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Le quotidien des parisiens sous l'occupation

Nous sommes allés cette semaine voir une exposition au quartier latin dans un très

bel édifice, le réfectoire des Cordeliers, seul élément restant de cet ancien couvent du XIIIème siècle ainsi appelé à cause de la corde qui ceignait la robe des moines.

Refectoire-des-Cordeliers.jpg

Il s'agit d'une exposition de photos

sur le quotidien des parisiens sous l'occupation.

 Affiche expo

 Dans la vaste salle du réfectoire est organisé un parcours qui permet de passer

en revue la guerre sous tous ses aspects. Des vélos d'époque avec d'ingénieuses projections témoignent des difficultés que rencontrent les parisiens à circuler en voiture, restrictions d'essence obligent.

 Un vélo

 et les paroles désormais célèbres de "Radio Paris est allemand"

semblent s'échapper d'un poste de radio d'époque.

  Poste de radio

 Ci-dessous, la présentation de l'exposition faite par le Commissaire de l'exposition.

 Présentation

1940-1944 : Paris, capitale pluriséculaire de la France, perd durant quatre années ce statut.

 Désertée par l’Etat français qui maintient néanmoins ses appareils répressifs, elle devient la capitale allemande de la France où l’occupant règne en maître. Les réquisitions et les pillages, les persécutions et la répression, le froid et la faim, la guerre qui se poursuit, mais également la lutte ou plutôt les luttes à leur encontre, transforment la vie des Parisiens.

 Ces bouleversements ne s’affichent cependant pas tous avec la même évidence dans l’espace public. Restituer leur présence et leur visibilité suppose d’abord se défier des images le plus souvent conçues à chaud pour signifier que la vie continuait et que Paris était toujours Paris, en apprenant à les lire. La retraversée d’images connues, la présence « d’images rebelles » et de certains documents exposés pour la première fois voudraient contribuer à montrer comment, par ces temps d’exception, le quotidien se brouille et comment d’apparentes continuités peuvent masquer des pratiques radicalement nouvelles, propres à subvertir ou transcender l’ordinaire.

 Articulation

1- L’ordinaire à l’épreuve
Parce que Paris est désormais la capitale allemande de la France, l’espace public s’en
trouve spectaculairement bouleversé et l’ordinaire de la vie de chacun affecté, que ce
soit par les réquisitions, les rationnements ou les persécutions imposées par l’occupant. Les photographies d’agence privilégient le pittoresque ou l’inattendu, propre à séduire ou faire sourire, mais taisent ou travestissent les souffrances ; à moins qu’elles n’aient vocation à dénoncer les bombardements alliés…

 C'est ainsi que dans la presse, on peut voir le Paris souriant

Plantation de poireaux devant le Louvre pour les oeuvres du Secours national

(Photo agence Roger Viollet)

 plantation de poireaux au Louvre

 cachant la vérité du quotidien des parisiens

 Barricades entourant la ville : ici porte d'Italie

(collection particulière)

Les-barricades-Porte-d-Italie.jpg

 2- Présence allemande
Le 10 juin 1940, les Parisiens apprennent que le gouvernement a quitté la capitale,
déclarée « ville ouverte » le 13 et occupée le 14. Dès lors, la présence allemande est
visible, palpable…

 Présence allemande

 Orchestre militaire allemand place de l'Opéra

 3- Le Paris des collaborations
Autour du pouvoir national-socialiste gravite un nouveau « Tout-Paris », société
composite formée de Français de conviction nazie, d’opportunistes et d’hommes de main
parfois libérés des prisons de la République par l’occupant. Des groupes et des partis
rémunérés par les Allemands ont pignon sur rue, comme le Parti populaire français de
Doriot ou le Rassemblement national pop ulaire de Déat. Ils s’appellent eux-mêmes les
collaborationnistes…

 C'est ainsi que des journaux titrent

Collaborationnistes-copie-1.JPG

 4- L’antisémitisme
Que voit-on des politiques antisémites nazie et vichyste dans les rues de Paris ? D’abord
les affiches nazies, images repoussantes censées propager le dégoût et la haine. « En
aurons-nous assez vu des horreurs, des grossièretés et des âneries sur nos pauvres
murs ! » s’exclame la jeune diariste Berthe Auroy en décembre 1940…

 Une exposition est même organisée au Palais Berlitz, l'actuel Gaumont Opéra Premier, ayant pour titre "Le juif et la France" montrant les juifs, aussi bien physiquement que moralement sous des traits particulièrement caricaturaux.

 Expo Le Juif et la France

  Les actualités allemandes font la propagande de l'exposition

dans les salles obscures comme le montrent ces archives de l'INA.

  

Les communistes qui sont également le point de mire de l'Allemagne nazie,

font eux aussi l'objet d'une exposition intitulée  "Le bolchevisme contre l'Europe".

 Le bolchévisme contre l'Europe

 Une campagne d'affichage montre une femme repoussant l'ennemi

pour protéger ses enfants et incite les parisiens à se rendre à la salle Wagram.

 Expo Le Bolchevisme contre l'Europe 2

5- Brouillages du quotidien
Les activités sportives, culturelles ou scolaires, soit le quotidien des Parisiens, perdurent
face à l’épreuve qu’est l’Occupation. Certaines photographies réalisées à l’instigation des
services de propagande de Vichy offrent de la ville une image débonnaire …

 6- Paris a faim, Paris a froid

Dans ce quotidien de pénurie où les rutabagas tiennent une place privilégiée, se forment d’interminables files d’attente devant des magasins peu achalandés tandis que se développe un ingénieux système-D, à base de récupération et de produits de substitution…

 Cependant, le Préfet de Paris triche auprès du gouvernement de Vivhy

sur le recensement pour pouvoir nourrir ses concitoyens.

 Queue devant une boulangerie de la rue Lepic

 Queue chez le boulanger

 7- Produire

Dès l’hiver 1940, le tissu industriel et commercial de la capitale se recompose en fonction
des intérêts de l’occupant. Dès lors, les secteurs que le Reich tient pour stratégiques pour
la poursuite de la guerre tournent à plein rendement alors que ceux qui ne travaillent pas
pour lui connaissent une crise majeure…

 Revendiquer
Le 9 novembre 1940, les confédérations syndicales ouvrières et patronales sont dissoutes
par décret. Dans l’attente de « l’organisation sociales des professions » dont la Charte du
travail se voudrait l’expression, les syndicats existants, leurs fédérations, unions locales
et départementales échappent provisoirement à la dissolution…

 8- La guerre continue
La Commission allemande d’armistice, siégeant à Wiesbaden, a dressé la liste des
matériels dont elle ordonne la fabrication : véhicules divers, produits chimiques, matériel
de transmission, machines-outils, matériel d’armement, munitions. Les représentants du
gouvernement français objectent, en vain, le risque de provoquer des bombardements
alliés sur la capitale…

 C'est ainsi que les Usines Renault sont bombardées en avril 1943 par les alliés.

Louis Renault qui en est le patron fabrique en effet des chars pour l'Allemagne...

 Usine-Renault-copie-1.jpg

9- Résistances
Toutes les formes d’action sont clandestines, mais certaines émergent au grand jour par
moments : inscriptions sur les murs, papillons, tracts et journaux clandestins, pour
informer, transmettre des consignes et soutenir le moral des populations ; manifestations
de ménagères et pillages de magasins d’alimentation ; organisation d’attentats et de
sabotages pour nuire à l’occupant et démoraliser ses troupes…

 Une invention pour lancer des tracts : la tapette à souris !

 Tapette à tracts

 Tracts

 Tract 

10- Répressions
Capitale allemande de la France et chef-lieu judiciaire du régime de Vichy, Paris est un
haut lieu de la répression. Pourtant celle-ci s’affiche peu. Ni l’occupant ni les autorités de
Vichy ne souhaitent lui donner une publicité qui risquerait d’informer la population sur la
réalité du régime et sur l’importance de la Résistance…

 Cet avis est diffusé à la population parisienne

 Avis contre les anglais

 Une affiche est aussi placardée dans les rues de la ville dénonçant les attentats

d'un groupe de résistants commandés par Missak Manouchian. Connue sous le nom d'affiche rouge et voulant faire passer ces combattants pour de véritables terroristes,

elle n'obtiendra pas l'effet escompté sur l'opinion des français.

L'affiche rouge

En 1959, Léo Ferré fera une chanson sur cette tragédie à la mémoire des 22 hommes fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944 et de Olga Bancic, la seule femme du groupe, décapitée quelques mois plus tard à Stuttgart.

 

Souvenons-nous !

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