Les bâtiments du Mobilier National ont été construits en 1937 par l'architecte Auguste Perret, le maître du béton armé, et se trouvent rue Croulebarbe dans le 13ème. A l’heure actuelle, on y conserve, répare et entretient environ 80 000 objets mobiliers et textiles (tapisseries, tapis) mais... les locaux ne sont pas ouverts à la visite.
Ils recèlent pourtant de véritables trésors qu'heureusement la Galerie des Gobelins présente régulièrement à l'occasion des diverses expostions qu'elle organise 2 fois par an.
Cette fois-ci, ce sont les bronzes du Garde-Meuble impérial et royal qui sont à l'honneur dans cette exposition qui regroupe une superbe collection de pendules, de pare-feux et de lustres, d'où son titre : l'heure, le feu, la lumière. J'ai été enthousiasmée par les pendules et ce sont donc surtout elles que j'ai photographiées pour en avoir un souvenir et vous faire partager ces merveilles de l'art du 19ème siècle. L'exposition se tient sur les deux étages de la Galerie : le rez-de-chaussée est tapissé de rouge, le premier étage de bleu...
Cette pendule est intitulée "Une étude". Elle est en bronze doré signée "Le Sieur à Paris" (vers 1805). L'étude engendre des bienfaits comme le traduisent les fruits dans le panier, mais nécessite de l'assiduité comme le suggère le chien, symbole de fidélité.
Une autre figure d'Etude sur cette pendule en forme de borne antique en bronze doré et marbre noir. L'Etude est assise sur un globe suggérant la puissance et l'universalité du savoir : c'est par l'étude qu'on asseoit son emprise sur le monde...
Elle a été acquise pour meubler la chambre à coucher de Letizia Bonaparte, la mère de l'Empereur, au Grand Trianon, puis c'est Napoléon lui-même qui l'a installée dans son cabinet particulier au château de Rambouillet. On la retrouve dans le tableau de François-André Vincent daté de 1804 représentant le Comte de la Forest avec sa femme et sa fille.
Pendule "Fileuse assise sur une fontaine"
Cette pendule a été cédée au garde-meubles en 1812 après avoir fait partie de la chambre à coucher du Roi de Rome, fils de Napoléon 1er.
Pendule "Silence" en bronze doré et marbre vert de mer (1809)
inspirée de la sculpture de Maurice-Etienne Falconet : l'amour menaçant.
Pour rester dans l'enfance, voici une pendule intitulée "L'enfant souffleur de bulles de savon" en bronze doré-patiné et cristal (époque Restauration).
Cette pendule dite "au télégraphe" représente un télégraphe Chappe. Elle marque le goût de l'époque pour les sciences. En bronze doré, elle a été fabriquée en 1806. Installé au sommet d’un arc de triomphe, ce télégraphe témoigne de la tendance marquée sous l’empire, d’intégrer dans les objets décoratifs que sont les pendules des éléments empruntés à l’architecture monumentale. Un Mercure ailé enfantin, messager des dieux, tient le balancier de l'horloge.
Pendule "sympathique" acquise par Louis-Philippe en 1834. les pendules sympathiques présentent la particularité de remettre à l'heure à midi et à minuit la montre qui leur est associée dès lors que celle-ci est insérée dans le "croissant" situé sur la partie supérieure de la pendule. Cette montre a été portée par Louis-Philippe lors de la cérémonie de retour des cendres de l'empeureur Napoléon 1er le 15 décembre 1840.
Pendule en forme de colonne en bronze doré et vert antique (1810) ayant meublé le salon de la dame d'honneur de l'Impératrice au Palais de Compiègne.
Pendule "La chûte de Phaéton" (fin 18ème - début 19ème)
Jupiter foudroie le jeune Phaéton qui, en conduisant imprudemment le char du Soleil son père, allait embraser la terre dont il s'était trop approché, risquant de provoquer une catastrophe universelle. Cette allégorie pourrait faire allusion à la situation politique de la France, où certains appellent à un pouvoir fort garant de l'ordre, après l'agitation et l'instabilité de la période révolutionnaire.
Cette pendule époque second empire en bronze doré et patiné fait écho à l'oeuvre du sculpteur Philippe Magnier "L'Aurore descendant de son char".
Cette autre pendule fait pendant, elle, à une toile de David : Le serment des Horaces.
Quant à celle-ci, datée de 1804, elle représente Hébé, déesse de la Jeunesse et l'aigle de Jupiter et prit place dans le grand salon de l'Impératrice au premier étage du Petit Trianon. Elle pourrait être l'allégorie de la dynamique de rajeunissement du nouveau régime impérial.
Christophe Fratin, qui a signé cette pendule représentant une jument et son poulain (1842-1852), a donné à l'industrie plusieurs modèles d'animaux. Il est réputé pour la finesse de ses observations.
Cette pendule intitulée "Une enfant à la chèvre" est d'une belle facture également. Elle est datée d'avant 1852 et est en bronze doré-patiné et en marbre blanc.
Pendule représentant un trophée de guerre. La figure de l'Histoire écrivant sur un bouclier est là pour montrer que l'histoire s'écrit par les conquêtes. Les trophées rendent hommage aux valeureux militaires qui, comme le propriétaire des lieux, combattent pour leur pays (la pendule a appartenu au Prince Murat puis à l'Empereur où elle était placée dans sa chambre à coucher à l'Elysée).
Cette garniture de cheminée à la gloire de Napoléon III comporte une pendule et deux candélabres (1853-1857). Elle est en bronze doré-patiné et en marbre blanc.
Les deux chiffres qui figurent sur le parchemin sont ceux de deux scrutins essentiels, le premier est son élection comme président de la République le 10 décembre 1848
et le second le plébiscite du 21 novembre 1842 qui ratifie l'avènement de l'Empire.
J'ai aussi admiré quelques belles tapisseries de la Manufacture des Gobelins (bien sûr) comme celle-ci qui représente l'enlèvement d'Orythie, fille du Roi d'Athènes Erecthée, par Borée, dieu des Vents du nord, qui n'ayant pu obtenir sa main l'enleva pour l'emporter en Thrace...
Celle-ci représente Bonaparte distibuant des sabres d'honneur aux grenadiers de sa garde à l'issue de la bataille de Marengo.
Il y a aussi celle-ci, en laine et soie, qui orne l'escalier monumental faisant communiquer les deux niveaux : elle repréente le cabinet du Roi Louis XIV où l'ambassadeur d'Espagne agenouillé baise la main du Duc d'Anjou déclaré roi d'Espagne par son grand-oncle le 16 novembre 1700. Le carton de la tapisserie est de François Gérard.
J'ajoute que j'ai bénéficié pour visiter cette exposition d'une paix royale (un calme olympien si vous préférez !), tous les parisiens s'étant donnés rendez-vous à l'exposition Monet que, par ailleurs, j'ai loupée... On ne peut pas être partout à la fois et je ne regrette rien !kj
jlmq A noter : l'exposition dure jusqu'au 27 février prochain.
Pour une fois, je vous donne une info qui n'est pas encore périmée...