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☻ L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Ce week-end, nous étions partis en balade chez les cousins de Rouen et nous sommes allés voir tous les quatre l'exposition "Les Fables" qui se tient en ce moment au Château de Vascoeuil. Vous savez comme moi que nous fêtons cette année les 400 ans de la naissance de Jean de La Fontaine.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Dès leur parution (1668), Les Fables connaissent le succès de par leur stratégie narrative - mise en scène d’animaux pour critiquer et dénoncer - et déjà par leurs illustrations, car les images ont un impact immédiat et durable. Elles constituent un pan de notre patrimoine culturel et leurs morales font partie de la sagesse populaire.

Mais avant de visiter l'exposition, un petit tour dans les jardins du château qui sont en eux-mêmes un musée en plein air.

Une statue de Jules Michelet qui habita le château.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Hommage à Calder

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Une œuvre, originale cette fois, de Kandinsky

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 Il y a plein de petits cyclamens sauvages près du pont.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Il s'appel Léon : plus vrai que nature ! Une œuvre de Pasquer (2018)

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Décidément, la Direction du château de Vascoeuil aime bien la nature...

Celle-ci est de Miroslav Stastny.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Détente sous le soleil...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Ici on peut se rafraîchir dans ce salon de thé "La Cascade"...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

En vue du Château

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Jacquotte et Roger Capron : Athéna

Ce n'est pas du Nicki de Saint-Phalle mais la femme y est aussi représentée avec tous ses attributs !

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Et maintenant, l'exposition, l'occasion de revisiter les fameuses fables.

En 2004, Lukáš Kándl, peintre français d'origine tchèque, crée “Libellule, Renaissance contemporaine” avec des peintres figuratifs qui se réfèrent aux grands maîtres du passé, dans l’inspiration comme la technique. La dimension internationale du mouvement permet de découvrir les spécificités de chacun des artistes. Thème commun 2021 : les Fables de la Fontaine (1621-1695) pour les 400 ans de sa naissance. 17 artistes ont "interprété" selon leur sensibilité et à leur manière (fantastique, surréalisme et symbolisme) 75 fables.

Dans cette première salle sont exposés les tableaux de Lukáš Kándl qui situe sa peinture quelque part entre le surréalisme et le fantastique

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Les Souris et le Chat-huant - Livre XI (Fable 9)

Ici, pas de morale : La Fontaine explique l'intelligence de la chouette hulotte (c'est l'autre nom du chat-huant) qui sait nourrir les souris avec du blé tout en les mutilant (elle leur coupe les pattes) afin de les manger l'une après l'autre au gré de ses besoins...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Il ne faut jamais dire aux gens :
« Écoutez un bon mot, oyez une merveille. »
Savez-vous si les écoutants
En feront une estime à la vôtre pareille ?
Voici pourtant un cas qui peut être excepté :
Je le maintiens prodige et tel que d’une fable
Il a l’air et les traits encore que véritable.
On abattit un pin pour son antiquité,
Vieux palais d’un Hibou, triste et sombre retraite
De l’oiseau qu’Atropos prend pour son interprète.
Dans son tronc caverneux et miné par le temps,
Logeaient, entre autres habitants,
Force Souris sans pieds, toutes rondes de graisse.
L’oiseau les nourrissait parmi des tas de blé,
Et de son bec avait leur troupeau mutilé.
Cet oiseau raisonnait, il faut qu’on le confesse.
En son temps, aux Souris le compagnon chassa :
Les premières qu’il prit du logis échappées,
Pour y remédier, le drôle estropia
Tout ce qu’il prit ensuite ; et leurs jambes coupées
Firent qu’il les mangeait à sa commodité,
Aujourd’hui l’une et demain l’autre.
Tout manger à la fois, l’impossibilité
S’y trouvait, joint aussi le soin de sa santé.
Sa prévoyance allait aussi loin que la nôtre :
Elle allait jusqu’à leur porter
Vivres et grains pour subsister.
Puis, qu’un Cartésien s’obstine
À traiter ce Hibou de montre et de machine !
Quel ressort lui pouvait donner
Le conseil de tronquer un peuple mis en mue ?
Si ce n’est pas là raisonner,
La raison m’est chose inconnue.
Voyez que d’arguments il fit :
« Quand ce peuple est pris, il s’enfuit ;
Donc il faut le croquer aussitôt qu’on le happe.
Tout ? il est impossible. Et puis, pour le besoin
N’en dois-je pas garder ? Donc il faut avoir soin
De le nourrir sans qu’il échappe.
Mais comment ? Ôtons-lui les pieds. » Or, trouvez-moi
Chose par les humains à sa fin mieux conduite.
Quel autre art de penser Aristote et sa suite
Enseignent-ils, par votre foi ?

Le Chat, la Belette et le petit Lapin - Livre VII (Fable 15)

Où le chat trouve comment arbitrer le différent entre le lapin et la belette...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Du palais d'un jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
S'empara ; c'est une rusée.
Le Maître étant absent, ce lui fut chose aisée.
Elle porta chez lui ses pénates un jour
Qu'il était allé faire à l'Aurore sa cour,
Parmi le thym et la rosée.
Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,
Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.
La Belette avait mis le nez à la fenêtre.
O Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ?
Dit l'animal chassé du paternel logis :
O là, Madame la Belette,
Que l'on déloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays.
La Dame au nez pointu répondit que la terre
Etait au premier occupant.
C'était un beau sujet de guerre
Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant.
Et quand ce serait un Royaume
Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
En a pour toujours fait l'octroi
A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi.
Jean Lapin allégua la coutume et l'usage.
Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis
Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils,
L'ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis.
Le premier occupant est-ce une loi plus sage ?
- Or bien sans crier davantage,
Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis.
C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas.
Jean Lapin pour juge l'agrée.
Les voilà tous deux arrivés
Devant sa majesté fourrée.
Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause.
L'un et l'autre approcha ne craignant nulle chose.
Aussitôt qu'à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre.
Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois
Les petits souverains se rapportant aux Rois.

Les fables des trois premiers livres étaient avant tout destinées à la cour et au Dauphin, à savoir Louis XIV, dans un but éducatif.

Le Corbeau et le Renard - Livre I (Fable 2)

Une interprétation de la fable toute en hauteur...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Le Renard et la Cigogne - Livre I (Fable 18) 

Tout y est : l'assiette et le vase au long bec !

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Le Cygne et le Cuisinier - Livre III (Fable 12)

Le Cygne et le Cuisinier sert essentiellement la mise en valeur de certaines idées des Lumières : l'honnêteté et la valeur de la parole, s'éloignant quelque peu des dénonciations et autres satires habituelles de l'auteur.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le Cygne et l’Oison :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci, pour son goût : l’un qui se piquait d’être
Commensal du jardin, l’autre, de la maison.
Des fossés du Château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l’onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d’un coup,
Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou,
Il allait l’égorger, puis le mettre en potage.
L’oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.
Le Cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu’il s’était mépris.
« Quoi ? Je mettrois, dit-il un tel chanteur en soupe !
Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe
La gorge à qui s’en sert si bien!  »

Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.

Le Lion et le Rat - Livre II (Fable 11)

Deux morales dans cette fable, l'une au début...

Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.

L'autre à la fin.

Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Nous changeons de salle et d'artistes.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Patrizia Comand est une artiste peintre italienne qui a beaucoup travaillé en Amérique latine. En 2005, elle est choisie pour la réalisation du portrait du Pape Benoit XVI pour la Chambre des Papes dans la Basilique de Superga de Turin (Italie). En 2007, elle peint, pour la façade de la Cathédrale de Milan, deux grandes toiles exposées pendant 4 mois.

La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf - Livre I (Fable 3)

Une fable bien connue de tous...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Yu Sugawara est né en 1977 au Japon. Il apprend à l'école de design de Tokyo le design, l'illustration et la peinture. Son œuvre repose principalement sur la métamorphose des portraits.

La Cigale et la Fourmi - Livre I (Fable 1)

Je vous laisse chercher la fourmi...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 Raffaele de Rosa est un peintre italien du groupe "Libellule".

Le Paysan du Danube - Livre XI (Fable 7)

La fable "Le Paysan du Danube" est, en apparence, une dénonciation de l'Empire romain. Mais, en réalité, elle sert à condamner le pouvoir en place à l'époque et son Impérialisme. La morale est ici implicite. Je ne retrace pas la fable qui est immensément longue et super compliquée à comprendre !

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Zoran Ivanovic est né en Serbie en 1952. S'il est peintre (du mouvement "Libellule"), il s'intéresse également à la littérature.

Le Chien qui porte à son cou le dîné de son Maître - Livre VIII (Fable 7)

La morale de la fable est indiquée dans les vers 3 et 4.

« Peu de gens gardent un trésor
Avec des soins assez fidèles ».

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 Nous n'avons pas les yeux à l'épreuve des belles,
Ni les mains à celle de l'or :
Peu de gens gardent un trésor
Avec des soins assez fidèles.
Certain Chien, qui portait la pitance au logis,
S'était fait un collier du dîné de son maître.
Il était tempérant plus qu'il n'eût voulu l'être
Quand il voyait un mets exquis :
Mais enfin il l'était et tous tant que nous sommes
Nous nous laissons tenter à l'approche des biens.
Chose étrange ! on apprend la tempérance aux chiens,
Et l'on ne peut l'apprendre aux hommes.
Ce Chien-ci donc étant de la sorte atourné,
Un mâtin passe, et veut lui prendre le dîné.
Il n'en eut pas toute la joie
Qu'il espérait d'abord : le Chien mit bas la proie,
Pour la défendre mieux n'en étant plus chargé.
Grand combat : D'autres chiens arrivent ;
Ils étaient de ceux-là qui vivent
Sur le public, et craignent peu les coups.
Notre Chien se voyant trop faible contre eux tous,
Et que la chair courait un danger manifeste,
Voulut avoir sa part ; Et lui sage : il leur dit :
Point de courroux, Messieurs, mon lopin me suffit :
Faites votre profit du reste.
A ces mots le premier il vous happe un morceau.
Et chacun de tirer, le mâtin, la canaille ;
A qui mieux mieux ; ils firent tous ripaille ;
Chacun d'eux eut part au gâteau.
Je crois voir en ceci l'image d'une Ville,
Où l'on met les deniers à la merci des gens.
Echevins, Prévôt des Marchands,
Tout fait sa main : le plus habile
Donne aux autres l'exemple ; Et c'est un passe-temps
De leur voir nettoyer un monceau de pistoles.
Si quelque scrupuleux par des raisons frivoles
Veut défendre l'argent, et dit le moindre mot,
On lui fait voir qu'il est un sot.
Il n'a pas de peine à se rendre :
C'est bientôt le premier à prendre.

Mickaël Thomaso est un peintre, dessinateur et sculpteur français qui a fait ses études à Rennes où il est basé.

Le Lièvre et la Tortue - Livre VI (Fable 10)

Une interprétation fort personnelle...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

La Mort et le Malheureux - Livre I (Fable 15)

Cette fable est inspirée du texte d'Esope "Le Vieillard et la Mort".

Un jour un Vieillard, portant du bois qu’il avait coupé,
faisait une longue route.
Succombant à la fatigue, il déposa quelque part son fardeau, et il appela la Mort.
La Mort arriva et lui demanda pourquoi il l’appelait.
Alors le Vieillard épouvanté lui dit: " Pour que tu soulèves mon fardeau "
 ...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Un malheureux appelait tous les jours
La Mort à son secours.
"Ô Mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !
Viens vite, viens finir ma fortune cruelle."
La mort crut, en venant, l'obliger en effet.
Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.
"Que vois-je ! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;
Qu'il est hideux ! que sa rencontre
Me cause d'horreur et d'effroi !
N'approche pas, ô Mort, retire-toi."
Mécénas fut un galant homme :
Il a dit quelque part : "qu'on me rende impotent,
cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme
Je vive, c'est assez, je suis plus que content;"
Ne viens jamais, ô Mort, on t'en dit tout autant.

Nous interrompons un temps la visite de l'exposition pour monter dans la tour du château et rejoindre le Cabinet de travail de Michelet qui habita Vascoeuil. Il y écrivit "Histoire de France" et "Histoire de la Révolution française".

"Le nez" d'après Gogol - Alexander Ney (1975)

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Jules Michelet par Antoine Bourdelle (1803)

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Tout en haut de la tour...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

L'Europe, ce n'est pas un assemblage fortuit de Peuples, mais un grand instrument harmonieux, une lyre dont chaque nationalité est une corde et représente un ton. Les Nations dont on croyait supprimer l'existence ont refleuri ; toujours vivantes, indestructibles. L'Europe entière, n'étant qu'une personne, chacune de ces Nations est une faculté, une puissance, une activité de cette personne. Jules Michelet (1831)

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Le Cabinet de travail de Michelet 

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Vue sur les jardins

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Nous continuons la visite de l'exposition avec cette salle au superbe plafond.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Gisela Verdessi, artiste peintre chilienne née en 1986, maîtrise avec virtuosité la technique des glacis à l'huile.

Le Singe et le Chat - Livre IX (Fable 17)

Le singe use de persuasion : le moraliste sait bien qu'en faisant appel à la vanité on fait agir les gens aussi bien que par la contrainte. La duperie est d'autant plus réussie que l'intervention de la servante (qui joue ici le rôle de l'ironique Fortune) empêche le chat de se rendre même compte qu'il a été dupe : le dupeur et le dupé communiquent dans le même mécontentement. Ce ressac piquant du récit est encore de l'invention de La Fontaine.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 Bertrand avec Raton, l'un Singe et l'autre Chat,
Commensaux d'un logis, avaient un commun Maître.
D'animaux malfaisants c'était un très bon plat ;
Ils n'y craignaient tous deux aucun, quel qu'il pût être.
Trouvait-on quelque chose au logis de gâté,
L'on ne s'en prenait point aux gens du voisinage.
Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté
Etait moins attentif aux souris qu'au fromage.
Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons
Regardaient rôtir des marrons.
Les escroquer était une très bonne affaire :
Nos galands y voyaient double profit à faire,
Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.
Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd'hui
Que tu fasses un coup de maître.
Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avait fait naître
Propre à tirer marrons du feu,
Certes marrons verraient beau jeu.
Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,
D'une manière délicate,
Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts,
Puis les reporte à plusieurs fois ;
Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.
Et cependant Bertrand les croque.
Une servante vient : adieu mes gens. Raton
N'était pas content, ce dit-on.
Aussi ne le sont pas la plupart de ces Princes
Qui, flattés d'un pareil emploi,
Vont s'échauder en des Provinces
Pour le profit de quelque Roi.

Au passage, une petite "nature morte" du Corbeau et du Renard...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Le Loup et le Renard - Livre VIII (Fable 3)

Ici, le renard utilise une fois de plus la ruse face à la naïveté du loup.

 

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Mais d'où vient qu'au Renard Ésope accorde un point ?
C'est d'exceller en tours pleins de matoiserie.
J'en cherche la raison, et ne la trouve point.
Quand le Loup a besoin de défendre sa vie,
               Ou d'attaquer celle d'autrui,
               N'en sait-il pas autant que lui ?
Je crois qu'il en sait plus ; et j'oserais peut-être
Avec quelque raison contredire mon maître.
Voici pourtant un cas où tout l'honneur échut
A l'hôte des terriers. Un soir il aperçut
La Lune au fond d'un puits : l'orbiculaire image
               Lui parut un ample fromage.
               Deux seaux alternativement
               Puisaient le liquide élément.
Notre Renard, pressé par une faim canine,
S'accommode en celui qu'au haut de la machine
               L'autre seau tenait suspendu.
               Voilà l'animal descendu,
              Tiré d'erreur, mais fort en peine,
               Et voyant sa perte prochaine.
Car comment remonter, si quelque autre affamé,
              De la même image charmé,
              Et succédant à sa misère,
Par le même chemin ne le tirait d'affaire ?
Deux jours s'étaient passés sans qu'aucun vînt au puits ;
Le temps qui toujours marche avait pendant deux nuits
               Echancré selon l'ordinaire
De l'astre au front d'argent la face circulaire.
          Sire Renard était désespéré.
          Compère Loup, le gosier altéré,
Passe par là ; l'autre dit : Camarade,
Je veux vous régaler ; voyez-vous cet objet ?
C'est un fromage exquis. Le Dieu Faune l'a fait,
               La vache Io donna le lait.
               Jupiter, s'il était malade,
Reprendrait l'appétit en tâtant d'un tel mets.
              J'en ai mangé cette échancrure,
Le reste vous sera suffisante pâture.
Descendez dans un seau que j'ai mis là exprès.
Bien qu'au moins mal qu'il pût il ajustât l'histoire,
               Le Loup fut un sot de le croire.
Il descend, et son poids, emportant l'autre part,
               Reguinde en haut maître Renard.
Ne nous en moquons point : nous nous laissons séduire
               Sur aussi peu de fondement ;
               Et chacun croit fort aisément
Ce qu'il craint et ce qu'il désire.

Nous voici sortis du château pour un petit tour dans les jardins.

Bouquet de verre (Marcoville - 2014) devant une sculpture de François Pompon.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Une autre œuvre de Jacquotte et Roger Capron.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Jacky Coville célèbre aussi la femme, sous la forme de céramiques.

 

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Plus célèbre, celle-ci : elle est de Dali.

 

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Le pigeonnier du château, une très belle construction dont la construction remonte aux environs de 1650.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

A l'entrée, les restes d'une précédente exposition que nous avions déjà vue en compagnie d'Evelyne et André : Fanny Ferré, sculptrice sur terre. Elle s'était alors attachée à dépeindre le monde des gens du voyage.

Nous avions adoré !

 

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Que d'émotions dans ces visages...

 

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Il y a toujours une exposition à l'intérieur du pigeonnier. Celle-ci est en noir et blanc mais j'ai oublié si celle-ci est la continuation de l'expo des Fables...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Une remarquable charpente en chêne à double épi supporte la couverture conique. L'échelle tournante servait autrefois au gardien à ramasser les œufs ou choisir dans les boulins les pigeons destinés à la broche ou au marché.

Il possédait autrefois 900 boulins dans lesquels chaque couple de pigeons nichait. Les "boulins" ont disparu à la Révolution car les pigeonniers représentaient un signe extérieur de richesse : plus ils possédaient de "boulins", plus la surface du domaine était grande donc plus le seigneur était riche...

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Et maintenant, direction la sortie : au passage, petit arrêt au musée Michelet qui retrace la vie, l'œuvre et l'influence de Jules Michelet.

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

Pendant plus de vingt ans, Michelet fit de fréquents séjours au château de Vascoeuil qui appartenait à la mère d'un de ses élèves au Collège de France, Alfred Poullain-Dumesnil. Epris de cette femme, il fut reçut dans cette demeure des XVe, XVIe et XVIIe siècles en 1840. Françoise Adèle Poullain-Dumesnil décéda en 1842, mais Michelet continua à se rendre à Vascoeuil.

C'est ici que Michelet conçut le plan de sa gigantesque Histoire de France qui parut dans son intégralité en 1869. Il trouvait une inspiration certaine dans la contemplation des murailles médiévales du château, mais le spectacle de la nature et la chaleureuse atmosphère familiale (sa fille, née d'un premier mariage et Alfred tombèrent amoureux et se marièrent) influencèrent également son œuvre naturaliste (La Mer, l'Oiseau).

Séance de lecture de Jules Michelet à Adèle Dumesnil (cires de Daniel Druet - 2014)

L'exposition "Les Fables de La Fontaine" au Château de Vascoeuil

 

Une journée bien agréable et en bonne compagnie...

 

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