Nous avons fait ce lundi, en compagnie d'Evelyne et d'André de passage à Paris, une visite particulièrement intéressante de la Cité internationale Universitaire. Celle-ci, située dans le 14ème arrondissement, couvre les 34 hectares laissés vacants par la démolition des anciennes fortifications de Thiers construites entre 1840 et 1845 et qui entouraient Paris entre le Boulevard Jourdan et le périphérique actuel.
Ici un tableau de Van Gogh montrant les fortifications en 1887.
La Cité internationale Universitaire de Paris, fondation privée reconnue d’utilité publique, réunit 40 maisons, résidences ou fondations. En 2006, la Cité internationale a accueilli plus de 10 000 résidents représentant 134 nationalités. Au sein de chaque maison, le brassage des nationalités et des disciplines favorise l’échange et la rencontre : ainsi les étudiants du pays d'origine de chacune des résidences ne peuvent dépasser 60% du total des résidents, les 40% restants émanant obligatoirement d'autres nationalités.
Outre sa mission d'hébergement, la Cité dispose d'un restaurant et d'une bibliothèque. Elle possède aussi un théâtre ouvert à tous, tourné vers la création contemporaine et qui sert également pour l'organisation de colloques ou de rencontres, de façon à participer à la diffusion des savoirs. Elle ouverte à tous, de 7h à 22h, sept jours sur sept, mais peu de gens la connaissent.
Le projet de création d'un tel lieu émane du mouvement pacifiste de l'entre deux guerres porté, entre autres, par André Honnorat, ministre de l'Instruction Publique de l'époque. Une stèle portant un buste du créateur se trouve d'ailleurs à l'entrée de cette Cité-Jardin.
Le Pavillon André Honnorat est à l'heure actuelle le Centre international de Courts Séjours qui accueille étudiants, enseignants et chercheurs pour des séjours allant de 3 jours à 10 mois après examen de leurs motivations et de leurs revenus et en fonction des places disponibles.
Le Pavillon abritait autrefois le dispensaire de la Cité internationale Universitaire mais celui-ci a laissé la place à l'administration après la construction Boulevard Jourdan d'un grand hôpital devenu aujourd'hui l'Institut Mutualiste Montsouris.
Traversant la grande esplanade, nous nous trouvons ensuite au pied de la Maison Internationale construite dans les années 1930 par l'architecte américain Jean-Frédéric Larson qui s'est inspiré pour la construire de l'architecture du château de Fontainebleau.
A l'intérieur se trouve un grand hall qui donne accès au théâtre.
Trop beau le théâtre : il va falloir que je regarde les programmes !
En traversant le hall, nous accédons à la terrasse depuis laquelle on a une belle vue sur l'arrière de la Cité internationale. L'église de la commune de Gentilly, tout en n'étant pas située dans l'enceinte de la Cité, permet aux étudiants de pratiquer leur culte en empruntant la passerelle qui enjambe le périphérique depuis les années 1960.
Nous continuons notre promenade en nous dirigeant vers l'est et passons près de la Maison du Mexique que l'on reconnait facilement grâce aux fresques aztèques qui en recouvrent les murs. Pour la petite histoire, à la création de la résidence en 1953, il y avait une aile réservée aux garçons et une autre aux filles...
En 2006, la Maison du Mexique a fait l'acquisition d'une réplique grandeur nature (3,60 mètres de diamètre) de la "Pierre du Soleil" conservée au Musée national d'anthropologie de Mexico mais nous ne l'avons pas vue du fait d'un programme déjà fort chargé...
Chaque bâtiment ayant sa propre architecture, voici maintenant la brique rouge du Collège Franco-Britannique qui a été construit pour témoigner de l'amitié entre la France et la Grande-Bretagne suite à la première guerre. L'inauguration a eu lieu en 1937.
Tout près, se trouve le Collège d'Espagne. Dans le petit jardinet qui le ceint se trouve une copie du buste de la "Dame de Elche" conservée au Musée du Prado.
La sculpture originale est conservée au Musée archéologique national d'Espagne à Madrid et est en pierre calcaire. Elle date du IVème siècle avant J.C. et a été découverte en 1897 près d'Alicante : c'est le reste archéologique le plus connu et important de la culture ibère.
Non loin de là se trouve la Maison du Japon et notre guide, qui travaille pour les Monuments Nationaux, nous y fait entrer.
A l'intérieur, comme dans tous les pavillons, se trouve un salon de réception. Celui-ci est particulièrement intéressant car il renferme deux oeuvres du peintre japonais Fujita.
Tsuguharu Fujita, également connu après son baptême en 1959 sous le nom de Léonard Foujita, est un artiste complet : il est peintre, graveur, céramiste, photographe, cinéaste, créateur de mode... D'origine japonaise, il est né à Tokyo en 1886 et arrive à Paris en 1916 où il se lie d'amitié avec Picasso. Il décède à Zurich en 1968 et repose à Reims dans la chapelle Notre-Dame de la Paix qu'il a imaginée et peintre à la fin de sa vie.
Voici un autoportrait du peintre
Deux oeuvres de Fujita sont présentes dans la Maison du Japon : l'une d'elles s'intitule "L'arrivée des occidentaux au Japon" (les portugais furent les premiers à mettre le pied sur le sol nippon au 16ème siècle), l'autre "Les chevaux".
Détail du tableau portant la signature du peintre
Un autre artiste est présent dans la Maison du Japon : il s'agit du français Henri Navarre. Il a notamment exécuté un panneau de bois représentant le soleil levant qui orne le porche d'entrée ainsi que des peintures sur verre situées dans le grand salon.
De là, nous nous dirigeons vers la Fondation Biermans-Lapôtre, qui accueille entre autres les étudiants belges et luxembourgeois. Jean Hubert Biermans et son épouse, Berthe Lapôtre, en sont les mécènes. La fondation Biermans-Lapôtre est l'une des plus anciennes maisons de la Cité internationale. Elle a vu le jour en 1927 grâce à un don très important du couple Biermans-Lapôtre qui avait fait fortune au Canada dans la pâte à papier et qui n'avait pas d'enfant.
La Fondation présente un toit caractéristique de son pays d'origine, en "pas de moineau". Je ne connaissais pas l'expression mais elle est bien imagée. Armand Guéritte, architecte en chef du gouvernement français, en est l'auteur et ma foi, "ça a de la gueule !"
Le porche d'entrée est orné de bas reliefs en pierre. D'un coté sont représentés des étudiants (en bas à gauche), de l'autre des scientifiques (en bas à droite).
.Un petit arrêt pour s'orienter...
Direction maintenant la Fondation Deutsch de la Meurthe, non sans passer au passage devant la stèle qui rappelle qu'Emile Deutsch de la Meurthe est le premier mécène a avoir fait don d'une somme importante pour bâtir un ensemble de 6 pavillons encadrant un beffroi destinés à accueillir les étudiants dont la nationalité n'est pas représentée dans une autre résidence de la Cité. La Fondation accueille aussi 30% d'étudiants français.
Vous êtes à Paris !
Il s'agit de la première résidence ayant été construite dans la Cité.
Les bâtiments ont été construits sur le modèle des universités anglaises (type Oxford). C'est décidé, maintenant quand il fera beau je préfèrerai ce petit havre de paix au Parc Montsouris voisin souvent surpeuplé.
Mais rentrons à l'intérieur du Pavillon par une superbe grille en fer forgé.
L'extérieur vu de l'intérieur : pas mal, non ?
Par les portes vitrées donnant dans le hall, on peut apercevoir le très beau salon qu'il est parait-il possible de louer pour une réunion ou un colloque...
Déja 2 heures que nous arpentons le parc, heureusement sous le soleil...
En traversant la rue Emile Deutsch de la Meurthe, nous gagnons la partie Est de la Cité où se trouve la Résidence Lucien Paye inaugurée en 1951 sous le nom de Maison de la France d'Outre-Mer. De style résolument africain, elle était initialement conçue pour accueillir les étudiants originaires des territoires français d'Outre-Mer. Elle accueille actuellement les ressortissants des pays d'Afrique noire.
On reconnait bien dans les sculptures qui en ornent les murs la patte de l'architecte qui a construit le Musée des Arts Africains et Océaniens de la Porte Dorée (actuelle Cité nationale de l'Immigration). Il s'agit d'Albert Laprade.
Au passage, une petite photo pour la Résidence Hellénique en forme de temple grec naturelish...
La Maison des Provinces de France est ornée, je vous le donne en mille ?
De blasons des provinces françaises !
A l'origine, la Maison des Provinces de France avait été créée pour accueillir les étudiants alsaciens redevenus français après 1918 mais, ayant bénéficié de fonds supplémentaires, elle accueille au final tous les étudiants français, de quelque origine qu'ils soient, ainsi que de nombreux étudiants d'Outre-Mer.
Quant à la Maison des Etudiants de l'Asie du Sud-Est, elle a bien elle aussi un style rappelant son origine et si vous n'en étiez pas certain, des dragons sont là pour vous le rappeler !
Le dragon est à gauche !
Après cette petite promenade printanière, un bon petit chocolat au Chalet du Parc, histoire de se réchauffer un peu : il faisait beau, mais frais ! Décidément, ces étudiants, ils sont bien gâtés : ils ont tout sur place, même le RER jusqu'au quartier latin !
Eh oui, c'était bien ça l'idée : créer un pôle intellectuel à deux pas du centre de Paris.
A l'époque, bien sûr, le RER n'existait pas mais il y avait déjà la ligne de Sceaux qui arrivait jusqu'à Denfert-Rochereau.
Pari réussi !
En "potassant" ce petit article, je me suis aperçue que nous avions encore bien d'autres pavillons à découvrir. L'avantage des visites guidées (en plus des explications du guide), c'est qu'on peut rentrer dans les pavillons mais notre guide justement, nous a dit que si nous y allions en petit nombre, certaines maisons pourraient nous ouvrir leurs portes...
A bientôt donc peut-être pour la suite de la visite !