L'histoire d'un paquebot
Depuis que nous allons dans le Roussillon, nous voyons toujours sur la plage du Barcarès ce grand paquebot échoué : il s'agit du Lydia. Cette année, une exposition permet d'en retracer l'histoire.
L'histoire du Lydia commence en 1927 lorsqu'une compagnie de navigation sud-australienne, l'Adélaïde Steamship Company, décide de renforcer la flotte d'un paquebot mixte (mi-passagers - mi-marchandises), destiné à être exploité pour une circumnavigation autour du golfe de Spencer, sur la côte Sud de l'Australie : ce sera le MV Moonta. Le paquebot - construit au Danemark - inaugurera l'époque des croisières : il naviguera de 1927 à 1955.
Son parcours de 6 jours et son prix attractif (seulement 6 livres australiennes) attirent de nombreux touristes en quête d'évasion (il sera le "chouchou" des jeunes mariés voyant là l'occasion d'un voyage de noces original et peu onéreux).
"La Croisière s'amuse" avant l'heure !
Le trajet du Moonta
En 1955 , le développement des transports routiers entraîne sa mise en vente. Il a parcouru 390 000 kms et transporté 95 000 passagers !
Bien qu'il n'ait pas été mobilisé pendant la seconde guerre mondiale, il sera équipé d'un canon sur le pont arrière et de lumières de pont bleues. A bord, pas de changement notoire sinon des menus dits "d’austérité"... Le canon fut déposé en 1945 juste après la reddition du Japon sans jamais avoir tiré un coup de feu sinon pour l'exercice.
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En 1950, les compagnies maritimes grecques sont en pleine expansion - elles feront la fortune d'un certain Aristote Onassis... -. Le Moonta intéresse donc rapidement l'une de ces compagnies, la Hellenic Mediterranéan Line, qui décide d'acquérir le paquebot pour l'affecter en Méditerranée.
Elle lui donnera le nom de Lydia en souvenir de l'antique province grecque d'Orient, la Lydie.
Arrivé en Grèce, il passe par les chantiers navals du Pyrée et subit quelques transformations : sa capacité est doublée passant de 157 à 280 passagers et l'on installe quatre canots de sauvetage supplémentaires.
Le navire est divisé en 3 classes : 51 passagers pour la première classe, 106 pour la seconde et 123 en troisième classe dans un grand dortoir situé à l'avant du navire. Le navire peut aussi embarquer 180 "embarquants" supplémentaires en "plein air" sur la plage avant pour les courtes traversées.
Dans les années 1960, le monde change et se transforme : finies les premières classes et classes touristes : désormais il n'y aura plus qu'une seule classe de passagers.
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En 1966, le navire qui a alors 35 ans, est désarmé et mis en vente, probablement pour être démoli. L'avenir en décidera autrement grâce à la volonté du Sénateur-Maire d'Argelès, Gaston Pams, qui va lui donner une nouvelle vie.
La France du Général de Gaulle a en effet décidé de créer de toutes pièces, sur le littoral du Languedoc-Roussillon, de nouvelles stations balnéaires pour accueillir les touristes que les trente glorieuses ont vu émerger. Le Lydia va devenir la pièce-maîtresse de l'une d'elle, Port-Barcarès.
L'arrivée du Lydia au Barcarès le 11 juin 1967
L'idée d'échouer un navire est géniale, la réalisation est plus complexe : ce n'est pas une mince affaire que de poser sur la plage, 3 mètres au-dessus du niveau de la mer, un bâtiment de 90 mètres de long et pesant 2600 tonnes !
Le schéma ci-dessous montre comment on a d'abord creusé un chenal sur la plage pour y faire flotter le bateau (étapes 1, 2, 3 et 4) avant de combler l'espace par du sable (étapes 5, 6 7, 8 et 9).
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L'opération d'échouage est un succès : près de 5000 personnes pas jour viennent assister à la mise à terre du paquebot. Pierre Dumayet, pour l'émission "cinq colonnes à la Une", mais aussi les télévisions étrangères couvrent l'événement.
Dès l'ouverture, c'est un succès immédiat : 12 000 personnes par jour se pressent pour visiter le navire. En 1967 on en comptera 300 000.
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En 1973, le Lydia est vendu à des japonais (Kuniko Tsutsumi) qui décident d'en faire un casino de luxe de renommée internationale.
Le Lydia devient le lieu incontournable de la Jet-Set. On peut ainsi croiser au Lydia Johnny Halliday et Françoise Hardy, Claude François, Daniel Guichard, Michel Polnareff, Sylvie Vartan, Michel Fugain et bien d'autres encore. La présentatrice vedette de la télévision, Danielle Gilbert, y présentera tous les étés ses magazines de la mi-journée. Madame Soleil y réalise ses prédictions astrologiques depuis les ponts du bateau.
Pendant cette période de luxe vont se presser tous les amis de Kuniko Tsutsumi : le couturier Ted Lapidus, le présentateur Georges de Caunes, Madame Soekarno, ou encore des artistes comme Mort Schuman, Claude Nougaro, Guy Marchand, Michel Leeb, Roland Magdanne et bien d'autres...
La réouverture des casinos en Espagne après la mort de Franco et une gestion catastrophique vont bientôt avoir raison de l'aventure. En 1981, le groupe japonais décide de se séparer du Lydia qui passera ensuite entre les mains de trois groupes différents.
Un certain nombre de films y ont été tournés aussi tel "L'alpagueur" de Michel Labro avec Jean-Paul Belmondo.
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Racheté en 2010 par la commune du Barcarès, il entame aujourd'hui une nouvelle vie grâce aux importants travaux de rénovation dont il fait l'objet. L'exposition a été conçue par l'Office de Tourisme qui est hébergé dans le paquebot.
A l'entrée une salle présente toutes sortes de coquillages, madrépores et coraux trouvés en mer.
On accède ensuite aux autres parties du bateau qui ont été scénarisées.
Le grand escalier
Après avoir visité les intérieurs, un petit tour sur les différents ponts...
Vers la proue du navire
La cabine de commandement
Ça fait rêver, non ?
On embarque ?
Pour notre part, nous allons plutôt débarquer car la visite est terminée !
On se sent tout petit tout de même...
Bon, un peu chère la visite du bateau (7 euros) mais on avait une après-midi à occuper !