Ce vendredi, Anne-Marie Guérin nous a proposé dans le cadre de son atelier "Petites promenades dans Paris" à Générations 13 une visite guidée dans le 16e arrondissement à la découverte de l'ancien village de Passy. Elle nous avait donné rendez-vous au métro Trocadéro devant le musée de l'Homme.
Au centre de la place, la statue équestre du Maréchal Foch souleva lors de son installation une polémique : Anne-Marie nous explique que si le maréchal est représenté tête nue, sans son képi règlementaire, c'est à la demande des services des Beaux-Arts pour une question d'orientation : au soleil, le képi aurait assombri le visage du maréchal au risque de dissimuler la fière volonté que devait exprimer son visage.
En face du musée, le cimetière de Passy où sont enterrés un certain nombre de personnages célèbres tel que :
Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Tristan Bernard, Francis Bouygues, Ernest Cognacq, Marcel Dassault, Claude Debussy, Benjamin Delessert (dont nous traverserons le boulevard), Michel Droit, Edgar et Lucie Faure, Gabriel Fauré, Loulou Gasté, Maurice Genevoix, Rosemonde Gérard, Virgil Gheorghiu, Jean Giraudoux, Hubert de Givenchy, Pierre-François Pascal Guerlain, Jeanne Hugo (la petite-fille de Victor Hugo et la femme de Jean-Baptiste Charcot mort en mer), Robert Mallet-Stevens, Georges Mandel, Edouard Manet, André Messager, Octave Mirbeau, Berthe Morisot, Jean Patou, François Périer, Gabrielle Charlotte Réju dite "Réjane", Thierry Roland, Jean Servais, Haroun Tazieff...
Anne-Marie a prévu de démarrer cette promenade par un petit tour dans les jardins du Trocadéro : nous passons devant la statue de Benjamin Franklin, connu de tous pour être l'inventeur du paratonnerre, mais peut-être moins connu comme homme politique ayant été l'un des Pères fondateurs des Etats-Unis d'Amérique (il a participé à la rédaction de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis).
La vie de Benjamin Franklin est en grande partie caractérisée par la volonté d'aider la communauté. Son effigie figure sur le billet de 100 dollars.
Au 25 bis de la rue Benjamin Franklin, Anne-Marie nous montre un immeuble construit en 1903 par les frères Perret. Ces derniers, Auguste et Gustave, se lancent, sous la direction de leur père, dans la construction d'un édifice en béton armé, une nouveauté pour l'époque (jusqu'alors, ce matériau n'était utilisé que pour faire les fondations, le plancher et les escaliers).
La parcelle de terrain sur laquelle ils avaient décidé de construire l'immeuble étant très étroite, ils contournent cet inconvénient en inversant la place de la cour intérieure traditionnelle des immeubles haussmanniens : ils la placent au niveau de la façade sur rue, ce qui leur permet d'augmenter le nombre des fenêtres, passant de deux à trois. Le deuxième étage, noble, des immeubles haussmanniens est déplacé au sixième étage. Auguste Perret qui y habitera voulait pouvoir voir au loin, profitant de la hauteur de la colline de Chaillot.
Sur les murs en béton, ils demandent à Alexandre Bigot, grand nom du moment, de poser des céramiques avec un décor floral (photo Passerelles.bnf.fr).
A l'angle de la rue Le Tasse et de la rue Benjamin Franklin, un très bel immeuble haussmannien dans lequel habita l'ancien ministre et Académicien Alain Peyrefitte.
C'est par la rue Le Tasse, perpendiculaire à la rue Franklin, et bordée de superbes immeubles, que nous rejoignons les jardins du Trocadéro.
Le contre-jour empêche de voir la Dame de Fer...
Ah..., la voilà !
Les jardins du Trocadéro ont été créés pour l'Exposition universelle de 1937.
Un mahonia si je ne me trompe...
Anne-Marie potasse sa documentation tandis que le groupe prend du repos.
Elle nous informe que cette porte provient de l'ancien Palais des Tuileries (détruit par un incendie volontaire durant l’insurrection de la Commune en 1871).
Revenant sur la rue Benjamin Franklin, au numéro 12, le lycée Saint-Louis-de-Gonzague (souvent appelé "Franklin" en raison de sa localisation) est réputé pour son excellence. Il est fréquenté par des enfants de la haute bourgeoisie de l'ouest parisien. Il doit son nom à Louis de Gonzague (1568-1591), étudiant jésuite italien mort au service des pestiférés à l'âge de vingt-trois ans. Reconnu saint par l'Eglise en 1726, il est le saint patron de la jeunesse catholique et des personnes atteintes du sida.
Voici ici sa chapelle
Au bout de la rue, on a encore une belle vue sur la Dame de Fer...
Un peu plus loin, au numéro 8 de la rue Benjamin Franklin, nous passons devant le musée Clémenceau.
Georges Clémenceau est né le 28 octobre 1841, dans une famille républicaine de Vendée. Après des études de médecine à Nantes, il ouvre un dispensaire à Montmartre, mais se consacre à la politique au lendemain de la chute de l'Empire, après son élection à la mairie du XVIIIe arrondissement. Attiré par le jardin et la vie paisible du quartier, le Tigre, qui ne laissait à personne le soin de tailler ses rosiers, s'installe ici en 1895 pour y demeurer jusqu'à sa mort, le 24 novembre 1929. Son bureau ouvre largement sur le jardin par une baie vitrée donnant sur la tour Eiffel, et la grande table de travail, toujours surchargée de livres et de papiers, porte encore le manuscrit inachevé de "Grandeur et misère d'une victoire".
Le musée est consacré à la vie et au travail du Tigre mais on peut aussi y voir des expositions.
Traversant le boulevard Delessert, nous empruntons la rue de l'Alboni. Benjamin Delessert s'est rendu célèbre sous le Premier Empire en développant la méthode d'extraction du sucre de la betterave inventée par Jean-Baptiste Quéruel et reçoit le titre de Baron d'Empire.
Dans le square de l'Alboni voisin, un bel immeuble Art Déco
Cette voie privée fut construite sur les terrains de l'ancienne propriété du baron Delessert, qui descendait jusqu'à la Seine.
C'est au numéro 2 du square de l'Alboni qu'a vécu Jean Nohain. Plusieurs autres personnalités ont habité le square : Nicolas Hulot, Christine Lagarde...
Le square est bordé de beaux immeubles résidentiels, construits entre 1900 et 1930.
Léon Nafilyan (1877-1937), l'architecte de cet immeuble (situé au 9-11) construit en 1930 dans le style Art-Déco, y résida.
Pas laid non plus celui-ci, dans un tout autre style, situé au numéro 8...
Le square de l'Alboni prend fin dans la rue du même nom et nous voici arrivés au métro Passy, un peu choqués par l'agression dont a été la victime Marylène tout de même... On se souviendra longtemps de cette petite balade dans les beaux quartiers !
Anne-Marie resitue la promenade.
Le village de Passy fait partie des villages situés entre le mur des Fermiers Généraux et l'enceinte de Thiers qui ont été annexés par la capitale en 1860 au moment des grands travaux du baron Haussmann.
Le village de Passy, dépendant du hameau d’Auteuil, apparaît pour la première fois en 1250 sous le nom de "Paciacum" (nom d’un ancien domaine gallo-romain) : pour cause de "lapins" ses habitants avaient obtenus de Charles V l'autorisation d'enclore leur jardins pour les protéger des ces envahissants petits rongeurs et de les chasser. Passy fut érigé en seigneurie au XVème siècle.
Jolie cette enfilade du viaduc du métro aérien dont le rez-de-chaussée est éclairé la nuit par des lanternes.
Oui, des lanternes, mais pas n'importe lesquelles : celles-ci sont surmontées de la couronne royale. Anne-Marie nous explique que la ligne 6 (celle-ci) et la ligne 2 entourent Paris au niveau du mur des Fermiers Généraux. C'est pour rappeler cette "couronne" qui entoure la capitale qu'il y a une couronne au-dessus des lampadaires.
Chemin faisant, on s'aperçoit qu'on est descendus pas mal, en témoigne cet escalier qui n'est pas le seul que nous rencontrerons : le village de Passy descend en pente douce vers la Seine.
Il est lié (tout comme l'était aussi le village de Charonne que nous avons visité le mois dernier) à la culture de la vigne depuis des temps immémoriaux. A l'origine, ce sont les moines de l'ordre des Minimes qui se sont installés là, en 1493. La vigne y poussait bien et la vue était splendide. Ont suivi les riches bourgeois et aristocrates, qui ont emménagé pour les mêmes raisons. C'est ainsi que Passy devint huppé et l'est encore à ce jour.
Le musée du vin est le témoin de ce passé. Il est situé au numéro 5 du Square Charles Dickens, à deux pas du métro Passy.
Dans sa cour, une vigne qui a une longue histoire
C'est la ville de Maribor en république de Slovénie qui a offert ce cep de vigne, issu de la plus vieille vigne au monde (elle donne des raisins depuis plus de 400 ans à Maribor) au musée du vin en 2006.
On parle de vin, c'est bien beau tout ça mais à Passy il est aussi question d'eau : pour preuve cette plaque de rue "Rue des Eaux" apposée sur le mur de cet immeuble Ar-Déco aux fort jolis balcons de fer forgé en écaille de poissons.
C'est au niveau du Parc de Passy, fermé pour cause de risque de tempête, qu'Anne-Marie nous parle justement des eaux de Passy. C'étaient au XVIIIe siècle les eaux de France les plus réputées.
Vers 1657, en ouvrant le passage des Eaux qui grimpe sur la colline, on découvrit une source. Analysée en 1667 par M. Duclos, de l’Académie des Sciences, cette eau fut déclarée bonne pour les intempéries chaudes des viscères, puis recommandée comme remède à la stérilité des femmes. Étant gratuite, elle eut peu de succès. En 1720, l’abbé Le Ragois, qui fut aumônier de la marquise de Maintenon (décédée en 1719), vient s’installer à proximité du passage des Eaux et découvre plusieurs sources dans son parc. Après analyse, il est constaté que ces eaux « contiennent du fer, un peu de sel catartique & de la terre absorbante. » Un traité sur les eaux minérales publié en 1775 précise :
« Les Eaux de Passy sont toniques, incisives, diurétiques, laxatives : elles lèvent les obstructions, guérissent les hémorragies qui en dépendent, de même que celles qui proviennent du relâchement des vaisseaux. Ces Eaux sont propres aux inappétences, aux dégoûts : elles remédient à la lenteur des digestions, aux appétits absurdes & irréguliers, aux pâles couleurs, &c. »
L’abbé Le Ragois comprend vite l’intérêt qu’il peut tirer de la création d’un établissement thermal. Mais son voisin situé plus bas, le sieur Guichou, marchand d’étoffes de soie rue Saint-Honoré, trouve le moyen d’attirer ces eaux chez lui ; suite à un procès il est condamné à vendre son terrain à l’abbé qui dispose ainsi d’un large terrain pour créer un grand établissement avec salles de jeux, de bal, théâtre, jardins, et même un restaurant où les médecins étaient servis gratuitement. C’est un grand succès ; bourgeois de Paris et aristocrates se précipitent. On y verra Rousseau, Benjamin Franklin, … On y joue, on y chante, on assiste à des spectacles et on discute parfois fort tard après le souper.
L'établissement des Eaux de Passy vers 1880
Par héritages successifs l’établissement appartient à madame de Pouilly, nièce de l’abbé, puis à M. Belamy, oncle de cette dernière, qui le transmet à son gendre Guillaume Le Veillard, ami de Benjamin Franklin, enfin passe dans les mains de la famille Delessert.
À la fin du XIXe siècle, la baronne Bartholdi, héritière des Delessert, décide généreusement de ne plus faire payer cette eau si précieuse pour les curistes ; hélas il semble bien que la suppression du prix entraîne la perte de toutes les vertus de ces eaux, et l’établissement ferme bientôt. Par la suite les sources tarirent. Plus tard les lieux seront occupés par le ministère de l’Urbanisme et du Logement, puis par celui de l’Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer. À la fin du XXe siècle, cet emplacement sera loti.
Et encore un escalier, un !
Nous voici maintenant arrivés au niveau de la rue d'Ankara où se trouve, tout naturellement, l'ambassade de Turquie.
A l'angle avec l'avenue Marcel Proust, à l'arrière, on peut voir un enchevêtrement d'immeubles s'étageant à flanc de coteaux.
L'ambassade est installée en lieu et place de l'ancien Hôtel particulier de la princesse de Lamballe, amie et confidente de la reine Marie-Antoinette.
Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe par Elisabeth Vigée Le Brun (1782)
Sur la grille donnant sur le pavillon du gardien, le croissant et l'étoile turques signalent la présence de l'ambassade. Ce lieu fut aussi autrefois la Clinique du Docteur Blanche, une maison de repos pour les patients souffrant de troubles mentaux que fréquentèrent Gérard de Nerval, Fromental Halévy, Charles Gounod, Théo Van Gogh et Guy de Maupassant.
A l'entrée de la propriété la mairie de Paris a apposé une plaque à la mémoire de Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe.
Les circonstances de son décès, pour ne pas dire de son assassinat, sont particulièrement horribles. Elles sont rapportées dans ces termes dans le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet :
« Un perruquier du nom de Charlat, tambour des volontaires, lui ôta son bonnet du bout de sa pique et la blessa légèrement, tandis qu'un autre égorgeur lui jetait une bûche dans les reins. La princesse tomba et fut criblée de coups. On lui ôta ses vêtements ; elle resta ainsi près de deux heures exposée, nue, à la risée lubrique de la foule. On la traîna ensuite jusqu'à la borne située à l'angle des rues du Roi-de-Sicile et des Ballets, sur laquelle on appuya sa tête qu'un nommé Grison scia avec son couteau et mit au bout de sa pique. Le perruquier Charlat lui ouvrit la poitrine, lui arracha le cœur qu'il plaça au bout de son sabre, tandis que suivirent d'autres mutilations obscènes et sanguinaires ».
On raconte que, tandis que sa tête est promenée au bout d’une pique jusqu’à la tour du Temple où elle est agitée devant les fenêtres de l'appartement de Marie-Antoinette qui s'évanouit, son corps est transporté sur des kilomètres, profané, jusqu’au comité civil de la section des Quinze-Vingts. Enfin, la tête est portée à son tour par un garçon boucher nommé Allaigre au comité, à sept heures du soir, après avoir été repoudrée, afin d’être « inhumée auprès du corps » dans une tombe du cimetière des Enfants-Trouvés. Quelques heures plus tard, le duc de Penthièvre dépêche son fidèle valet Fortaire pour tenter de retrouver sa dépouille, en vain.
La mort de la princesse de Lamballe peinte en 1908 par Léon-Maxime Faivre
Qu'on est bien dans la France d'aujourd'hui !
Mais je rêve ! C'est ça Paris ?
Eh oui, nous sommes ici dans l'ancien village de Passy et ici commence la rue Berton, un étroit sentier entièrement pavé se faufilant entre de hauts murs aveugles.
La végétation se sent reine ici ! En bonnes randonneuses, nous avons mis les chaussures ad hoc heureusement.
De place en place des chasse-roues comme celui-ci : ils évitaient autrefois aux roues des charrettes cerclées de fer d'endommager les murs des propriétés.
Le groupe passe devant l'entrée secondaire de la maison où Balzac habita entre 1840 et 1847, sous le nom de "Monsieur Breugnol", un pseudonyme qu'il avait pris pour échapper à ses créanciers. Cette issue donnant sur la rue Berton lui sauva plus d'une fois la mise !
On aperçoit au fond l'immeuble de la rue Raynouard faisant face à l'entrée principale de la maison de Balzac.
Près du porche, une borne date de 1731 : il est écrit sur la plaque de marbre qu'elle servait à délimiter les seigneuries d'Auteuil et de Passy mais il paraîtrait que ce soit faux. Elle s'appelait autrefois la rue du Roc.
Serait-ce de celui-ci qu'il s'agit... ?
Un peu plus loin, un escalier dont Guillaume Apollinaire dira qu'il est "très étroit et très raide" permet d'accéder à la rue Raynouard.
Cet immeuble, considéré de nos jours comme un joyau architectural, situé au numéro 51-55 a été créé et a été le lieu de vie d'Auguste Perret dont Anne-Marie vous a déjà parlé. Il est actuellement le siège de l'Union internationale des architectes.
Au numéro 47, se trouve l'entrée principale de l'ancienne maison où Balzac écrivit plusieurs de ses meilleurs romans. Il lui a été adjoint un musée où l'on peut voir ses appartements, des portraits de l'artiste et des personnages de La Comédie Humaine, mais aussi des peintures, dessins et gravures, car il était amateur d'art. On peut découvrir également du mobilier, des objets, et son cabinet de travail resté intact.
Naturellement, même si Balzac jouissait à son époque d'une belle vue sur la Seine, la tour Eiffel n'est arrivée que plus tard !
Redescendant la rue Raynouard, nous passons devant un immeuble qui porte une "pelle Stark" : à cet emplacement, s’élevait au 18e siècle une vaste propriété comprenant un élégant hôtel particulier, l’Hôtel de Valentinois, sis dans un parc d’environ quatre hectares, et comprenant divers bâtiments, dont une orangerie et un petit pavillon.
L'Hôtel de Valentinois peint depuis l'actuelle rue Raynouard dans les années 1770 par Alexis-Nicolas Pérignon. (Musée Carnavalet)
Le potager de l'Hôtel de Valentinois en 1780 par Alexis-Nicolas Pérignon
(National Gallery of Art - Washington)
C’est dans ce cadre enchanteur que vécut, de 1777 à 1785, Benjamin Franklin, qui fut représentant spécial puis premier Ambassadeur de l’histoire des Etats-Unis en France. Il y reçut de nombreux visiteurs : Turgot, Buffon, d’Alembert, Condorcet, Malesherbes, La Rochefoucauld, Mirabeau, et bien sûr Beaumarchais, chargé d’acheminer l’aide financière aux Insurgés américains. C’est également à Passy que Franklin rencontra plusieurs fois le jeune Marquis de La Fayette, avant son départ pour l’Amérique.
Un médaillon représentant Benjamin Franklin, apposé à l'angle de l'immeuble, signale qu'il fit installer ici le premier paratonnerre construit en France.
Nous traversons maintenant la rue des Vignes qui témoigne du passé viticole de Passy. Jusque son annexion en 1860, Passy était un village peuplé de cultivateurs, de vignerons et de carriers. Les vignes occupaient près d’1/4 de la commune en 1789.
André Chénier fut arrêté le 7 mars 1794 tout près de la rue des Vignes, rue Bois-le-Vent, alors qu'il était chez des amis. Impliqué dans une affaire qui permettait à la justice de l'époque d’exécuter les suspects sans les entendre, il est condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, pour avoir "recelé les papiers de l'ambassadeur d'Espagne" (il s'agissait "d'acheter" les votes de Conventionnels pendant le procès de Louis XVI). Fouquier-Tinville s'adressera à lui pendant son procès en lui disant la phrase suivante : "La République n'a pas besoin de poète". André Chénier est guillotiné le 7 thermidor (23 juillet).
La rue des marronniers porte ce nom car elle a remplacé une allée plantée de marronniers qui dépendait de l'ancien parc du Château de Passy.
Et le Château de Passy me direz-vous, qu'en est-il ?
Hélas, trois fois hélas, il n'en reste que cette plaque apposée sur le mur de l'un des immeubles actuels.
Autrefois, c'était ça !
Passy et Chaillot vus depuis la plaine de Grenelle
(Charles-Léopold Gervenbroeck -1743)
Il y a d'ailleurs sur cette toile plusieurs châteaux ou hôtels particuliers en enfilade. Au premier plan, le Château de Passy, puis l'Hôtel de Lamballe (le bâtiment en rouge sur le tableau) devant l'Hôtel de Valentinois...
Dans la rue de l'annonciation, l'actuelle église de Passy, Notre-Dame de Grâce.
La population de Passy dépendait autrefois de la paroisse d’Auteuil, qui était assez éloignée. Aussi, en 1666, Claude Chahu, Conseiller du Roi, Trésorier Général des Finances et seigneur de Passy, obtint de l’archevêque de Paris la faveur d’ériger une chapelle qui fut Notre-Dame de Grâce : en 1672 le village de Passy était érigé en paroisse distincte et indépendante.
Voici tout ce qui reste de la chapelle Notre-Dame de Grâce, son clocher.
Entrée de la galerie marchande Passyplaza au 53 rue de l'Annonciation
Dans une cour..., un atelier d'artiste : c'est celui de Sarah Lavoine
La rue de l'Annonciation est une rue très animée et commerçante.
Dans la rue Lekain voisine, Anne-Marie nous montre l'emplacement de l'ancien cimetière de Passy qui a été déplacé en 1802 sur la place du Trocadéro.
A l'angle de la rue Lekain et de la rue de l'Annonciation, une boutique qui chatouille les papilles : "Aux merveilleux de Fred", cette pâtisserie artisanale française (qui est installée dans le monde entier) a établi ici l'une de ses succursales. Elle met à l'honneur les spécialités traditionnelles des Flandres.
Voici les "Merveilleux" individuels : ils sont composés de meringue et de crème fouettée au chocolat enrobée de copeaux de chocolat noir.
Appétissantes également ces brioches au chocolat, fabriquées sous les yeux des passants, non ?
Ici se termine notre promenade : nous voici arrivés à la rue de Passy, l'artère principale du village.
Anne-Marie nous montrer ici l'arrivée d'un train dans l'ancienne gare de Passy.
La ligne d'Auteuil, longue de sept kilomètres, fut la seconde étape, (après l'établissement de la ligne de ceinture sur la rive droite et avant la construction de la ceinture rive gauche), de la réalisation d'un chemin de fer qui devait à terme faire le tour complet de Paris et permettre, entre autres, de relier entre elles les grandes gares parisiennes.
L’ancienne gare de Passy, reconvertie en restaurant et située à l’angle du boulevard
de Beauséjour et de la chaussée de la Muette, est de nos jours superbement conservée. Aucun ajout ne vient en perturber l’esthétique.
La boucle est bouclée : un grand merci à Anne-Marie pour cette après-midi de dépaysement. J'ai encore une fois appris beaucoup de choses en suivant sa promenade.