Je viens d'utiliser les premières invitations à des spectacles que la Mairie de Paris va m'octroyer chaque mois maintenant que j'ai atteint l'âge canonique de 65 ans : en effet, à partir de cet âge et à condition qu'on habite Paris depuis plus de 3 ans, on se voit offrir par le Maire de Paris 2 spectacles par mois (si on est en couple, on récupère 2 places) dans une salle de spectacle parisienne, sans aucune réserve de conditions de ressources. On va chercher ses places au CAS de l'arrondissement où l'on habite en choisissant les spectacles parmi un choix proposé.
Génial, non ?
J'ai choisi, d'ailleurs sans trop savoir ce que j'irais voir..., deux petites pièces de théâtre d'un auteur chinois né en 1210 et décédé en 1300, Guan Hanking, mises en scène Bernard Sobel : l'une s'intitulait "Sauvée par une coquette" et l'autre "Le rêve du papillon".
J'ai lu une biographie de Guan Hanking qui est très intéressante : je l'ai traduite de l'anglais... Soyez indulgent même si Google Traduction m'a parfois un peu aidée !
Les deux pièces se jouent au Théâtre des Déchargeurs situé près des Halles. L'entrée sur la rue des Déchargeurs porte une enseigne originale.
Le théâtre est logé dans la cour d'un Hôtel particulier du 18ème siècle.
La salle ne contient que 80 fauteuils (qui viennent d'être changés) et la scène est donc très proche des spectateurs : c'est l'avantage de ces petits théâtres que de voir jouer les acteurs de tout près.
Si vous n'avez pas lu la biographie... sachez que Guan Hanking est aussi vénéré en Chine que William Shakespeare en Angleterre. Témoin et critique de la société de son temps, il met en scène les opprimés, tout particulièrement les femmes.
On découvre dans ces deux œuvres dont l'action se déroule à Bianlang (la capitale de l'époque) un type de théâtre peu courant mais très accessible. Les personnages se présentent et annoncent toujours à l'avance ce qu'ils vont entreprendre avant de le mettre en œuvre : cela m'a parfois fait penser à Molière quand celui-ci fait parler ses personnages en aparté.
La première pièce "Sauvée par une coquette" met en scène une "fille-fleur", c'est à dire une courtisane qui, pour échapper à sa condition, désire répondre aux avances du fils d'un riche sous-préfet, un fonctionnaire donc : la porte d'entrée de la respectabilité. Malgré les conseils de sa sœur qui lui prédit un avenir noir, Yanzhang se marie donc avec Zhou She aux grand regrets du jeune mais désargenté lettré An Xiushi... Très vite, elle subit le mépris et les coups de son époux. Sa sœur, Paner, très féministe somme toute, va lui venir en aide...
La mise en scène est sous le signe du Yin et du Yang : sur une scène immaculée, les acteurs au visage poudré évoluent tout habillés de blanc. Seules couleurs : leurs coiffes noires et leur maquillage rouge. Je n'ai pas trouvé sur le net de photos des coiffes portées par les courtisanes... mais elles étaient vraiment très belles.
Dans la deuxième pièce, intitulée "Le rêve du papillon", une mère éplorée plaide auprès d'un juge apparemment inflexible la cause de ses trois fils qui ont vengé la mort de leur père en tuant son assassin, un grand seigneur. Ici encore, Guan Hanking montre deux classes sociales radicalement opposées, celle des pauvres incarnée par la mère et ses trois fils et celle des nantis incarnée par ce juge qui, tout comme ses pairs issus d'une classe sociale aisée, a eu accès à l'éducation.
Rassurez-vous, l'issue sera, elle aussi, heureuse car le juge saura se montrer rusé pour rendre la justice et au final clément !
J'ai vraiment bien aimé ces deux pièces même si j'ai trouvé quelques longueurs et répétitions dans la deuxième.
Vive la vie parisienne !