Pour ce quatrième jour de notre randonnée, le soleil s'est levé du bon pied ce matin : nous voici partis, au départ de Sainte-Marie-du-lac pour une balade dans la presqu'île intitulée "Cornée du Der", voisine de la presqu'île de Nemours.
La presqu'île de la Cornée du Der
On se croirait au bord de la mer...
Le lac est presque vide à cette époque : il n'y reste que la "tranche morte" nécessaire à la survie des poissons. Il est à nouveau rempli entre le mois de novembre et le mois de juin pour éviter les inondations de la région parisienne.
Sortie de sentier pour aller voir le lac
Oh surprise ! de belles amanites tue-mouches
Dommage... On n'aura pas d'omelette ce soir !
Pas faciles d'accès, les abords de la plage...
Allez... Encore un petit effort.
Du bois flotté, en veux-tu en voilà !
Vous avais-je précisé que nous étions en Champagne humide ?
L'argile n'absorbe par les eaux de pluie...
Fort heureusement, après un pique-nique bien confortable une fois de plus, nous arrivons au Musée du Pays du Der alors que le soleil s'est caché.
Nous retrouvons là notre guide pour une visite de deux bonnes heures non comptées.
La visite commence par celle de l'église Saint-Jean-Baptiste de Nuisement-aux-bois construite en pans de bois et torchis aux XVI-XVIIème siècles : Nuisement, l'un des trois villages engloutis lors de la création du Lac du Der.
L'église a été remontée pièce par pièce en 1971 dans le cadre de la création de ce village-musée. Le financement vint de la Préfecture de Paris et du Conseil Général de la Marne (pour un montant total à l'époque de 200 000 francs).
Bien en prit à l'Administration française qui évita ainsi à un musée américain de l'acquérir !
Notre guide a, pour l'occasion, revêtu son costume de paysan champenois : blouse bleue, foulard de cou, chapeau en feutre et sabots...
Les vitraux n'ont pas été conservés dans la nouvelle église mais un jeu de lumières astucieux en donne l'illusion...
Nous continuons la visite guidée par celle du pigeonnier (photo Cédric Le Roy : chouette, n'est-ce pas ?)
Il est construit en pans de bois et en bardeaux et possède deux étages : on parle dans ce cas d'un pigeonnier bi-fonctionnel.
En haut, le logement des pigeons et, au rez-de-chaussée, un four à pain qui a été reconstitué.
La maison du forgeron, en face, a elle aussi été remontée en 1973. Je la trouve bien jolie avec son auvent ainsi décoré de potées de géraniums.
L'ancêtre du camping-car, nous annonce notre guide qui ne manque pas d'humour !
Il s'agit d'une roulotte de berger à quatre roues ayant appartenu à Daniel Grimperet, agriculteur à Banogne. Elle permet la station debout, comporte un lit, une tablette et un siège : le luxe quoi !
Le berger tient ici sa houlette (emmanchée sur un morceau de bois) dans la main.
Notre guide nous fait alors une démonstration fort amusante des usages divers et variés de la houlette.
La houlette sert à ramener les bêtes qui s'écartent du troupeau, le berger peut jeter des pierres vers celles-ci pour, qu'apeurées, elles reviennent vers le troupeau. Elle peut aussi servir, sans avoir à se baisser, à arracher une motte de terre ou un chardon, à se saisir d'un animal par la patte arrière pour lui administrer des soins. Elle sert aussi de bâton au pâtre et le soulage de la station debout par appui du corps en avant, comme un trépied.
On comprend mieux ainsi l'expression : être sous la houlette de quelqu'un...
Il nous parle aussi, devant cette reconstitution d'une caserne de pompiers, de l'esprit d'équipe qui animait les gens autrefois quand il s'agissait d'éteindre le feu dans une maison : chacun amenait sa "pierre à l'édifice" ou plutôt son seau d'eau... aux pompiers chargés d'actionner la pompe.
Voici la couturière dans sont intérieur d'époque
et la dentellière (je n'ai pas trop vu la différence entre les deux...)
Notre guide nous emmène ensuite à l'intérieur où se trouve une maquette représentant différentes maisons du village englouti (dont celle du maquettiste).
Tous les corps de métiers sont représentés autour de la maquette avec un grand souci d'authenticité, comme : le cordonnier,
les lavandières,
le bouilleur de cru
les bûcherons, si utiles dans ce pays où l'habitat en dépend...
et bien d'autres encore...
Il nous parle ensuite de l'importance de la mare dans le maintien de la biodiversité, nous expliquant qu'à une époque on les avait toutes asséchées ou comblées à tort (50% des mares ont disparu depuis 1950).
Puis, il nous emmène faire un tour dans le jardin où sont cultivées de nombreuses plantes : il nous en explique les vertus diverses et variées mais... je n'ai rien retenu !
Retour en intérieur devant cette reconstitution d'un laboratoire
Ici, le pharmacien Leroux devant ses éprouvettes
Mais pourquoi mettre à l'honneur ce pharmacien, inconnu - avouez-le - de tous... ?
En 1877, Pierre Joseph Leroux (1795-1870) pharmacien à Vitry Le François, fait une observation pour le moins anachronique : alors que les vaches des fermiers alentours présentent de fortes fièvres, celles des gitans installés non loin de là y résistent. Se rendant sur place, il constate que les tiges de saule utilisées par ceux-ci pour fabriquer des paniers ont été mises à tremper dans l'abreuvoir des vaches...
L'écorce de saule contient donc une substance possédant des propriétés fébrifuges : c'est ainsi qu'il isole le salicylate de soude ou salicine. Par la suite, il publia dans les "Annales de Chimie et de Pharmacie" la synthèse de l'anydride "acéto-salicilyque" sans se douter qu'il s'agissait de l'acide acétyl-salicylique et que cette substance deviendrait le médicament le plus populaire et le plus utilisé du XXème siècle : l'aspirine.
C'est Félix Hoffmann, un allemand, qui continuera la recherche : il sera à l'origine de la synthèse de l'acide acétyl-salicylique stable, autrement dit l'aspirine que les Usines du Rhône commercialiseront en France.
Nous continuons la visite en passant par la classe...,
le bureau de Poste,
et la terminons avec cette reconstitution de la Mairie.
Un musée intéressant mais surtout une visite guidée épatante !