Arlette m'a fait un beau cadeau pour me changer les idées : elle possède une carte d'entrée au Louvre qui lui donne le droit d'emmener la personne de son choix pour la visite de n'importe quelle exposition.
Ce samedi matin, nous sommes donc allées voir l'exposition du peintre français du XVIIIème siècle, Hubert Robert, et j'ai été enchantée par cette visite.
Hubert Robert est né en 1733 et décédé en 1808 à Paris. Il est tout autant dessinateur que peintre et graveur. Mais il est bien plus que cela : il est aussi créateur de jardins et conservateur du Muséum central des arts, le futur Musée du Louvre.
On peut d'ailleurs voir dans l'exposition toutes les facettes de ces talents : 140 œuvres (dessins, peintures, esquisses peintes, gravures, peintures monumentales, ensembles décoratifs et mobilier) sont présentés au public du 9 mars au 30 mai 2016.
C'est Elisabeth Vigée-Lebrun, sa contemporaine, qui en a fait le portrait en 1788.
Un très joli tableau, je trouve, plein d'expression.
On dit d'Hubert Robert que c'était un homme sociable, spirituel et en quête de perpétuelles recherches, un homme des Lumières en quelque sorte.
A 20 ans il part pour Rome où il restera une dizaine d'années. C'est là qu'il rencontrera Le Piranèse (Giovanni Battista Piranesi) et Jean Baptiste Fragonard en compagnie duquel il étudiera la vie pittoresque du petit peuple. Il peint des vues des palais et des jardins abandonnés, sujets fort appréciés de ses contemporains.
Tivoli, dans la province de Rome l'a aussi beaucoup inspiré : "Les cascatelles de Tivoli" (1762)
"Personnages dans une baie à Saint-Pierre de Rome" - détail - 1764 (Musée de Valence)
"La lingère" est directement inspirée de Fragonard (1761)
J'adore ce tableau où le bambin arrose le chien à l'instar de la fontaine voisine sur laquelle le peintre a signé son oeuvre du nom de H. Roberti, à l’italienne ! tandis que la jeune femme étend un linge immaculé.
(même si je trouve que les jambes de l'enfant ne sont pas très réussies...)
Peu après son retour de Rome, Hubert Robert participe au Salon de 1767 (qui se tient au Louvre tous les deux ans). Il y présente une oeuvre intitulée "Le port de Rome orné de différents monuments antiques et modernes" ou "Le port de Ripetta".
C'est ce qu'on nomme un "caprice architectural" comme le peintre aimait à en inventer : il s'agit d'un condensé de tout ce qu'il a appris pendant son séjour à Rome.
Cette autre oeuvre s'intitule "Caprice architectural avec un canal" - 1783 (Musée de l'Ermitage)
En 1765, quand le peintre revient à Paris, la capitale est en pleine vogue de "l'anticomanie".
Il peint ainsi "Les découvreurs d'antiques" dont voici un détail - 1765 (Musée de Valence)
Cliquez sur l'image pour la voir en grand : ça en vaut la peine...
Cette vogue réactive la fascination pour l’Antiquité classique et les vestiges qui en sont parvenus. Hubert Robert est souvent présenté comme "le peintre des ruines"...
Voici "L'ancien portique de l'Empereur Marc-Aurèle" (Musée du Louvre)
"L'obélisque brisé autour duquel dansent des jeunes filles" - 1798
Superbe, ce bleu du ciel !
Ce qui rend très intéressante la peinture d'Hubert Robert c'est aussi son "côté reportage" : le peintre vit à une époque troublée et en témoigne comme dans ce tableau où il peint la démolition de la Bastille.
"La Bastille dans les premiers jours de sa démolition" - 1789 (Musée Carnavalet)
ou encore dans celui-ci...
"La violation des tombeaux des Rois dans la Basilique Saint-Denis" - 1793 (Musée Carnavalet)
Quelle belle lumière...
"Le ravitaillement des prisonniers à Saint-Lazare" - 1794 (Musée Carnavalet)
Ce musée que j'ai visité il y a peu de temps avec ma cousine mérite vraiment un "bis".
Dans le même sens, un tableau montrant les travaux de démolition des maisons sur le Pont au Change
Hubert Robert, c'est aussi le peintre des décors : ses panneaux peints sont présents dans beaucoup d'hôtels particuliers parisiens, dans les châteaux ou dans les demeures royales.
"Le Pont du Gard, qui servait autrefois d’aqueduc pour porter les eaux à Nîmes" - 1787
Toujours ces petits personnages pour animer les vieilles pierres...
Enfin, nous avons découvert que le peintre avait aussi conçu un service de porcelaine destiné à la Laiterie de Marie-Antoinette à Rambouillet !
Bol-sein (Manufacture royale de Sèvres)
et qu'il avait aussi dessiné du mobilier pour le célèbre ébéniste Georges Jacob...
Enfin, Hubert Robert est lié de très près au Louvre : l’artiste, qui y expose ses œuvres au Salon depuis 1767, bénéficie, à partir de 1779 et ceci jusqu’en 1806, d’un appartement sous la Grande Galerie et d’un atelier donnant sur la Cour carrée.
Au cours des années 1780, il est membre de la commission chargée de procéder à l’aménagement de la Grande Galerie en galerie de peintures au sein du prochain musée.
"Projet pour la transformation de la Grande Galerie" - 1796
Un clin d'oeil du peintre : la même galerie quelques siècles plus tard...
"Vue imaginaire de la Grande Galerie" - 1796
Quelle belle exposition !
Elle dure jusqu'au 30 mai 2016...