Précédent post consacré aux châteaux de Turaida et de Cesis en Lettonie : ICI.
Ce matin, nous quittons la Lettonie et ses légendes pour rejoindre en milieu de journée Tallinn, la capitale de l'Estonie, terme de notre voyage. Nous traversons naturellement des kilomètres de forêts de conifères mais aussi de bouleaux. Les routes sont très bonnes, réalisées avec l'aide de l'Union Européenne...
Nous arrivons 3 heures après à la frontière entre la Lettonie et l'Estonie : bien sûr, elle n'est que fictive puisque les deux pays font partie de l'Europe mais une station service et un magasin nous donnent l'occasion de nous y arrêter. Pendant le temps du voyage, Yannick, notre guide, nous abreuve de renseignements sur notre prochaine destination.
Comme je prends une photo du car, le chauffeur, Andrej, me montre la cigogne qui y est dessinée. Je pense qu'il s'agit du nom de la Compagnie de cars dans laquelle il travaille.
Vous savez que les cigognes traversent régulièrement la Lettonie (notre car et notre chauffeur sont lettons) pour se rendre en Afrique où elles hivernent.
Pendant l'arrêt-technique du car (et la pause-confort des voyageurs), je fais un tour dans la boutique où j'ai la surprise de trouver des tablettes de chocolat comme on n'en a pas chez nous, enfin je pense.
Celui-ci est à l'oignon.
Celui-là à l'ail...
et cet autre, tenez-vous bien..., au cannabis !
Amusant, non ? Comme quoi, les voyages forment même la vieillesse !
Dans la magasin, on peut acheter son bonnet de sauna en feutre : il sert à protéger les cheveux de l'agression par la vapeur.
Il y avait aussi de super chaussettes en laine multicolore.
L'artisanat du bois, très présent dans les pays Baltes, était aussi largement représenté. Des cuillères, des fourchettes et des couteaux, en veux-tu en voilà !
De très jolis dessous de plats.
Des sortes de petits sapins-puzzles avec le nom des différentes essences de bois : du haut en bas, le chêne, le tremble, l'aulne, l'épicéa, le bouleau, et le pin.
Avez-vous vu comme je suis forte en anglais ! Google traduction, ça aide...
Les autres souvenirs étaient moins typiques des pays Baltes.
Nous reprenons la route en direction de Tallinn qui est encore loin...
Heureusement, le voyage prévoit un arrêt à Parnü, une ville d'eau située au sud de l'Estonie. Vous l'avez compris : les pays Baltes sont des pays de forêts.
Arrivée à Parnü
Et toujours ces maisons de bois
En direction de la mer Baltique
Je ne sais pas pourquoi j'ai raconté à tout le monde qu'on avait eu mauvais temps...
Comme vous pouvez le constater, ici tout comme à Jurmala en Lettonie, pas de constructions en bord de mer : celui-ci est protégé.
Seulement un Hôtel de luxe à proximité
Pureté de l'eau...
Des méduses quand même
Les cabines de plage ne sont pas privatives comme on en trouve sur la côté normande. Elles ont un numéro mais je n'ai pas compris pourquoi.
Monique, l'une des participantes au voyage organisé, en a fait l'exploration : pas de problème, on peut se mettre en petite tenue sans problème.
Polaire et K-Way tout de même...
L'arrivée sur Tallinn
Le panneau d'entrée de la ville indique l'heure : 13h07. En dessous, un drôle de signe ressemblant au chiffre 18 ou au chiffre 100 : il indique les 100 ans de l'indépendance de l'Estonie qui ont été fêtés en 2018. Bien sûr, il y a eu pendant la guerre l'occupation allemande puis celle de l'URSS mais..., c'est du passé.
Yannick nous explique que ce quartier par lequel nous entrons dans la ville est très prisé des habitants ayant de l'argent : malgré la pluie qui s'est mise à tomber, on peut apercevoir de superbes propriétés nichées au cœur d'une pinède.
Andrej, notre chauffeur, nous dépose dans le centre ville, en haut de la colline de Toompea pour nous restaurer.
Au loin, on aperçoit l'élégant beffroi de l'Hôtel de Ville construit au tout début du 15ème siècle.
Le centre ville, piétonnier, est bien animé.
A Riga nous avions déjà vu des boutiques de souvenirs proposant les fameuses Matriochkas russes. Les pays Baltes n'ont pas l'air d'avoir de rancune contre les russes qui les ont occupés pendant si longtemps..., à moins que tout bonnement le commerce prime !
Après le déjeuner, nous faisons connaissance de notre guide locale qui parle bien le français.
Celle-ci nous emmène voir la Cathédrale orthodoxe vouée à Alexandre Nevsky, patron du défunt tsar Alexandre III, pour rendre grâces du fait qu'il avait été sauvé d'un accident ferroviaire survenu le 17 octobre 1888. Elle fut construite entre 1895 et 1900 dans le cadre de la politique de russification.
Elle est très spectaculaire avec ses bulbes surmontés de croix orthodoxes.
A l'intérieur les photos sont interdites : j'ai trouvé celle-ci sur le net où l'on peut admirer le bel iconostase séparant les fidèles du pope qui officie. Comme dans toutes les églises orthodoxes, il n'y a pas de bancs : les fidèles prient debout.
A deux pas de là se trouve une autre église, autrefois catholique et luthérienne depuis 1561, la Cathédrale Sainte-Marie fondée par les danois au 13ème siècle. C’est la plus ancienne église de Tallinn et aussi le seul bâtiment de la colline de Toompea à avoir survécu au grand incendie de 1684.
Son clocher baroque date de 1770.
Quand on entre, on est tout de suite frappé par l'abondance des décorations étranges qui couvrent presque tous les murs peints à la chaux : ce sont, renseignements donnés par notre guide, les blasons funéraires sculptés dans le bois de grandes familles estoniennes.
Cette tribune permettait, en son temps, aux riches familles estoniennes d'assister à l'office.
Joli, ce lustre hollandais éclairant la nef...
La chaire, décorée des images des apôtres, et datant de 1686 est due à Christian Ackermann, l'un des plus célèbres sculpteurs sur bois de style baroque du 17ème siècle.
ainsi que l'autel situé dans le choeur, qui date de 1696.
Pour terminer, voici l'orgue de 49 jeux de Friedrich Ladegast
Datant de 1878, il a été en partie reconstruit en 1914 et une nouvelle restauration a eu lieu en 1998.
Toutes les rangées de bancs sont fermées par des portes.
Au fond de l'église, l'élégant monument funéraire de Samuel Greigh qui joignit la marine russe et devint un héros dans les batailles navales russo-turques.
Egalement au fond, des pierres tombales très curieuses, datant du 18ème siècle. J'ai malheureusement mal écouté la guide qui, je crois, nous a dit que celle-ci était celle d'un cordonnier (?)
et cette autre celle d'un boucher.
Peut-être des commerçants de la Guilde... ?
Au sortir de l'église, une jolie vue sur Saint Alexandre Nevsky
Quittant la place de la Cathédrale où se trouve la Maison des Chevaliers Porte-Glaive (moines guerriers pendant les Croisades),
nous nous dirigeons maintenant vers un belvédère (le Patkuli Vaateplatevorm) depuis lequel on a une très jolie vue sur la ville.
Tiens tiens, nous voici encore à marcher sur des pavés Baltes...
Tout à fait à l'ouest, les bateaux attendent les touristes qui ont débarqué pour la journée.
J'avoue que j'aurais préféré voir les églises de près auparavant pour mieux me repérer car vous savez, le carnet de notes, moi j'oublie... pour me concentrer sur la photo !
Sans me tromper trop je crois : le clocher de Saint-Olaf, une église protestante proche de la Baltique.
Un petit zoom pour mieux voir les bateaux... C'est là que nous crécherons ce soir.
A gauche, celui de l'église du Saint-Esprit et à droite celui de l'Hôtel de Ville
Un autre petit zoom pour admirer la jolie cigogne-girouette d'une maison médiévale...
Les toits de la ville basse sont vraiment photogéniques avec leurs tuiles rouges. A l'origine, c'étaient des maisons en bois habitées par les petites gens et les commerçants, alors que dans la ville haute les maisons de pierre abritaient les archevêques et les chevaliers allemands contrôlant la région.
et celui de Saint-Nicolas. d'abord catholique puis luthérienne : elle est désormais un musée.
Le belvédère de Toompea est très touristique : normal donc d'y trouver des boutiques vendant de l'ambre...
J'ai résisté...
Nous sommes toujours dans la ville haute : ici, un bâtiment gouvernemental ayant trait à la Justice et datant de 1809
Belle porte
En direction des murailles : au loin la Cathédrale Alexandre Nevsky
Elle est photogénique...
La dernière pour vous montrer le drapeau de l'ambassade de Hongrie
Au bout de la rue, les murailles de la ville
Et maintenant, direction la place du marché (ou Raekoja Plats)
Une très curieuse enseigne en forme de botte !
Au passage, un coup d'oeil sur la "Porte de la jambe courte" qui a été construite en 1455 pour faire communiquer la ville basse avec la colline de Toompea cernée par les remparts.
Et toujours ces pavés ronds...
La place du marché avec l'Hôtel de Ville gothique de Tallinn (le seul intact de toute l'Europe du Nord) sous la pluie...
Les jolies maisons des marchands de la place du marché
Heureusement, il est l'heure d'aller déjeuner : une fois la chose faite chez Turg,
nous reprenons notre visite tandis que la pluie a cessé. a ce propos, regardez les gouttières de Tallinn : nous n'en avions jamais vu d'aussi grosses ! La rigole dans le trottoir : bien pensé...
L'Hôtel de Ville de Tallinn, dont on voit ici l'élégant beffroi face à une maison médiévale, est un édifice médiéval du 15ème siècle d'architecture gothique tardive
Le parapet crénelé, purement décoratif, confère à l'édifice l'aspect d'une forteresse.
Sur le pignon ouest se trouve une girouette à trois boules tenue par un lion en pierre assis sur une pierre de la crête.
Quant à la girouette du beffroi, c'est le gardien de la ville. Une légende y est attachée.
Un concours de tir à l'arc était jadis organisé chaque printemps pour voir qui serait capable d'atteindre un perroquet de bois perché au sommet d'un grand mât. Cette épreuve était réservée aux hommes issus de familles nobles mais une année personne ne réussit à atteindre la cible. Un garçon d'une famille pauvre ayant appris à tirer à l'arc se tenait dans la foule : il tira une flèche et atteignit le perroquet. Il fut alors engagé comme apprenti garde et se conduisit en héros lors de la guerre de Livonie, servant jusqu'à un âge avancé. Plus tard, on remarqua que la girouette de l'Hôtel de Ville, représentant un soldat à la moustache abondante, lui ressemblait.
On lui donna donc le nom de "Vieux Thomas".
Les gargouilles ont des têtes de dragons multicolores et des couronnes dorées.
Sur ce pilier, une chaîne médiévale dont j'ai oublié l'usage
Continuant notre promenade, notre guide nous fait remarquer les greniers portant des systèmes de poulies pour monter les marchandises.
Vous vous souvenez des "dainas" : ces jeunes gens chantent ici une de ces chansons populaires. Elles sont toujours "vivantes" pour perpétrer la culture estonienne.
Nous voici arrivés dans la rue Müürivahe qui est bordée de remparts où sont installés des petites échoppes vendant des souvenirs typiques.
Quelques filles de notre groupe chinent... On vend ici beaucoup de vêtements, écharpes, bonnets en laine qui sont très jolis et paraissent confortables.
Nous prenons ensuite un passage couvert qui débouche dans le Passage Sainte-Catherine, un must de la visite de Tallinn.
C'est sans doute la rue la plus médiévale de Tallinn. On se croirait à Rhodes !
Le long de ce mur, les pierres tombales médiévales de l'ancien couvent de l'église Sainte-Catherine
Notre guide nous explique que ces pierres tombales reviennent de loin : en 1874, elles avaient été utilisées pour faire le sol de la grange installée à l'époque dans l'église Sainte-Catherine...
Où allons-nous maintenant... ?
A la Pharmacie (Raeapteek) de la Place de l'Hôtel de Ville qui est la plus ancienne d'Europe.
L'enseigne sur le mur indique que l'ancienne pharmacie datant de 1422 est maintenant devenue un musée auquel a été adjoint un restaurant. Elle est restée dans les mains de la même famille pendant plus de 300 ans...
C'est là que fut inventé le "Mardileib" ou "Pain de Mart", sorte de massepain, spécialité de la ville de Tallinn. L'apprenti pharmacien, Mart, devant tester un remède, préféra remplacer les ingrédients amers par d'autres plus sucrés. Le massepain était recommandé pour soigner le coeur, les douleurs pectorales et les maux de tête. Je ne sais pas si on peut encore le trouver ici en sus du "claret" commercialisé depuis 1467 et des médicaments modernes dont dispose la pharmacie...
Ayant emprunté le passage situé juste à côté de la pharmacie, nous arrivons devant la porte d'entrée du restaurant Balthasar.
En poussant la porte, on peut apercevoir un bel escalier datant du 17ème siècle.
Le clocheton de l'église du Saint-Esprit, luthérienne
Vue sur l'église et sa vieille horloge (qui mériterait une restauration...)
En face de l'église, la Grande Guilde abrite le Musée d'histoire estonien.
Elle était extrêmement puissante à Tallinn : les conseilles et maires de la ville étaient élus parmi ses membres et elle avait le monopole sur l'achat de sel apporté par voie d'eau, sur sa revente et sur le brassage de la bière. Les membres devaient être nobles, marchands de Tallinn, mariés et propriétaires de leur maison. S'y ajoutait une cotisation et l'obligation pour tout nouveau membre d'organiser une réception pour tous les membres de la guilde.
C'était aussi un important centre social où les gens buvaient du vin, jouaient au billard et écoutaient des musiciens.
La date de sa construction, 1410, est inscrite en haut de son fronton.
La porte d'entrée cloutée m'a tapé dans l'oeil,
et surtout son heurtoir.
Tout près d'ici, la rue Pikk et ses immeubles Art Nouveau : l'immeuble du N°18 a été construit en 1910 par Jacques Rosenbaum, originaire de Riga.
Les décors sont inspirés de l'Egypte antique comme c'est habituel dans les pays nordiques pour ce style, et d'un bestiaire imaginaire (dragons).
Au n°21 de la même rue, un immeuble d'angle, également Art Nouveau, présente une profusion de macarons et frises du plus bel effet.
En outre, on peut si on lève la tête, y apercevoir à droite un chat noir et à gauche un curieux personnage perché en haut de son fronton : on l'appelle "la maison du voyeur".
Si vous regardez tout à fait à gauche,
vous le verrez ajuster son lorgnon pour mieux épier les appartements d'en face ! Il est l'oeuvre du sculpteur Auguste Voltz.
Le chat noir
Cet immeuble au N°20 de la rue Pikk est la Guilde de Saint-Canult. Sa façade est austère, reconnaissable aux deux statues noires qui ornent sa façade et représentent, à gauche, Saint-Canult, et à droite, Luther.
Il est fait mention de cette guilde pour la première fois à Tallinn en 1326 mais il semble qu'elle ait été créée au 13ème siècle. Initialement, il s'agissait d'une fraternité spirituelle. Par la suite, elle rassembla les artisans de Tallinn principalement des orfèvres, boulangers, chapeliers, artistes et cordonniers. Les membres étaient principalement d'origine allemande et formaient sans doute une élite. L'apogée de la guilde fut au 16ème siècle.
Le dernier immeuble que notre guide nous montre est celui de la maison de la Confrérie des Têtes Noires au N°26. Celle-ci accueillait les marchands célibataires sous la houlette de Saint-Maurice, originaire d'Afrique noire. Le bâtiment date de la fin du 16ème siècle.
La porte principale date des années 1640.
On peut voir, au-dessus de l'entrée principale et de sa riche décoration de style "renaissance des Pays-Bas", les armoiries de la Guilde des Têtes noires. Un Maure, symbole de Saint-Maurice, le saint-patron de la guilde, est sculpté dans le bois et la pierre au-dessus de la porte.
Tiens, nous revoilà près des murailles de la ville...
Elles ne sont jamais loin...
Notre visite de Tallinn se termine là.
Suite de ce voyage dans les pays Baltes : L'Estonie - Visite du Château de Kadriorg et de la ville de Tallinn : ICI.