Le village de Noiron-sur-Seine est lové dans un site particulièrement préservé,
et son église voisine ce paysage idyllique.
Elle est perchée sur un promontoire et on y accède en montant une pente douce.
La Mairie l'a récemment pourvue d'une élégante rampe en fer forgé pour permettre un accès plus facile à la population âgée ou handicapée.
Depuis son cimetière, on jouit d'une vue superbe sur la vallée. C'est dans cette direction que se trouvait autrefois le château de Noiron aujourd'hui disparu.
C'est une habitante de Noiron, Marielle Lefils, qui est chargée de commenter cette visite guidée proposée par l'association "Un jour, une église". Elle le fera avec beaucoup de professionnalisme et de gentillesse et nous serons cinq à l'écouter religieusement (normal, non, vu le lieu !) dont Jean Millot, l'historien local du châtillonnais dont je connais les écrits et Daniel Bourgeois, l'antiquaire de Laignes, que je ne connaissais pas, tous les deux évidemment très intéressés par le passé et se posant beaucoup de questions, ce qui a rendu la visite particulièrement intéressante.
La voici qui nous ouvre la porte de l'église nouvellement refaite - l'église, elle, est très en souffrance et n'est ouverte que pour ces journées patrimoniales et quelques rares événements.
Les murs du chœur et de la nef, voûtés d'ogive, datent du début du XVIe siècle et proviennent d'une première église fondée au XIIe siècle par l'abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Pothières.
L'église est en très mauvais état, en témoignent ces ferrailles qui consolident les arêtes des voûtes.
La clef de voûte avec ses fleurs de lys semble être récente, sans doute du XIXe siècle.
Au sommet de la voûte du transept, l'orifice des cloches surmonte un Christ en croix.
Celui-ci date du début du XVIe siècle.
Le fort état de dégradation de l'église provient sans nul doute d'une source située à l'arrière de l'église et qui imprègne ses murs.
Depuis que la mairie a fait un regard dans le mur, il semble que les dégâts soient un peu moindres.
Dans le transept droit, l'autel est consacré à la Vierge.
On parle de la "Vierge au baldaquin".
On voit qu'elle est tardive car l'enfant Jésus a un très joli minois : elle date en effet de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Hélas, la poussière qu'y s'y est accumulée ne peut être nettoyée au risque d'enlever la dorure...
Le transept gauche montre le triste état de cette église qui ne reçoit pas de subventions pour permettre de la restaurer.
Son autel est consacré à Saint Joseph.
Marielle Lefils nous montre, sur la gauche, un haut-relief du XVe siècle représentant le Christ avec les douze apôtres, Saint Nicolas et Saint Claude. L'ensemble était vraisemblablement fermé par deux volets comme en témoigne la présence de gonds sur les côtés. Le Christ, au centre, est manquant.
Une inscription gravée en haut de l'encadrement indique la date - que j'ai eu du mal à déchiffrer car écrite en chiffres romains de façon non habituelle (1485) - et le nom des donateurs qui sont représentés ici agenouillés au pied de leur saint réciproque.
LAN MIL IIIIC CCCC XX ET V NICHOLAS CHAMON ET CLAUDE SA FEMME ET SES ENFANS AUSY ONT FET FAIRE CEST table IHS
Nicolas Chamon, est ainsi représenté agenouillé au pied de Saint Nicolas.
Tandis que sa femme Claude, l'est au pied de Saint Claude.
Les visages des différents apôtres sont très expressifs.
On voit ici la jeunesse de celui-ci...
et la vieillesse et cet autre.
Cette peinture murale située sur le même mur Nord est du XVe siècle. Il s’agit du miracle de Châtillon-sur-Seine au cours duquel le saint aurait invoqué la Vierge en lui disant « Montre moi que tu es ma mère ». Et celle-ci de faire jaillir un jet de lait de son sein dans la bouche de Saint Bernard...
Vous pouvez Cliquer sur l'image pour l'agrandir et constater le miracle !!!
Cette autre peinture, de la même époque probablement, représente Saint Jacques-le-Majeur, le frère de Jean, apôtre du Christ lui aussi. J'ai cru comprendre qu'on y voit aussi le donateur : peut-être devant (?)
Toujours dans le transept gauche, une Sainte Brigide d'Irlande accompagnée d'une brebis et d'un animal fabuleux (XVIe siècle) : je ne sais pas quels attributs permettent de dire qu'il s'agit bien de cette sainte : peut-être le livre... mais elle n'est pas la seule sainte à en porter un, ou alors le monstre qui l'accompagne (elle avait demandé à Dieu de la rendre laide, elle qui était très belle, pour n'avoir pas de prétendant afin de se consacrer entièrement à lui).
Et une statue de Saint Sébastien (XVIe siècle)
On note la présence de croix de consécration réparties un peu partout dans l'église.
Je ne les ai pas comptées mais elles sont ordinairement au nombre de douze. Elles ont pour but de garder le souvenir de la cérémonie de consécration de l'église par l'évêque.
Nous voici maintenant devant le Maître-Autel garni d'un grand retable en bois doré et peint, de la fin du XVIIe siècle. Il s'agit du retable de l'abbatiale des Cordeliers de Châtillon-sur-Seine.
De chaque côté de l'autel, les deux saints qui ont donné son nom à l'église : Saint Pierre et Saint Paul.
Ici encore, pas de ménage possible hélas...
Quatre bustes-reliquaires se trouvent de part et d'autre de l'autel.
Saint Paul peut-être, représenté par des pieds liés et des oiseaux (?) et Saint Nicolas d'un côté : Saint Nicolas, à droite, est reconnaissable grâce au groupe de trois petits enfants dans une bassine.
Saint Pierre de l'autre
Il est identifié grâce à ses clefs (celles du Paradis) et un coq. Rappelez-vous ce que Jésus lui a dit : "avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois". Je n'ai pas retenu le nom du quatrième saint.
Notre visite guidée tire à sa fin. Nous nous dirigeons à nouveau vers la sortie, c'est-à-dire vers le transept Sud où se trouve un vitrail intéressant.
Il a la particularité d'avoir été modifié au cours des siècles, la partie centrale étant un réemploi d'une fenêtre en grisaille.
Dans la partie basse de la scène représentant la fuite en Egypte, une inscription date la verrière de 1856.
De part et d'autre du Couronnement de la Vierge, deux petits anges jouent de la musique. Il n'y a qu'en visite guidée qu'on peut les voir !
Marielle Lefils a gardé le plus beau pour la fin : il s'agit, à droite de la porte, d'une Vierge à l'Enfant datant du XIVe siècle, superbe.
Quel joli port de tête...
Un petit tour d'église maintenant : nous sommes à l'écoute de notre guide bénévole.
Derrière l'église, un escalier de pierre permet d'accéder au clocher.
Voici le regard de la source, source de nuisance pour l'église...
Nous sommes toujours en pleine nature.
Une visite bien intéressante