Vous savez sûrement que j'adore les légendes, non ?
Et si l’apparition du champagne sur les tables du monde entier comme vin de fête et de prestige était due – par un effet boule de neige historique – à un acte de bravoure d’un esclave chypriote ?
C’est, en tout cas, ce que raconte Alexandre Assier (1821-1906) dans son ouvrage "Légendes, curiosités et traditions de la Champagne et de la Brie" : l’histoire se serait déroulée vers 1250, et c’est Thibaut IV de Champagne (1201-1253) qui en est au centre.
S’étant lié d’amitié avec la reine Alix (fille d’Henri II de Champagne, l'oncle de Thibaut IV), souveraine de Chypre, il se serait fréquemment rendu sur place.
Médaillon par Masaccio
Là, il aurait sauvé la vie d’un jeune esclave, Saleb, qui allait être tué pour avoir voulu revoir son amie d’enfance, et s’être de ce fait introduit dans les appartements de la reine.
Celui-ci le lui revaudra en le sauvant de la noyade alors que le comte embarquait pour revenir en France. Touché par la bravoure du jeune homme, Thibaut IV ramena le jeune Chypriote en Champagne.
Mais, coupé de son île natale et, surtout, de sa bienaimée, le jeune homme avait du mal à s’acclimater à nos contrées. Thibaut s’aperçut du désarroi du jeune homme et l’autorisa à retourner à Chypre pour aller chercher sa promise et revenir avec elle. Saleb partit donc et pendant deux ans, il ne reparut point. Thibaut finit par se résoudre à la perte de son esclave. Mais celui-ci revint finalement et, avec lui, sa promise.
En remerciement, la jeune femme offrit au comte une rose de Chypre (plus probablement une rose de Damas proche de l'île de Chypre) qui deviendra la célèbre rose de Provins, mais ceci est une autre histoire...) et Saleb, lui, rapporta un cep de Chardonnay. Il fut planté et prospéra permettant ainsi, nous dit Alexandre Assier, aux « coteaux incultes et infertiles de la Champagne » de se convertir « en riches cépages auxquels nous devons ce vin […] »
Évidemment si tout cela est joli sur le papier, la réalité est tout autre.
On sait que la vigne était cultivée en Champagne et alentours bien avant les années 1200. Les recherches de l’archéologue Aurélien Sartou, sur le lieu-dit « Le Port » à Dienville, en attestent. Se trouvait là le site d’une villa romaine du Ier siècle dans laquelle on a trouvé des restes de matériel végétal (sarments, pépins) et des fosses de plantation. Il y avait donc des vignes dans l’Aube au Ier siècle de notre ère et à cette époque, il n’y avait pas encore de comte de Champagne...
La véritable histoire du Champagne, vous pouvez la lire en cliquant ICI.
J'aime les légendes !