Ce lundi, nous nous sommes projetés 3300 ans en arrière grâce à l'exposition "Toutânkhamon, son tombeau et ses trèsors" proposée aux parisiens à la Porte de Versailles depuis le mois de mai dernier.
Une surface de 4500 m² présente des copies des objets qu'Howard Carter, l'archéologue anglais, a découvert en compagnie de Lord Carnarvon, son mécène, le 29 novembre 1922 après 6 longues campagnes de fouilles dans la vallée des Rois à la recherche de la tombe du jeune pharaon.
La dernière exposition présentant le trésor de Toutânkhamon à Paris date de 1967. Elle avait été inaugurée par André Malraux en présence du ministre de la culture égyptien de l'époque et était le symbole de l'amitié entre l'Egypte et la France. Il est maintenant hors de question d'envisager de faire voyager les pièces du trésor pour deux raisons : leur fragilité et le coût de l'assurance que cela représenterait. L'exposition de la Porte de Versailles est donc intéressante en ce qu'elle permet à ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir aller en Egypte de découvrir tout de même ces trésors inestimables.
Cinq années ont été nécessaires pour préparer l'exposition qui dévoile au public plus de 1000 objets funéraires prévus pour accompagner le pharaon dans son voyage dans l'eau-delà. L'originalité de l'exposition tient à la mise en scène de la présentation du trésor. Après avoir fait un bref rappel de la généalogie de ce pharaon de la XVIIIème dynastie et visionné deux films présentant, le premier la vie de Toutânkhamon et le deuxième la découverte du tombeau par Howard Carter, le visiteur est convié à assister au spectacle qui s'est offert à l'archéologue lorsqu'il a pénétré dans la tombe du pharaon.
Assisté par une équipe d'une centaine d'ouvriers égyptiens qui creusent inlassablement la roche, l'archéologue arrive enfin devant une porte. Derrière celle-ci, un escalier de seize marches conduit à l'entrée de la tombe. De là, un corridor mène à une porte fermant l'entrée de la première pièce, l'antichambre.
Ayant pratiqué une petite ouverture dans la porte, Carter y passe une bougie et là, c'est l'extase. Lord Carnarvon lui demande ce qu'il voit : "des merveilles" répond Carter. Une foule d'objets s'amoncellent en effet devant eux tels qu'on le voit sur cette photo prise en 1922 à l'ouverture de l'antichambre par les archéologues.
L'antichambre ici reconstituée par les commissaires de l'exposition.
Après avoir percé un mur, Carter accède à la chambre funéraire. Celle-ci est ornée de peintures murales représentant le passage dans l'eau-delà du pharaon.
Ici, Touthânkhamon sous les traits d'Osiris est face à Aÿ, son successeur, revêtu d'une peau de léopard. Celui-ci procède ici au rituel de "l'ouverture de la bouche" qui doit permettre au pharaon momifié de pouvoir manger dans l'eau-delà.
Le spectacle de la chambre funéraire : le sarcophage de Toutânkhamon est ici présenté, extrait des chapelles qui le protégeaient.
La suite de l'exposition présente des copies des objets découverts dans la tombe.
On commence la visite par les quatre chapelles funéraires qui enfermaient, telles des poupées russes, le sarcophage du pharaon. Elles sont en bois doré.
Détail
Vue de l'intérieur de la première chapelle : au sol sont tracés les emplacements des autres chapelles, du sarcophage et du cercueil momiforme.
Le sarcophage de Toutânkhamon est en quartzite et porte en ses angles des déesses ailées. Les archéologues ont découvert qu'à l'origine, il devait être destiné à une reine et non pas au pharaon puisque les déesses ne portaient pas d'ailes. Celles-ci ont été rajoutées par la suite lors du placement du défunt.
On admire ensuite les trois cercueils momiformes s'encastrant les uns dans les autres.
Détail du grand cercueil tout en or
C'est dans le troisième cercueil en bois doré que se trouvait la momie du pharaon.
Howard Carter ouvrant les cercueils du pharaon.
Tout à côté se trouve le masque en or massif incrusté de lapis-lazuli, de cornaline, de turquoise et de pâte de verre. L'intérêt de la présentation de l'exposition : comme il s'agit d'une copie, il n'est pas sous verre, on pourrait presque le toucher ! Comme vous le voyez, le public est béat d'admiration.
Non loin de là sont exposés la chapelle des canopes (au fond) et la chapelle portative avec la statue d'Anubis (au premier plan). La première renfermait un "coffre aux canopes" en albâtre (ci-dessous) dans lequel il y avait 4 cerceuils miniatures momiformes destinés à conserver les viscères du pharaon.
Le coffre aux canopes en albâtre (les couvercles ont la forme de tête du Roi)
Vient ensuite l'un des 5 chars amoncelés dans l'antichambre. Ceux-ci avaient été démontés pour y être entassés et constituaient un amas confus scintillant d'or et de pierres précieuses.
Oeillères de chevaux
Le trône de Toutânkhamon est en bois doré, argent et pâte de verre. Il est précédé d'un escabeau servant de repose-pieds au pharaon. Orné sur la face supérieure d'un motif composé de trois Nubiens et de trois Asiatiqes, les chefs de toutes les terres étrangères sont ainsi sous la domination de Toutânkhamon.
Le détail du dossier montre Toutânkhaton et son épouse, Ankhsenpaaton, se faisant face sous les rayons du soleil du Dieu Aton, un rappel de la période de l'hérésie amarnienne instaurée par Akenhaton, le pharaon qui instaura le culte unique d'Aton au grand dam des égyptiens.
Toutânkhaton, monté sur le trône à seulement 8 ans, était trop jeune pour gouverner. C'est le vizir, Aÿ, et le général des armées Horemheb qui assurèrent la régence. Désireux de restaurer le culte d'Amon, ils incitèrent le jeune pharaon à revenir au culte de ses ancêtres : celui-ci abandonna ainsi le nom de Toutânkhaton pour prendre celui de Toutânkhamon en l'honneur du Dieu Amon. Quant à Ankhsenpaaton, elle prit le nom d'Ankesenhamon.
Le lit rituel de Toutânkhamon à têtes de lionnes
Le mobilier funéraire comportait aussi de nombreux coffres et sièges.
Dans la chambre du trésor, on retrouva une flottille miniature de 18 bateaux dont quelques uns sont présentés ici.Toutes les embarcations avaient la proue dirigée vers l'ouest indiquant la direction symbolique du voyage entrepris par le défunt pour rejoindre le royaume des morts.
Le modèle ci-dessous est une barque dotée de voiles et de haubans avec une cabine centrale peinte de petits carreaux de couleur, motifs typiques du décor géométrique égyptien. A la proue et à la poupe on trouve deux dais ornés d'un décor de taureaux et de sphinx. Deux rames-aviron servent de gouvernail.
Dans une vitrine, on peut voir de nombreaux objets attenant à la beauté, en particulier des vases en albâtre pour stocker les onguents précieux devant accompagner le défunt dans sa vie dans l'au-delà.
Celui-ci est en forme d'Ibex. Il lui manque une corne, probablement cassée lors d'un pillage partiel de la tombe peu après l'inhumation du pharaon.
Cet autre est en forme de lionne.
Les sandales en or et les protections d'orteils retrouvés dans la tombe du pharaon ont permis une meilleure conservation de ces parties du corps du pharaon, l'or empêchant les quantités excessives d'onguents appliquées sur la momie de les endommager.
Toujours dans le domaine de la beauté, plusieurs bijoux du pharaon sont présentés, telles ces parures de colliers.
Un pectoral en forme de scarabée
Carter a aussi trouvé dans la tombe des objets de la vie courante comme cet appuie-tête en ivoire représentant le Dieu Chou entouré de deux lionnes.
Un nécessaire allume-feu en bois.
Afin de produire une étincelle, les anciens égyptiens faisaient tourner à vive allure un morceau de bois dans des trous à l'aide d'un arc muni d'une corde.
Une palette de scribe dotée de stylos en roseau
La momie de Toutânkhamon était aussi entourée des cerceuils de ses deux enfants mort-nés probablement à cause de la consanguinité des mariages que les égyptiens croyaient,à tort, préservatrice de la race.Un autre petit cercueil miniature renfermait une mèche de cheveux de sa grand-mère paternelle, la Reine Tiyi...
Un peu plus loin, dans une autre vitrine, on peut voir des oushebtis, "répondants" qui doivent obéir aux ordres de leur maître et se charger dans l'au-delà des corvées de l'irrigation et de la fumure réputées comme désagréables (à l'inverse du labourage, des semailles et des moissons). En quelque sorte, des substituts du pharaon défunt...
En face, se trouve un grand espace où l'on peut voir différentes statuettes en bois doré également retrouvées dans la tombe du pharaon.
Toutânkhamon pêchant avec un harpon
La déesse Sekhmet assise sur son trône
Une très élégante statuette du Dieu Ptah
Statue d'un dieu en forme de Cobra portant le signe de la déesse Neith. Le cobra est le serpent des pharaons, symbole de la royauté.
Une petite vidéo avant de laisser enfin Toutânkhamon dormir en paix...
L'exposition se termine le 1er septembre.
Au fait, voici le cartouche de Toutânkhamon : l'image vivante d'Amon.