À l’origine, cette statue, ou du moins son modèle, provenait d’un ensemble créé pour l’Exposition universelle de 1937, et présenté sur la façade courbe de la porte Delessert, à mi-pente de la colline du Trocadéro, sur laquelle le sculpteur avait disposé tout autour de la figure féminine, une nuée de 24 motifs décoratifs sur le thème “Paris et les arts”.
Selon les sources, elle porte tour à tour le nom d’ « Ève », d’ « Accueil de Paris » ou de « Femme au bain ». Le socle à sa droite a été ajouté par la suite lorsque Léon Azéma, architecte du Palais de Chaillot pour cette même exposition universelle et aménageur deux ans plus tard de ce nouveau parc de la Butte, pense à Raymond Couvègnes pour une reproduction en pierre de son œuvre phare du Trocadéro.
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Sainte Geneviève, sainte patronne de Paris
Une sculpture en pierre (1928) de Paul Ladowski (1875-1961) au pont de la Tournelle (Paris 4ème)
Une longue silhouette, telle un phare, se détache dans le ciel : sainte Geneviève scrute l’horizon et veille sur la Ville de Paris, figurée par une petite fille tenant dans ses bras la nef, symbole de la capitale. La sainte patronne de Paris, née à Nanterre vers 420 et dont on a célébré les 1600 ans en 2020, a marqué l’histoire tant son dévouement au service des Parisiens fut remarquable.
Celle qui est connue pour avoir détourné Attila et les Huns de la ville ou organisé l’approvisionnement de la cité durant le siège par les Francs, a laissé son empreinte dans de nombreux sites parisiens, dont le pont de la Tournelle, qui dessert le 5e arrondissement, où se trouve la montagne Sainte-Geneviève.
Une statue monumentale, sœur du Christ Rédempteur brésilien
La statue de pierre, juchée sur un gigantesque pylône, est due au sculpteur Paul Landowski, auteur de nombreux monuments aux morts mais surtout connu du grand public pour la monumentale statue du Christ Rédempteur qui domine Rio de Janeiro.
La figure de la sainte s’inscrit ici dans une œuvre architecturale et urbaine pensée par l'architecte Pierre Louis Guidetti, lauréat du concours pour la construction du pont de la Tournelle. Si le sculpteur infléchit son style en donnant à la sainte des lignes sobres qui prolongent l’architecture, il regretta très amèrement l’orientation de la sculpture voulue par l'architecte, Geneviève tournant le dos au chevet de Notre-Dame. Malgré de nombreux soutiens, l’artiste n’eut pas gain de cause… son œuvre n’en demeure pas moins un jalon symbolique de l’urbanisme parisien.
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Jeanne d'Arc, héroïne glorifiée de la IIIème République
Un bronze (1891) de Emile Chatrousse (1829-1896) - Austerlitz-Quai de la gare-Boulevard saint Marcel (13e)
Due au ciseau d’Émile Chatrousse, cette statue en bronze de Jeanne d’Arc « libératrice de la France » est placée à l’amorce de la rue éponyme.
Reposant sur un piédestal de Formigé, Jeanne a la face levée au ciel, les cheveux détachés, rejetés en arrière, élevant fièrement sa bannière de la main droite.
Elle est présentée au Salon de 1887 et plaît tellement qu’elle est acquise par la Ville en 1889. Elle est installée boulevard Saint-Marcel à la demande des habitants du quartier en 1891. Sa figure irrigue le 13e arrondissement, dès le Second Empire, où la place et la rue Jeanne-d’Arc succèdent à celle “de l'Église”, en 1864. C’est elle également qui inspire leur nom en 1865, aux rues toutes proches de Patay et de Domrémy, comme à celles de Xaintrailles et Lahire, ses compagnons d’armes.
Jeanne d'Arc au secours de la France envahie par les Prussiens
Chatrousse avait déjà travaillé sur cette figure et poussé la logique républicaine à l'extrême lors du Salon de 1872, la représentant donnant une poignée de main à… Vercingétorix, très en faveur sous la IIIe République.
Jeanne est la nouvelle héroïne du Roman National que constitue la IIIe République depuis la défaite de 1870 de l’Empereur face aux Prussiens, ayant ravi l'Alsace et la Lorraine à la France. La figure tutélaire johannique est donc convoquée pour illustrer le sentiment patriotique qui anime les citoyens, leur désir de reconquête des terres perdues, celles-là même d’où était originaire la pucelle de Domrémy. Jeanne d’Arc devient dès lors la « patronne des envahis », selon le mot célèbre de Paul Déroulède.
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Maria Deraismes, féministe et franc-maçonne
Un bronze (1898) fondu en 1942 et restitué en 1983 de Louis Ernest Barrias (1841-1905)
Square des Epinettes (Paris 17ème)
Femme de lettres et oratrice talentueuse, Maria Deraismes (1828-1894) fut également une ardente féministe. Elle militait en faveur de l’éducation des jeunes filles, de l’égalité entre hommes et femmes, des droits des enfants et du suffrage universel.
Première femme à avoir intégré la franc-maçonnerie en France, elle fut également une des fondatrices et présidente de la Société pour le droit des femmes, puis de la Société pour l’amélioration du sort de la femme. C’est cette dernière qui commanda en 1894, grâce à une souscription publique, son effigie à l’un des sculpteurs les plus en vue, Louis-Ernest Barrias, et qui l’offrit à la Ville de Paris après son inauguration en 1898.
Une femme d'action qui brilla par son intelligence et sa détermination
En la représentant debout, en mouvement, le pied dépassant de la terrasse, l’artiste a parfaitement su saisir la femme d’action, sa féminité et son élégance doublées d’autorité, son énergie, son intelligence et sa détermination. Le modèle original en plâtre conservé par la Ville de Paris a permis le tirage d’un nouvel exemplaire en bronze, en 1983, celui d’origine ayant été fondu sous le régime de Vichy. Cependant, la chaise qui figurait initialement ayant disparu du modèle, elle n’a pu être restituée. L’absence de cet accessoire ne nuit pas à la composition qui s’en trouve efficacement simplifiée.
Installée dans le square des Epinettes (17e), dans l’arrondissement qui l’a vue naître et mourir, Maria Deraismes regarde vers la rue qui porte son nom.
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Monument à Maryse Bastié, aviatrice au destin tragique
Plaque en pierre (1971) - Square Carlo-Sarrabezolles (Paris 15ème)
Maryse Bastié appartient à cette génération de pionnières de l’aéronautique dont le courage, l’obstination et les exploits spectaculaires contribuèrent au moins autant à faire avancer l’histoire de l’aviation que la cause des femmes.
Ce constat est d’autant plus vrai pour Maryse Bastié, qui enchaina les records de distance et de durée de vol durant l’entre-deux-guerres et s’engagea dans le mouvement de la féministe Louise Weiss, La Femme Nouvelle, en faveur de l’égalité des droits politiques. Pendant la guerre, elle s’illustra dans la résistance en collectant des informations hautement stratégiques puis devint pilote militaire. Elle mourut en 1952 dans un accident d’avion, dont elle n’était pas aux commandes, lors d’un meeting aérien.
Le courage de Maryse Bastié, toujours célébré
Cinq ans plus tard, en 1957, Jacqueline Auriol, autre héroïne de l’aviation, première femme pilote d’essai de France et présidente des Amis de Maryse Bastié, entreprend les premières démarches pour l’érection d’un monument en mémoire de l’aviatrice, sur le terre-plein de la rue Froidevaux (14e), devant l’ancien domicile de cette dernière.
En 1961, le sculpteur désigné, Félix Joffre, donne son accord pour un emplacement situé dans le futur square aménagé boulevard Victor. Cependant, son projet ne va pas remporter l’assentiment de la commission centrale des monuments commémoratifs du ministère de l’Intérieur. Un compromis est finalement trouvé et le 21 août 1964 un décret autorise l’érection du monument, modifié sur les conseils de M. Laprade, architecte en chef des monuments historiques.
Le portrait de profil de Maryse Bastié se détache en bas-relief sur une stèle dont le couronnement évoque la forme d’une aile : l’inscription témoigne de la même sobriété, pour celle qui fut bien plus qu’une aviatrice.
Le printemps arrivé, il faudra que je fasse le tour de tous ces monuments avec mon appareil photo !