bel immeuble encore
Et tout à côté, un petit café qui propose la fameuse spécialité de Bordeaux, les canelés...
Tout comme à Paris, on trouve dans les cours de très beaux Hôtels particuliers.
Contournant le parking Victor Hugo, nous nous dirigeons vers l'église Saint-Paul-Saint-François-Xavier dont le clocher se profile ici.
Contraste des architectures
Un petit café en terrasse face à l'église Saint-Paul
C'est une église du XVIIème siècle, du style baroque de la Contre-Réforme.
En 1662, les Jésuites de Bordeaux font ériger la chapelle de leur maison professe consacrée à Saint-François-Xavier. La nef comporte cinq travées voûtées d'arêtes, les chapelles latérales communiquent entre elles et la tribune surmonte l'entrée. Le choeur est orné d'un remarquable maître-autel avec gloire et baldaquin (groupe sculpté en marbre par Guillaume II Coustou entre 1641 et 1648).
Au-dessus de l’unique porte, bien qu’il ait été martelé en 1763 après la suppression de l’ordre, se devine encore aisément un cartouche décoré du cœur enflammé de Jésus et l’emblème de la Compagnie I.H.S (les trois premières lettres du mot grec signifiant Jésus, initiales qui seront ultérieurement interprétées comme étant celles en latin de Iesus Homini Salvador).
Dans les écoinçons, deux anges affrontés tiennent une couronne au-dessus d’une niche vide qui abritait un buste de saint François Xavier brisé en 1793.
L'église est sobre mais d'une grande richesse décorative.
A l'entrée, nous avons été amusés de voir une plaque au-dessus du bénitier en marbre signalant qu'un certain Jean-Jaubert de Barrault avait été Archevêque d'Arles et qu'il voulut être enterré à cet emplacement pour être "comme le portier de l'église et y être foulé aux pieds par les plus humbles".
Le chœur est le réceptacle d’un maître-autel, d’un retable et d’un groupe placé en arrière du tabernacle représentant l’Apothéose de Saint François-Xavier. Cet ensemble décoratif, chef-d’œuvre de l’art baroque français, n’est pas contemporain de l’église.
Pour la statue en marbre blanc représentant saint François Xavier en extase et le tabernacle de marbre vert, les jésuites s’adressent au jeune Guillaume Coustou (1716-1777). Premier prix de Rome et académicien considéré, il appartient à une fameuse dynastie d’artistes. Son père, Guillaume I Coustou (1677-1746), l’auteur des Chevaux de Marly et son onde, Nicolas (1658-1733), ont été sculpteurs du Roi et ont travaillé à Versailles.
Ayant traversé la rue Sainte-Catherine, la plus commerçante de la ville, nous arrivons en vue de la tour Pey-Berland qui jouxte la Cathédrale Saint-André.
L'archevêque Pey-Berland (vers 1370-1458), artisan du renouveau de l'Église dans l'Aquitaine alors sous domination des Plantagenêts, décide de la construction de la tour. Ce campanile construit au XVe siècle répond au souhait de doter la cathédrale de cloches importantes, qui auraient pu en menacer la structure.
A l'origine, elle était reliée à la cathédrale par des demeures de chanoines qui ne sont plus là aujourd'hui. On aperçoit la Cathédrale ici.
Culminant à 66 mètres, Notre-Dame d’Aquitaine veille sur Bordeaux. Elle est tournée vers la région du Médoc, lieu de naissance de l'archevêque Pey-Berland. (Photo Patrick Müller - Centre des Monuments Nationaux)
Evidemment, j'y suis montée !
Philippe est sagement resté à m'attendre sur un banc et je pense qu'il a eu bien raison car j'avoue que j'ai tout de même été très essoufflée en montant les 233 marches !
Au premier plan, la rue Sainte-Catherine, et à l'horizon un peu sur la droite la "Grosse cloche" d'où nous arrivons. Les toits sont couverts de tuiles rondes indiquant que nous sommes dans le midi...
Vue sur la Cathédrale Saint-André
Vue sur la Garonne et le pont Chaban-Delmas
Par ici la sortie !
Retour sur le plancher des vaches avec ces photos de la Cathédrale dont nous trouvons la porte fermée (entre midi et deux).
Près de celle-ci trône une statue monumentale de Jacques Chaban-Delmas qui fut maire de Bordeaux pendant de si longues années (48 ans quand même...).
Sur le socle, sont gravés les postes qu'il a occupés : Compagnon de la libération, Premier ministre, Président de l'Assemblée Nationale, et évidemment Maire de Bordeaux.
Je ne le trouve pas spécialement ressemblant mais on reconnaît bien l'allure sportive de l'homme qui montait les marches de l'Elysée quatre à quatre ! A l'époque, cela faisait parler...
Nous prenons maintenant le tram pour nous rendre au Grand-Théâtre (nous avons pris un abonnement pour 24h hier). Celui-ci nous arrête juste en face de quelques beaux immeubles : Bordeaux est une ville élégante.
Non loin de là, une sculpture monumentale de l'artiste catalan Jaume Plensa titrée "Sanna" fait face au Grand-Théâtre.
L'Opéra National de Bordeaux, très imposant, occupe tout l'espace de la place de la Comédie. Son architecture est fascinante avec ses douze colonnes corinthiennes à l’avant de la façade formant une galerie.
Elles sont surmontées par douze statues, muses et déesses des arts, pour la plupart. Les statues sont l’œuvre de Pierre Berruer.
De gauche à droite : Euterpe, Uranie et Vénus
Euterpe, muse de la Musique, jouant de la flûte : sa mauvaise santé apparente est elle due au fait qu’elle est située en première position dans l’angle de la rue Esprit des Lois et donc plus exposée aux vents et aux intempéries, la question est posée.
Uranie : coiffure ornée d'étoiles, se drapant d’une main et tenant dans l’autre un compas sur une sphère céleste, Uranie est la muse de l’Astronomie (et de l'Astrologie).
Deux colombes pour Vénus, la déesse de l'Amour et de la Beauté : cette statue a particulièrement souffert des intempéries. Elle en a même perdu une partie de son nez.
Le plafond de la colonnade est entièrement sculpté.
Dans des médaillons, des représentations des arts
Ici, la Musique est à l'honneur avec cette représentation de harpe.
En poursuivant notre chemin, un magasin bien typique de Bordeaux, la Vinothèque.
Mais dans les boutiques, on peut aussi voir la spécialité de Bordeaux, les fameux canelés.
Ce magasin qui vend des posters fait la promotion de la région.
Direction maintenant la place des Quinconces qui n'est qu'à deux pas du Grand-Théâtre. Elle est célèbre pour son imposant Monument aux Girondins élevé entre 1893 et 1902 à la mémoire des députés Girondin victimes de la Terreur et célébrant la République. Il est surmonté d'une colonne de 43 mètres de haut.
Le monument aux Girondins a remplacé l'ancien Château Trompette, symbole féodal (en effet, pendant trois siècles Bordeaux fut anglaise puis sous le joug royal de Charles VII). Mais on peut dire que le monument revient de loin : en 1942, la commission de récupération des métaux non ferreux achète la fontaine du monument 30 francs le kilo. En 1943, le monument est déboulonné. Retrouvées intactes à Angers en octobre 1944, les 34 sculptures rentrent triomphalement à Bordeaux le 5 juillet 1945. Ce n'est qu'en 1982 que les chars de la République et de la Concorde retrouveront leurs bassins.
Il faut s'approcher tout près du monument pour en apprécier la grande beauté.
Dumilâtre et Rich sculptent avec enthousiasme, dans le marbre et le bronze, les valeurs de la République, de la paix sociale et l'idéal révolutionnaire des Girondins qui surent faire entendre la voix de leur terre, de leurs intérêts aussi. La mort violente scella leur sort.
Le char de la République est tourné vers le Grand-Théâtre.
Mais dans l'histoire, seule la Liberté triomphe. Depuis 1893, le génie de la Liberté brisant ses chaînes flotte sur les toits de Bordeaux (photo internet).
Il y a aussi un autre groupe dans ce monument des Girondins : le triomphe de la Concorde. Assise sur un trône une statue mi-drapée, le torse nu comme la Vérité, tient à la main un rameau d'olivier (symbole de paix) et étend son bras protecteur.
Le char de la Concorde regarde vers la place des Chartrons.
Devant le triomphe de la Concorde on peut voir un homme, une femme et un enfant chevauchant un poisson. Le père, la mère et l'enfant qui symbolisent ici le bonheur familial, conséquences de la Concorde et de la Paix.
Sur le côté...
En façade, du côté de la rivière, se dresse une tribune qui fut l'élément essentiel des Girondins : cette tribune, ornée des symboles de l’Éloquence tribunitienne, est surmontée du Coq Gaulois en bronze. Aux pieds de la tribune, deux statues assises représentent, à droite, l'Histoire, à gauche, l’Éloquence.
Inscrit derrière le coq : A la Mémoire des Girondins
Après ce bel arrêt photos, nous reprenons le tram pour nous rendre sur la place de la Bourse, près des rives de la Garonne.
Il est difficile de photographier la place de la Bourse dans sa totalité car elle est très grande. Vous n'en voyez ici qu'une petite partie.
En son centre, une jolie fontaine à l'emplacement duquel il y avait auparavant successivement deux autres statues. La première était une statue de Louis XV à cheval inaugurée en 1743, retirée et fondue en 1792, la seconde une statue de Napoléon III qui a également été détruite.
C'est en 1869 que la fontaine représentant les 3 Grâces a fait son apparition ici.
La fontaine des 3 Grâces (les trois filles de Zeus : Aglaé, Euphrosyne et Thalie) est une œuvre dessinée par Louis Visconti (le sculpteur du tombeau de Napoléon aux Invalides) et sculptée par Charles Gumery et Amédée Jouandot.
Dans sa partie basse, des enfants et des dauphins
Mais la place de la Bourse de Bordeaux est surtout connue pour son miroir d'eau (le plus grand du monde quand même) qui lui fait face le long des quais de la Garonne.
Les bordelais sont amoureux de leurs quais et viennent volontiers y flâner.
Avez-vous remarqué leurs jolis réverbères ? Ils m'ont tapé dans l'œil.
De nuit, ça donne ça... (je triche un peu grâce à mon ami internet)
Que peut-on trouver de plus beau que ce paysage ?
A l'horizon, nous retrouvons l'Arcania amarré : nous avons croisé ses passagers ce matin du côté de la Cathédrale.
En nous approchant du paquebot, nous découvrons que l'exposition du Chat de Philippe Gelluck se trouve maintenant sur les quais de la Garonne !
Le Chaltérophile
Sur le fil : je m'aperçois en revoyant ma photo que l'oiseau a été oublié... Un indélicat l'aurait-il volé... ? Ca doit coûter cher une bestiole comme ça.
Il était sensé être sur le fil !
Le Dieu du stade
Le Chat au journal
Le flûtiste
On en a plein le dos
Nous voici de nouveau près de la place des Quinconces et je peux donc vous montrer les deux colonnes qui en ornent l'entrée, côté Garonne. Les colonnes rostrales - c'est ainsi qu'on les appelle - ont leur sommet qui flirte avec les plus hauts manèges des fêtes foraines qui se tiennent sur cette grande place.
Mais d'où vient ce curieux nom de "colonnes rostrales" ?
Les colonnes rostrales étaient souvent érigées pour fêter une victoire maritime. Ainsi, il semblerait que la première colonne dite "rostrale" ait été dressée à Rome pour célébrer la victoire du Consul Caius Duilius sur la flotte de Carthage lors de la bataille de Mylae. On retrouvait alors sur les colonnes érigées "le bec" ou "l’éperon du navire vaincu". C’est avec cet éperon alors appelé "rostre" que l’on trouve l’origine de l’appellation de colonne "rostrale". Par extension l'expression est utilisée pour désigner la proue des navires.
Voilà : vous savez tout !
Ah, voici notre tram ! Il va nous ramener à l'Hôtel Kyriad...
La balade est finie !
Pour voir la visite du village de Saint-Emilion, cliquez ICI.