A l'Orangerie du Sénat il y a en ce moment une exposition de photos très intéressante sur la première guerre. Elle s'intitule "14-18 Jours de Guerre".
A l'origine, un fonds exceptionnel : celui du Journal "l'Excelsior", l'un des premiers journaux à favoriser l'illustration photographique dans le traitement de l'information. Sa numérisation récente par "La Parisienne de Photographie" a permis sa redécouverte : 120 photographies très grand format pour la plupart inédites depuis leur publication initiale. En haut de l'Orangerie sont également exposées 15 affiches grand format de la "Une" du Journal pendant cette période troublée.
L'exposition est très bien faite car elle est chronologique, partant de l'attentat de Sarajevo en juin 1914 jusqu'au transfert des cendres du Soldat Inconnu sous l'Arc de Triomple en janvier 1921.
Voici un choix de 25 photos légendées
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"François-Ferdinand, Archiduc héritier, et sa femme assassinés hier à Sarajevo"
La France décrète la mobilisation générale le 1er août 1914 : la foule porte un officier en triomphe à la gare de l'Est.
Curieusement, les visages expriment la joie, celle d'une victoire rapide sans doute...
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8ème journée de mobilisation à Paris : départ du 1er régiment du génie pour le front.
Sur les Champs Élysées le 9 août 1914.
13ème journée de mobilisation, le 14 août 1914
"Passage d'un train de tirailleurs partant pour le front en gare de Champigny : on rafaraîchit nos braves tirailleurs".
Entre 1914 et 1918, ce sont environ 200.000 « Sénégalais » de l'AOF qui se battent dans les rangs français, dont plus de 135.000 en Europe. Environ 15 % d'entre deux, soit 30 000 soldats, y ont trouvé la mort (sur un total de 1 397 800 soldats français morts durant le conflit soit plus de 2% des pertes totales de l'armée française) et nombreux sont revenus blessés ou invalides.
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Dans l'Aisne, une tranchée de première ligne : photo parue dans l'Excelsior le 20 décembre 1914.
Le 7 février 1915 restera dans les annales françaises "la Journée du 75"
"Les midinettes pensent à nos blessés"
"En effet, sur l'initiative du Touring Club de France et sous le haut patronage du Président de la République, de petits drapeaux ou de petites médailles représentant un canon de 75mm étaient vendus au profit des soldats".
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Devant les trophées allemands, aux Invalides le 28 février 1915
"Trois fois par semaine les parisiens sont admis aux Invalides où sont exposés les trophées, canons et "taubes" (avions militaires) enlevés aux allemands".
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Début décembre 1915 : M. Maurice Barrès à l'école des mutilés du quai de la Rapée.
Il y a eu plus de 4 millions de blessés militaires en France pendant cette guerre...
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"Pour nos poilus, s'il vous plait !"
La Journée du Poilu à Paris : 25 décembre 1915
Connaissez-vous la vraie origine du mot "poilu" ? : Albert Dauzat dans son livre "l'argot de la guerre" dit que "Avant d'être le soldat de la Marne, le « poilu » est le grognard d'Austerlitz, ce n’est pas l’homme à la barbe inculte, qui n’a pas le temps de se raser, ce serait trop pittoresque, c’est beaucoup mieux : c’est l’homme qui a du poil au bon endroit, pas dans la main !" C’est le symbole de la virilité, du courage...
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"Une heure sera escamotée cette nuit"
Le poilu permissionnaire : "Zut ! J'ai une heure de moins de permission".
Mise en place, dans la nuit du 14 au 15 juin 1915, de l'heure d'été en France : ça nous donne du fil à retordre depuis tout ce temps !
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L'évolution des jeux d'enfants :"Le masque aux dents blanches". Scène de rue à Paris
La fonte des neiges le 8 mars 1917
Chute d'un avion rue d'Alésia : 5 avril 1917
"Les grèves à Paris à propos de la semaine anglaise fin mai 1917 : après les couturières et les modistes, beaucoup de corsetières et de fourreuses ont cessé de travailler".
"Les grévistes de l'aiguille au Palais Bourbon : les grilles ont été fermées. Portée par ses camarades, une gréviste expose à des députés les revendications des petites ouvrières".
Elles ont l'air de bien s'amuser en tout cas ! Peut-être était-ce nécessaire...
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8 juin 1917 : la foule devant la carte du front offerte au Parisiens par l'Excelsior
"Les nouveaux métiers des femmes depuis la guerre : factrice du service des Postes".
Photographie parue dans L'Excelsior du 24 juin 1917
Automobiliste : juin 1917
Soldats australiens : juillet 1917
En 1917, la guerre est en effet devenue mondiale...
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La revue du 14 juillet 1917 à Paris, place de la Bastille : "une apothéose".
"Cent vingt-huit ans après la prise de la Bastille, les soldats de la République défilent devant la colonne de Juillet".
"Enleveur d'écorce à Paris, fin juillet 1917" (Photo parue dans l'Excelsior le 2 août 1917)
"Les platanes perdent leur écorce. C'est la saison, paraît-il. Or l'écorce de platane a des propriétés combustibles, comme vous ne l'ignorez certainement pas. Alors beaucoup de parisiens se sont dit qu'il serait vraiment scandaleux de laisser perdre du combustible en un temps où les ministres nous assurent qu'ils ne pourront guère nous donner que six kilos de charbon pour cinq personnes".
C'est à voir pour le croire, non ?
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16 octobre 1917
Expérimentation de nouveaux systèmes d'avertissement en cas d'alerte aérienne
Protection des monuments parisiens contre les raids aériens : la Porte Saint-Denis
Après un nouveau raid de "Gothas" sur Paris : début juin 1918
Les "Gothas" étaient des bombardiers biplans allemands.
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Paris fête la signature de l'armistice, le 11 novembre 1918
Soldats alliés portés en triomphe.
28 janvier 1921
Transfert des cendres du Soldat Inconnu sous l'Arc de Triomphe, Place de l'Etoile
J'ai trouvé ces photos sur le site de "la Parisienne de Photographie" mais si vous allez voir l'exposition vous en verrez bien d'autres toutes aussi fortes : l'exposition dure jusqu'au 22 juin 2014
Ça en vaut la peine !
J'allais oublier de vous donner le nom du photographe : il s'agit de Charles Lansiaux (1855-1939), photographe professionnel de la ville de Paris. La série de plus de 1000 photographies réalisées dès les débuts de la guerre de 1914 est destinée non pas à la presse mais à faire œuvre de mémoire.