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Le Neveu de Rameau à l'Université Paris-Diderot

Est-ce nécessaire de le rappeler ?

Je suis une afficionada de l'Université Paris-Diderot.

Plusieurs bonnes raisons à cela : la première est qu'elle se trouve dans mon arrondissement, le 13ème, et de surcroît dans un quartier en plein développement qui me réserve toujours quelques surprise. La deuxième, c'est que les manifestations qui s'y déroulent sont toujours d'une excellente qualité. La troisième, c'est que, étant abonnée à la newsletter de l'Université, je reçois régulièrement des invitations du Service Culture et qu'en plus, les spectacles sont... gratuits !

Ah, j'oubliais : il y a toujours aussi un excellent buffet salé/sucré avant le spectacle.

Quatre bonnes raisons de ne pas me priver !

Hier soir, j'étais donc, en compagnie de mon amie de cartonnage, Agnès, invitée à aller voir "Le neveu de Rameau" de Diderot. Je dois vous avouer que ma lecture de Diderot remonte à mes années de lycée (faites le calcul) et que c'est avec une petite appréhension que j'ai pris place dans l'amphithâtre Vilgrain. Celui-ci était plein à craquer : quelques 300 spectateurs avaient pris place sur les sièges réservés d'habitude aux étudiants. Mais cette inquiétude fût de très courte durée : le claveciniste Olivier Baumont nous charma tout de suite en jouant l'ouverture de cette pièce à deux acteurs écrite entre 1762 et 1772 par Denis Diderot. Gabriel Le Doze  incarnant le Philosophe (Moi) nous annonça la couleur, via Diderot, dès le début : "Mes pensées, ce sont mes catins". Les pensées vues... comme des prostituées ! Le ton de la mise en scène de  Jean-Pierre Rumeau est donné : les deux personnages sont pleins de vitalité, de jeunesse et de modernité. Ainsi est le "Neveu de Rameau" (Lui) joué par l'excellent Nicolas Vaude : un jeune homme marginal, voyou hors du commun, accablé par la réussite de son oncle, le célèbre Rameau.

La scène se passe à Paris, au café de la Régence près du Palais Royal. Une table de café, un fauteuil et deux jeux d'échecs sont les seuls décors de cette pièce en un acte qui consiste en un dialogue à bâtons rompus entre les deux protagonistes : le neveu de Rameau est à la fois artiste, philosophe, fantasque et cynique ; comparé au "Neveu", le philosophe incarne lui la réflexion. Il a surtout pour but de donner la réplique au "Neveu".

 "Le Neveu de Rameau" ne fut pas publié du vivant de Diderot, celui-ci s'y étant refusé. Goethe traduisit cette oeuvre en allemand en 1805. Ce qui est étonnant, c'est que la première édition française  (1821) ne fut pas la version originale de Diderot mais une traduction de cette traduction. Ce n'est qu'en 1891 (plus d'un siècle après sa mort), que le manuscrit autographe, retrouvé par hasard chez un bouquiniste, permit enfin de faire connaître le texte original de cette oeuvre de Diderot.

Encore une excellente soirée à l'Université 
Cela donnerait presque envie de retourner sur les bancs ! Mais seulement si les cours étaient à la hauteur de la qualité de cette pièce et de son interprétation, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas.
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