Les journées du Patrimoine nous ont conduits ce dimanche dans le XVIIème arrondissement, dans lequartier des Batignolles (un quartier où j'allais fréquemment, étant petite, rendre visite à ma tante Léa que son petit-fils, Guy, faisait damner à longueur de journée). Pour info, il est maintenant Directeur de la Gare Saint-Lazare... Comme quoi, il faut toujours garder de l'espoir !
C'est en effet dans ce quartier que se trouve la Grande Loge de France que nous venons visiter cet après-midi. Une bonne heure d'attente tout de même... On n'est pas les seuls à avoir eu cette idée là...
Le lieu :8, rue de Puteaux exactement. Voici l'histoire de la rue trouvée sur ces panneaux si pratiques qui jalonnent les rues de Paris.
Vers 1835, un ancien menuisier, Louis Puteaux, attiré par le vaste chantier de la naissance des Batignolles, se lance dans la construction immobilière. Il rachète en 1845 les bâtiments en ruine de l'abbaye cistercienne du Val (proche de l'Isle Adam). Les pieux matériaux, bon marché, lui servent à construire de nombreuses maisons du quartier.Parmi ses réalisations, l'école polonaise du Boulevard des Batignolles, le théâtre des arts Hébertot et d'innombrables maisons dont l'immeuble qui sert de siège à La Grande Loge de France. Louis Puteaux meurt en 1864 et la rue porte son nom depuis 1879.
La première affectation de l'immeuble était uncouvent de moines Recollets. Vendu après les lois de 1905 sur la séparation de l’église et de l’Etat, l'immeuble est acquis par ses actuels occupants en 1910. C'est le siège de la Grande Loge de France.
Voici l'entrée du bâtiment : rien de transcendant...
La création officielle de la Grande Loge de France date de 1894. Héritière de la franc-maçonnerie du siècle des Lumières, elle n'a cessé depuis de travailler au progrès de l'homme au sens large du terme par la réflexion conjointe de ses membres. Forte de 30.000 membres au sein de 800 loges, la GLDF est la plus ancienne et l'une des principales obédiences maçonniques françaises.
Un succès apparemment inatendu rend la visite un peu expéditive mais on nous assure que l'on pourra revenir voir ces lieux... en semaine et sans payer de surcroît !
La visite commence par le passage obligé dans l'atrium qui est en fait l'ancien cloître du couvent des Récollets qui a été couvert par un plafond lumineux et réaménagé en salle d'exposition. On ne s'y attarde pas trop... juste le temps de quelques photos.
Sans rentrer dans les détails (vue mon incompétence en la matière !), je ne vous parlerai que d'une chose dont je sois sûre : l'existence de trois degrés dans la Franc-maçonnerie :
Le premier, c'est "l'Apprenti" : l'apprenti n'a pas droit à la parole. Tant qu'il n'a pas franchi ce degré, il ne lui est permis que d'écouter et d'apprendre auprès de ses "frères" (cela dure environ deux ans).
Le Deuxième, c'est "le Compagnon" : une marche de plus dans la hiérarchie.
Le Troisième et dernier degré à franchir : c'est celui qui permet de devenir "Maître". Le Grand-Maître est élu par ses "frères" pour une durée d'un an renouvelable trois fois.
Des "cordons" de Maître
Un "tablier" de Maître (du XVIIème siècle) portant les insignes de la Franc-Maçonnerie (les "lacs d'amour" ou noeuds de corde, les piliers, l'équerre et le compas etc etc...)
Nous sommes ensuite conviés à rejoindre un autre Franc-Maçon qui nous instruit sur la Bibliothèque qui renferme 15000 ouvrages dont certains sont uniques au monde. Notre guide (à droite sur la photo) a choisi de se démasquer... mais l'ordre formel est de ne pas dévoiler le nom d'un autre "frère" sans son consentement.
L'exemplaire original du "Maçon démasqué" date de 1751.
Notre guide nous explique que la plupart des archives de la Franc-Maçonnerie ont été pillées pendant la guerre par les Nazis, emmenées à Berlin, puis récupérées par les Russes et stockées en Silésie. Jusqu'au jour où le ministère des affaires étrangères russe a contacté son homologue français pour signaler qu'ils possédaient ces documents dont ils ne savaient plus que faire... et voilà comment ces précieux documents ont réintégré leur place originelle !
En témoigne cette boite à archives rendue à la France par l'URSS en 2001.
Direction le temple Franklin-Roosevelt inauguré en 1948. Tiens, il était Franc-Maçon lui aussi ! (tout comme Cambacérès ou Lafayette entre autres)
Aux couleurs de la France, bleu blanc et rouge avec un sol à damiers blanc et noir, un des nombreux symboles de cette corporation si mystérieuse...
LeGrand-Maître adjoint, M. Joël Gregogna, nous fait visiter sa "loge", une sorte de petit temple où les Francs-Maçons se réunissent une fois toutes les deux semaines pendant 3 heures pour débattre de l'ordre du jour.
« Nous sommes une société discrète et non secrète, c’est pourquoi nous permettons à tous de venir sur place échanger avec nous » dit Alain-Noël Dubart, Grand Maitre récemment élu à la tête de la Grand Loge de France.