Ce vendredi, nous sommes allés à Coulmier-le-sec (à une vingtaine de kilomètres de Courcelles) visiter l'église du village dans le cadre de l'animation estivale "Un jour, une église". Le village, qui date de plus de 2000 ans, est établi sur un plateau karstique, ce qui explique le nom de la commune et de celles des environs (Ampilly-le-sec, Fontaines-les-sèches, Bligny-le-sec). La croisée de deux chemins de pèlerinage, l'un vers Saint-Jacques-de-Compostelle et l'autre vers Alise-Sainte-Reine, va contribuer à l'importance du bourg au Moyen-Age.
Sur la place de l'église, des stands s'installent car ce soir dans ce village de 240 âmes, c'est la fête !
C'est Madame Odile de Korner, conseillère municipale, qui nous y accueille, masquée, à 16h30 (la photo vient d'internet lors d'une autre manifestation). Elle nous prévient tout de suite qu'elle n'est pas spécialiste de l'art roman et qu'elle va nous montrer surtout le mobilier religieux de l'église.
Nous sommes les premiers à arriver et attendons les éventuels autres visiteurs. Une seule personne, visiblement amie de notre guide, suivra cette visite qui durera une bonne heure.
Il ne fait pas beau, c'est le moins qu'on puisse dire, mais au moins il ne pleut pas. L'église date du XIIIème siècle mais a été remaniée au XVIIIème siècle.
La nef comporte trois travées séparées par deux rangées de piliers supportant des voûtes sur croisées d'ogives. Le chevet du chœur est plat, éclairé par deux baies à lancettes surmontées d'un oculus.
Un beau Christ en bois peint du XVIème siècle mériterait meilleur emplacement : il est si haut placé qu'il faut lever les yeux pour le contempler.
Vous me direz qu'il est au ciel !
Notre guide commence la visite par l'entrée de l'église où se trouvent les fonds baptismaux en marbre sculpté. Elle nous parle des statues qui y sont exposées : Sainte Ursule à gauche et Sainte Reine à droite portent toutes les deux les attributs des martyres (la palme et la couronne pour Sainte Ursule, la palme et le poignard pour Sainte Reine).
Passée la porte d'entrée de l'église, on peut voir deux autres statues de saintes : il s'agit de Sainte Catherine d'Alexandrie représentée avec la roue de son supplice et de Sainte Cécile, patronne des musiciens, représentée avec sa lyre. Les deux saintes tiennent la palme des martyres.
Ces quatre statues ne présentent pas d'intérêt vraiment artistique : elles ont été offertes à la paroisse par un couple en référence aux prénoms de leurs quatre filles.
Nous continuons la visite en nous arrêtant au niveau de la lourde porte d'entrée de l'église dont la fermeture est assurée par une barre possédant un système de sécurité formé d'une chaîne reliée à une serrure. Quand on tourne la clé, la chaîne se libère !
Nous en profitons pour sortir et regarder l'église de l'extérieur : tout d'abord, cette porte sculptée.
La façade s'ouvre depuis la seconde moitié du XVIIIème siècle sur un porche pourvu de quatre colonnes massives, surmonté d'un fronton triangulaire portant un bas-relief. Curieux effet de mon appareil photo... On dirait bien que le rayon de dieu est tombé sur l'église !
La lourde porte en bois est également surmontée d'un bas-relief représentant Saint Germain, l'évêque qui a donné son nom à l'église (Photo Christaldesaintmarc).
En observant le clocher, on peut voir que sa base, romane, a été surélevée au-dessus du cadran de l'horloge d'une partie plus moderne (à baies géminées) datant de 1840. Il a été détruit pendant la seconde guerre mondiale par l'aviation allemande mais reconstruit à l'identique.
Des petits oiseaux se sont innocemment perchés sur la girouette qui surmonte le clocheton central ! La photo met en exergue la jolie corniche à modillons ornant le bas des toitures.
Continuant de faire le tour de l'église, je remarque les chapiteaux à crochets, typiques du XIIIème siècle.
Ils sont parfois ornés de petites têtes...
Puis, nous arrivons devant l'un des trésors de l'église : un Christ de Pitié ou Christ aux liens du XVIIème siècle grandeur nature.
Il est d'une très grande expressivité : on croirait bien qu'il va prendre la parole...
Madame de Korner nous fait remarquer que les liens ont été cassés lors d'un déménagement et que quand les classes visitent l'église, les enfants remarquent ses dents !
Dans la partie nord de l'église, près de l'autel latéral dédié à Saint Germain, un très beau lutrin du XVIIème siècle présente une partition à l'ancienne.
Derrière le lutrin, une statue de Saint Germain, le patron de l'église. Saint Germain d'Auxerre est né à Appoigny près d'Auxerre vers 380 et mort à Ravenne en Italie. Il était fonctionnaire de l'Empire romain et un religieux gaulois (il fut 6ème évêque d'Auxerre en 418). Il est reconnu pour avoir été l'évangélisateur de l'Auxerrois et de la Bretagne insulaire. Il est fêté le 31 juillet.
Au sol, des pierres sculptées correspondant aux pierres tombales de l'ancien cimetière qui entourait autrefois l'église ont servi au pavage.
Nous voici arrivés devant l'autel de marbre rouge près duquel des vêtements sacerdotaux sont suspendus : ils ont été brodés à la main...
L'autel latéral sud présente une statue de Sainte Philomène et une autre du Curé d'Ars (qui accomplit plusieurs miracles grâce à son intercession) qui encadrent une Vierge à l'enfant dont Madame de Korner ne nous a pas parlé.
On arrive ainsi à l'aile sud de l'église : s'y trouve, un double lavabo joliment éclairé par deux bougies et abritant une Vierge à l'enfant du XVIème siècle.
Là se termine cette visite intérieure. A l'extérieur, trois poutres de pierre témoignent de la destruction du clocher en 1940 : elles ont servi à supporter les cloches qui avaient été démontées pendant la guerre.
Un petit tour au nouveau cimetière où se trouve une croix du XIXème siècle.
L'autre croix du cimetière, du XVIIème siècle, possède la particularité d'avoir une table des morts dans sa partie basse.
Les tables des morts servaient à déposer le corps du défunt lors de l'inhumation car dans certains cas l'arrivée du prêtre pouvait attendre plusieurs jours. Elles ont été utilisées jusqu'à la fin du XIXème siècle.
Le trou dans celle-ci aurait servi à planter un flambeau (?)
La croix montre d'un côté un Christ en croix,
et de l'autre une Vierge à l'enfant.
Si si si, je vous assure : c'est bien une sculpture de vierge mais le soleil est tristement absent pour la mettre en valeur...
Une visite intéressante mais un temps de chien !