Ce lundi je suis allée visiter l'église de Belan-sur-Ource dans le cadre de l'animation estivale "Un jour, Une église" organisée par l'Office de Tourisme du Pays châtillonnais.
Cette manifestation a eu son origine dans l'Aube et a remporté un tel succès que la Côte d'Or a décidé de s'y associer depuis l'an dernier. C'est ainsi que cet été, 35 églises du pays châtillonnais ouvriront leurs portes et... ce n'est qu'un début nous a dit Anne Bouhélier, chargée de l'organisation de ces manifestations qui mettent en valeur le patrimoine religieux du département.
Belan n'est qu'à une dizaine de kilomètres de chez nous. Nous étions déjà entrés dans l'église - c'était il y a trois ans à l'occasion d'un mariage - mais ce jour là les trésors que recèle cette église avaient été mis à l'abri, ce qui est fort compréhensible.
L'église de l'Assomption date de la fin du XVème siècle ou du début du XVIème. La flèche à lanterneau de son clocher a été édifiée en 1868.
Joli fronton pour cette porte d'accès latérale à l'enclos paroissial
Voici le chevet de l'église
Notre guide bénévole, Luc Lefray, nous entraîne tout d'abord dans le cimetière attenant qui donne sur une jolie campagne.
Nous regardons tout d'abord les tombes de la famille d'Herlincourt, propriétaires du château de Belan.
Voici celle de Virginie Adèle Valentine de Maupas, Baronne d'Herlincourt, épouse de Edouard Léon Wartelle d'Herlincourt. On aperçoit le blason de la famille.
Il nous parle ensuite de la tombe d'Edouard de Froissiard de Broissia décédé accidentellement en 1936 à l'âge de 33 ans, un mois seulement après son intronisation à la cure de Belan.
Anne Bouhélier m'a gentiment fourni la documentation sur l'histoire de ce curé de Belan, tirée du livre écrit par Luc Lefray et Marie-Louise Mikolajek en 2017 (Les Cahiers du Châtillonnais).
Dimanche 30 août 1936, ayant trois messes à dire (Mosson, Brion puis Belan), le curé enfourche sa motocyclette mais chute dans le virage, effectuant un vol plané de trois mètres sous les yeux de deux paysans. Il s'écrase dans le fossé ; le véhicule a arraché une borne kilométrique...
Le curé, ayant gardé toute sa conscience, les voyant venir à son aide leur dit : "vous n'êtes donc pas à la messe ?", puis "j'ai les reins cassés".
Il décédera une dizaine de jours plus tard non sans avoir émis le vœu d'être enterré dans le cimetière de Belan vers la grande croix, ce qui a été fait.
Luc Lefray devant la tombe du curé Froissiard de Broissia
Mais revenons vers l'église...
Le portail de sa façade principale est de facture classique (il date des années 1780-1790) et dénote un peu avec le reste de l'édifice.
L'église, qui est vaste, possède une nef à trois travées.
Nous ne sommes pas entrés par le portail principal mais par un portail situé côté nord, sinon nous aurions descendu cet escalier de pierre aux marches élégantes que surmonte un bel orgue (de style néo-gothique, il date de 1839 et a été restauré en 1960).
J'ai tout de suite été attirée par les reflets du soleil du côté des fonds baptismaux,
et par cet orifice dans les voûtes d'ogive.
Bien décoré, il servait autrefois à faire passer la corde servant à sonner les cloches.
Mais je m'égare, je m'égare... : revenons au principal avec tout d'abord le retable de la travée principale.
Il est surmonté par une statue représentant l'Assomption de la Vierge (XVIIème siècle).
De chaque côté, deux statues, également du XVIIème siècle
A gauche, Saint Roch, protecteur des animaux, avec son chien
Le guide nous rappelle l'histoire de Saint Roch : alors qu'il était en pélerinage en Italie (où sévissait alors la peste noire), il contracta la maladie et dut s'isoler dans une forêt pour ne pas être source de contagion pour les autres. Seul le chien de chasse du seigneur voisin vint le nourrir en lui apportant chaque jour un pain dérobé à la table de son maître. Ce dernier, intrigué par le manège de l'animal, le suivit en forêt et découvrit le saint blessé, qu'il put ainsi secourir.
A droite, Saint Georges terrassant le dragon
La légende est la suivante : Né en Cappadoce de parents chrétiens, Georges, officier dans l'armée romaine, traverse un jour une ville terrorisée par un redoutable dragon qui dévore tous les animaux de la contrée et exige des habitants un tribut quotidien de deux jeunes gens tirés au sort.
Georges arrive le jour où le sort tombe sur la fille du roi, au moment où celle-ci va être victime du monstre. Il engage avec le dragon un combat acharné et avec l'aide du Christ finit par triompher. La princesse est délivrée et, selon certaines versions dont celle de la Légende dorée, le dragon, seulement blessé, lui reste désormais attaché comme un chien fidèle.
Avez-vous remarqué comme les piliers qui encadrent les saints sont ouvragés ! Vue leur décoration on peut supposer que la commune de Belan était déjà au XVIème siècle un pays de vignobles...
A droite du retable, un beau cierge de procession
et deux bâtons de procession
Un Saint Vincent à gauche (photo Christaldesaintmars), reconnaissable par les ceps de vigne qui l'entourent.
Et à droite, l'Immaculée Conception
Comme je vous l'ai dit, il y a trois travées dans la nef et donc trois retables, tous du XVIIème siècle.
Voici le retable de gauche
En haut du retable, un Saint Antoine accompagné de son cochon
De nombreuses représentations du saint nous montrent en effet le saint accompagné d'un cochon portant une clochette. Cette tradition date de la fin du XIVème siècle : en réalité le cochon n'a rien à voir avec la vie du saint mais plutôt avec un ordre religieux fondé en Dauphiné en 1095 (les Antonins) : les porcs n'avaient pas le droit d'errer librement dans les rues, à l'exception de ceux des Antonins, reconnaissables à leur clochette.
De chaque côté, deux statues de saints
A gauche, on reconnait Saint Nicolas grâce aux trois petits enfants à ses pieds.
L'une des Légendes de Saint Nicolas veut que le saint ait ressuscité trois petits enfants qui étaient venus demander l'hospitalité à un boucher. Celui-ci les accueillit et profita de leur sommeil pour les découper en morceaux et les mettre au saloir. Sept ans plus tard, Saint Nicolas passant par là demande au boucher de lui servir ce petit salé vieux de sept ans. Terrorisé le boucher prit la fuite et Saint Nicolas fit revenir les enfants à la vie.
A droite, il s'agit de Saint Claude : on dit que ce dernier ramena à la vie un enfant mort (lequel est représenté couché sur un coussin).
Au-dessus de l'autel, un tableau représente l'Education de la Vierge mais il est en partie caché par un grand crucifix...
A côté de l'autel, deux superbes bâtons de procession
Celui-ci représente le couronnement de la Vierge.
Cet autre le Saint-Sacrement
Venons-en maintenant à la travée de droite : elle possède également un très beau retable en bois sculpté datant du XVIIème siècle.
Ce lutrin, lui, date du XIXème siècle.
Ces chandeliers fleuris sont, je trouve, du plus bel effet.
En haut du retable, une statue de Vierge à l'enfant (trop éclairée par la verrière...)
Il y a encore d'autres trésors dans l'église de Belan comme...
Ce Christ en Croix autrefois placé au centre du transept flanqué de deux beaux porte-cierges (du XIXème siècle).
Une statue de Sainte Catherine d'Alexandrie avec sa roue
Catherine est née en Egypte à Alexandrie. Un jour, alors qu'elle tente de convaincre l'empereur Maxime de l'existence du Dieu unique des chrétiens, elle réussit grâce à la pertinence de son argumentation à faire taire les orateurs conviés par celui-ci pour la contrer et à les convertir.
L'empereur lui propose alors (elle est jeune et jolie) de prendre la deuxième place après la reine. La reine et ses proches ayant avoué leur conversion sont tués. Quant à Catherine, s'étant une nouvelle fois refusée à l'empereur, elle est décapitée : du lait jaillit de son cou en guise de sang...
ou encore plusieurs statues (en plâtre) comme ce Saint Joseph et ce Christ derrière lesquelles on aperçoit l'ancien corbillard du village.
On reconnait Saint Joseph à sa règle de menuisier.
Les bancs sont à l'ancienne : fermés dans les premiers rangs, ils étaient réservés aux "huiles".
(photo Christaldesaintmars)
Quant aux verrières, beaucoup sont en verre blanc mais deux d'entre elles sont à retenir.
Celle-ci représentant le Christ en Croix est dédiée au souvenir du Comte Jean d'Harcourt (1906-1931).
(Photo Christaldesaintmars)
Cet autre a été confectionnée à partir des restes d'une ancienne verrière ayant subi des dommages et date de 1961.
Merci à Christiane Talfumière pour le prêt de quelques unes de ses photos (j'ai une autorisation permanente...). Grâce à l'article qu'elle avait posté en janvier 2016 suite à sa visite de l'église lors des Journées du Patrimoine 2015 (cliquez ICI), j'ai pu retrouver certaines précisions qui me manquaient.
Une visite fort intéressante avec un guide très sympathique et pas avare de son temps.
C'est ça le bénévolat : la passion de la transmission !