Après avoir découvert la ville d'Avignon (c'est ICI), c'est à la visite guidée du Palais des Papes que nous nous attelons aujourd'hui. Ce dernier est le symbole du rayonnement de l’église sur l’Occident Chrétien au XIVe siècle.
Edifié à partir de 1335, en moins de vingt années, il est l’œuvre principalement de deux papes bâtisseurs, Benoît XII et son successeur Clément VI.
Mais pourquoi donc les Papes se sont-ils installés en Avignon ?
En fait, à cette époque la guerre civile qui sévit en Italie entre les Guelfes (partisans du Pape) et les Gibelins (partisans de l'Empereur) crée un climat d'insécurité. Elle va durer cent-cinquante ans. Dès 1309, avant même la construction du palais actuel, le pape Clément V s'installe à Avignon. Située à la frontière de la France et au carrefour des grandes routes, Avignon disposait d’un accès fluvial reliant l’Europe du nord à celle du midi, et occupait une position centrale.
Sept papes se succéderont jusqu’en 1376 dans ce qui devient la capitale européenne de la chrétienté, attirant dans leur sillon marchands, banquiers, artistes… Passant de 6.000 habitants en 1309 à 40.000 en 1376, Avignon devient la deuxième ville de France derrière Paris. Le successeur de Clément V, Jean XXII, choisit lui aussi Avignon pour lieu de résidence. À sa mort, en 1334, il est remplacé par Benoît XII, qui décide d'effectuer d'importants travaux pour modifier et agrandir ce qui va devenir le Palais des Papes actuel.
Nous ne sommes pas seuls ce matin sur la Place du Palais.
Comme vous pouvez le constater, aujourd'hui le soleil a oublié de se lever...
Une fois le porche passé,
nous parvenons à la Cour d'Honneur, là où se passe en juillet le fameux festival créé par Jean Vilar en 1947. Nous sommes début septembre, les estrades n'ont pas encore été retirées... C'est aussi là que débute notre visite guidée.
La Cour d'Honneur fait la jonction entre la partie la plus récente du Palais (photo ci-dessous) connue sous le nom de "Palais vieux", construite sous Benoît XII, pape d'Avignon de 1334 à 1342, et la partie qui lui fait face, nommée "Palais neuf" (qui n'est pas sur la photo), construite antérieurement sous le pape Clément VI, pape d'Avignon de 1342 à 1352.
La grande baie vitrée appelée "Fenêtre de l'Indulgence" que vous voyez là est l'équivalent à Avignon du balcon de l'église Saint-Pierre depuis lequel le Pape bénit les fidèles à Rome.
Nous la verrons du dedans plus tard.
Nous commençons la visite par le "Palais vieux".
Voici la cour du cloître de Benoît XII
C'est à ce moment qu'un miracle se produit : le soleil est de retour !
Dans la première salle que nous visitons, notre guide nous montre une maquette du Palais au XIVe siècle.
Nous en verrons plusieurs autres au cours de notre visite, montrant les ajouts des différents papes qui se sont succédés telle celle-ci où les différentes époques ont été identifiées par des couleurs distinctes.
C'est maintenant à l'air libre que nous poursuivons cette visite : les papes avaient de très jolis jardins. Il faut dire que c'était quasiment le seul endroit où ils pouvaient sortir...
Ces pergolas mettent bien en valeur l'architecture du Palais, je trouve.
Par contre, la fontaine qui se trouvait ici, sans doute en mauvais état, a été remplacée par celle-ci, en béton, résistant mieux aux intempéries...
Un peu dommage, non ?
Voici le jardin des Papes, du moins tel qu'il a été recréé en 2020 : il est planté de toutes sortes de plantes odorantes.
Il y a même des citronniers.
En contrebas, le verger des Papes
Les habitants de ces maisons ont une bien jolie vue depuis leurs fenêtres. Par contre, bonjour le loyer !
Sympa ce petit coin détente...
Cette petite tour est une tourelle d'escalier.
Nous l'empruntons pour accéder aux cuisines.
Depuis une plate-forme intermédiaire, on a une superbe vue sur le jardin et la ville.
En haut de l'escalier, on arrive dans la cuisine du Pape Clément VI.
Elle est bien sûr pourvue d'une grande cheminée dans laquelle on faisait cuire les viandes en les rôtissant.
Notre guide nous montre, à plusieurs endroits de la pièce les "marques" des tailleurs de pierre.
La cuisine est pourvue d'une hotte pyramidale de 20 mètres de haut, très impressionnante.
Par ailleurs, la pièce possède plusieurs fenêtres destinées à contribuer à l'évacuation des fumées.
Evidemment, je ne suis pas une spécialiste du contre-jour...
Jouxtant la cuisine, le Grand Tinel ou Salle des Festins frappe par ses dimensions (45 mètres de long pour 10 mètres de large),
et par son très beau plafond de bois (lambris) en forme de carène renversée recouvert au XIVe siècle d'étoffe bleue parsemée d'étoiles, figurant la voûte céleste.
Notre guide utilise les moyens numériques mis à sa disposition pour nous montrer comment étaient les lieux au temps des Papes.
Du temps des Papes, la Salle des Festins ressemblait à ça : Depuis le concile de Lyon en 1274, l'enfermement absolu des cardinaux devient de règle. Conclave vient du latin "cum clave" qui signifie "fermé à clé". Avant d'être reclus dans le Palais, les cardinaux procèdent à l'inventaire de leurs biens et à la rédaction de leur testament en cas de décès pendant le conclave. Les vingt à trente membres du Sacré Collège appelés à se prononcer, sont assistés chacun par un clerc et des serviteurs. Au Palais, cette centaine de personnes occupe l'Appartement des Hôtes, la Chambre de Parement et le Grand Tinel. A partir de Benoît XII, afin de créer un espace unique, ces trois salles sont réunies par le percement de deux arcs de communication. Pour éviter les pression extérieures, elles sont gardées en permanence tandis que leurs portes et fenêtres sont murées. La seule ouverture vers l'extérieur est un guichet permettant de livrer la nourriture. A l'issue du conclave, les lieux retrouvent leur configuration initiale : les arcs sont bouchés et le décor repris.
Une solution pour le chômage, non !!!
A l'extrémité nord, des tables étaient "dressées" comme c'était la coutume au Moyen Age et présentaient toutes sortes de plats alléchants, rôtisseries, poissons...
Nous passons ensuite dans la Chapelle Saint-Martial dont les fresques ont été peintes par Matteo Giovannetti (1344-1345) : il est bien sûr interdit d'y prendre des photos mais on trouve tout sur le net. Elles représentent la vie du saint venu évangéliser le Limousin, région dont le Pape Clément VI (1291-1352) qui les commanda, était originaire.
Détail du registre médian : chœur d'anges qui accompagnent le cortège funèbre de saint Martial.
Autre détail...
Par la fenêtre de la Chapelle
Comme dans les palais pontificaux italiens du XIIIe siècle, l'image joue un rôle central. En moins de dix ans, le pape fait peindre l'immense espace intérieur du palais.
Notre guide nous montre l'emplacement des chambres peintes des appartements du Pape : celles-ci se situent là où notre guide met le doigt (Tour de la Garde-Robe).
Il s'agit du cœur des appartements privés du pape comme ici, sa Chambre que nous commençons par voir sur l'écran... avant de pouvoir y passer physiquement.
Un étroit couloir nous conduit ensuite à son Cabinet de travail : accompagnées d'une frise et d'un plafond peint, des scènes de pêche et de chasse ornent les murs. La principale d'entre elles, une chasse au cerf, donne son nom à la pièce, appelée ensuite la Chambre du Cerf.(images du net)
Le plafond de la pièce est particulièrement ouvragé.
Ici, la pêche dans le vivier
Les chiens courants
Le fauconnier
Nous voici maintenant dans un lieu que je n'arrive pas à nommer : y est exposé le tombeau d'un Pape qui surmonte une résurrection.
J'ai remarqué aussi cette jolie scène du Chemin de Croix.
Il s'agit du retable "Du portement de Croix" de Francesco Laurana.
Au premier plan, les gisants d'Anne d'Auvergne et de Louis II de Bourbon. Notre guide nous a dit qu'elles n'étaient pas forcément en ce lieu et place à l'époque.
Nous avons bientôt terminé notre tour du Palais pontifical.
En face de ce superbe portail donnant sur la Chapelle pontificale,
les rosaces gothiques de la "Fenêtre de l'Indulgence" : celle-ci est située au sein d'une loggia depuis laquelle les Papes donnaient leur bénédiction.
Nous terminons la visite par un petit tour sur les terrasses.
Par cette brèche (une sorte de meurtrière), on aperçoit le calvaire situé devant Notre-Dame des Doms.
Pas de doute : nous sommes bien ici dans le midi.
Au loin, l'église Saint-Pierre d'Avignon, à ne pas confondre avec celle de Rome !
Au premier plan, l'Hôtel des Monnaies, du début du XVIIe siècle (baroque italien).
Le pont Saint-Bénézet, plus connu sous le nom de Pont d'Avignon
Après un passage obligé par la boutique,
nous ressortons du Palais des Papes par l'arrière.
A la bonne heure, le beau temps est vraiment de retour.
C'est là qu'on vérifie que le Palais est construit sur un rocher : le rocher des Doms.
On ressort en passant sous une arche, un arc-boutant qui semble s'appuyer à la Cathédrale Notre-Dame des Doms (?)
Pendant que nous suivions cette visite guidée, les bénévoles de la Croix Rouge ont installé leurs tentes : une journée d'information se prépare...
Evidemment, nous n'avons pas tout vu... mais nous avons maintenant un bon aperçu du Palais et de la ville d'Avignon.
Prochainement, la promenade sur le rocher des Doms et le Pont d'Avignon (ICI).