Nous voici maintenant installés dans notre gîte à Saint-Martin-les-Eaux, près de Manosque dans les Alpes de Haute Provence, et ce matin nous partons pour la journée à la découverte de Sisteron, une petite ville située à une soixantaine de kilomètres que nous rejoignons grâce à notre GPS en partie par l'autoroute.
En vue des Préalpes
Pas de doute, la montagne est là.
Certains commerçants, comme ce maraîcher, l'affichent même avec fierté sur la devanture de leur boutique.
Un peu de nostalgie avec cette enseigne de boucherie-charcuterie
Au centre de la petite ville, la Tour de l'Horloge.
La devise de Sisteron, « Sûre entre ses montagnes et ses fleuves », figure sur cette tour médiévale qui a été reconstruite en 1892.
Elle est surmontée d'un magnifique campanile en fer forgé à volutes, la norme en Provence.
La petite ville, dominée par sa citadelle, est en effet construite sur un éperon rocheux entre la montagne et la Durance.
Sur cette même place, une statue en hommage à un enfant du pays (il est né à Sisteron justement), Paul Arène, romancier-conteur et poète (1843-1896) qui a écrit des nouvelles et des contes ainsi qu'une pièce de théâtre jouée à l'Odéon à Paris qui a eu beaucoup de succès (Pierrot héritier). Cela lui a permis par la suite de vivre de sa plume.
Saviez-vous qu'il avait écrit "Les lettres de mon moulin" en collaboration avec Alphonse Daudet (en tout cas une moitié d'entre elles) ? Moi, non. Il y a eu en 1883 une querelle à ce sujet déclenchée par Octave Mirbeau qui a même accusé Daudet d'être un plagiaire.
La postérité n'a pas retenu son nom, dommage.
Il se reconnaît aussi en Frédéric Mistral avec lequel il partage l'idéal de la culture provençale, le Félibrige (association qui œuvre dans un but de sauvegarde et de promotion de la langue, de la culture et de tout ce qui constitue l'identité des pays de langue d'oc).
Malade, il décède à Antibes en 1896 mais demande à être enterré à Sisteron et à ce que soient gravés sur sa tombe ces vers en langue d'oc, qui doit vouloir dire, je pense, quelque chose comme : je m'en vais l'âme ravie d'avoir rêvé ma vie...
Entrons dans la ville.
Encore une jolie devanture en préparation : c'est bientôt la saison des champignons et cette pharmacie pourra les identifier.
Les andrones sont à Sisteron ce que les traboules sont à Lyon, des passages étroits, souvent couverts, qui permettent de passer d'une rue dans l'autre. Paul Arène en disait ceci : « C'étaient là les couverts, abris précieux pour polissonner les jours de pluie ».
Au gré de notre promenade, nous rencontrons de nombreuses maisons très anciennes et des portes cochères remarquables datant du XVIIe siècle. Les plaques apposées sur la façade de cette maison concernent deux très jeunes gens ayant habité ici mais qui ont été tués pendant les deux dernières guerres.
Même motif ouvragé sur cette porte mais multiplié par deux
Jean-Baptiste D'Ornano, Maréchal de France est né dans celle-ci en 1581.
Cette fontaine rectangulaire surmontée d'une statue féminine est dite "ronde" du fait de son ancien bassin !
J'ai trouvé le pavement très élégant : nous trouverons souvent ce genre de petites pierres sur le sol en Provence.
La rue Saunerie que nous avons empruntée jusqu'à présent débouche juste à côté du tunnel qui permet aux voitures de passer sous la montagne dominée par le Citadelle.
A cet endroit, une terrasse surplombe la Durance.
En face, on se sent presque écrasés par le rocher de La Baume qui la surplombe.
Voici la face Nord : avouez qu'elle est impressionnante !
Les strates verticales qui composent le rocher de la Baume sont issus de sédiments calcaires déposés horizontalement au fond de la mer à la fin du Jurassique. Ces couches ont été plissées une première fois à la fin de l'ère secondaire puis une deuxième fois au tertiaire lors de la phase de surrection des Alpes. Ce sont ici les ammonites qui permettent d'affiner la datation stratigraphique.
Derrière nous, la Citadelle de Sisteron sur son éperon rocheux : depuis le haut, on doit avoir une vue superbe mais le petit train qui y monte ne fonctionne que cet après-midi. Ce sera pour une prochaine vie !
Sur la promenade longeant la Durance, une série de sculptures intéressantes.
Ici, il s'agit de mettre à l'honneur la ville qui a été le point de départ du Tour de France en juillet 2010. Pas mal, non ?
Sculpture "Equilibre" d'Alfredo Lombardo
Sous un autre angle
Et encore une boule ! Sans doute une œuvre du même sculpteur
La Cathédrale (Notre-Dame et Saint-Thyrse, du XIIe siècle), appelée aussi Notre-Dame-des-Pommiers est en vue mais comment la rejoindre... ?
Par cette androne...
Ou par cette autre...
Eh non, la direction en est indiquée par celle-ci.
C'est plutôt amusant, on suit des couloirs sombres et puis, tout d'un coup...
Elle surgit !
Nous en faisons le tour. Il s'agit d'une église de style Roman Provençal d'influence lombarde (portail, chevet et chœur) entièrement restaurée au XVIIe siècle.
Nous ne pourrons malheureusement pas y entrer car aujourd'hui c'est dimanche et l'heure de la messe.
Tour d'enceinte « de la Médisance » proche de la Cathédrale (front sud de l'enceinte de la ville), rebâtie à neuf dans la décennie 1370 dans le contexte de la guerre de Cent ans. Elle porte ce nom car on dit que les "habitantes" s'y retrouvaient pour y raconter les histoires du bourg.
Elle a conservé ses consoles de mâchicoulis, son escalier rampant en pierre au niveau 3 et des six arbalétrières, réparties sur les deux premiers niveaux. La gorge, ou face plate côté ville, est ouverte de trois grandes arcades superposées.
Que fait ce joli coq ici, j'ai oublié...
Il est maintenant l'heure de trouver un restaurant : ce sera "Le Cours" sur cette même place où nous déjeunerons en terrasse.
J'ai goûté à la spécialité de la ville "Les pieds paquets", autrement dit des abats d'agneau ou de mouton (panse et pieds) mijotés dans une sauce à la tomate, au vin blanc et aux herbes de Provence principalement. Ils étaient servis avec un gratin dauphinois succulent.
Philippe ne s'y aventurera pas préférant opter pour des rognons, avec le même gratin dauphinois, délicieux m'a-t-il dit.
Notre café nous a été servi avec un calisson : normal, nous sommes en Provence et les calissons d'Aix y ont la vogue.
Notre journée n'est pas finie : très vite, la visite des Mées et de l'abbaye de Ganagobie. Cliquez ICI.