Déjà un mois que nous avons visité avec Anne-Marie le quartier des Batignolles et je trouve seulement aujourd'hui le temps d'en relater le déroulement. Identifier les photos, leur donner un nom, puis les retoucher parfois avant de finalement les mettre dans ce blog avec quelques mots autour, cela prend du temps finalement et..., en ce moment je cours sans cesse après !
Le rendez-vous était donné au métro La Fourche que nous avons rejoint, Évelyne et moi, pour 14h30 pétantes : l'heure, c'est l'heure... Anne-Marie recense son petit monde dans le Square Ernest Chausson : nous sommes une petite vingtaine aujourd'hui : cool !
Et c'est le départ pour une balade de deux heures environ. Premier arrêt : la Cour Saint-Pierre, une impasse prenant sur le boulevard de Clichy et un vrai havre de paix dans ce quartier plutôt animé.
Nous rejoignons ensuite la Cité Lemercier qui donne dans la rue du même nom.
C'est au N°11 que Jacques Brel séjourna à son arrivée à Paris, dans un petit hôtel où il resta jusqu'à son départ pour les Iles Marquises. Une plaque en cuivre le rappelle au visiteur curieux.
L'immeuble ne présente guère d'intérêt architectural par ailleurs.
Mais l'ensemble des petits immeubles clos par de jolies grilles en fer forgé est plaisant.
Un petit détour par la rue de la Condamine pour admirer un bel immeuble haussmannien.
Et cette petite maison, coincée entre deux immeubles, n'a-t-elle pas du charme... ?
Qu'a dit Anne-Marie sur celui-ci ? Je ne sais pas car, comme toujours, je suis à la traîne... En tout cas, il surprend le passant.
Une très jolie boutique de fleuriste, rue Legendre.
Au fait, voici le plan (très approximatif) de la balade que nous avons faite.
En sillonnant ce quartier, je repense avec émotion à ma tante Léa (une grand-tante) qui a d'abord été femme de ménage à la Gare Saint-Lazare puis concierge au 14, rue de Bizerte et dont le petit-fils (Guy, un garnement qui faisait damner sa mère et ses grands-parents) deviendra plus tard Directeur de la Gare... Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai marqué d'une flèche l'immeuble dans lequel elle habitait et où je venais souvent déjeuner avec mes parents étant petite...
Au 76 de la rue Nollet se trouve un immeuble de pierre et de brique fort élégamment sculpté. Je ne vous dis pas le prix que cela devait représenter... En tout cas, l'architecte s'est fait plaisir.
C'est le cas aussi de cet immeuble situé au 43 de la rue du même nom.
Chemin faisant nous arrivons devant l'ancienne usine électrique de la rue des Dames.
Cette usine de production d'électricité fonctionnait au moyen de machines à vapeur. Le bâtiment inscrit aux Monuments historiques abrite désormais des services EDF-GDF.
On continue avec l'architecture avec cet immeuble à oeil de boeuf du 7 rue Bridaine.
Mais quel est la raison de cet attroupement ?
C'est qu'ici, au 13-15 de la rue Lamandé, se trouve l'ancienne école polonaise des Batignolles comme le suggère l'aigle de la grille en fer forgé qui la clôture.
L'Ecole a été fondée en 1842 à l'initiative de l'émigration massive qui suivit la guerre polono-russe de 1830. Les bâtiments qui la composent entourent une élégante courette.
L'Eglise Sainte-Marie des Batignolles se trouve au bout de la rue du même nom. Elle a la forme d'un temple grec et son fronton triangulaire est soutenu par quatre colonnes. C'est l'une des rares églises à ne pas posséder de clocher. Sa construction commence en 1828 grâce à des dons du Roi Charles X et de la comtesse d'Angoulême.
Chemin faisant, nous arrivons Place du Docteur Félix Lobligeois : ici se trouve une très jolie fontaine Wallace, la véritable comme nous apprend Anne-Marie (que l'on reconnait à l'anneau qui permettait d'accrocher une timbale autrefois). Comme il fait beau, celle-ci a été une providence pour les "randonneuses" que nous sommes ! Contrairement à ce que je pensait, leur "architecte" n'est pas du tout Sir Richard Wallace (qui les finança) mais Charles-Auguste Lebourg : l'argent a fait la différence...
Tout à côté se trouve le Square des Batignolles.
Que fait cet oranger tout seul dans cette serre ? Il doit s'ennuyer je pense...
Tout comme le Parc Montsouris, le Parc Monceau ou encore les Buttes-Chaumont, il possède sa rivière, sa cascade, son lac et sa grotte. A cette époque, on aimait le romantisme...
et tout comme dans ces autres parcs créés par Jean-Charles Alphand, les balustrades sont en ciment imitant le bois : un style à la mode au XIXème siècle.
La pièce d'eau comporte une sculpture en pierre noire de Volvic.
Les Vautours de Louis Monard (1930).
Un arbre qui a dû voir passer beaucoup de monde...
Une des allées du Square porte le nom de la chanteuse qui le traversait autrefois : Barbara l'a en effet immortalisé dans sa très belle chanson "Perlimpinpin".
Au sortir du Square, des hommes "tapent le carton"...
En face se trouve le chantier du nouveau quartier des Batignolles qui accueillera d'ici à les nouveaux locaux du Quai des Orfèvres : la cité judiciaire de 160 m de haut, imaginée par l'architecte Renzo Piano (vous savez : l'architecte du Centre Pompidou) est attendue pour 2017. Que va nous réserver l'architecte italien cette fois-ci... ?
Nous rejoignons la rue Brochant : c'est dans cet immeuble qu'est justement née Barbara, de son vrai nom Monique Andrée Serf.
En enfilant la rue Brochant jusqu'au métro du même nom, nous arrivons à la Cité des Fleurs. Il s'agit d'une voie privée donnant sur le Boulevard de Clichy et débouchant sur la rue de la Jonquière au nord. L'accès au public n'est possible que de jour, un peu comme dans les parcs parisiens.
Il est 17 heures : nous avons donc tout le temps d'y faire un petit tour et d'écouter les explications que nous en donne Anne-Marie.
Ce véritable "village dans la ville" date de 1847. La Cité des Fleurs possède en effet une église, une école, une crèche (à l'époque c'était celle de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest) et même une clinique (Catherine Deneuve et Françoise Dorléac y sont nées).
Son origine remonte à la création par Ernest Goüin en 1846 de la première société de construction de machines ferroviaires à Paris (dans le village des Batignolles). Celui-ci se spécialise dans la construction de locomotives et de machines de filature et sa société ne cesse de s’accroître employant rapidement 2 000 personnes (qu'il faut loger...). Plus tard la fabrique des Caramels Valentin-Picards puis la fabrique des Poupées Gerb's s'implanteront également dans ce quartier avec leur personnel.
La Cité des Fleurs est constituée d'une voie centrale bordée de maisons et d'hôtels particuliers, rythmée par trois placettes circulaires.
Les conventions passées en 1847 et 1850 entre les fondateurs pour être appliquées par chaque acquéreur des lots de terrain sont particulièrement détaillées : leurs statuts définissent, entre autres :
► l'alignement des façades
► le nombre d'étages constructibles
► la hauteur des murs mitoyens
► la disposition des cours et des jardins
► les arbres obligatoires
► la présence de murets surmontés de grilles de clôture entre les pilastres en pierre de taille, toujours placés en vis-à-vis de part et d'autre de la voie et surmontés d'un vase Médicis d'un modèle unique.
Ils contiennent aussi les droits et devoirs applicables aux propriétaires, aux habitants et au public ainsi qu'en témoigne encore cette pancarte.
C'est là où je regrette de n'avoir pas plus grandi ! Les grilles sont hautes et gardent bien l'intimité de leurs habitants... (heureusement)
Les fameux vases Médicis
Arrondi d'une placette
Des trésors d'architecture se cachent derrière ces hautes grilles.
Le métro Guy Mocquet n'est pas loin... Prochain rendez-vous pour la prochaine balade d'Anne-Marie (mon Dieu mais c'est demain : j'espère qu'il fera beau !) "Les derniers jours de la Commune de Paris".