Pour notre premier jour en Gironde (voir le post sur notre gîte ICI), nous avons choisi de visiter les souterrains de la Citadelle de Blaye fortifiée par Vauban, missionné par le roi Louis XIV (Vauban supervisera les travaux de l'ingénieur militaire François Ferry, directeur général des fortifications de Guyenne). Les travaux débutent en 1686 et s’achèvent fin 1689.
Sa vocation est, à cette époque troublée, de contrôler l'accès à Bordeaux située en amont de l'estuaire de la Gironde. Comme la portée de tir des canons de l'époque ne permet pas de couvrir les 3 km de large du fleuve et de bloquer le passage des ennemis, Vauban construit deux autres forts, l'un sur une île au milieu de la Gironde (Fort Paté), l'autre sur la rive gauche de l'estuaire (Fort Médoc). Il obtient ainsi des tirs croisés et empêche l'ennemi de se rendre jusqu'à Bordeaux.
Le verrou de l'estuaire est né : il est unique en France.
Blaye n'est qu'à une dizaine de kilomètres de notre lieu de séjour. Nous arrivons donc rapidement sur les lieux ce mardi matin.
Plan de la Citadelle : cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Tout de suite sur la droite des fortifications, on aperçoit les restes de l'ancien château des Rudel. Il s'agit de l'un des rares vestiges de l'époque médiévale à avoir été conservé lors de la construction de la citadelle au XVIIème siècle.
Selon la légende, Jaufré Rudel était un célèbre troubadour aquitain de langue d'oc né au début du XIIème siècle qui serait parti en croisade pour y retrouver la Comtesse Hodierne de Tripoli dont il avait entendu louer la grande beauté . Il aurait été si malade pendant le voyage qu'il serait mort dans ses bras en arrivant à Tripoli tandis que, face à la mort de son amant, la belle comtesse aurait alors décidé de se retirer dans un couvent.
Nous entrons dans la citadelle par la Porte Royale située au N°18 du plan précédent.
Après cette porte, une autre porte : on n'est jamais trop prudent...
Sur la gauche, la prison : Blaye était une vraie ville. C'est sur l'ordre de Claude de Saint-Simon, Gouverneur de Blaye, qu'elle est érigée en 1677, quelques années avant le début des travaux de Vauban. De nombreux prisonniers politiques y furent incarcérés, notamment des prêtres réfractaires, pendant la Révolution. Après avoir été transformée en boulangerie au début du XIXème siècle, c'est aujourd'hui le musée d'histoire et d'archéologie de Blaye.
Presque en face, on passe devant une maison où fut enfermée Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, autrement dit la duchesse de Berry (épouse de Charles-Ferdinant d'Artois, duc de Berry, qui mourra assassiné). Elle est à l'origine des dernières insurrections vendéennes et chouannes qui secouent le nord-ouest de la France en mai et juin 1832.
La maison aurait besoin d'un vrai rafraîchissement...
Une plaque en piteux état rappelle l'événement.
Femme de tempérament, la duchesse de Berry n'aura de cesse de vouloir rétablir son fils posthume, le duc de Bordeaux, que les légitimistes appellent déjà Henri V.
Elle est arrêtée le 7 novembre 1832 sur l'ordre de Thiers et incarcérée à Blaye : en réalité, vu son rang, elle est logée dans cette maison, celle du commandant de la place, où elle accouchera d'une petite fille qui ne vivra que six mois. La Duchesse de Berry sera ensuite expulsée à Palerme par le Général Bugeaud où elle retrouvera son mari, Hector Lucchesi-Palli, épousé en prison, dont elle aura d'autres enfants.
C'était une superbe femme.
Nous continuons notre promenade en direction de la Place d'armes où a lieu le rendez-vous pour la visite guidée. C'est un vrai village que nous découvrons à l'intérieur de la citadelle avec des rues dans lesquelles, naturellement, des commerces se sont installés.
En vue de l'ancien couvent des Minimes
Le couvent des Minimes doit son existence à une décision du gouverneur Jean-Paul d'Esparbès de Lussan, lequel ordonne l'implantation de cet ordre religieux afin de garantir un soutien moral aux soldats cantonnés dans la ville-forte. La première pierre du monastère est posée en 1607, et les travaux achevés en l'espace de quatre ans.
Le couvent est actuellement un lieu pour des expositions.
Juste à côté du couvent, un hôtel-restaurant gastronomique, La Citadelle, s'est installé en bordure de Gironde.
Not bad...
Philippe devant L'île Nouvelle : cette île n'existait pas du temps de Vauban. L'estuaire est en perpétuelle évolution à cause des sédiments provenant de la Garonne et de la Dordogne ainsi que de sables marins en provenance de l'océan Atlantique qui s'y déposent.
C'est sur cette Place d'Armes que nous retrouvons notre guide de la matinée, une néerlandaise qui s'est plu dans la région où elle s'est installée voici 30 ans et qui fait les visites en français, en hollandais et en anglais.
Nous sommes une petite quinzaine à participer à la visite guidée.
Elle nous montre d'abord une plaque au sol citant toutes les fortifications dues à Vauban inscrites sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO, dont la citadelle de Blaye fait partie.
Au large de Blaye, voici Fort Paté
Fort Médoc se situe tout là-bas...
Ah, là c'est mieux !
Nous retournons ensuite, en compagnie de notre guide, à la Porte Royale.
Ceci me permet de faire cette photo des arches supportant le pont d'accès à la porte. Vous apercevez à nouveau sur la droite le château des Rudel.
Notre guide nous montre un schéma des fortifications initiales du XIVème siècle. L'estuaire a en effet toujours été protégé.
Puis des fortifications du XVIIème siècle, nous montrant que plusieurs murailles ont été ajoutées pour sécuriser le site.
C'est ensuite le départ de la promenade qui va nous faire parcourir les souterrains de la citadelle de Blaye. Creusés à la fin du XVII° siècle, ils faisaient partie intégrale du système de défense de la Citadelle en remplissant plusieurs fonctions :
* C'était une voie de communication entre les lignes de défenses.
* Un endroit stratégique pour tirer sur les assaillants.
* Une possibilité de replis pour les troupes .
* Un piège pour attirer les troupes ennemies
Un escalier nous permet d'accéder aux douves sèches.
La promenade est d'ailleurs accessible aux promeneurs mais pour visiter les souterrains, il faut avoir des clés !
C'est par une porte, bien cachée derrière ce refend de fortification, que nous allons accéder à notre premier souterrain.
De façon surprenante, nous allons d'abord devoir monter un escalier.
Lequel débouche sur une salle voutée datant du XVIème siècle.
éclairée par une ouverture béante pratiquée dans son plafond où la végétation essaie de s'infiltrer...
Dans cette salle, quatre ouvertures à canons
Nous redescendons ensuite pour retrouver les douves.
Deuxième entrée dans un souterrain
Notre guide nous fait remarquer que le couloir tourne pour éviter les tirs de canons.
Une lourde porte en bois munie de clous parfait la défense. Les clous seraient là pour empêcher les coups de machette...
Nous débouchons sur ce qui était un champ d'exercices de tir.
Allez, un troisième !
Et toujours ces couloirs qui tournent...
Dans cette salle, une maquette que, sur le moment, j'ai trouvée super intéressante.
Malheureusement, je ne me souviens pas des explications de la guide !
Tout ce que j'ai retenu, c'est que tout était souterrain comme on le voit ici, une fois la maquette refermée.
Remontée dans les douves
Au passage, une petite photo des marches qui ont vu passer beaucoup de monde. C'est toujours émouvant de mettre ses pas dans ceux de nos ancêtres...
La sortie qu'on voyait sur la maquette
A nouveau vue sur l'estuaire...
Pas pour longtemps : nous allons emprunter notre quatrième souterrain.
En fait non : il s'agit simplement de la sortie !
Là se termine la visite des souterrains de Blaye.
Une façon amusante de visiter la Citadelle
Pour voir la visite de Bourg-sur-Gironde, cliquez ICI.