Il fait soleil ce matin à La Milady - même si comme de coutume depuis que nous sommes arrivés dans le sud, il fait un peu frisquet... - Aujourd'hui, nous allons passer la journée du côté de Salies de Béarn avec Josette et Milou.
Ce dernier est très fier de nous faire visiter sa ville natale !
Voici la place principale de Salies : la place du Bayaà avec sa fontaine évoquant la source salée désormais enterrée. La Reine de Navarre, Jeanne d'Albret, est venue séjourner dans la maison (au centre de la photo) avec son fils, le future Henri IV.
Une carte postale ancienne la montre non rénovée : on a un peu de mal à la reconnaître...
Sur le mur d'une des maisons de Salies, une plaque illustre l'événement.
Un petit tour dans les rues
On peut y voir de jolis balcons.
Cette maison date de 1683 : elles est caractéristique de la maison salisienne avec un toit à forte pente, une galerie couverte et une balustrade en encorbellement sur trois côtés.
Si on était à Naples, on verrait du linge sécher sur ces balcons, bien à l'abri des intempéries !
Bingo !
Ces décors en bois sculpté ornant toitures et balcons font aussi le charme de certaines maisons salisiennes.
Impossible je crois de trouver ruelle plus étroite...
Les habitants ici sont soucieux du décor de leur pas de porte.
Au détour d'une rue, on aperçoit l'église...
Ne se croirait-on pas au Moyen-Age... ?
Et puis il y a la rivière, le Saleys : c'est un affluent du Gave d'Oloron.
Une jolie photo d'André
Dans cette maison, on aperçoit, sous la balustrade, le four à pain construit à l'extérieur des murs.
Voici l'église de Salies-de-Béarn, Saint-Vincent : elle date du XVème siècle.
Revenons maintenant sur la Place du Bayaà...
C'est ici que se trouvait autrefois la source d'eau salée de la ville.
Un monument en commémore l'existence, situé au rez-de-chaussée de l'une des maisons.
Mais que fait ici ce sanglier... ?
L'animal est lié à une légende...
Vers l'an 1000, un sanglier traqué aurait échappé à ses poursuivants. La bête blessée aurait été retrouvée dans un marécage quelques jours plus tard en train d’agoniser, les soies couvertes de cristaux de sels. Dans un dernier souffle de vie, le sanglier leur aurait déclaré en béarnais "Si you nou eri mourt, arres n'y bibéré" : « Si je n'y étais pas mort, personne n'y vivrait.".
C’est ainsi que les hommes auraient découvert la présence de l’eau salée à Salies-de-Béarn et s’y seraient installés.
◄►◄►◄►◄►◄►
Le matin, nous avons visité l'Espace muséographique de la boutique de la saline du village (voisine).
Le sel de Salies est du sel gemme, c'est à dire qu'il vient du sous-sol : il faut remonter à 220.000.000 d'années à l'ère secondaire (le Trias) pour que l'immense continent "la pangée" commence à se disloquer.
Animation sur la formation des continents
L'océan rentre dans les continents et le climat est torride : l'évaporation de l'eau de mer laisse les sédiments s'accumuler - on parle de roches salifères. Celles-ci vont remonter à la surface avec la formation des Pyrénées. Les eaux d'infiltration vont traverser cette couche de roches salifères, se charger en sel, et ressortir en une source naturelle à Salies-de-Béarn.
◄►◄►◄►◄►◄►
La Place du Bayaà au XVIIème siècle
À certaines heures de la journée, les « tiradous » (porteurs) s’emparent des « sameaux » (cuves) et courent à travers la cité pour en déverser le contenu d’eau salée dans les « coulédés » (auges de pierre) qui se trouvent devant les maisons des fabricants de sel.
Une petite vidéo pour expliquer toute l'histoire du sel de Salies...
Salies a fait l'objet de plusieurs affiches des Chemins de Fer du Midi pour vanter les bienfaits de son sel : la ville était au XIXème siècle une station thermale réputée.
L'Impératrice Eugénie en a été une grande ambassadrice.
Sans sel de Salies, point de jambon de Bayonne !
Déjà en son temps, Jeanne d'Albret et son fils Henri IV en furent les premiers ambassadeurs en privilégiant le jambon de Bayonne à leur table. Louis XIV le proposa à la dégustation lors de son mariage à Saint-Jean-de-Luz et Rabelais le place volontiers au menu de Gargantua...
Les jambons frais sont frottés et recouverts d'une épaisse couche de sel de Salies avant d'être placés au saloir.
Jambon (Paul Gauguin - 1889)
A la fin de la visite de l'espace muséographique, une petite dégustation de différents jambons accompagnés d'un petit verre de vin blanc...
L'après-midi nous avons visité la "crypte" de Salies.
La place du Bayaà devenant trop nauséabonde, il fut décidé en 1865 de la couvrir d'une voûte ; dans les années 2000, des travaux ont été entrepris pour permettre une évacuation des eaux avec un système de forage afin de désengorger la crypte et pouvoir l'ouvrir à la visite à partir de 2012.
Voici la maison des Part-Prenants
Aujourd’hui, les Part-Prenants sont les descendants des premiers habitants de Salies : pour être l’un deux, il faut donc remplir les mêmes conditions de résidence et d’hérédité qu’en 1587. Il s'agit ici de droit coutumier, de sol, de sang : pour pouvoir être Part-Prenant, il faut être fils ou fille de Part-Prenant et habiter Salies depuis au moins six mois.
Milou, s'il revenait habiter à Salies, pourrait à nouveau être un Part-Prenant !
Une visite qui nous a beaucoup appris.