Vous l'avez sûrement remarqué : le printemps est arrivé à Paris. Regardez mes beaux géraniums qui ont résisté aux froidures de ces dernières semaines grâce aux soins que je leur ai prodigués... Cela donne bien envie de se ballader !
Bon, je pense qu'il faut rester prudent au niveau de la météo... car l'hiver n'est sûrement pas fini mais aujourd'hui, soleil aidant, il faisait bon dans les rues de la capitale.
Direction donc l'Hôtel de Ville où se tient jusqu'à la fin du mois de mars l'exposition Sempé qui attire les foules à juste titre. Un bon trois quarts d'heure d'attente et... nous voici à pied d'oeuvre.
L'exposition qui a débuté fin octobre et qui devait initialement se terminer le 11 février a été prolongée, vu le succès qu'elle remporte auprès des parisiens et des provinciaux en vacances et...
c'est un vrai bonheur !
Des originaux du dessinateur humoristique : en veux-tu en voilà ! Plus de 300 dessins sont exposés très harmonieusement dans la grande salle que nous connaissons maintenant parfaitement pour y être déjà venus à de multiples reprises : il faut dire que la Mairie de Paris y organise régulièrement deux grandes expositions par an et ceci... pour la modique somme de "0" euro ! Eh oui, c'est gratuit et on en profite.
Jean-Jacques Sempé est né à Bordeaux en 1932 et à 17 ans il publie déjà ses premiers dessins sous le pseudonyme de "Dro" (de "draw" : dessiner en anglais !).
Par la suite, sa rencontre avec René Goscinny le conduit à créer le personnage du "Petit Nicolas". Mais, ce serait se tromper grossièrement que réduire le dessinateur à ces petits croquis mettant en scène un garçonnet dans un environnement urbain des années 50 qui, il faut bien le dire, ont eu un énorme succès le conduisant à réaliser différents albums ayant pour héros ce personnage. Un film en sera même tiré en 2009...
En effet, l'exposition nous montre Sempé sous les traits d'un véritable peintre : il utilise toutes sortes de techniques allant du simple (mais complexe) coup de mine de plomb (il utilise aussi la plume avec de l'encre de chine) en noir et blanc à la couleur qu'il obtient par l'utilisation de crayons, de pastels et même de l'aquarelle.
Sempé porte un regard attendri sur le monde, ne caricaturant jamais les personnages qu'il dessine patiemment, jour après jour : pas moins d'une semaine pour concevoir un dessin et une autre pour le réaliser, pratiquement toujours à la perfection (quelques rares retouches par collages montrent la difficulté de son art qui ne permet pas l'erreur...).
Ses sujets d'inspiration, il les trouve à Paris en arpentant les rues à vélo ou... en autobus à plateforme. Il a d'ailleurs la nostalgie de ce type d'autobus dans lesquels : "l'on attrapait des rhûmes terribles mais ça faisait partie de la vie de Paris et ça me plaisait."
Le vélo donnera "Raoul Taburin" : un marchand de vélo qui ne sait pas pédaler !
Les autobus à plateforme, il les voit volontiers dans le tohu-bohu des embouteillages parisiens et saisit alors l'oportunité de "croquer" la colère des voyageurs quand ce ne sont pas les voyageurs qui forment l'embouteillage !
Sempé accompagne volontiers ses dessins de bulles humoristiques, comme dans la série "L'ascension sociale de Monsieur Lambert" qui a pour cadre la brasserie Chez Picard.
Les conversations des convives de Chez Picard :
la politique bien sûr mais évidemment aussi le foot et les femmes...
Ses thèmes préférés : Paris, le monde de l'enfance, celui de la musique (le jazz surtout), du sport, la psychanalyse, la vie de couple, la hantise de l'américanisation etc etc.
et... New York
L'exposition se termine d'ailleurs par les dessins originaux que Sempé a réalisés pour les couvertures du "New Yorker" (plus d'une centaine pour ce mensuel américain.) Les couvertures du magazine sont présentées en regard de leurs originaux et la règle de jeu du magazine est de présenter un dessin... sans légende.
Voici la première couverture que Sempé a réalisée pour The New Yorker en 1978.
En voici une autre très célèbre
Je vous avais dit qu'il y avait de la couleur dans les dessins de Sempé...
La vidéo par les commissaires de l'exposition
L'exposition dure jusqu'à fin mars.